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Revue
  2 fevrier

Les dépossédés, figures du refus social.

Revue 'Marginales' numero 3/4, 2004

http://www.agone.org/marginalesn34


Alors que le gouvernement vient de rappeler (avec la creation du revenu minimum d'activite) la vieille figure de l'assistance par le travail et qu'il denonce la "paresse de cette France qui ne travaille pas"; alors que notre societe a invente un nouveau substantif, celui des "sans", qui en dit long sur la regression de la conscience sociale de l'ideal defendu ("sans" renvoie a sans avoir, or "avoir", c'est accumuler l'avoir comme unique raison de vivre et d'etre); voila que revient le vagabond, voila que revient le depossede.

  Le "peuple" des vagabonds est toujours coupable d'avoir resiste aux intemperies sociales, au deracinement force, a l'oeuvre de depossession a laquelle s'emploie toute classe possedante. Il porte la marque d'infamie "d'une culpabilite constitutionnelle du deviant", preuve des demerites personnels de ses membres. Au XXIe siecle comme au Moyen Age, les vagabonds fuient les asiles et les foyers et leur preferent le risque de prison : toujours aussi "inconscients" de leur integrite et de l'hygiene publique. La charite procede toujours d'une idee politique de division du peuple et de contention de ses forces de rebellion. Son but n'est pas la remission de la pauvrete, mais la protection de la propriete privee.

  La litterature nous permet-elle de suivre la conscience d'eux-memes des vagabonds? Nous permet-elle de comprendre les mecanismes d'une construction de vie en-deca des institutions, c'est-a-dire d'une vie hors-la-loi?



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