Communiqué des Alternatifs |
le 15 novembre 2003 |
POUR UN NOUVEAU DIALOGUE ENTRE MOUVEMENTS SOCIAUX ET FORMATIONS POLITIQUES
Le dépérissement des institutions politiques face à la toute-puissance
de l'économie et le repli des partis politiques traditionnels sur les
élections accouchent d'une réalité caricaturale : les mouvements sociaux et
les organisations politiques semblent vivre sur deux planètes différentes.
Les Alternatifs ne se satisfont pas de cette coupure, mais ils refusent
tout autant les modèles hiérarchisés de relations entre mouvements
politiques et mouvements sociaux.
Pendant longtemps les mouvements sociaux étaient utilisés par certaines
formations politiques, léninistes ou social-démocrates, comme une
«courroie de transmission». Les dégâts ont été tels que plus personne n'ose
se revendiquer du rôle dirigeant du parti, même si des mauvais réflexes
subsistent. L'impuissance des politiques à répondre aux difficultés vécues
par la population a donné lieu à une autre logique, qui peut se résumer
comme suit : «les mouvements sociaux peuvent seuls faire évoluer la
société». Ce discours émane de deux sensibilités fort différentes.
L'une ressuscite l'anarcho-syndicalisme de la fin du XIXe siècle, lorsque
le syndicat se voulait l'embryon de la société future libérée du
capitalisme. Les partisans de cette posture, pour sympathiques qu'ils
soient, s'illusionnent en se revendiquant comme les seuls en mesure de
transformer la société. Ils entendent placer les organisations politiques
devant un choix que, pour leur part, les Alternatifs refusent : se
soumettre au mouvement social ou se réfugier dans l'électoralisme.
Ils confondent l'affirmation d'aspirations et de pratiques nouvelles avec
la transformation sociale effective. Leur projet se heurte jusqu'à présent
à la diversité des mouvements sociaux même si des convergences se
manifestent entre eux. Par ailleurs, certains discours syndicaux fustigent
les interventions de l'Etat, qui rendraient trop rigides les relations
sociales. Ces discours émanent souvent de syndicats prêts à pactiser avec
le patronat: nous en connaissons trop bien certains résultats: pactes de
modération salariale en Espagne, de manière plus limitée en Italie, accords
au rabais sur les retraites en France. Les Alternatifs, insérés dans les
mouvements sociaux et les réseaux associatifs défendent une autre voie: ils
s'emploient à faire émerger une confrontation politico-sociale réelle, un
dialogue dont les effets ne peuvent être que positifs.
Une confrontation car les visées et les champs d'action des
mouvements sociaux et des organisations politiques ne sont pas identiques,
car la radicalité sociale n'engendre pas forcément une radicalité politique.
Un dialogue positif car les Alternatifs font leur la démarche suivante:
"Etre aujourd'hui de gauche ce n'est pas nécessairement pousser coûte que
coûte à la radicalisation ou rappeler haut et fort quelques idéaux hors
d'atteinte, mais , à partir de conditions données ( aussi défavorables
soient elles), penser et trouver les chemins pratiques qui peu à peu
permettront l'affirmation croissante des classes populaires"
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