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Communiqué - reportage 8 Mai 2007


GREVE DES TROIS UNSINES AIRBUS EN LOIRE ATLANTIQUE : COLERE OUVRIERE ET AUTO-ORGANISATION


La grève des usines Airbus de Loire Atlantique apparait désormais comme la première épreuve sociale de l'après présidentielle. Une victoire ouvrière serait un encouragement majeur pour résister aux attaques sarkozystes annoncées. C'est pourquoi il n'y a rien de plus urgent que d'ouvrer à son extension à tous les salarié-e-s et à sa généralisation aux différentes usines du groupe. Et, comme l'ont indiqué les Alternatifs 44 dans le communiqué publié à l'issue du second tour de la présidentielle, « le soutien à la grève des salariés nantais et nazairiens d'Airbus doit devenir une priorité pour toute la gauche ».


Reportage : Grève des trois usines Airbus en Loire Atlantique : colère ouvrière et auto-organisation.

L'annonce de la suppression de fait de la prime d'intéressement - de 1970 euros en 2006, la direction la proposait à 2,8 euros pour les ouvriers - et de la participation, a été la goutte d'eau. A l'initiative de jeunes salariés des deux usines de St Nazaire et Montoir, puis, le lendemain, de Nantes, les ouvriers d'Airbus se sont mis en grève à la veille du 1er mai.

A St Nazaire, une coordination des salariés a été mise en place, suivie, à Nantes de celle d'un comité de grève. Surpris par cette irruption organisée de la colère ouvrière portée par de jeunes ouvriers, dont les références sont manifestement plus celles des luttes lycéennes et étudiantes auto-organisées que celles du ronronnement et des pesanteurs des IRP (institutions représentatives du personnel), les syndicats ont officiellement rejoint le mouvement le mercredi 2 mai.

Surprise elle-aussi de l'ampleur de la mobilisation, la direction a alors ouvert des négociations et proposé de passer l'intéressement à 400 puis 500 euros pour les ouvriers. Cette proposition, totalement dérisoire au regard de la perte de pouvoir d'achat et . des 8,4 millions d'euros perçus par l'ex-PDG Forgeard, a été balayée par l'AG des grévistes qui a décidé la poursuite de la grève malgré le pont du 8 mai. et la fracture de l'intersyndicale, seuls CGT et FO s'affirmant solidaires d'une grève qui rassemble un millier des 2400 salariés des deux usines nazairiennes et 500 des 2400 salariés nantais, essentiellement des ouvriers de production. A noter que 369 suppressions d'emplois sont programmées dans les usines nazairiennes et 295 à Nantes, mais pour l'essentiel chez des « cols blancs » qui n'ont pas rejoint l'action.

il est bien difficile de prévoir ce que sera l'issue de cette grève massive, spontanée et largement auto-organisée. Mais force est de constater que les jeunes ouvriers qui en ont pris l'initiative et qui assument publiquement la direction des structures collectives de lutte font preuve d'une remarquable lucidité sur les objectifs du plan Power 8. Ainsi Stéphane de l'usine nazairienne, cité par Ouest France du 4 mai, « un jour il n'y aura plus d'Airbus qu'à Toulouse et Hambourg. Ici, on perdra l'étiquette. Pourtant on a du boulot par-dessus-tête. Il y a eu jusqu'à 350 intérimaires avec nous. Il en reste tout juste une dizaine en fin de mission. On est moins nombreux pour en faire toujours plus. On vit au jour le jour . C'est une équipe de compagnons sur la chaîne qui a décidé de bouger vendredi matin. Et tout le monde a suivi. Aujourd'hui les syndicats disent qu'ils sont derrière nous. Mais ils devraient être devant !....Tout le monde croit que l'aéronautique paie bien. Mais nous on sait qu'on ne touchera jamais les salaires qu'ont aujourd'hui les collègues de 50 ans ». Actuellement la fiche de paie de ces jeunes salariés affiche 1500 euros mensuels, y compris la prime liée aux horaires de nuit.

Ainsi que le démontre François Ruffin dans la remarquable enquête qu'il consacre à l'avionneur européen dans le Monde Diplomatique de mai, ce que la direction d'Airbus veut imposer avec Power 8 n'est que la conséquence de la financiarisation del'entreprise et de l'incommensurable appétit de ses actionnaires, au 1er rang desquels Arnaud Lagardère, « l'ami du président ».

Julien Douillard

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