Rouge et Vert
[ Résultats des Alternatifs aux municipales 2008 ]
[ Résultats des Alternatifs aux cantonales 2008 ]
Certes, le départ de David Martinon n'est pas une réponse à la hauteur des
exigences politiques exprimées les 9 et 16 mars dans un grand nombre de
villes et de cantons, certes les pouvoirs locaux disposent de marges de
manouvre limitées, et le PS, grand vainqueur des élections, n'est pas la
plus pure expression de la volonté de transformation sociale et
écologique. Ne boudons cependant pas notre plaisir : la litanie des villes
et cantons perdus par la droite moins d'un an après la victoire de Sarkozy
est un encouragement à la résistance politique et sociale à la Droite.
Un encouragement, mais aussi un signe d'alerte pour la gauche de gauche.
Pour l'essentiel, l'espace politique à gauche du PS n'a pas progressé
depuis les Municipales de 2001, le recul de LO bénéficie d'abord à la LCR
ou aux listes d'union LCR Alternatifs, mais la tendance à la
bipolarisation et l'hégémonie du PS ne sont pas fondamentalement remises
en cause.
Le PCF conserve des positions électives locales sans commune mesure avec
celles de l'extrême gauche ou de la gauche alternative, mais ces positions
sont de plus en plus étroitement liées à des accords de premier tour avec
et sous l'hégémonie le PS, et la perte d'une ville comme Calais ou du
Conseil général de Seine-Saint-Denis va peser lourd sur ses capacités
d'organisation.
Le champ de la gauche de gauche reste divisé, et inégalement organisé,
entre trois composantes : une composante PCF en pleine introspection, une
composante "révolutionnaire" à laquelle la LCR tente de donner plus de
poids à travers la proposition de nouveau parti anticapitaliste, une
composante de gauche alternative, altermondialiste, autogestionnaire,
écologiste, qui gagnerait a s'organiser et à peser de tout son poids.
Les collectifs antilibéraux qui tentent d'inscrire leur action dans la
durée vont être à l'heure des choix, l'organisation d'Etats généraux de la
gauche de gauche, qui devait donner sens à la démarche unitaire, se heurte
a la paralysie politique que le débat interne impose au PCF, et à la
priorité donnée par la LCR à sa transcroissance dans le cadre du nouveau
parti anticapitaliste.
Les débats limités à la "politique autrement", dont nous ne nions pas la
pertinence, ne constituent pas des axes de nature à rassembler.
Les Alternatifs doivent affirmer avec plus de force une quadruple
orientation :
- rassemblement de toute la gauche de gauche, qui ne peut faire l'impasse
sur les collectifs unitaires, mais pas davantage sur les organisations du
champ politique réellement existant, de la diversité de ses organisations,
élément objectif non contournable
- pérennisation d'un espace politique des partisans de l'unité
antilibérale et anticapitaliste, espace indépendant es organisations
politiques
- renforcement de la composante de gauche alternative, autogestionnaire,
altermondialiste, écologiste, qui ne peut se réaliser sans organisation
politique commune
- union dans les luttes de la gauche de transformation sociale et
écologique, union qui permettra la plus grande efficacité et la
vérification des convergences.
Après sa défaite, le pouvoir fait la sourde oreille, annonce
l'accélération des "réformes" à un moment ou la crise du capitalisme
financiarisé s'accentue.
Des affrontements sociaux de grande ampleur sont devant nous, nous avons
battu Sarkozy, Fillon, l'UMP dans les urnes, reste à les faire plier dans
la rue.
Jean-Jacques Boislaroussie
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