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SADDAM ET STALLONE
Saddam Hussein est un dictateur. Et si nous sommes opposés à la guerre
voulue par les États-Unis, ce n'est pas par soutien au despote. Ceux qui croient discréditer le mouvement antiguerre par de telles accusations ont
décidément la mémoire courte. Car les va-t-en guerre d'aujourd'hui ont longtemps trouvé Saddam Hussein fréquentable : quand l'Irak a lancé la
guerre contre l'Iran de Khomeiny en 1980, les grandes puissances ont pudiquement regardé ailleurs pensant que l'affaire serait réglée en peu de
temps. Comme on le sait la guerre a duré huit ans et a fait sans doute un
million de morts. Et l'Irak a été équipé en armements, par la Russie et la
France notamment, mais aussi pour certaines fabrications particulières par
les États-Unis. Dans le silence général des pays "démocratiques". Dans
cette période, nous étions bien seuls à dénoncer cette guerre et à critiquer Saddam Hussein. Même l'emploi par celui-ci des armes chimiques
contre les troupes iraniennes ou contre ses populations kurdes ont laissé
de marbre les puissants de ce monde. Nos protestations étaient au mieux ignorées ou plus souvent accusées de servir à soutenir le fanatisme
religieux iranien… La guerre récurrente des États-Unis. Et voilà que les États-Unis nous proposent "war II : le retour". Les
objectifs réels sont connus : s'assurer un contrôle du pétrole irakien permettant aux USA de limiter leur dépendance par rapport aux
États-Unis, relancer l'économie (plus de 300 milliards de dollars de déficit public
prévu pour 2004 …), montrer sa force dans la région pour "donner à penser"
à des pays comme l'Iran qu'il est difficile aujourd'hui d'attaquer directement. Et puis, plus subtilement, il y a sans doute l'idée que c'en
est fini du multilatéralisme de la deuxième moitié du vingtième siècle
organisé notamment autour de l'ONU, dans un rôle réel ou supposé, de parlement mondial. Place à l'unilatéralisme, à la loi du plus fort,
d'autant plus que ce plus fort se trouve "avoir Dieu à ses cotés" comme le
chantait bob Dylan, il y a bien longtemps. Nous pouvons empêcher la guerre Le seul objectif de cette campagne médiatique c'est l'opinion publique : car pas plus aux États-Unis qu'en Grande-Bretagne, les dirigeants n'ont réussi à convaincre les citoyens de la nécessité de déclencher cette guerre aventurée. Et dans tous les pays d'Europe les opinions sont très majoritairement opposées à l'emploi des armes. C'est pourquoi, nos manifestations sont utiles. Elles pèsent sur les décisions, elles peuvent empêcher la guerre. L'avenir n'est jamais écrit d'avance. Le rapport de force entre ceux qui veulent la guerre et nous qui nous y opposons est loin d'être défavorable. Nous devons soutenir les décisions françaises (et allemandes) pour qu'elles ne changent pas de cap. Nous devons tout faire pour que la guerre n'ait pas lieu. Et , si les américains lançaient néanmoins leur agression, nous devons peser pour que pas un soldat français ne participe à cette triste équipée. La vieille Europe - hélas - sait ce que c'est que la guerre et a payé le prix du sang pour ne plus s'y lancer à la légère. La guerre de bush n'est pas la notre et on ne nous emmènera pas là où nous ne voulons pas aller. Jean-Paul HÉBERT |