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Communiqué des Alternatifs le 17 février 2003

SADDAM ET STALLONE

 

Saddam Hussein est un dictateur. Et si nous sommes opposés à la guerre voulue par les États-Unis, ce n'est pas par soutien au despote. Ceux qui croient discréditer le mouvement antiguerre par de telles accusations ont décidément la mémoire courte. Car les va-t-en guerre d'aujourd'hui ont longtemps trouvé Saddam Hussein fréquentable : quand l'Irak a lancé la guerre contre l'Iran de Khomeiny en 1980, les grandes puissances ont pudiquement regardé ailleurs pensant que l'affaire serait réglée en peu de temps. Comme on le sait la guerre a duré huit ans et a fait sans doute un million de morts. Et l'Irak a été équipé en armements, par la Russie et la France notamment, mais aussi pour certaines fabrications particulières par les États-Unis. Dans le silence général des pays "démocratiques". Dans cette période, nous étions bien seuls à dénoncer cette guerre et à critiquer Saddam Hussein. Même l'emploi par celui-ci des armes chimiques contre les troupes iraniennes ou contre ses populations kurdes ont laissé de marbre les puissants de ce monde. Nos protestations étaient au mieux ignorées ou plus souvent accusées de servir à soutenir le fanatisme religieux iranien…
Il aura fallu attendre que, emporté par sa logique incontrôlable de tyran, Saddam Hussein envahisse le Koweït pour que du jour au lendemain l'allié fréquentable devienne un "nouvel Hitler"… Car dans ces logiques manichéennes on ne fait pas de détail, on est du bon coté ou du mauvais, un allié ou un nouvel Hitler. Dans cette perspective, la guerre de 1991 a été suivie d'un embargo qui dure jusqu'à nos jours et dont tous les observateurs ont montré à quel point il pèse sur le peuple irakien, le calcul des décideurs "réalistes" étant sans doute de faire monter l'exaspération populaire jusqu'à ce qu'elle se retourne contre Saddam Hussein. Pari perdu, mais souffrances assurées pour le peuple irakien.

La guerre récurrente des États-Unis.

Et voilà que les États-Unis nous proposent "war II : le retour". Les objectifs réels sont connus : s'assurer un contrôle du pétrole irakien permettant aux USA de limiter leur dépendance par rapport aux États-Unis, relancer l'économie (plus de 300 milliards de dollars de déficit public prévu pour 2004 …), montrer sa force dans la région pour "donner à penser" à des pays comme l'Iran qu'il est difficile aujourd'hui d'attaquer directement. Et puis, plus subtilement, il y a sans doute l'idée que c'en est fini du multilatéralisme de la deuxième moitié du vingtième siècle organisé notamment autour de l'ONU, dans un rôle réel ou supposé, de parlement mondial. Place à l'unilatéralisme, à la loi du plus fort, d'autant plus que ce plus fort se trouve "avoir Dieu à ses cotés" comme le chantait bob Dylan, il y a bien longtemps.

On ne doit donc pas s'étonner du caractère dérisoire des "preuves" apportées à l'ONU : enregistrements d'officiers non identifiés (Saddam Hussein n'a donc pas le téléphone ?), images de camions pouvant servir à transporter … on ne sait quoi. Tout cela va de pair avec le "remarquable document" britannique, en réalité plagiat de travaux universitaires dont les informations remontaient à une douzaine d'années (!!!), Les faucons du pentagone ne veulent pas s'encombrer de preuves. Il leur suffit d'une occasion ; leur objectif n'est évidemment ni la justice ni la démocratie, mais la démonstration de force. Et les décisions se succèdent qui enferment les décideurs américains dans l'impossibilité de revenir en arrière : 110 000 hommes déjà présents plus bientôt 40 000 anglais (il y a aussi 1200 australiens…), quatre porte-avions et bientôt six, les bombardiers furtifs F-117 amenés à proximité, le chargé des affaires américaines en Irak rappelé, le nord du Koweït déclarée zone interdite. Dans le même temps le ton monte dans les milieux gouvernementaux américains contre l'Allemagne et la France, des insultes aux rétorsions économiques, tout est bon pour amener la "vieille Europe à résipiscence et George W. Bush fait le matamore "la partie est finie".

Nous pouvons empêcher la guerre

Le seul objectif de cette campagne médiatique c'est l'opinion publique : car pas plus aux États-Unis qu'en Grande-Bretagne, les dirigeants n'ont réussi à convaincre les citoyens de la nécessité de déclencher cette guerre aventurée. Et dans tous les pays d'Europe les opinions sont très majoritairement opposées à l'emploi des armes. C'est pourquoi, nos manifestations sont utiles. Elles pèsent sur les décisions, elles peuvent empêcher la guerre. L'avenir n'est jamais écrit d'avance. Le rapport de force entre ceux qui veulent la guerre et nous qui nous y opposons est loin d'être défavorable. Nous devons soutenir les décisions françaises (et allemandes) pour qu'elles ne changent pas de cap. Nous devons tout faire pour que la guerre n'ait pas lieu. Et , si les américains lançaient néanmoins leur agression, nous devons peser pour que pas un soldat français ne participe à cette triste équipée. La vieille Europe - hélas - sait ce que c'est que la guerre et a payé le prix du sang pour ne plus s'y lancer à la légère. La guerre de bush n'est pas la notre et on ne nous emmènera pas là où nous ne voulons pas aller.

Jean-Paul HÉBERT

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