Les droits sociaux dans l'Europe élargie - Pour une solidarité
Est/ouest des mouvements sociaux
éditions Syllepse, 2004
L'Union européenne s'élargit à dix nouveaux pays qui sont dans une
situation économique et sociale difficile et possèdent un niveau très
bas de protection sociale. Elle étend ainsi son marché et la concurrence
au sein d'une vaste zone de libre échange sans règle sociale.
A cette occasion, le réseau des Marches Européennes organisait une
Conférence débat du 19 et 20 mars 2004 à Bruxelles (1). Les participants
se sont interrogés sur la réalité et le devenir des droits sociaux dans
cette Europe élargie et ont dégagé des questions cruciales et des
perspectives communes pour l'action.
Alors que la stratégie européenne pour l'emploi n'est qu'un vaste «
détricotage méthodique des structurations sociales qui met la pression
sur les personnes qui ont les plus bas revenus », le projet de
Constitution européenne n'est rien d'autre que la remise en cause du
droit du travail et des conventions collectives. Il annonce de nouveau
renforcement des sanctions à l'encontre des personnes menacées ou
frappées par le chômage. De plus, la Charte des droits fondamentaux ne
reconnaît ni le droit au travail, ni le droit aux prestations sociales,
ni le droit au revenu d'existence, ni le droit au logement,... Par
contre « la Constitution impose des critères de convergence très précis
et drastiques pour le marché, la monnaie, la libéralisation des services
publics et la réduction des coûts de la protection sociale » Si cette
Constitution était adoptée, elle deviendrait le support de
l'organisation de la convergence vers le bas et d'un dumping social à
outrance. Alors que la politique sociale devrait être de la compétence
exclusive de chaque Etat, on s'aperçoit en faisant le tour de la
situation dans chaque pays qu'elle aboutit à l'application d'une même
orientation politique dans tous les pays et permet une dégradation des
droits sociaux.
Les associations de chômeurs ont commencé à tisser des liens entre
l'Ouest et l'Est notamment entre la Pologne et l'Allemagne. Leurs
contributions montrent que les pays de l'Europe du centre et de l'Est
sont touchées par les politiques de libéralisation de l'économie qui
généralisent le chômage, la précarité des conditions de travail, la
délinquance, la corruption et l'émigration plus à l'Ouest des
populations précarisées. Ils poussent vers le bas les conditions
sociales dans toute l'Europe, « favorisant également la mise en place
d'un ordre mondiale sécuritaire »
La conférence s'est interrogée sur les enjeux de la question des droits
sociaux pour les peuples d'Europe et les questions cruciales autour
desquelles nous devons faire converger les initiatives pour mieux
contribuer à la construction de l'Europe démocratique et des droits.
La question de l'immigration est particulièrement importante pour les
privés d'emplois et les précaires car elle les touche subjectivement et
affectivement. La défense du droit à la régularisation de tous les
immigrés et la fermeture des centres de rétention sont leur priorité.
La bataille pour le maintien et l'élargissement des droits sociaux au
niveau européen est indispensable et doit être inscrit dans la
Constitution.
Face à la diminution du niveau des allocations de chômage et du revenu
minimum qui permet de faire baisser les salaires, le réseau des Marches
Européennes a proposé de définir les montants à exiger en fonction d'un
pourcentage du produit intérieur brut de chaque Etat correspondant à 50%
par habitant.
Avec l'élargissement de l'Europe, le développement des coopérations, des
échanges de savoir-faire et d'expériences, la connaissance réciproque
est devenu nécessaire avec les organisations de chômeurs de l'Est. Deux
pistes sont mises en avant : la citoyenneté de résidence et avoir les
même droits sociaux pour tous.
Pour le réseau des Marches Européennes, seules l'émergence d'un
mouvement social européen et la mobilisation massive et active des
populations, des salariés, des précaires et des chômeurs permettront de
construire une autre Europe, un autre monde.
haut
|