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Libération 6 mars 2004

ANTHROPOPHAGIE A GAUCHE DE LA GAUCHE

En Midi-Pyrénées, la liste Alternative à gauche, qui dit rogner sur le PS, volerait en fait des voix à LO-LCR.

Toulouse de notre correspondant

Il y a de bonnes nouvelles moins agréables que d'autres. Pour sa première apparition, la liste Alternative à gauche en Midi-Pyrénées est créditée de 8 % d'intentions de vote dans le dernier sondage BVA-la Dépêche du Midi (1). «C'est bien, non ?» se réjouit d'abord un de ses candidats, Thierry Phalippou. Qui ramène très vite à son menton la main qui fait des moulinets enthousiastes : «Le problème, c'est que nous voulions piquer des voix au PS, et c'est l'extrême gauche qu'on dévalise...»

Moquette

L'institut BVA donne en effet le socialiste Martin Malvy, à la tête d'une liste d'union PS-PCF-MRG, à la hausse (39 %), et le trotskiste élu en 1998, Lucien Sanchez (LO-LCR), scotché à 3 % sous la moquette. Composée de Verts, d'altermondialistes, de militants du PCF, de syndicalistes et d'anciens du PS, la liste Alternative a pour ambition de recomposer la gauche, «trop sociale-libérale» à son goût. Elle pourrait devoir se contenter de réduire l'extrême gauche.

Le leader alternatif Jean-Pierre Bataille ne se laisse pas démonter : «La campagne ne fait que débuter. Très au fait des choses politiques, l'électorat d'extrême gauche vient naturellement à nous.» Cet ex-porte-parole des comités de lutte de l'après-AZF fait le pari que l'électorat socialiste se précipitera vers sa liste dès lors que, le premier tour se rapprochant, il aura découvert toutes les vertus de son programme.

«Je ne comprends pas d'où sortent ces chiffres, grogne, en revanche, Stéphane Borras, directeur de campagne de la liste LO-LCR. Aux municipales de 2001, on sentait sur le terrain que les Motivé-e-s nous faisaient concurrence. Trois semaines avant la présidentielle de 2002, au contraire, une sortie sur les marchés suffisait à comprendre que Besancenot allait faire un score. Mais, ce coup-ci, rien concernant cette liste Alternative-verte ne nous revient !» Moins renfrogné, le président sortant, le socialiste Martin Malvy, avoue «préférer voir les alternatifs devant LO-LCR plutôt que l'inverse». Et pour cause : la liste de Jean-Pierre Bataille se prépare à négocier chèrement sa place sur une liste d'union de la gauche au second tour. Les candidats trotskistes, à Toulouse comme ailleurs, ne veulent même pas en entendre parler.

«Ratiboisage»

Au soir du premier tour, la gauche en saura davantage sur son état. «Je pense que nous sommes loin aujourd'hui du 21 avril 2002», croit deviner Martin Malvy. La gauche radicale est toujours très active autour de Toulouse, mais elle a peut-être plus qu'alors le souci de sanctionner la droite. Laquelle reste, en Midi-Pyrénées, sous la menace grossissante d'un Front national plus décidé que jamais à en découdre. Un ami de l'alternatif Jean-Pierre Bataille se désole : «Si on m'avait dit que notre entreprise politique finirait par ratiboiser mes copains de la LCR...»

(1) Réalisé par téléphone du 17 au 19 février sur un échantillon représentatif de 801 électeurs.



Par Gilbert LAVAL  

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