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Sur le net... à propos de Katrina 5 septembre


1- "Bush, Katrina, et les pauvres"
de Bert De Belder et Tony Busselen sur http://www.michelcollon.info/articles.php

2- "Lettre ouverte de Michael Moore au Président des USA"
Traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier pour www.quibla.net

3 "Le tiers monde, version américaine "
de Georges Abou sur rfi.fr/actufr/articles



BUSH, KATRINA, ET LES PAUVRES

Le cyclone Katrina a complètement ravagé le Sud des Etats-Unis. Pour les démunis, on n’avait tout simplement pas prévu de plan d’évacuation. Il a fallu attendre trois jours pour que Bush se décide à interrompre ses vacances et évalue l’ampleur de la catastrophe du haut de son avion.

Les victimes du cyclone Katrina en Louisiane sont désespérées et furieuses à la fois. « Ils nous traitent comme des bêtes », a déclaré Angela Perkins. « Pourquoi ne nous envoient-ils pas en Afrique tant qu’ils y sont. » « Nous avons l’impression d’être une horde de rats. C’est du moins la manière dont ils nous traitent », se plaint Earle Young, cuisinière de 31 ans, qui attend sur un bus avec… 10.000 autres personnes.

Le cyclone Katrina a démontré combien la nature pouvait être puissante ... mais il a surtout montré que les autorités américaines ne sont pas au service des simples gens ni de les protéger. En effet, la catastrophe avait été annoncée depuis longtemps déjà, mais les autorités US n’avaient pris pratiquement aucune mesure de prévention. Les 500.000 habitants de la Nouvelle Orléans ont tout simplement reçu l’ordre de quitter la métropole. Comment ? De quel côté ? Pour combien de temps ? Qui les accueillerait? A eux de deviner. Car il n’existe pas de plan catastrophe pour l’évacuation totale de la ville. De 50 à 100.000 personnes n’ont pu quitter la ville. La plupart parce qu’ils n’avaient pas de véhicule ou parce qu’ils ne pouvaient payer leur ticket de bus. En effet, un habitant sur quatre en Nouvelle Orléans est pauvre. 44% des enfants qui habitent dans cette grande ville des Etats-Unis vivent sous le seuil de la pauvreté. Et parmi la population de race noire - soit 70% - le degré de pauvreté est trois fois plus élevé que chez les Blancs.

D’autre part, on n’a pratiquement rien prévu en ce qui concerne l’accueil des malades et des réfugiés. L’immense stade Superdome est le théâtre d’un chaos dantesque, les hôpitaux ne savent plus quoi faire, les provisions d’eau et de nourriture, les stocks de couvertures et de médicaments sont tout à fait insuffisants. Des milliers de personnes sont sans manger ni boire depuis trois, parfois même quatre jours…

La terrible catastrophe à la Nouvelle-Orléans démontre encore une fois à quoi a abouti cette société du modèle américain où le profit est plus important que les gens : c’est une société où les riches sont protégés et évacués, mais où la vie des pauvres, surtout des noires, n’ont aucune valeur. Une société où toute forme de sociale a été détruit et où tous les principes de solidarité ont été éliminés.

Terry Ebbert, directeur des opérations de secours à La Nouvelle-Orléans fait amèrement remarquer : « C’est un scandale national. L’agence fédérale pour la lutte contre les catastrophes naturelles se trouve ici depuis trois jours déjà et ils n’ont toujours pas uniformisé leur QG et leur contrôle ».

Les scandaleuses priorités de Bush...

Lire la suite : Article de Bert De Belder et Tony Busselen,

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Lettre ouverte au Président des USA


Cher Monsieur Bush !

Où sont tous vos hélicoptères ? En avez-vous la moindre idée ? Nous en sommes au cinquième jour du cataclysme Katrina et des milliers de personnes sont toujours coincées dans la Nouvelle Orléans ; il faudrait les hélitreuiller. Bordel ; où avez-vous bien pu égarer tous vos hélicos militaires ? Vous avez besoin d'aide, pour les retrouver ? Une fois, j'ai perdu ma bagnole dans un parking Sears. Eh ben, mec, quelle histoire ça a été !

Ah, et puis aussi, tous les soldats de notre garde nationale, vous savez où ils sont passés ? On pourrait vraiment les utiliser, là, tout de suite, pour le genre de choses qu'ils se sont engagés à faire, style « contribuer à des opérations de secours en cas de catastrophe nationale ». Comment se fait-il qu'ils n'étaient pas là, pour commencer ? Jeudi passé, j'étais dans le sud de la Floride. J'étais assis, dehors, quand l'oeil du cyclone Katrina m'est passé au-dessus de la tronche. Ce n' était encore qu'un cyclone de force 1, mais ça a été déjà assez dur. Il y a eu onze morts et encore aujourd'hui, certains foyers n'avaient toujours pas d'électricité. Ce soir-là, le présentateur de la météo a dit que ce cyclone se dirigeait vers la Nouvelle Orléans. Or, ça, c'était quand même jeudi passé ! Personne ne vous a rien dit ? Je sais bien que vous ne vouliez interrompre vos vacances sous aucun prétexte et je sais aussi que vous n' aimez pas les mauvaises nouvelles. Et puis, en plus, vous deviez aller à des ventes de charité et vous aviez des mères de soldats tués en Irak à ignorer et à traîner dans la boue. Une chose est sûre : vous lui avez rivé son clou, à l'autre, là !

J'ai particulièrement apprécié quand, le lendemain du cyclone, au lieu de vous envoler pour la Louisiane, vous êtes allé à San Diego faire la fête avec vos potes du business. Ne permettez pas que les gens vous critiquent à cause de ça - après tout, le cyclone était TERMINE, et qu'est-ce que vous auriez bien pu faire : boucher la brèche dans la digue ? Comment ? Avec votre doigt ?

Et n'écoutez pas ces gens qui, dans les jours à venir, révèleront comment vous avez réduit spécifiquement le budget des militaires du génie de la Nouvelle Orléans, cet été, pour la troisième année consécutive. Vous n'avez qu'à leur dire que, même si vous n'aviez pas supprimé les budgets d' entretien de ces digues, il n'y aurait pas eu d'ingénieurs du génie pour les réparer, de toute manière, parce que vous aviez un chantier beaucoup plus important à leur proposer : la CONSTRUCTION DE LA DEMOCRATIE EN IRAK !

Au troisième jour du désastre, quand vous vous êtes enfin décidé à quitter votre villégiature de vacances, je dois dire que j'ai été ému par la manière dont vous avez demandé au pilote de votre avion privé présidentiel Air Force One de descendre au-dessous des nuages, pour que vous puissiez voir la Nouvelle Orléans, et que vous puissiez vous faire une idée rapide du désastre. Eh quoi, je sais bien que vous ne pouviez pas vous arrêter, empoigner un porte-voix, monter sur une ruine quelconque et jouer le rôle du commandant en chef. Moi avoir été là-bas. Moi l'avoir fait.

Bien sûr, il va y avoir des gens qui vont essayer de politiser cette tragédie et de l'utiliser contre vous. Laissez simplement vos communicateurs faire de la diversion. Ne répondez à aucune attaque. Même ces maudits scientifiques qui ont prédit que cela arriverait parce que l'eau du Golfe du Mexique ne cesse de se réchauffer et que cela rend inévitable un ouragan comme celui qui vient de se produire. Ignorez-les, eux et toutes leurs poules mouillées du réchauffement planétaire. Il n'y avait rien d'inhabituel dans cet ouragan qui était tellement large que c'est comme si on s'était pris une tornade de force 4 qui se serait étendue de New York jusqu'à Cleveland.

Non, Monsieur Bush, vous continuez comme si de rien n'était. Après tout, vous n'y êtes pour rien, si 30 % de la population de la Nouvelle Orléans vit au-dessous du seuil de pauvreté et si des dizaines de milliers d'habitants n 'avaient pas de moyen de transport qui leur aurait permis de sortir de la ville. Déconnez pas : y sont black ! J'veux dire, c'est pas comme si ça s' était passé à Kennebunkport. Vous imaginez : laisser des Blancs sur leur toit, pendant cinq jours ? Ne me faites pas rire ! La race n'a rien, absolument RIEN à voir avec cette histoire ! Restez où vous êtes, Monsieur Bush. Contentez-vous de trouver quelques-uns de vos hélicos militaires et envoyez-les là-bas. Facile : vous n'avez qu'à faire comme si les gens de la Nouvelle Orléans et la côte du Golfe du Mexique se trouvaient du côté de Tikrit.

Bien à vous,

Michael Moore ,

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LE TIERS MONDE, VERSION AMERICAINE

Sidérée par une gestion tardive, désordonnée et inefficace de la crise, l’Amérique s’interroge sur sa puissance réelle et sa capacité à venir en aide à ses propres citoyens, surtout lorsqu’ils sont pauvres et noirs. Huit jours après le passage de Katrina, la persistance d’une situation critique révèle que les Etats-Unis ne sont pas préparés et n’ont pas les moyens civils de faire face à une catastrophe naturelle.

Les victimes sont les pauvres, donc les Noirs : c’est la principale révélation sur les conséquences du passage de l’ouragan Katrina. Les images de ces victimes de la tempête, diffusées par les télévisions du monde entier, montrent en effet des flots de réfugiés noirs entassés et/ou livrés à eux-mêmes, devenus la proie d’une criminalité qui s’installe avec une rapidité déconcertante dés lors qu’un événement extraordinaire se manifeste, encouragée par l’incapacité des pouvoirs publics à affronter une situation exceptionnelle. Katrina révèle un paradoxe américain surprenant entre la capacité du pays à produire de la richesse et la persistance d’un quart-monde considérable impuissant à répondre aux consignes d’évacuation faute de moyens de transport.

Sidérés, les Américains découvrent une face cachée de leur société : un Etat fédéral impotent et orgueilleux qui ne consent que tardivement à accepter l’aide humanitaire de la communauté internationale, une large fraction de la population économiquement sous-développée, matériellement incapable de fuir face au danger, et la persistance de cette étrange fracture sociale exactement alignée sur la question raciale.

L’autre révélation, c’est la réponse militaire aux événements...

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Georges Abou

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