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L'Humanité 18 novembre

AGROALIMENTAIRE LUSTUCRU : REPRISE EN VUE


La semaine prochaine, une assemblée générale des salariés en lutte déterminera si la nouvelle société exploitante arlésienne sera une SARL ou une coopérative ouvrière.

« N'allons pas trop vite en besogne, car de nombreux problèmes sont en suspens, mais une chose est sûre : nous allons redémarrer », se réjouissait hier Serge Bonutti, le délégué CGT de Lustucru Riz, cette usine arlésienne lâchée par le groupe Panzani après avoir été inondée en décembre 2003 et occupée nuit et jour par ses employés depuis maintenant plus de six mois. L'annonce « solennelle et officielle » de ce redémarrage prochain de l'activité industrielle a été faite, comme promis, le 15 novembre dernier, par l'UL CGT d'Arles. « Le business plan commandé à un cabinet d'experts suite à une réunion entre la chambre de commerce et d'industrie du pays d'Arles, les collectivités territoriales et les salariés est quasiment finalisé », ont indiqué les syndicalistes tout en précisant que chaque travailleur en lutte de Lustucru Riz avait tous les documents en main pour prendre maintenant une décision. Ils disposent de quelques jours de réflexion pour choisir de quelle manière, juridiquement parlant, ils vont se réapproprier l'entreprise. Ce sera soit une classique société anonyme à responsabilité limitée (SARL), soit une société coopérative ouvrière de production (SCOP). Il semble que cette dernière tienne la corde, d'autant plus que les banques qui appuieraient ce type de reprise, Crédit mutuel et Caisse d'épargne, font elles aussi partie de l'économie sociale.

Les futurs sociétaires patrons pourraient par ailleurs compter sur une partie des indemnités d'assurances (environ 11 millions d'euros) suite aux inondations et sur 6 millions d'euros d'aides publiques promis par le département et la région. Enfin, le groupe Panzani, dont Lustucru Riz est la filiale, s'était engagé, après avoir délocalisé la production arlésienne en Italie et à la fin du conflit à rétrocéder pour l'euro symbolique les terrains à la ville d'Arles. Laquelle, maire communiste en tête, ne devrait faire aucune difficulté pour aider à la relance de ce qui était l'un des fleurons de sa ZI Nord.

Une assemblée générale des salariés de Lustucru, la semaine prochaine, tranchera entre la SARL et la SCOP. Mais la route sera encore longue avant que le premier sac de riz de la nouvelle société ne sorte de l'usine d'Arles. Il faudra d'abord boucler les négociations avec la direction de Panzani, concernant notamment les mesures d'âge et les modalités de reclassement externe pour les volontaires. « C'est un point déterminant pour savoir combien de salariés pourront effectivement être repris dans la nouvelle société », souligne Serge Bonutti. Il sera également nécessaire de nettoyer le site et de remettre à niveau l'outil de production après avoir récupéré les terrains. Il faudra bien sûr s'assurer de débouchés économiques. À ce sujet, le business plan prend en compte les promesses de développement de la filière rizicole en Camargue (voir l'Humanité du 2 novembre), des contacts commerciaux ayant par ailleurs déjà été noués, notamment avec des communes et des intercommunalités.

La remise en route de la production devrait donc prendre plusieurs semaines. Pas de quoi entamer désormais le moral, revenu au beau fixe, de ces 146 salariés et de leurs familles, dont certaines furent doublement sinistrées et qui depuis bientôt un an ont su faire preuve d'une patience et d'un courage exceptionnels.

Philippe Jérôme

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