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Les
dépossédés, figures du refus social. http://www.agone.org/marginalesn34
Alors que le gouvernement vient de rappeler (avec la
creation du revenu minimum d'activite) la vieille figure de
l'assistance par le travail et qu'il denonce la "paresse de cette
France qui ne travaille pas"; alors que notre societe a invente un
nouveau substantif, celui des "sans", qui en dit long sur la regression
de la conscience sociale de l'ideal defendu ("sans" renvoie a sans
avoir, or "avoir", c'est accumuler l'avoir comme unique raison de vivre
et d'etre); voila que revient le vagabond, voila que revient le
depossede.
Le "peuple" des vagabonds est toujours coupable
d'avoir resiste aux intemperies sociales, au deracinement force, a
l'oeuvre de depossession a laquelle s'emploie toute classe possedante.
Il porte la marque d'infamie "d'une culpabilite constitutionnelle du
deviant", preuve des demerites personnels de ses membres. Au XXIe
siecle comme au Moyen Age, les vagabonds fuient les asiles et les
foyers et leur preferent le risque de prison : toujours aussi
"inconscients" de leur integrite et de l'hygiene publique. La charite
procede toujours d'une idee politique de division du peuple et de
contention de ses forces de rebellion. Son but n'est pas la remission
de la pauvrete, mais la protection de la propriete privee.
La litterature nous permet-elle de suivre la
conscience d'eux-memes des vagabonds? Nous permet-elle de comprendre
les mecanismes d'une construction de vie en-deca des institutions,
c'est-a-dire d'une vie hors-la-loi?
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