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Congrès des Alternatifs 21 septembre

CONTRIBUTIONS PUBLIEES DANS LE BULLETIN INTERIEUR



Rappel des thèmes en débat

1/ L'évolution vers un capitalisme autoritaire

2/ L'approfondissement d'éléments fondateurs du projet des Alternatifs :
2.1. Autogestion,
2.2. Convergence du rouge et du vert

3/ Les perspectives politiques, notamment les échéances de 2007

4/ Le fonctionnement du mouvement.

Les comités sont invites a débattre et se prononcer sur la base des 4 textes publiés dans le bulletin interne de juillet, et sur les motions.

Pour ce qui concerne les perspectives politiques, il conviendra de fixer dès le congrès des 11, 12 et 13 novembre l'orientation des Alternatifs, une conférence nationale devra se prononcer en 2006 sur la mise en oeuvre de cette orientation.

Sommaire

Les quatres piliers de l'Alternative
Pour une république autogérée
convergence du rouge et du vert
pour l'autogestion
prendre l'initiative
mouvements sociaux et enjeux politiques
Etat des lieux
Pour une orientation offensive et unitaire
Le fonctionnement des Alternatifs
Donnons nous les moyens de nos ambitions
Pour l'égalité des droits
Pour une initaitive démocratique
Rouge et vert, couleurs de l'Europe
visibilité


LES QUATRE PILIERS DE L'ALTERNATIVE

Intervention lors du Forum Social Méditerranéen de Barcelone
Emeric Cristallini (Paris 15e)

L'alternative doit se construire sur quatre piliers :

1) L'anarchisme, c'est-à-dire la suppression progressive du pouvoir de l'Homme sur l'Homme. Cela signifie développer la démocratie directe et participative, comme le font les citoyens de Porto Alegre, les néo-zapatistes au Mexique ou les bolivariens au Vénézuela. Et aussi comme l'ont fait les catalans durant la guerre d'Espagne.

2) Le socialisme, c'est-à-dire la fin de l'exploitation du travail par le capital. Contrairement à ce que veut nous faire croire la propagande capitaliste, le socialisme n'a jamais échoué. Aucune expérience réellement socialiste n'a été menée. Ce que l'on a appelé ou qu'on appelle encore socialisme ou communisme était ou est encore du capitalisme d'Etat. Comme l'a démontré Cornélius Castoriadis, la propriété des moyens de production est passée des mains des capitalistes privés aux bureaucrates d'Etat. Mais les rapports de production sont restés les mêmes. Les travailleurs sont restés dépossédés de la maîtrise et du fruit de leur travail. Le socialisme sera de toute façon condamné à être un idéal inaccessible tant que les travailleurs confieront à une élite la conduite de leur destin. Ce n'est pas Marx mais Proud'hon qui doit inspirer le socialisme d'aujourd'hui. Ce n'est pas grâce à l'Etat mais par l'autogestion que les travailleurs s'émanciperont de la tutelle des capitalistes.

3) L'écologisme. Il s'agit de libérer l'Humanité du productivisme et du consumérisme. Les activités économiques dépassent de 20 % la capacité biologique de la planète. Or, malgré cela, les décideurs politiques continuent d'entonner le refrain de la croissance comme remède à tous nos maux. Le concept de développement durable lui-même est lourd de menaces car il tend à faire croire qu'une économie de croissance reste un horizon possible. Il faut être clair : réduire de 70 % nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que le préconisent les experts pour stabiliser à son niveau actuel le réchauffement climatique, implique inévitablement une décroissance économique. Celle-ci doit, pour être socialement soutenable, s'accompagner d'une redistribution radicale des richesses à l'échelle mondiale. Les pays riches, qui représentent 20 % de la population et consomment 80 % des ressources de la planète, doivent décroître de façon drastique pour que les 80 % restants de la population puissent vivre convenablement sans menacer à terme la survie de l'Humanité. Seule une mobilisation massive des citoyens à l'échelle mondiale peut changer la donne. Un réseau international pour la décroissance est en train de se constituer sur Internet. Tous les citoyens qui veulent stopper la dégradation de la planète doivent s'y retrouver pour faire pression sur les décideurs.

4) L'altermondialisme.
Le Parlement européen est aujourd'hui la seule instance supranationale élue au suffrage universel. Mais il est aujourd'hui dépourvu du pouvoir d'initiative des lois. Une nouvelle Constitution devra lui conférer ce pouvoir. Un journaliste anglais, George Monbiot, propose l'élection d'un Parlement mondial dans son livre : « The Age of Consent. A Manifesto for a New World Order ». L'idéal d'un Parlement supranational et démocratique doit s'étendre progressivement. Il doit pouvoir être atteint par de nouvelles rencontres altermondialistes.

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Pour une république autogérée



Le projet autogestionnaire est souvent cantonné à l'activité productive. Nous devons l'étendre au champ politique. Cela implique une profonde réforme des institutions. La Constitution française, adoptée par référendum en 1958, doit être révisée afin de prendre en compte la modification du corps électoral qui est intervenue depuis. Or, l'application de cette Constitution par le Conseil constitutionnel bloque toute perspective de transformation radicale de la société par la voie législative.

Deux moyens s'offrent à nous pour mettre en cause cette Constitution :
1 la pression de la rue
2 la conquête du pouvoir d'Etat.

Nous pouvons essayer de mettre en mouvement la société autour de l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Il faudrait pour cela convaincre les citoyens de la nécessité de modifier les institutions politiques pour mettre en ouvre les réformes sociales qui leur procureront un emploi stable et gratifiant ainsi qu'un logement décent proche de leur lieu de travail.

Toutefois, compte tenu du temps requis pour cette mobilisation et de la programmation des élections présidentielle et législatives au printemps 2007, le mouvement social doit être joint au mouvement politique. En tant que parti politique, Les Alternatifs doivent organiser pour le printemps prochain un « Tour de France politico-alternatif » pour sensibiliser le peuple aux enjeux institutionnels des prochaines élections. Il s'agirait d'aller à la rencontre des citoyens afin de les inviter à formuler leurs aspirations en terme de participation à la vie publique. A l'issue de cette campagne, nous pourrions élaborer un projet de nouvelle Constitution qui instaurerait une République autogérée. Ce projet serait, à l'automne suivant, présenté aux citoyens afin de procéder aux amendements et enrichissements nécessaires. Le projet, amendé et enrichi, serait alors porté lors des élections présidentielle et législatives par des candidats « Alternatifs ».

Emeric Cristallini (Paris Sud)

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Contribution sur le texte publié dans le bulletin interne de juillet sous le titre « 2.2 LA CONVERGENCE DU ROUGE ET DU VERT »



Cette contribution doit beaucoup au texte du bulletin (lui-même issu du débat de Voguë auquel j'ai participé) et à la séance de l'université d'été sur « décroissance et alterdéveloppement ». Cette proposition fait suite à mes remarques diffusées sur le forum concernant le texte du bulletin et tient à l'impossibilité, au stade actuel, d'une synthèse des deux textes. J'espère que, après suppression dans cette version du terme de croissance qui, même accompagné d'adjectifs explicites, provoque un blocage, le travail en commun d'élaboration pourra continuer. Il y a en effet unanimité sur la nécessité d'améliorer notre projet politique en prenant mieux en compte la question sociale et la question écologique. Mais il s'agit d'aller bien au-delà d'une meilleure « convergence du rouge et du vert ».

POUR L'ALTERDEVELOPPEMENT

1. Notre projet vise à la réalisation d'un développement juste et économe en opposition radicale à la mondialisation capitaliste et aux politiques de plus en plus libérales qui l'accompagnent. Cette situation et l'évolution qui en découle entraînent l'humanité dans une spirale dangereuse comportant des conséquences très graves, 1 au plan social : accroissement des inégalités au sein des pays et entre les pays, déréglementation en matière de droit des individus comme des Etats,
2 sur le plan écologique : dégradation générale de l'environnement entraînant un changement climatique redoutable, l'épuisement des ressources naturelles, notamment pétrolières dont la fin programmée exigerait à elle seule un changement dans le mode de développement
3 sur le plan politique : situation fragilisée pour de nombreux groupes sociaux et pays du Sud. L'accroissement des fractures entre nantis et pauvres et entre le Nord et le Sud (entre enrichis et appauvris) et les politiques répressives mises place pour les contenir, constituent de graves menaces pour la paix et pour la démocratie car mères de régime populiste voire fascistes.
Face à cette situation et à ses conséquences, les Alternatifs veulent contribuer à a mise en place progressive d'une autre forme de développement : « l'alterdéveloppement ».

2. La critique du modèle actuel de développement est déjà ancienne, grâce notamment aux courants écologistes. Les instances officielles ont dans les années 80, avec un point d'orgue à RIO en 1992, mis en avant la notion de « développement durable » dans la logique de maîtriser sans changements majeurs, la contradiction environnementale pour permettre la maintien du système actuel. Il s'agit en quelque sorte de l'application du vieux principe : « il faut bien que des choses changent pour que tout reste pareil » (Le Guépard). Même si d'autres formes de développement que celles du capitalisme sont envisageables et si un réel développement durable n'est pas sans intérêt, cette notion de développement durable est très insuffisante au plan politique et écologique. Très récemment le courant « pour la décroissance », lui-même résultat de plusieurs mouvements plus ponctuels (anti-pub .) développe une critique radicale et intéressante de la situation autour de trois axes : anticapitalisme, anti-productivisme et anti-économisme en mettant en avant la nécessité de changer nos comportements individuels comme collectifs. Les tenants de la décroissance veulent également élaborer un autre imaginaire en place de celui produit par la marchandisation capitaliste grandissante. Les Alternatifs partagent ce constat et ces propositions. Au-delà, ils insistent sur la nécessité, comme condition du changement du mode de développement, d'un changement également radical des actuels rapports sociaux générateurs de mal développement, de pauvreté, d'aliénation. De plus, ce terme de décroissance est sans doute mal compris par les couches et par les pays victimes du développement actuel qui ont droit à plus de biens, donc à une croissance.

3. C'est pourquoi nous proposons de travailler à un projet en termes d'alterdéveloppement combinant :
1 une production équitable des richesses c'est-à-dire beaucoup plus égalitaire donc moins rapide pour les couches et les pays nantis et plus rapide pour les autres et mettant en priorité la satisfaction des besoins fondamentaux : alimentation, santé, formation et autres équipements ou services publics ;
2 une production plus durable sur le plan environnemental, donc fondée sur une réduction drastique de la consommation des sources d'énergie non renouvelable, le respect des milieux naturels et des équilibres climatiques ;
3 un autre fonctionnement politique permettant la participation de tous et aux différentes échelles, aux choix économiques pour déterminer que produire, comment le produire et comment répartir les biens et la richesse produits, après avoir précisé ce qu'il faut entendre par ce terme de richesse, donc qu'elle est la finalité de la production. Il s'agit en effet de ne plus prendre le PIB comme seule mesure de la richesse et sa croissance comme seule finalité collective. En particulier, la croissance infinie n'est pas possible et à court terme elle ne peut résoudre les problèmes d'emploi et d'inégalités.

4. La construction d'un tel projet ne se fera ni facilement ni rapidement. Pour y contribuer, les Alternatifs continueront de travailler sur ces bases en leur sein et avec d'autres forces politiques et avec des forces syndicales et associatives pour l'élaboration de propositions, pour la conduite d'expériences et d'actions et pour la mise en place d'organisations porteuses d'alterdéveloppement c'est-à-dire apportant des réponses à la fois sur le plan social, écologique et politique. Un des enjeux de ces tâches est aussi de faire évoluer les rapports Nord/Sud. Dans ce cadre, les objectifs suivants seront privilégiés en vue de construire les conditions de la transition entre la situation actuelle et la situation visée :
1 approfondir les apports concrets de l'alterdéveloppement pour la résolution progressive des situations de précarité au Sud et au Nord : égalité face à l'emploi, face au logement, face à l'éducation, face à la santé et meilleure répartition des revenus,
2 favoriser l'agriculture et l'accès de tous à l'alimentation dans la perspective du maintien de paysanneries nombreuses pratiquant une agriculture durable : agriculture paysanne, souveraineté alimentaire des pays pour un autre développement et pour l'autonomie des producteurs et des consommateurs, en place de la libéralisation des échanges et du pouvoir des grandes firmes de l'agrochimie et de la distribution.
3 Amplifier la bataille énergétique (pétrole, nucléaire) dans une perspective environnementale et politique.

Michel Buisson (Rhône)

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POUR L'AUTOGESTION

Un autre développement Une décroissance sélective Une démocratie active

La mondialisation capitaliste et les politiques de plus en plus libérales que celle-ci implique ne sont plus supportables. Les dégradations écologiques -pollutions, réchauffement climatique, marchandisation de toutes les ressources naturelles, diminution de la biodiversité - menacent les conditions de la vie présente et future. De très nombreuses dégradations sociales atteignent toutes les populations, en premier lieu les plus fragiles et les pauvres. Partout, le rouleau compresseur du libéralisme n'a de cesse d'ériger la rentabilité en unique critère de gouvernement.

I - Un véritable désastre

Pendant des décennies, le développement s'est « résumé » à une croissance du PIB par habitant, avec une amélioration immédiate du bien-être. Pourtant, cette marche inexorable vers le progrès a engendré une augmentation vertigineuse des inégalités sociales, au niveau mondial, comme dans chaque pays, dont la France. La planète est dévorée par les prédateurs des multinationales : ce sont encore et toujours les plus fragiles qui trinquent ! Le nombre de démunis le monde ne régresse pas, loin de là !. Le rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) indique que 1,2 milliard de personnes vivent avec l'équivalent de moins d'un dollar par jour. 54 pays sont aujourd'hui plus pauvres qu'en 1990. Dans 21 pays, une proportion plus importante de la population souffre de la faim. Dans 14, les enfants sont plus nombreux aujourd'hui à mourir avant l'âge de cinq ans. Dans 12, les inscriptions dans l'enseignement primaire reculent. Dans 34, l'espérance de vie décline. La pauvreté connaît une recrudescence importante jusque dans les pays les plus riches, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni où l'accentuation des inégalités a été la plus criante. La situation des femmes est un bon indicateur de l'état du progrès social des sociétés. Les disparités entre les sexes restent très fortes, voire augmentent, en termes de rémunérations, d'accès à l'instruction et de participation des femmes à la vie sociale et politique. Les deux tiers d'adultes analphabètes sont des femmes et les trois cinquièmes des 115 millions d'enfants qui ne vont pas à l'école sont des filles. A cela s'ajoute une mortalité spécifique : 514 000 femmes meurent par an au cours de leur grossesse ou de l'accouchement, soit une par minute. Les conditions mêmes de la vie sur la terre risquent d'être remises en cause. La crise écologique revêt trois aspects qui se renforcent mutuellement :
1 la pollution se généralise et les ressources s'épuisent, 2 l'emprise écologique des activités humaines dépasse la capacité de la planète,
3 et ce sont les plus faibles qui pâtissent le plus de la dégradation écologique.
Sur les 6,4 milliards d'individus qui occupent la planète, 1,3 milliard sont des actifs agricoles. La course à l'intensification est en crise totale : elle laisse à l'abandon la grande majorité de ceux qui travaillent encore aujourd'hui la terre à l'aide d'outils rudimentaires. Trouver des alternatives à l'intensification sans fin des rapports nourriciers de l'humanité à la terre qu'elle cultive est une impérieuse nécessité. Ce modèle de développement est insoutenable.Il y a urgence à inventer : le neuf ne peut plus attendre ! Un débat essentiel pour la survie de la planète et de l'humanité est fondamental.

II - On ne veut plus de ce développement !

Le XIXe siècle fut celui du progrès et de la croyance en son caractère inéluctable et linéaire. Le XXe fut celui des désillusions : l'humanité n'a pas réussi à éliminer faim, pauvreté, inégalités, l'injustice, etc. Le XXIème siècle commence avec 2 lourds passifs dans sa besace : l'échec du modèle centralisé, autoritaire, et celui du modèle social-démocrate espérant combiner avec le marché et ainsi pouvoir le dominer. L'un et l'autre ont totalement négligé les ressources naturelles, la nécessaire préservation de la planète qui nous héberge, en bref se sont « bien foutus » de la finitude de notre monde. A donc émergé, dans la deuxième partie du XXième siècle, la perspective de développement soutenable. Il est censé répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Historiquement, le développement durable est né de la rencontre de deux courants : la réflexion sur le développement et celle de l'environnement. Ni rafistolage verdoyant du « développement » tout court, ni relookage vaguement social du thème de l'environnement, un véritable développement durable exige :

- d'élargir constamment les droits reconnus aux individus et aux collectivités du point de vue de leur épanouissement physique et intellectuel ;

- de rechercher l'équité dans le respect de ces droits, notamment dans l'accès aux biens et services qui le rendent possible ;

-d'assurer un règlement des conflits et des contradictions qui exclut la violence physique et l'hégémonie d'une minorité. On ne peut cependant passer sous silence les contradictions du développement durable, aujourd'huii tellement brocardé. C'est une bouée de sauvetage à laquelle se raccrochent tous les gouvernements fervents partisans et pourvoyeurs de l'agriculture intensive, ou encore les chefs d'entreprises multinationales gaspillant les ressources, déversant sans vergogne dans l'environnement leurs déchets et affrétant des bateaux poubelles. D'autre part, la version libérale du développement durable est entachée d'un vice fondamental : la poursuite d'une croissance économique infinie est supposée compatible avec le maintien des équilibres naturels et la résolution des problèmes sociaux.

Dans ces conditions, l'idée de " décroissance " trouve un écho favorable au sein d'une partie des écologistes et des altermondialistes. Poussant la démarche à l'extrême, certains demandent de renoncer « définitivement » au développement, celui-ci ne pouvant selon eux être dissocié d'une croissance mortifère. Ils récusent tout qualificatif qui viserait à réhabiliter le développement que nous connaissons - qu'il soit humain, durable ou soutenable - puisqu'il ne peut être autrement que ce qu'il a été, à savoir le vecteur de la domination occidentale sur le monde. Pour lucide que soit le diagnostic sur lequel elle s'appuie, la perspective de décroissance n'est pas exempte de critiques justifiées :

- ériger la décroissance en objectif en soi n'est pas plus raisonnable que de faire de la croissance indispensable au capitalisme la finalité suprême dont on sait qu'elle est une impasse.

- ne pas distinguer la situation des populations nanties de tout ou presque et celle des populations démunies de tout ou presque ne peut passer que pour une imposture politique.

On ne peut envisager la question de la fin de la croissance à l'intérieur du système capitaliste car elle signifierait aussitôt l'explosion de la pauvreté, du chômage et des inégalités. Il faut donc lier la discussion sur la croissance à celle du dépassement de la logique du profit. L'objectif est bien de subordonner l'activité économique à des choix politiques concernant la société et l'écologie. Que veut-on produire . ? Avec quels moyens ? Dans quels buts ? Comment ? Pourquoi ? L'échec des stratégies du développement que le monde a connues depuis plusieurs décennies est d'abord lié aux rapports sociaux capitalistes. Et ce sont eux qu'il convient de combattre.

III - Demain l'autogestion

Prendre la juste mesure des échecs politiques du XXième siècle - échec du centralisme bureaucratique et échec de la social-démocratie impose de remettre au centre des perspectives pour notre monde à tous le projet autogestionnaire.

Maintenir les équilibres de la biosphère, faire de la justice et de la paix des valeurs fondamentales, démocratiser radicalement la démocratie, développer les pratiques de contrôle et de contre-pouvoirs à tous les niveaux , pratiquer une économie économe, réduire drastiquement les consommations d'énergie, à commencer par les gaspillages : voilà de quoi baliser un chemin de transformations sociales qui tourne le dos au productivisme capitaliste.

Il n'y a donc aucune raison de jeter le concept de développement comme signifiant un projet d'émancipation pour tous les êtres humains. Il n'y en a d'ailleurs pas plus de jeter la perspective de dépasser les rapports sociaux d'exploitation et d'aliénation capitalistes. Notre choix est en faveur d'un autre mode de développement, socialement équitable et soutenable sur le long terme écologique. Ce qui nous motive, c'est notre commune volonté de participer à la construction d'un autre monde. Nous avons donc besoin d'au autre développement, en matière sociale, en matière environnementale, dans les rapports hommes/femmes, dans la capacité effective des citoyens à participer à la vie de la cité.

La « logique interne » de la décroissance n'est guère plus recevable que celle de la croissance, car l'une comme l'autre ne peuvent être infinies !! Il s'agit donc bien de rompre avec la logique d'accumulation des biens matériels, privilégier l'épanouissement des personnes et les liens qu'elles entretiennent entre elles et avec le monde qui nous entoure. De ce point de vue, la perspective d'une décroissance sélective n'est pas antinomique avec la recherche d'un autre développement : nous devons rappeler que toutes les productions ne sont pas égales devant les besoins humains.

Comment créer les instances d'une régulation écologique mondiale ? comment rénover les services publics pour mieux les défendre ? comment s'opposer aux atteintes aux libertés et à la dérégulation du droit du travail ? Comment promouvoir une agriculture paysanne, qui respecte les hommes et les femmes qui y travaillent, et qui ne sacrifient ni l'environnement ni les paysans ? Quelle conservation de la biodiversité qui ne soit pas des réserves excluant les populations locales ? Comment bâtir des villes qui ne soient plus responsables de l'essentiel de nos consommations énergétiques ?

L'autogestion, un moyen, un chemin, un but.

Mireille Moscati, Bruno Riondet (Poitiers)

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PRENDRE L'INITIATIVE

Il serait souhaitable que la coordination des Alternatifs des 8 et 9 octobre travaille un appel public a une candidature à la présidentielle, candidature unitaire sociale, écologiste, féministe, démocratique. Il parait utile de faire référence au nom de José Bové, même si la personnalisation ne correspond guère à notre culture politique (car ne pas mettre de nom sur la démarche c'est la rendre virtuelle. donc illisible). Cet appel a vocation a être soumis au vote des adhérent-e-s pour le Congrès.

Il est, par ailleurs, utile de préciser lors du congrès et a titre conservatoire, qu'en cas d'échec d'une candidature large, les Alternatifs préparent une candidature, alternative et écologiste, du mouvement, ce qui préserve l'avenir , à charge pour une conférence nationale de trancher en 2006..

Pourquoi agir vite ?

Nous avons un « créneau » de quelques mois : le PCF n'a pas encore tout à fait présenté sa candidate (même si le soutien à une autre candidature me semble très aléatoire, car il ouvrirait une crise grave au sein du parti) la LCR est, pour sa part, en débat jusqu'à janvier (après le congrès du PS qui aura lieu une semaine après le nôtre). il importe de ne pas laisser le champ libre aux logiques d'appareils.

1/ Une candidature large conforte l'orientation des Alternatifs

- parce qu'elle prolonge et élargit la dynamique du NON de gauche, évite son éclatement, inscrit dans la durée un travail d'élaboration et des pratiques en commun.

- parce qu'elle se place sur un terrain objectivement rouge et vert, compte tenu de la personnalité et des actions du candidat proposé (Bové)

- parce qu'elle nous évite le choix habituel « par défaut », appeler a voter "a gauche du PS". Si nous considérons à chaque échéance majeure, que le vote PCF ou LCR au premier tour est « utile », il devient très difficile de se présenter comme une autre composante à part entière de la gauche de gauche.

2/ Mais l'enjeu va bien au delà de nos intérêts « partidaires » C'est le seul moyen d'échapper au scénario catastrophe qui se prépare et se décline en deux temps :

1/ Dans un premier temps « paix armée » entre LCR et PCF (je t'invite, tu m'invites.) Cette « paix armée » est de l'intérêt des deux partenaires, elles les légitime comme deux pôles dirigeants du NON de gauche (les collectifs étant invités à ne pas aborder les questions vulgaires de stratégie électorale, donc de les laisser aux partis installés) Cette stratégie paralyse aussi les possibilités d'émergence d'une candidature large - on part de l'hypothèse de celle de Bové- en laissant le débat aux partis installés, elle prépare le partage des dépouilles des collectifs.

2/ Dans un deuxième temps, en 2006, la LCR (au sein de laquelle la question d'une reprise des négociations avec L.O. en vue de la Présidentielle est posée) prend acte de la volonté du PCF de discuter programme avec le PS, l'accuse de trahir le mandat du non de gauche, et met la candidature Besançenot au service de la poursuite de ce (noble) combat.

Les candidatures Buffet et Besançenot, candidats de talent mais de partis, ne permettent pas de construire un cadre politique de campagne large. : un seul gagnant, le PS.

La candidature de rassemblement peut être en situation de donner un sens très fort à la campagne de 1er tour, comme à un affrontement de deuxième tour avec la droite, et ce, qu'elle arrive avant le PS ou « pèse » 15% au 1er tour..

Dans l'hypothèse ou le PCF et la LCR (et les Verts ?) refuseraient, et beaucoup de pesanteurs organisationnelles les y poussent) la candidature Bové serait vraisemblablement le seul levier permettant d'éviter la stérilisation du champ politique à gauche du PS par le PCF et la LCR. Un bon résultat après une campagne qui fera en tout état de cause bouger les choses, poserait la question d'un rassemblement alternatif pouvant aller jusqu'à une formation politique commune.

Le débat pour une telle candidature ne doit pas être déconnecté de la question des contenus programmatiques, il doit être menée dans les collectifs issus du non de gauche, mais doit principalement être porté publiquement et vis-à-vis de tout le « peuple de gauche ». Aux Alternatifs de s'en saisir, le plus tôt sera le mieux.

Jean-Jacques Boislaroussie (Paris)

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MOUVEMENTS SOCIAUX ET ENJEUX POLITIQUES

Je souhaite réagir aux travaux de la commission "élections" de la Conférence nationale. Plus précisément, j'ai été choqué par la lecture du bulletin intérieur. Avec la non parution de "Faire front", toute référence aux transformations de la gauche et aux conditions d'une dynamique a disparu. Pire : la compréhension que les mouvements sociaux modèlent le champ politique malgré le rouleau compresseur du régime et de l'organisation médiatique a totalement disparu. D'où cette contribution pour le bulletin intérieur.

Comme toute structure, notre mouvement a besoin de moments de débat et de choix. Le congrès de novembre est donc important pour approfondir notre projet autogestionnaire et son développement. Mais, dans l'état actuel de la préparation, nous avons encore à gagner en efficacité. Dans>les points forts de nos échanges de ces derniers mois : le retour - manifeste depuis le 11 septembre - de l'Etat dans le capitalisme globalisé, la prégnance des risques d'Etat fort dans cette phase de montée à l'affrontement, l'actualité et la pertinence des propositions autogestionnaires pour y répondre avec le plus grand nombre, la nécessité surtout de travailler plus sérieusement encore que dans le passé les esquisses d'une nouvelle démocratie sociale, sociétale et politique. Dans les points faibles de nos discussions : le cadrage 2007- 2008, qui pourrait faire croire que nous nous prenons pour un parti politicien comme les autres. Fort heureusement, non seulement nous avons clairement conscience des limites de l'outil que sont les Alternatifs, mais nous avons en commun l'objectif d'un parti-mouvement, la sensibilité à l'évolution des pratiques du politique, la volonté de remettre en cause la subordination du social aux rythmes et aux rites électoraux et médiatiques qu'imposent les régimes en place. Notre coordination des 8 et 9 octobre devra s'attaquer à corriger le tir, à reprendre la préparation du congrès sur plusieurs points. Et en premier lieu articuler réponses à la nouvelle offensive libérale et répressive symbolisée par Sarkozy et préparation des affrontements électoraux. Un oubli à réparer Il me semble en effet qu'un thème majeur a été délaissé ces derniers mois. Pourtant, il a été au centre de la plupart de nos échanges et de nos prises de position de 1995 à 2003, de la riposte à JUPPE aux grandes mobilisations contre RAFFARIN - FILLON. Il a constitué la divergence vraie avec celles et ceux qui ont cru utile de partir agir dans les rangs des Verts et du PS en 1997.

A Porto Alegre comme à Brasilia, il départage la gauche du PT de la droite de ce grand parti pluriel. Avec le processus des forums sociaux, cette réalité-là bouscule en profondeur la vieille gauche, donnant à voir les refondations et les novations possibles. Cette réalité-là : la primauté des mouvements sociaux, de la mise en cause spontanée ou construite des rapports sociaux tels qu'ils sont dans le capitalisme d'aujourd'hui. Pour nous autogestionnaires, cette réalité-là est la détermination première, y compris pour la construction des présences électorales tout autant que la participation aux mobilisations sociales, aussi limitées que soient nos responsabilités compte tenu de la taille de notre "parti". Cet oubli doit nous alerter. Il est révélateur des difficultés que nous avons à remplir le contrat que nous nous sommes collectivement donné. Le bulletin de vote au moment des régionales, des européennes et du référendum a prolongé l'action dans la rue du printemps 2003. Mais en retour aujourd'hui, préparer les échéances politiques de 2007 et 2008 implique de ne pas les déconnecter des enjeux de mobilisations de masse. Pour changer les conditions du politique, il faut aussi changer les rapports entre les salariés et leurs organisations syndicales : en Europe comme ailleurs, l'offensive des grands groupes et de leurs soutiens étatiques appelle une riposte qui fondent de nouvelles pratiques, des débats plus explicites et des expérimentations plus diversifiées. Et des points d'appui existent pour des expérimentations qui développent une démocratie vraie et une dynamique à la hauteur des aspirations de la majorité des salariés et des dominés.

Des initiatives clés

Par exemple sur le front des plans sociaux, la CGT jusqu'il y a peu arc-boutée sur le strict rapport de forces avec les pouvoirs publics pour l'appel à des repreneurs fiables change : à Arles, à Château-Thierry, l'action collective ne se borne plus à la pression sur les pouvoirs publics. Certes, les plans sociaux toujours plus brutaux exigent plus que jamais des interpellations des préfets et du gouvernement sur les axes de la pérennité de l'emploi et sur les garanties pécunières et de protection sociale. Mais cinq ans après les annonces de restructuration de l'état major de Danone, des choses ont changé : des tentatives de prise en charge avec tous les salariés concernés de projets de SCOP se mènent. Et on voit que naissent alors de nouveaux fronts syndicaux, de vraies dynamiques de rassemblement. Là dessus les équipes nationales syndicales agissent peu et même ont peu à dire. Le mouvement des SCOP reste inerte. Et nous ? N'est-ce pas notre>rôle d'autogestionnaire que d'investir pour que ces expériences soient connues et appuyées par la vraie gauche ? N'est-ce pas notre responsabilité propre que de développer consciemment le mouvement embryonnaire alors que 2005 bat des records de suppressions d'entreprises ?

Sur le plan de l'environnement également, des démonstrations de lutte sont d'actualité. La poursuite du repli du ferroviaire dans toute l'Europe est une hérésie du point de vue des usages quotidiens (déplacements des personnes et transports des marchandises) mais également du point de vue stratégique : le tout camion et l'hégémonie de l'automobile continuent à déstructurer les territoires et les modes de vie - avec des catastrophes annoncées en Europe centrale - et leur perpétuation condamne les pays européens à plus d'agressivité dans le jeu interétatique mondial et la bataille économique pour l'accès aux réserves d'énergie fossile. Les attaques programmées contre les grandes entreprises ferroviaires européennes et les conquêtes de leurs salariés méritent mieux qu'un appui critique à leurs organisations syndicales. Ne pouvons-nous pas débattre de notre présence sur ce chantier, encore une fois avec la modestie que nous impose l'expérience limitée de terrain qui est la nôtre ?

Nous ne sommes pas isolés

C'est en nous confrontant aux enjeux du monde tel qu'il est que nous pouvons contribuer à faire émerger de nouvelles relations, de nouveaux rapports entre les diverses organisations qui structurent les couches moyennes et les classes populaires - syndicats, collectifs d'associations, comités de lutte, organisations politiques. Il ne s'agit pas seulement de toujours combattre l'aspiration institutionnelle qu'implique toute présence électorale. Il s'agit aussi de sortir la gauche de la gauche de sa partition entre les tenants de l'autonomie du mouvement social et les para-syndicalistes si nombreux à la LCR et au PC. Or sur ce plan-là, nous ne sommes pas isolés. La mobilisation pour le non de gauche a développé dans toutes les sensibilités politiques qui nous intéressent une attente forte : engager la rentrée en liant étroitement mobilisations avec le plus grand nombre, réponses à la crise de régime et participation aux dynamiques des rassemblements politico-sociaux qu'ont préfiguré les collectifs du non. Bref je crois que la coordination générale de rentrée peut être l'occasion d'avoir un débat large sur le front du social et du sociétal et nous permettre d'échanger sur les priorités des prochains mois et leurs articulations aux tactiques électorales. Pour prendre plus d'élan dans notre projet et dans sa mise en ouvre autour d'initiatives clés. A la condition d'aborder les tactiques électorales en les subordonnant à, l'approfondissement de la démocratie vraie qu'il est urgent de mener avec le plus grand nombre de femmes et d'hommes disponibles. Parce que la perpétuation des manies et des réflexes des appareils, grands ou petits, est un frein et un anachronisme que nous ne devrions pas nous imposer à nous-mêmes.

Eugène BEGOC (Paris)

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ETAT DES LIEUX

Les conversations entre adhérents des Alternatifs reviennent invariablement sur les échéances de 2007: présidentielles, législatives; conçu souvent comme un moment de quitte ou double. Cela n'est pas surprenant puisque il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées faut il encore les faire connaitre. Et pour cela les moments de démocratie institutionnelle ne sont pas à écarter. Toute la difficulté réside dans la traduction de nos idées en moyens d'action et en types d'apparition. A cet égard nos réflexions sur les échéances de 2007 me semblent souvent hémiplégiques. Ainsi nous échafaudons des scenarii sans jamais faire référence à la crise des institutions, aux types de scrutins et à leurs conséquences, sans aucune analyse de l'état du social et des mouvements sociaux, en nous bornant parfois à une analyse journalistique de nos éventuels partenaires.Pour éviter des débats confus menons de concert la réflexion sur quelle apparition avoir, quel type de campagne, pour promouvoir quoi ? Le vote du 29 mai 2005 signe une véritable crise de régime. Non seulement parce que, comme en 2002, la population a affirmé sa défiance voire son rejet des partis politiques installés mais surtout parce qu' à droite et hélas plus encore à gauche s'est manifesté la nostalgie du vote censitaire. Du cri du coeur de T de Montbrial aux regrets de J Lang s'est exprimé une défiance envers le peuple. Les propos aprés le scrutin de F HOLLANDE fustigeant Fabius sur le thème qu'on n'est pas un candidat sérieux quand on va voir Bové souligne la conviction de toute une partie du PS qu'il faut se garder du peuple, et donc ne pas tenir compte de ses aspirations ou de ses coléres pour gagner le pouvoir.

Quelques années auparavant l'accord entre Jospin et Chirac , l'UMP et le PS pour lier présidentielles et législatives visait le meme but . Le replatrage d'une Ve république délétère a abouti aux scrutins de 2002: une présidentielle défouloir suivi de législatives de retour à la normalité. Comme en 2002, en 2007 les législatives ne seront pas la suite des présidentielles: penser les législatives comme le 3e tour des présidentielles est erroné, encore ancré dans la façon de faire de la politique de la fin des années 70. Ainsi pour nous une présidentielle réussie ne nous donne pas des législatives favorables.

En cas de candidature Bové aux présidentielles regroupant la gauche du NON au référendum les législatives donneront lieu à un bras de fer entre les différentes composantes pour savoir qui sera le candidat unitaire, bras de fer qui laminera les petites formations comme la notre. Pire un soutien critique à un candidat décroissant aux présidentielles aurait un écho faible aux législatives: outre que de telles candidatures ne pourraient avoir lieu n'importe où en quoi un candidat décroissant aurait une crédibilité sur le fait de donner une majorité ou pas au président ? Nous ne pouvons plus écrire pis que pendre de la Ve république et jouer de ces institutions pour avoir une tribune. Ayons en tête la faillite de toute une gauche latino - américaine, la déconvenue Lula due en grande partie à l'acceptation du jeu politique traditionnel.

Mais nous risquons aussi ce genre de dérives si nous ne faisons pas au préalable une analyse de l'état du social et des mouvements sociaux. Malgré le désaveu infligé au libéralisme dans les dernières élections la Droite et le patronat profitent au maximum du rapport de forces dégradé pour les salariés face au patronat. La résistance aux mesures antisociales se limite aux coups de semonce et non à un mouvement de longue haleine. Nous pouvons craindre que l'avertissement du 4 octobre ne suffise pas à obliger Villepin à revoir son Contrat Nouvelle Embauche et les mesures de durcissement envers les chomeurs. Les faibles allusions au sort des chômeurs dans la révolte anti CNE syndicale est inquiétante. Or un enjeu majeur se profile avec la renégociation UNEDIC de la fin d'année dont nous pouvons craindre le pire pour les chômeurs et précaires. Sans remise en cause des CNE et sans bataille sur l'UNEDIC les quelques scrupules libéraux sociaux du gouvernement laisseront la place au thatchero-berlusconisme que prône Sarkozy.

Si les mouvements sociaux restent fragiles nous notons une inflexion et des débats positifs. La campagne réussie des comités pour le Non à la constitution a levé chez certains animateurs la défiance envers le politique. Le fait que Jose Bové envisage d'être candidat indique un changement important que vient renforcer l'implication de représentants des mouvements sociaux ou d'associations. Elle permet d'espérer une candidature d'un tout autre type.

De même la crise d'orientation qui secoue ATTAC opposant les tenants d'une solitude orgueilleuse à une bonne partie des organisations fondatrices à la recherche d'articulation avec d'autres mouvements marque un tournant positif, porteur d'évolutions bénéfiques. L' existence de collectifs pour le Non sur la durée est difficile à prévoir mais notre role, comme nous l'avons écrit en Juin, est de les élargir au maximum aux citoyens , aux militants associatifs , syndicaux , d'en faire un lieu pluraliste de politisation ce qui nous impose, comme durant la campagne, de trouver des formes d'intervention innovantes. Le maintien de ces collectifs et l'extension de leur champ d'intervention peuvent bousculer les trop prévisibles multiples candidatures.

Dans notre réflexion sur quelle campagne et quelle candidature nous devons chercher à favoriser ces expériences , cette volonté nouvelle d'articulation pour créer les conditions d'un mouvement politico social. Sans cette contrainte de l'engagement d'autres forces que les organisations politiques nous aurons à choisir la meilleure boutique. L'état de la gauche hors PS : crise des idées et des organisations elle mêmes , créée les conditions de candidatures pour sauver la boutique et rend trés improbable une candidature unitaire. Notre positionnement aprés le congrés de Macon n'a pas abouti et ne peut pas aboutir. La totale occultation du désastre écologique actuel et à venir marque la sclérose actuelle de cette gauche. La bataille pour échapper à la marginalisation et/ ou pour gérer les divisions internes prime dans les choix de ces organisations. Pour renaitre le Pcf est obligé d'innover, de chercher des points d'appuis hors de son champ traditionnel mais ses divisions internes inconciliables bloquent les initiatives audacieuses que la situation réclame. Les Verts sont profondément divisés , de plus en plus gagnés par les atours de l'institution aux dépens de la réflexion et de l'action écologique devenue de plus en plus consensuelle. La LCR si elle ne souffre pas des mêmes maux a abandonné toute perspective à long terme. Son revirement politique au lendemain du réferendum sur la Constitution Européénne : passage du pole révolutionnaire limité à LCR LO à une proposition de candidatures unitaires de la gauche du NON, à l'exception des fabiusiens, à des législatives anticipées, est pathétique, digne des virages à 180° du PCF période Marchais. Rabibocher cette gauche du PS lors des élections comme seul objectif politique est vide de sens. Une candidature unitaire n'a de sens que si par ailleurs s'y exprime une partie des mouvements sociaux, des associatifs et des citoyens des comités pour le NON, que si elle prolonge leur volonté d'articulations évoquée plus haut. C'est à l'aune de cette sorte d'état des lieux que nous pouvons dessiner le candidat et les conditions de sa candidature. La candidature de Jose Bove peut porter cette dynamique recherchée. Mais les conditions de sa candidature sont aussi importantes que sa candidature effective. Une candidature qui serait annoncé aprés un consensus PC-LCR ruinerait la dynamique évoquée au profit d'une campagne Juquin en pire. Jose Bové s'en tiendrait à son discours habituel, écologiste et altermondialiste pendant que PCF et LCR se partagerait, le reste, en attendant aux législatives un Yalta sur les candidatures unitaires. Les représentants des mouvements sociaux engagés dans cette campagne jouerait les utilités et notre articulation rouge et verte serait aussi présente que lors du referendum sur le TCE.

Face à ce risque il nous faut tout faire pour hâter l'annonce de la candidature de José Bové avec les tenants d'une écologie radicale et des représentants des mouvements associatifs , sociaux , pour court-circuiter les interets boutiquiers de nos ex partenaires de gauche. C'est à mes yeux l'unique possibilité d'une présence utile aux présidentielles sachant que quoi qu'il arrive, au lendemain des législatives, ce ne sera ni la voie royale ni l'impasse.

Jean Louis le Bourhis (Hauts-de-Seine)

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POUR UNE ORIENTATION OFFENSIVE ET UNITAIRE

1. Quels que soient ses prolongements, la victoire du " non " au référendum du 29 mai est historique : n'est-ce pas le vote le plus important pour la gauche depuis 1981 ? L'essentiel est la place prise par le " Non de gauche " et sa nature, un " Non " social et européen éloigné du souverainisme , frontalement opposé à l'extrême-droite. L e rejet du " néo-libéralisme " exprimé précédemment dans les luttes comme dans les urnes, en France et en Europe prend ainsi un nouvel élan au moment où les droites européennes et françaises radicalisent leur offensive contre les droits et les garanties de démocratie. Cette victoire est aussi celle d u renouvellement des pratiques, dans le droit fil de l'altermondialisme : l'ouverture des fonctionnements en réseau , les pratiques unitaires débordant les seules structures politiques, la reconnaissance réciproque des engagements individuels et collectifs. Ces apports sont essentiels pour construire des réponses à la crise de la politique et de sa représentation, fondement le plus déterminant de l'approfondissement de la crise de régime .

Les pratiques d'appareils perdurent certes, l'utilisation de têtes d'affiche pendant la campagne ayant ainsi été un compromis obligé. Mais les Alternatifs doivent s'apprêter à faire du neuf sans s'enfermer dans l'ancien.

Cette campagne ne pouvait pas déboucher sur le rassemblement de celles et de ceux qui s' y sont impliqués dans un nouveau mouvement politique qui aurait gommé les engagements partisans antérieurs, pas plus qu'il n'est souhaitable de demander au mouvement altermondialiste de se muter en parti. Nous avons encore beaucoup à gagner à nous immerger dans les Forums Sociaux, kaléidoscope des contestations anti-capitalistes, renouveau de l'ambition d'émancipation mais ce mouvement ne peut jouer le rôle spécifique d'élaboration programmatique d'ensemble et de synthèse généraliste qui justifie l'existence des forces politiques. Juger dépassé ce rôle, ce serait préparer de nouvelles impasses, dans l'altermondialisme comme dans les comités du " Non de gauche ". L e moment actuel de contestation, dans ses formes multiples, ouvre des espaces de débat, d'initiatives, voire de démocratie active. Il est une condition majeure de la construction d'un acteur social assumant les ruptures radicales nécessaires. Mais il n'est pas une condition suffisante. Il faut que se croisent les contestations, la mémoire, l'élaboration et la théorie.

2. Puissante aspiration à l'unité d'action et rejet des pratiques politiciennes et sectaires : ces deux caractéristiques de la campagne doivent nous conduire à être attentifs aux évolutions des forces, en particulier politiques et politico-associatives en présence dans cette campagne. Les ignorer ferait de nous une secte marginalisée. Les forces, avec lesquelles nous avons travaillé, ne se limitent pas aux forces politiques. ATTAC s'est engagé de deux manières : résolue mais distante, au sommet (non partie prenante de l'impulsion donnée au départ par la Fondation Copernic), beaucoup plus ouverte à la base dans les comités du " Non de gauche " . Les très fortes tensions internes qui en découlent mettent au jour la faible légitimité d'une direction cooptée, plus ou moins souverainiste , guettée par ses difficultés récurrentes dans son rapport au politique et aux processus électoraux. Craignant -à juste titre- d'être minorisée par ses propres adhérents et marginalisée par les autres composantes des mouvements de contestation le groupe dominant de cette direction ne dépassera pas ses pratiques autoritaires et son "élitisme" d'un autre âge. Il est plus difficile de mesurer le poids des engagements issus du syndicalisme dans les comités du " Non de gauche " : ils ont été très divers d'un comité à l'autre et parfois ces syndicalistes sont aussi membres d'ATTAC ou d'une force politique. Mais de la Confédération Paysanne à la CGT en passant par Solidaires et la FSU, parfois même la CFDT, la présence des syndicalistes est un élément nouveau. Si les membres des forces politiques ont appris à faire une place aux autres, ils ont souvent joué un rôle majeur dans l'animation des comités, ce qui remet en cause les jugements hâtifs.

La condamnation globale et définitive des dirigeant-e-s, des adhérent-e-s, des électrices et des électeursdes partis de gauche, mène à l'isolement et à l'impuissance . Il est dans la logique et dans l'histoire des partis " réformistes " -qu'ils le soient explicitement ou de fait- d'aller de plus en plus loin dans la recherche de compromis avec les capitalistes. Il en résulte des cycles de crises dramatiques desquelles se dégagent des courants privilégiant la collaboration avec la classe dominante pour aller généralement à la complète intégration au système, mais d'où émergent aussi des mouvements opposés, allant vers les plus radicaux. Tant en Europe qu'en Amérique Latine apparaissent les conditions préalables de ces ruptures. Le problème stratégique majeur - qui se pose aux révolutionnaires et notamment à celles et ceux qui considèrent que la révolution socialiste et autogestionnaire est un processus long et complexe - reste de savoir comment ne pas rompre avec " les masses " sans s'y fondre, ou plus précisément sans disperser leur patrimoine pratique et théorique. Les partis " réformistes" sont la majeure partie du temps majoritaires dans les classes populaires. Le "réalisme" pousse à la réforme plus qu'à une hypothétique révolution. Les échecs renouvelés et parfois criminels de toutes les tentatives révolutionnaires du 20 siècle ne peut que renforcer ces attitudes. De surcroit, la situation relativement favorisée des classes populaires en Europe, largement soulignée par des medias qui au quotidien montrent la misère du monde ne peut que conforter cet attentisme. Mais les indices d'un renversement de tendance se multiplient. Les manifestations massives dans de nombreux pays contre l'invasion de l'Irak par les troupes états-uniennes et leurs alliés, la vague de solidarité aux victimes du tsunami asiatique, malgré toutes ses ambiguités, et enfin l'échec du projet e traité constitutionnel européen, en sont les illustrations. Tout cela confirme l'hostilité croissante aux formes nouvelles de domination et de répression des principaux états capitalistes et aux régressions des libertés et des droits qu'implique la globalisation capitaliste. Nous assistons à l'émergence d'une conscience de la solidarité mondiale, parallèlement à l'essor de l'altermondialisme. La construction nécessaire d'un bloc social doit d'abord se fonder sur cette dynamique. Elle ne peut se laisser aller à la dénonciation à l'ancienne des " directions traîtres " et à l'affirmation messianique de la nécessité de nouveaux partis. C'est ainsi qu'il faut aborder en France les rapports avec le PS, les Verts et aussi le PCF.

Le PS est le parti dont le crise est la plus manifeste et l'issue la plus incertaine. Les socialistes du " Non " ne se sont pas tous intégrés aux comités du " Non de gauche ". Les proches de Mélenchon l'ont fait, les proches d'Emmanuelli s'en sont bien gardés, accordant la priorité à leur propre campagne (le " Non socialiste ") et n'ont fait la jonction avec le " Non de gauche " que dans la dernière ligne droite. Les militant-e-s du courant NPS ont le plus souvent fait de même, et les proches de Fabius ont été plus prudents encore. Mais l'essentiel est ailleurs : leur contribution au succès du " Non de gauche " a été décisive, et elle a été en phase avec l'électorat socialiste. Cela nous rappelle ce que nous disent les mobilisations citoyennes et les luttes sociales : l'électorat socialiste et une partie importante de la base socialiste n'acceptent pas l'alignement social-libéral et sont disponibles pour une autre politique que celle de l'ex- gauche plurielle.

Plus fondamentalement, le nouveau bloc social à rassembler pour un projet alternatif, composé des couches populaires et des couches moyennes, ne peut voir le jour sans une partie au moins de cet électorat et cette base militante socialistes. C'est aussi ce que nous devons avoir à l'esprit dans les semaines à venir, dans la perspective d'un dénouement de la crise du PS qui pourrait se traduire par des ruptures, voire même une scission, au cas où les sociaux-libéraux garderaient la main à l'issue du prochain congrès socialiste.

Le PCF, s'il sort conforté de la campagne référendaire, ne trouvera ni de seconde jeunesse ni d'issue à sa crise en tant que parti issu du stalinisme, contrairement à ce qu'espèrent les moins lucides de ses cadres et de ses militants. L'apport de pans entiers de ce parti à l'émergence d'une nouvelle force politique est à la fois probable et nécessaire, mais ce parti en tant que tel n'a pas plus d'avenir que n'en ont, prises une par une, les petites forces politiques situées à sa gauche. De cela, des secteurs de ce parti sont conscientes. La tribune publiée le 12 août dernier dans l' Huma témoigne par exemple de l'affirmation d'un courant s'inscrivant dans la dynamique de la campagne du " Non " : il se confirme ainsi que les jeux ne sont nullement faits pour les échéances électorales de 2007 et 2008et notamment le maintien d'une candidature communiste aux prochaines élections présidentielles. Il dépend notamment de la mobilisation des comités locaux pour le " Non ", qu'une alternative à l'alignement sur le PS, par ailleurs apparemment souhaitée par la majorité de ce parti, se concrétise ou reste hors de portée.

Les Verts sortent de la campagne référendaire dans un état de crise plus grave qu'on ne le pense. Les départs sont nombreux et ce parti est aussi divisé que l'est le PS. Sa présence quasi insignifiante dans les réseaux associatifs, politico-associatifs et syndicaux reflète un ancrage social de plus en plus faible. Ainsi s'accroit le décalage entre les aspirations écologiques grandissantes dans la société et la capacité de ce parti de les traduire dans le champ politique. Pour les Verts, l'échéance présidentielle de 2007 s'annonce redoutable.

La LCR a pragmatiquement remis en cause son alliance privilégiée avec LO. Son rôle positif dans la campagne du " Non de gauche " s'est accompagné de pratiques moins boutiquières qu'à l'accoutumée. Ses références féministes, autogestionnaires et écologistes s'affirment davantage. Son congrès pourrait confirmer cette ouverture mais celle-ci à ce jour reste si faiblement théorisée que cela ne met pas la LCR à l'abri de régressions sectaires. Sa disponibilité ou non à un projet unitaire pour les présidentielles de 2007 sera un test décisif.

3. La campagne référendaire victorieuse, si elle ne pouvait déboucher immédiatement sur un rassemblement organisationnel synonyme de raccourci, ne peut cependant avoir comme prolongement le maintien de l'éparpillement et la dispersion des forces politiques qui y ont participé. L'option d'une candidature de rassemblement pour 2007, à laquelle sont favorables, entre-autres, nombre de responsables d'ATTAC et de ses composantes associatives et syndicales, est un signe. De ce point de vue, il est juste d'avoir pris position, même avec prudence comme l'ont fait les Alternatifs, pour une telle option qui pourrait correspondre à la candidature de Bové. Mais au-delà de cette option, il nous faut articuler une telle perspective à une orientation plus générale :

* une participation plus accentuée aux mobilisations citoyennes et aux mouvements sociaux que la politique encore durcie de la droite et du patronat ne va pas manquer de susciter ;

* une relance des Forums Sociaux locaux, véritable ancrage du mouvement altermondialiste, et complément indispensable de la continuation d'un suivi attentif des rendez-vous altermondialistes plus larges (Forum Euro-Med, FSE, FSM) ;

* une participation plus soutenue à ATTAC qui demeure une composante essentielle du mouvement altermondialiste et dont le conseil scientifique s'essaye à un fécond travail d'élaboration sur des thèmes qui sont les nôtres ;

* la réaffirmation d'une orientation de débat et d'action commune à gauche sans exclusive, même si au sein de la gauche organisée, nous privilégions les courants du "Non de gauche"

* un travail privilégié de dialogue et d'élaboration avec la " diaspora alternative " que constituent nombre de syndicalistes, de féministes, d'écologistes mais aussi d'animateurs et animatrices d'ATTAC, d'universitaires, très souvent engagés dans la campagne du "Non de gauche" et dans le mouvement altermondialiste. Il faut avec elles et avec eux proposer des réponses concrètes aux problèmes posés par les orientations politiques et économiques, les institutions de la VI° république et de l'UE.

4 La campagne référendaire a été un moment de renouvellement des pratiques politiques, la campagne présidentielle de 2007 doit constituer un nouveau pas en avant dans cette direction : il nous faut donc rapidement nous interroger sur les modalités d'une telle campagne pour éviter la personnalisation excessive et le vedettariat, pour favoriser le travail en équipe et l'élaboration collective. L'objectif premier est la constitution d'un large rassemblement. Les comités issus de la campagne du " Non de gauche " ont un rôle majeur dans cette perspective. pour que cette candidature soit portée par un projet et la mise en avant, à l'échelle nationale, d'une équipe constituée au consensus, de femmes et d'hommes représentatifs des divers mouvements sociaux et des diverses sensibilités politiques. Tous les membres de cette équipe devraient être des animateurs et animatrices effectifs de cette campagne. José Bové en serait un bon porte-parole. C'est au terme de la campagne qu'il serait possible de désigner la ou le candidat-e le plus approprié-e. Il serait concevable qu'émerge de cette campagne non seulement le nom d'un-e candidat-e à la présidence mais aussi d' un-e possible premier-e ministre. La concrétisation de cette alliance créerait d'autres conditions pour les élections législatives. La répartition des circonscriptions dans les départements entre les différentes forces politiques et les collectifs citoyens engagerait une tout autre dynamique que l'émiettement et l'affrontement entre les candidat-e-s du " Non de gauche ". Les élections municipales sont en tout cas l'occasion de concrétiser la collaboration entre militant-e-s des mouvements sociaux et des partis, cette collaboration ne peut se faire que sur des objectifs préalablement débattus dans les divers collectifs citoyens, mais aussi dans les diverses structures engagées. Nul doute alors que la perspective de constituer à moyen terme la gauche alternative en nouvelle force politique, bien au-delà des Alternatifs et de pans entiers d'autres forces, serait à portée de main. La présentation de candidat-e-s ou de listes à l'initiative des seuls Alternatifs ne peuvent être, dans ces conditions, qu'un pis-aller. Si elles étaient généralisées, elles nous feraient apparaître comme un "parti comme les autres" privilégiant l'inscription dans les joutes électoralistes et les assemblées actuelles, et donc promis à une intégration au système. Les élections sont un moment nécessaire de débat et d'affirmation, de structuration et de construction, mais elles sont, pour nous, Alternatifs, conditionnées et justifiées par une participation active aux mobilisations citoyennes et aux mouvements sociaux.

Bruno Della Sudda (Alpes Maritimes)

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LE FONCTIONNEMENT DES ALTERNATIFS.

Pourquoi poser le problème de notre fonctionnement ? Nous nous affirmons comme mouvement autogestionnaire et nous essayons de concevoir une généralisation de l'autogestion, une société « autogérée » ; cette dimension ne peut pas ne pas être prise en compte dans notre façon de fonctionner, à tous les niveau

Plus que nos discours, c'est notre manière d'être et de fonctionner qui témoigne de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons ; c'est le projet politique qui est en question :travailler en idées et en discours sur l'autogestion généralisée ou sur l'invention d'une véritable démocratie n'a pas de sens, si, en même temps, nous démontrons par nos pratiques l'impossibilité de le faire.

1. L'autogestion, comme possibilité concrète, n'est pas définissable a priori : l'idée se précise en même temps qu'elle s'expérimente. Or, notre mouvement est un terrain d'expérimentation privilégié. La forme et le fond sont ici indissociables : croire que l'on peut séparer l'activité politique « noble » et la « cuisine interne », voire s'accommoder de contradictions entre les deux niveaux, serait une grave erreur. Nos modes de réflexion, d'analyse, d'élaboration ; nos processus de partage des responsabilités, de décision ; la place des femmes dans le mouvement, lequel, au demeurant, se réclame du féminisme (place effective au niveau de l'élaboration et des décisions, manière d'aborder les problèmes) ; nos manières de communiquer, de travailler avec d'autres, ont une dimension et une signification pleinement politiques. Les obstacles et difficultés que nous rencontrons « chez nous » ne sont pas d'un autre ordre que ceux qu'il nous faut affronter dans la société.

2. Avoir la volonté de « faire de la politique autrement », de mettre en ouvre de nouveaux rapports entre le politique et le champ social, d'opérer le dépassement du stade de la démocratie représentative, constitue une véritable révolution culturelle, qui est à commencer en nous (en tant qu'individus et en tant que mouvement), faute de quoi l'on ne peut que reproduire ce que nous voulons dépasser. Comment avancer vers un fonctionnement relevant de la perspective autogestionnaire, que nous contribuerions ainsi à préciser ?

1. Au niveau de nos comportements : se rendre capable d'écouter l'autre et de s'en instruire ; de ne pas abuser du pouvoir que les circonstances nous donnent parfois (lié à la possession d'informations, à la facilité de parole, à l'habitude etc.) ; préférer les avancées concrètes à la facilité réductrice et confuse de l'idéologie (fondée sur la croyance dogmatique à laquelle, souvent, nous sommes loin d'échapper) ; il ne s'agit pas là de voeux pieux et généraux, mais des conditions minimales de possibilité de pratiques autogestionnaires ; travail à long terme et nécessaire à notre lisibilité.

2. Au niveau de nos pratiques : en tant que nous nous voulons innovants dans le champ politique, l'élaboration (d'analyses, de propositions alternatives) doit avoir une place essentielle ; en tant que nous voulons nous situer dans une démarche autogestionnaire, la formation joue un rôle déterminant ; en outre, ces deux dimensions de notre activité doivent être liées, si l'on veut éviter l'habituelle coupure entre les responsables- spécialistes et les militants que l'on dit « de base » ; il nous faut donc mettre en place les structures (locales, régionales, nationales, internationales) permettant, dans la même démarche, une réelle formation et une élaboration consistante. C'est en coopérant effectivement à l'élaboration commune que chacun(e) avancera dans sa formation ; c'est parce que l'élaboration cessera d'être le fait de quelques-uns qu'elle a des chances d'être plus innovante et ouverte sur la société réelle. De même, avons-nous sans doute beaucoup à gagner en ne séparant pas le travail d'élaboration interne et celui de sensibilisation des citoyens (qui ne doit pas ses réduire, dans notre perspective, à ce qu'on nomme « propagande »).

3. Au niveau de l'organisation : la mise en place d'un partage clair des responsabilités et des modalités de rotation des responsables apparaît comme le minimum attendu d'un mouvement se réclamant de l'autogestion, à tous les niveaux de ce mouvement. L'efficacité et la commodité ne doivent pas primer sur l'exigence démocratique.

4. Par ailleurs, ce qui nous unit doit explicitement apparaître comme résultant des différents lieux d'élaboration et d'actions, non comme un donné a priori et implicite.

J.Michel Mansillon., Marcelle Monzéglio., Patrick Fodella. (Alpes-Maritimes)

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DONNONS-NOUS LES MOYENS DE NOS AMBITIONS

Le Congrès sera pour nous "les Alternatifs" une occasion de nous resituer par rapport aux valeurs mais aussi et surtout de réfléchir ensemble sur les moyens que nous voulons nous donner et sur la stratégie que nous entendons appliquer pour réaliser notre projet politique. Quoi de plus logique, dirons les lecteurs de ce texte et. pourtant, j'ai nettement l'impression que bien souvent nous avons dans le passé perdu beaucoup de temps et d'énergie pour des résultats assez médiocres ; que par ailleurs, certaines confusions nous ont été préjudiciables et qu'en définitive nous n'avons pas réussi à décoller parce que nous ne nous sommes pas donné les moyens de nos ambitions. Mais avant de parler des moyens, revenons aux VALEURS. Il me semble qu'elles sont clairement identifiées. Elles se résument par ces quatre mots très simples :

SOLIDARITÉS, ÉCOLOGIE, FÉMINISME, AUTOGESTION

Il s'agit tout simplement de les faire connaître et reconnaître. Pour être crédibles, il faudra savoir relier nos idées, notre réflexion, à des expérimentations concrètes sur le terrain. En d'autres termes, il ne suffira pas de le dire, mais de démontrer, exemples à l'appui, qu'on peut le faire, et. qu'effectivement un autre monde est non seulement nécessaire mais possible. Et c'est en fonction de ces bases clairement identifiées (preuves à l'appui), que nous devons apprendre à COMMUNIQUER nos espoirs.

Ceci suppose dans un premier temps de nous appuyer sur l'existant, c'est-à-dire notre journal "Rouge et Vert" qui, à mon avis, est un outil précieux. Est-il impensable de vouloir lancer des campagnes d'abonnements, de prévoir des dépôts dans nos permanences nationales et locales, d'organiser des ventes à la criée ? Et. pour associer davantage les régions au journal, rien ne devrait nous empêcher de prévoir une rubrique d'informations régionales. Par ailleurs, il s'agira de garder et de développer le lien avec les médias traditionnels en les alertant systématiquement en fonction des événements, des prises de position, etc. Les expérimentations concrètes devront faire l'objet de fiches d'expériences qui devront circuler de manière à mettre en place un véritable réseau. Tout cela suppose évidemment une ORGANISATION à la fois simple et efficace, capable d'impulser et de coordonner. Ce rôle peut très bien être assumé par l'exécutif.

Mais en dehors de ces tâches pratiques, il faudra nous faire connaître et reconnaître et à ce titre, je propose qu'on désigne non pas un ou une, mais plusieurs PORTE-PAROLE correspondant à nos thèmes qui, je le rappelle, se résument par les quatre mots : SOLIDARITÉ, ÉCOLOGIE, FÉMINISME, AUTOGESTION.

Le rôle de ces porte-parole sera de transmettre à l'extérieur des Alternatifs notre message. Ceci suppose des compétences, de la disponibilité et une bonne dose d'enthousiasme.

Fort de cette volonté de vivre et de communiquer nos utopies, il s'agira enfin de mettre en place une STRATÉGIE nous permettant d'être présents à la fois dans une démarche de démocratie active et aussi représentative.

Dans ce cadre, nous sommes devant trois échéances électorales : les présidentielles, les législatives et les municipales. Ce sont les présidentielles qui à l'évidence préoccupent le plus les esprits et qui pourtant sont à l'opposé de nos préoccupations autogestionnaires et de nos possibilités. Alors. au lieu de rester l'arme au pied, d'attendre le bon vouloir de certains appareils, je lance l'idée de proposer à nos éventuels partenaires (PC, LCR, Mouvements Citoyens), un candidat unique de la gauche critique. Dans ce cadre rien ne devrait non plus nous empêcher de présenter une ou un candidat à la candidature (tout en ne se faisant pas la moindre illusion). Dans la mesure où la proposition est acceptée (ce qui est fort improbable), eh bien on y participera franchement et activement. Si par contre elle est rejetée, ce à quoi il faudra s'attendre (le PC et la LCR voudront mettre en avant leurs candidats spécifiques), eh bien on pourra toujours soutenir le candidat qui nous apparaît comme étant le plus unitaire, le plus proche de nous.

Et parallèlement, je propose d'organiser une véritable tournée dans les différentes régions avec présentation de nos objectifs, interventions de nos porte-parole, présence et participation de nos éventuels candidates et candidats pour les législatives et les municipales. Cette tournée pourra se dérouler dans la période pré-électorale et électorale et donner lieu à des rencontres, avec notamment une soirée meeting suivie d'une journée de rencontres avec des ateliers de discussion illustrés par des exemples pratiques et concrets.

Ce sera une occasion de faire connaître nos idées, de rencontrer des citoyennes et des citoyens engagés dans divers domaines. On pourra établir de véritables cahiers de propositions et ainsi démontrer que la politique c'est l'affaire de tout le monde. Le but est de mettre en place, ou de consolider et de fortifier, de véritables contre-pouvoirs citoyens et aussi de préparer de manière originale et autogestionnaire les législatives et les municipales. Il est évident que les rencontres et ateliers devront être animées avec une méthodologie participative permettant aux uns et aux autres d'être ou de devenir acteurs.

Voilà quelques idées que je tenais à transmettre à mes camarades Alternatifs en espérant qu'elles ne resteront pas au stade des voux pieux.

Roger WINTERHALTER (Haut-Rhin)

texte soumis aux militants de notre Fédération, lesquels sont en accord avec ces idées, à l'unanimité.

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MOTIONS SOUMISES AU VOTE

1 POUR L'EGALITE DES DROITS
Contribution de la commission des Jeunes Alternatifs pour un positionnement de notre organisation sur l'égalité des droits.

La Commission des Jeunes Alternatifs a souhaité apporter sa contribution au débat sur l'homophobie, contribution soumise au mouvement en vue de son congrès national, en novembre 2005. Il nous semble fondamental que notre organisation s'empare, à son tour, de ce débat et se positionne clairement à son sujet. La contribution suivante prend appui sur la Plate-forme pour l'égalité des droits, dont les Alternatifs sont déjà signataires sans qu'il y ait eu pour autant une réflexion et une concertation approfondies. La Plate-forme pour l'égalité des droits prend tout son sens à l'heure où les actes de violences et de discriminations homophobes se multiplient sur notre planète.

L'agression particulièrement violente d'un jeune homme homosexuel dans le Pas-de-Calais, le 16 janvier 2004, s'ajoute à la liste des nombreuses attaques visant les lesbiennes, les gays et les transsexuels. Les déclarations du gouvernement français en réaction à cet acte barbare ne se sont avérées convaincantes. Pire : les récents propos d'un député UMP qualifiant l'homosexualité de « menace pour l'humanité, une forme de racisme » et préconisant la « rééducation » des homosexuels prouvent l'urgence d'une mobilisation contre la banalisation grandissante de l'homophobie, notamment dans la classe politique. Le débat sur le mariage homosexuel en France peine à avancer, cela même alors que la situation internationale dans le domaine de l'accès aux droits par des couples de même sexe est en pleine mutation. A l'heure de la vague progressiste qu'a engendré la victoire du Non au référendum sur le Traité constitutionnel européen, les forces de gauche se doivent plus que jamais de faire de la lutte contre les discriminations sexuelles une des composantes prioritaires de leur programme politique. Aucun progrès réel dans l'accès à l'égalité des droits ne peut aboutir sans une forte volonté d'élus dont le rôle est aussi de faire avancer les mentalités, de bousculer l'opinion publique. Dans ce sens, les Jeunes Alternatifs soutiennent la proposition faite au gouvernement d'officialiser une campagne nationale de lutte contre l'homophobie : campagne de sensibilisation, de médiatisation, de communication, outil de combat contre les discriminations, l'ignorance, le refus d'accepter les différences.

Tant que les lesbiennes, les gays et les transsexuels resteront des « sous-citoyen(ne)s » selon la loi, elles et ils continueront à être insultés, stigmatisés et agressés. La pression et le harcèlement dont sont victimes ces publics dépassent largement la sphère privée et doivent être condamnés dans toutes leurs dimensions : relations familiales, sociales, professionnelles, avec les institutions... La non application des lois relatives à l'égalité hommes-femmes dans les domaines de l'éducation et du travail ainsi que les inégalités de droits fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre participent des violences faites aux femmes, aux lesbiennes, aux gays, aux bis et aux trans. La conscience collective reste prisonnière des valeurs patriarcales dans lesquelles l'attrait pour le même sexe est totalement prohibé. Nous défendons le principe d'égalité en droits comme en faits, étape nécessaire pour lutter contre les discriminations fondées sur le sexe, l'orientation sexuelle ou l'identité de genre. Nous attendons donc du gouvernement français et des pouvoirs publics, aidés des structures adéquates (associations, syndicats, etc.), qu'ils mettent tout en place dans la lutte pour la dite égalité des droits, contre l'ignorance collective et les préjugés, contre le sexisme. Nous exigeons des mesures éducatives et législatives à la hauteur de la situation :

. La modification de l'article premier de la Constitution, assurant l'égalité des citoyen(ne)s sans distinction d'origine, de race ou de religion, pour y ajouter la notion d'égalité sans distinction de sexe, d'orientation sexuelle, d'identité de genre.

. La mise en application de la condamnation des discriminations et de la pénalisation des propos (injures, diffamation, incitation à la haine) sexistes, homophobes, lesbophobes et transphobes. Il est en effet inadmissible que les victimes des dites discriminations continuent à être humiliées, notamment dans certains commissariats qui refusent encore d'enregistrer leurs plaintes ou tentent de les culpabiliser.

. La mise en place d'une politique efficace de prévention de l'homophobie, de la lesbophobie, de la transphobie et du sexisme en milieu scolaire et dans les organismes accueillant du public (OFPRA, institution pénitentiaire, CNAM, Police Nationale.) ainsi que dans les entreprises. Il revient en particulier à l'Education Nationale de mener cette mission pédagogique auprès des jeunes générations, premières victimes d'une homophobie particulièrement destructrice à l'adolescence. Cette mission doit être activement soutenue par les pouvoirs publics, les associations et les centres de formations oeuvrant dans ce domaine. Des expériences de sensibilisation au sein d'établissements scolaires français, menées en collaboration avec les conseils généraux et régionaux, ont montré l'importance de leur impact sur les jeunes et méritent d'être développées. D'autre part, rappelons que les jeunes homo/bi-sexuels masculins âgés de 15 à 34 ans ont 4 à 7 fois plus de risque de faire une tentative de suicide que les jeunes hétérosexuels. Quant aux filles, ce risque est accru de 40%. Lutter contre l'homophobie dans les écoles, c'est d'abord prévenir le suicide !

. Le droit au mariage civil pour les couples de même sexe ; l'extension aux couples homosexuels de l'ensemble des avantages (sociaux, fiscaux, séjours) dont bénéficient les couples hétérosexuels ; l'égalité des droits entre les différents statuts civils et fiscaux : PACS, mariage, concubinage et célibat. A ce jour, les couples dont un des membres est extracommunautaire restent confrontés à de nombreux obstacles dans la signature du Pacs : longueur de procédure, enquêtes humiliantes sur la vie privée. En outre, l'engagement de M. Chirac concernant l'asile d'homosexuels vivant dans des pays où ils risquent l'emprisonnement (voire la mort du seul fait de leur homosexualité) n'a pas été suivi lors de la discussion de loi sur le droit d'asile adoptée définitivement le 18 Novembre 2003.

. L'accès aux dons du sang, d'organes, de moelle osseuse et, par là-même, l'arrêt du fichage des donneurs interdits pour cause d'homosexualité. Une discrimination d'autant plus absurde qu'un test virologique est effectué à chaque prélèvement.

. L'adoption quelque soit l'orientation sexuelle, l'identité de genre ou le statut marital du (de la) demandeur. A ce jour, plus de 7% des gays et 11% des lesbiennes sont déjà parents, 36% des gays et 45% des lesbiennes souhaitent le devenir. Cela signifie que des centaines de milliers de personnes en France sont à la fois homosexuels et parents et qu'en Europe, il s'agit de millions de personnes. Ces chiffres illustrent le fait qu'un profond changement a eu lieu dans la manière dont les personnes homosexuelles envisagent leur devenir. Ils ne considèrent plus qu'être homosexuel les empêcherait d'être parents et d'avoir une descendance. De plus, l'homosexualité est une manière comme une autre de vivre sa sexualité. Cette dernière a-t-elle une incidence sur l'aptitude à élever des enfants ? De nombreuses études démontrent que ces enfants ne présentent ni plus ni moins de troubles que lorsqu'ils sont élevés dans une famille où sont présents les deux sexes au quotidien. Qu'il s'agisse du développement psychologique, de l'identité sexuelle, de l'estime de soi, de la réussite professionnelle ou de l'orientation sexuelle. Le monde alentour apporte tous les jours, des modèles bisexués qui relativisent l'absence de l'autre sexe au sein de la cellule familiale.

. Que les transsexuels ne soient plus classés comme malades mentaux par le système de soins français.

. La simplification de la procédure de changement d'état civil pour les transexuels qu'elles ou ils soient opéré(e)s ou non, et l'accès à une prise en charge médicale choisie, rapide et efficace.

Rapporteurs de la contribution : Gabriel MAFFRE et Thomas GENTIL


2 POUR UNE INITIATIVE DEMOCRATIQUE

Le 29 mai 2005,55% des Français, majoritairement des gens de gauche (les deux tiers de l'électorat de gauche), ont rejeté le TCE dont la démarche d'élaboration autant que le contenu constituaient un déni flagrant de la démocratie. Le déni continue puisqu'en France les gouvernants, les médias et les état-major des partis pro oui ont enterré l'événement ou au mieux parlent d'erreur et que, dans les pays européens n'ayant pas encore engagé la procédure de ratification, il est question d'annuler toute consultation des peuples ou même de leurs représentants. Au delà de l'exigence légitime que tous les peuples soient consultés sur le texte que nous avons rejeté (déni démocratique de contenu), il importe de réclamer une procédure démocratique d'élaboration du texte et de rendre ainsi caduc non seulement le reproche des "ouistes" d'un repli nationaliste mais aussi celui de l'absence de proposition alternative.

Notre exigence portée par la proposition de motion de congrès jointe porterait sur :

- la poursuite du processus populaire de ratification,
- l'association la plus large possible des populations (et pas seulement de leur représentants) aux grandes orientations souhaitées pour l'avenir de l'Europe,
- la rédaction d'un texte constitutionnel étant confiée à une constituante élue au suffrage universel et l'adoption aux peuples de l'Union.


Motion :

Les Alternatifs sont pour la construction d'une Union européenne démocratique, écologique, sociale et féministe. C'est pour cela qu'ils ont répondu « non » au projet de traité constitutionnel européen. Parce que ce traité n'a pas été élaboré démocratiquement, parce que cette constitution n'était pas démocratique, parce que ce traité voulait constitutionnaliser une politique et qui plus est, une politique contre laquelle les Alternatifs se battent au quotidien ; Ce projet de constitution a été rejeté par voie référendaire en France et aux Pays-Bas. Il ne pourra donc pas être adopté à l'échelle européenne. Dans le silence des cabinets, toutes les solutions sont probablement envisagées pour passer outre à cet échec. Lors d'une Conférence intergouvernementale, il sera peut être décidé d'en rester là. L'Union européenne continuera à vivre sur les traités en vigueur qui constituent une constitution de fait, peu démocratique. Ou bien, un nouveau projet sera soumis à ratification avec quelques modifications marginales pour tenir compte des certaines objections. Peut être, la partie III du Projet sera-t-elle abandonnée. Elle n'est pas nécessaire. Ce serait déjà une victoire. Mais cela ne serait que très relativement démocratique et n'empêcherait nullement la machine (ou le machin) européenne de continuer sur sa lancée. Or le fonctionnement de l'Union européenne est un obstacle difficile à franchir pour toute perspective de politique tant soit peu progressiste. Il est utilisé par les politiques pour imposer ou accepter, au nom de la contrainte communautaire, une politique économique et sociale que rejettent les peuples. Pour faire passer au niveau européen des décisions que les politiques préfèrent ne pas assumer au niveau national (exemple la directive Bolkestein). En France, c'est à l'occasion de la ratification du traité de Maastricht et du PTCE, scrutins apparemment sans enjeu immédiat, qu'ont eu lieu les débats politiques les plus importants.

Depuis, le niveau a beaucoup baissé. La classe politico-journalistique, un moment ébranlée par les résultats du scrutin du 29 mai, a retrouvé son importance dans la chasse aux petites phrases et la promotion de la course poursuite des tenants du national-libéralisme et du néo-libéralisme en attendant le candidat du social-libéralisme. Les partisans du "non" de gauche ne pensent plus qu'à utiliser le succès du référendum pour se refaire une santé en vue de la présidentielle. Quant au projet d'Union européenne, il est oublié jusqu'à ce que, sortant tout armé du cerveau éclairé de nos élites, un nouveau texte arrive sur la table. Pourtant, avec le coup d'arrêt du PTCE, un espace s'est ouvert pour des propositions au niveau de l'Union. Pourtant le « non » français, suivi du « non » néerlandais, a ouvert la possibilité de lancer un débat à l'échelle populaire et européenne. Pour les Alternatifs, le moment est venu de proposer une campagne européenne pour l'élection d'une assemblée constituante européenne, élue au suffrage universel, à la proportionnelle, le même jour dans les 25 pays de l'Union. Face à la peur des chefs d'Etat et de gouvernement de continuer la ratification du PTCE, le moment est venu de faire appel aux peuples pour qu'ils puissent dire quel type d'institution ils veulent pour l'Union européenne. La tâche de la Constituante sera l'élaboration d'une Constitution européenne instituant les pouvoirs respectifs des institutions nationales et européennes et pour ces dernières les rôles respectifs du législatif, de l'exécutif et du judiciaire. Cette Constitution élaborée, il faudra exiger qu'elle soit ratifiée, le même jour dans tous les pays de l'union, le pus souvent possible par référendum populaire.

Parallèlement, les Alternatifs devront mettre au point une déclaration sur quelques principes de base de la Constitution qu'ils veulent : séparation des pouvoirs (notamment législatif et exécutif que détient actuellement la Commission), responsabilité de l'exécutif, y compris la BCE, devant le PE, parité dans toutes les instituions de la Commission à la BCE et passant par le PE ou le Comité économique et social européen, suffrage réellement universel avec citoyenneté européenne de résidence et extension de la citoyenneté de l'UE à tous les résidents quelle que soit leur nationalité. Lancer une campagne pour l'élection au suffrage universel, à la proportionnelle et le même jour dans les 25 Etats de l'Union, d'une Assemblée européenne constituante sera le premier pas pour la construction d'une Union européenne démocratique. Elle mettra et l'Europe et la démocratie au centre de l'espace public européen. Elle obligera chacun à se dévoiler. Qui peut se dire démocrate et refuser l'élection d'une Constituante ? Qui peut se dire pro-européen et refuser une Constitution démocratique ? Elle entraînera l'ensemble des peuples de l'EU dans le débat qui ne pourra alors être réservé à quelques peuples ou à quelques dirigeants. Elle sera le premier pas d'une démarche qui touchera aussi et le type de démocratie et le type de politique. Pour les Alternatifs, l'avantage sera de prendre une initiative politique, de se démarquer des « non » nationalistes et souverainistes, de lancer une idée originale difficile à refuser y compris par les tenants du « oui », d'être à l'origine d'une campagne qui ne serait pas que protestataire mais propositionnelle, porteuse de d'une mesure applicable maintenant et porteuse d'autres exigences démocratiques. En lançant cette campagne, les Alternatifs ne se mettront pas à la traîne de telle ou telle organisation, de telle ou telle écurie mais obligeront chacun à se situer par rapport à une initiative autonome qui ne peut que donner une image neuve, internationaliste, sinon autogestionnaire du moins démocratique du mouvement.

Henri FERAL (Vienne) et Paul ORIOL (Yvelines)


3 ROUGE ET VERT, COULEURS DE L'EUROPE

La fédération du Tarn des Alternatifs demande au Congrès de mandater l'exécutif national et/ou la commission "International" pour officialiser des rencontres régulières avec les mouvements, partis, organisations « Rouge et Vert » européens. L'objectif poursuivi : harmoniser les projets, démarches, actions de ces mouvements afin d'aboutir à la création d'un mouvement « Rouge et Vert » européen, intervenant dans le champ politique européen d'une seule voix et portant partout la même dénomination. Cet objectif, même s'il apparaît comme volontariste, doit être poursuivi sans attendre, la visibilité de notre mouvement ne pourrait qu'en ressortir renforcée.


4 VISIBILITE

Pour améliorer la visibilité du Parti Les Alternatifs auprès des médias et renforcer notre crédibilité autour de nous :

- choisir (après consultation des groupes locaux) une CAMPAGNE NATIONALE avec tout le matériel nécessaire pour appuyer les groupes locaux qui veulent bien s'y investir,

- un sujet déjà mis en accusation, mais pour lequel on n'a pas suffisamment réagi, soit par manque d'informations soit par manque d'arguments (création d'une commission de personnes compétentes) . Par exemple : désastres écologiques, causant de graves dégâts sur la santé d'un grand nombre de personnes, comme les attaques de produits chimiques dans la nourriture, dans l'atmosphère, sur le bétail, sur les insectes (abeilles). Problèmes qui sévissent dans tous les pays industrialisés et dans les pays en voie de développement où nous balançons nos déchets.

Les Alternatifs du Tarn

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