Pour déterrer l'écologie-politique
http://ecologiepolitique.wordpress.com/
La compréhension (enfin !) de l’urgence environnementale s’accom-pagne
d’une ignorance toujours plus grande des propositions que
l’écologie-politique fait à la société depuis les années 1970, entre les
premières vélorutions, les Amis de la Terre, les écrits d’Ivan Illich et
le verre d’eau de René Dumont. La recomposition du paysage électoral
apportera-t-elle du nouveau ? Nous sommes jeunes et impatient-e-s, nous
préférons agir dès maintenant pour faire renaître une culture à proprement
parler écologiste.
La révolte commence dans l’imaginaire
Travailler-consommer est un impératif majeur dans notre société. C’est
surtout le fruit de l’imaginaire capitaliste sur lequel notre civilisation
est basée. Il nous impose une façon unique de penser, de s’accomplir, bref
d’exister. Mais il ne s’agit pas d’un horizon indé-passable, puisque tous
les imaginaires sont possibles pour construire une société.
L’écologie-politique a pour ambition de ré-inventer une utopie
émancipatrice pour tou-te-s.
Elle souhaite mettre fin à toute forme de domination : racisme, sexisme,
(néo-)colonialisme, nationalisme… C’est que l’hétérogénéité de ces
phénomènes sociaux n’est qu’apparente. Toutes ces formes d’oppression nous
apparaissent indissociables de la domination de l’être humain sur son
semblable (aujourd’hui par le capitalisme), elle-même inséparable de la
domination de l’être humain sur la nature. L’écologie-politique mène ces
deux combats de front.
L’autonomie à la base
L’une de ces dominations, et la moins mise en cause, est celle des États
sur les peuples. L’élection a créé une classe politique qui
s’auto-entretient et prétend nous représenter. Mais nous ne débattons
plus. Les classes dominantes s’appliquent à ce que nous n’ayons plus que
des idées préconçues qui guideront ensuite l’action politique. Aucun temps
à consacrer à la vie de la cité, des médias manipulateurs : cela concourt
à confisquer le pouvoir au peuple.
Sur la question environnementale par exemple, nous sommes tenu-e-s
d’accepter la mise en place d’une gestion autoritaire, centralisée et
technicienne des ressources naturelles et des contraintes qui
l’accompagnent. La contrainte est soit subie à travers les politiques
publiques (de l’énergie nucléaire, de l’agriculture…), la fiscalité «
verte », etc. Soit elle est intériorisée, avec le renforcement d’une «
éco-citoyenneté » bien-pensante. N’est-ce pas seulement ralentir la
vitesse à laquelle on dégrade l’environnement, pour se donner bonne
conscience ?
L’écologie-politique passe par une démocratie directe. Elle n’accepte pas
que le désastre environnemental justifie un renforcement de l’autorité.
L’autonomie et la liberté, qui sont au cœur de notre pensée, nous
permettent non seulement de garder notre humanité mais aussi de construire
une société écologique.
Remettre l’économie à sa place
Le fonctionnement de la société productiviste nous impose le travail comme
rouage central de notre vie : organisation de notre temps, éducation,
situation et reconnaissance sociale, accès aux besoins vitaux comme à ceux
créés artificiellement.
Ce travail fonctionne sur des relations de domination. C’est donc une
activité imposée, aliénante, spécialisée, contrainte par un système
extérieur. Plutôt que d’être partagées, les tâches les plus pénibles sont
peu rémunérées et réservés à une population mise à la marge.
Ce travail aliénant, nous le refusons. Nous lui préférons l’activité
autonome et librement choisie, dans laquelle plaisir, émancipation et
reconnaissance de chacun s’équilibrent avec satisfaction des besoins de
tou-te-s. Pour répondre à ces besoins, remettons l’économie à sa place, en
tant qu'activité de production et de répartition des richesses et des
ressources. Cette activité humaine ne doit pas faire l'objet d'un dogme
postulant la croissance comme un but en soi.
La prédominance de cette vision totalisante de l’économie engendre des
désastres sociaux et environnementaux que les dominants tentent de
résoudre par des solutions techniques, sans remettre en cause nos modes de
vie et de production. De surcroît, une croissance infinie, impossible sur
une planète aux ressources finies, repose en grande partie sur
l’exploitation des pays du Sud.
L’écologie-politique, au contraire, invite à une relocalisation de la
production, et de la décision collective qui doit l’accompagner. Cette
démarche permet de décider localement, démocratiquement et en toute
connaissance de ce que l’on produit et comment, en fonction des besoins
réels, des ressources disponibles et des possibles nuisances.
Graines d’alternatives
L’écologie-politique s’oppose aux violences physiques, psychologiques et
symboliques : violence militaire internationale exportée, explosion des
inégalités de pouvoir et de conditions socio-économiques, imposition d’un
modèle de bonheur marchand. La dénégation du conflit, de la contestation,
le refus de laisser place à la minorité et à l’« anormalité » sont autant
de violences que nous rejetons.
Le conflit est humain, il résulte de l’altérité. Réhabilitons le conflit,
son expression et sa régulation. Moteur de notre action collective, il est
un point essentiel de la démocratie.
La jeunesse, notamment, ne doit pas réprimer son esprit critique. Elle est
porteuse d’un regard nouveau, conciliant curiosité, convivialité et
enthousiasme. Elle est une force indispensable à la construction d’une
société écologique. Cette force doit rester indépendante des pouvoirs et
des bureaucraties, afin de conserver ses qualités intrinsèques pour
participer à l’essor de l’écologie-politique.
Et après ?
Nous n’appelons pas à la formation d’une nouvelle organisation
centralisée, qui épuiserait nos énergies et effacerait notre diversité.
Mais l’écologie-politique risque, sous les coups de boutoir du
développement durable à la mode et du capitalisme « vert », de voir sa
grille d’analyse oubliée au profit de celles, réductrices à nos yeux, de
l’extrême-gauche traditionnelle ou de la simplicité volontaire. Elle a
besoin, pour gagner en visibilité, d’être portée plus fortement que par
les groupes atomisés dont nous faisons partie. A nous de créer un espace
propre à l’écologie-politique ; réseau ou « désorganisation », cela
dépendra de nos envies communes.
Faisons vivre cet appel ! Réunissons-nous localement pour le discuter, le
compléter, le faire évoluer, le diffuser, l'afficher, le déclamer... Et
préparons une rencontre nationale, le samedi 24 janvier (lieu à définir
ensemble). Prenons contact avec les jeunes d'autres groupes écologistes,
et aussi avec nos potes pas forcément militant-e-s mais convaincu-e-s
qu'il faut faire vivre cette idée.
Appel initié par des jeunes se reconnaissant de l’écologie-politique,
parlant en leur nom propre et militant pour certain-e-s dans les groupes
(par ordre alphabétique) :
Chiche ! jeunes écolos alternatifs solidaires, Déboulonneurs, EcoRev’, Fac
verte, Groupe décroissance de Lille, Jeunes alternatifs, Jeunes verts, Le
Pas de côté (groupe décroissance de Bordeaux), Mouvement de la paix,
Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC), Rêvolutives, Souris
verte Picardie, Sud-Solidaires, Vélorution !, Virage-énergie en Nord
Pas-de-Calais… et toi ?