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Communiqué 29 novembre

Jacques Chirac a 73 ans, et Jean-Marie Sarkozy se prépare :
POUR QUEL AVENIR ?

Les mutations économiques et sociales qu’entraîne la mondialisation conduisent à des transformations politiques et institutionnelles profondes. Le maintien de l’ordre ou plus précisément l’instauration d’un nouvel ordre national et mondial, devient la fonction première des Etats. La comparaison avec le fascisme vient facilement à l’esprit, mais c’est d’autre chose dont il s’agit. Les peuples sont menacés de nouvelles formes de dominations, de tyrannies, de guerre.

La mondialisation du Capital se traduit, en effet, par de graves régressions des droits politiques et sociaux.

Cette mondialisation et ses excès financiers conduisent à une mise en concurrence directe et exacerbée des travailleurs du monde entier. De ce fait, le système durcit ses modes de domination. Cette détérioration des rapports sociaux, encadrée et même très souvent amplifiée, par les institutions, débouche sur une profonde crise de société. L’organisation sociale, les représentations collectives, issues du siècle dernier, se défont. La précarisation, la marginalisation de pans entiers de nos sociétés ont pour conséquence le repli sur des comportements individualistes, sur des consommations compensatoires voire ostentatoires.

Les effets de cette précarisation et marginalisation sont renforcés par l’absence d’une vision claire et crédible des changements radicaux qu’appellent les mutations actuelles. Dans ces conditions, le délitement des formes antérieures de sociabilité, des liens sociaux, favorise le retour de l’irrationnel, la montée des mysticismes, des fondamentalismes, des racismes. Ces identités de substitution servent ainsi de justification à la mise en place d’un appareil sophistiqué de surveillance et de répression, national et mondial, par ailleurs très utile au *maintien de l’ordre*.

Sous cet angle une comparaison entre Bush-Sarkozy est instructive.

Ni l’un, ni l’autre ne tentent de dissimuler que le compromis keynésien est fini.

Sans état d’âme, ils favorisent la réduction ou en tout cas la stagnation du niveau de vie du plus grand nombre ; ils mettent à mal les dispositifs de protection sanitaire et sociale. Dans le même temps ils multiplient les cadeaux fiscaux pour les possédants et les aides financières ou politiques aux trusts. Cela ne manque pas de se traduire par des révoltes ou des incivilités, dès lors on accroît la rigueur des tribunaux, on ouvre de nouvelles prisons. Il faut que les nouvelles « classes dangereuses » se tiennent à leur place dans les ghettos qui leur sont affectés. Il ne suffit pas à la droite dite libérale de criminaliser la pauvreté, il lui faut aussi la stigmatiser. Et là il faut reconnaître que la couleur de la peau, le nom ou l’accent sont des signes bien utiles pour que ce sous-prolétariat soit facilement identifié, par la police, la justice, le patronat et … les imbéciles.

La manœuvre est parfaite lorsque les circonstances historiques ou politiques leur permettent de désigner un ennemi d’autant plus inquiétant qu’il serait omniprésent. Ce fût, en d’autres temps, la criminelle stigmatisation des juifs ; n’est-ce pas aujourd’hui la tentation de l’illuminé qui siége à Washington à l’encontre des musulmans, arabes notamment ? Les milieux populaires, conscients des manipulations des règles démocratiques, la légitimité des institutions et des gouvernements est remise en cause. Un consensus relatif peut se constituer autour du drapeau en opposant le «eux» et le «nous»

Sarkozy se distinguerait-il ici de l’exemple états-unien ?

N’a-t-il pas favorisé, comme bien d’autres ministres de l’intérieur avant lui, l’organisation et la francisation du culte musulman ? C’est là une vieille méthode de police ; mieux vaut reconnaître et encadrer certains groupes hétérodoxes que d’ignorer leurs pratiques. Mais cette politique doit être replacée dans une tentative plus générale : « réformer» les lois sur la laïcité, dialoguer avec les églises - voire les instrumentaliser -, leur donner une fonction accrue de «corps intermédiaire», et ainsi conforter leur capacité d’encadrement social. Sarkozy ne va pas jusqu’à ouvrir ou clore ses discours en se référant à un dieu, mais il donne une importance croissante aux «valeurs» dans lesquelles les couches les plus traditionalistes peuvent se reconnaître.

Ceci s’inscrit dans une politique répressive globale, comme l’illustre sa réponse aux révoltes des banlieues.

Jean Jacques Boislaroussie

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