Amiante, plomb, dioxine, ogm, nucléaire :
ILS NOUS AVAIENT POURTANT PREVENUS
Dans l'Antiquité grecque, la princesse Cassandre prédisait la chute de
Troie. Las, nul ne voulut l'écouter. Aujourd'hui, les modernes Cassandre
sont chercheurs ou citoyens, ils tentent d'attirer notre attention sur les
risques environnementaux et sanitaires, et crient longtemps dans le désert
avant d'être éventuellement entendus. Voici quelques-uns des combats de
ces « lanceurs d'alerte », comme les nomment les Anglo-Saxons. Et
l'analyse d'André Cicolella, l'un d'entre eux, qui plaide pour une
protection légale de cette démarche.
Les effets nocifs de la poussière d'amiante ont entraîné un examen
microscopique de la poussière minérale par l'inspecteur médical du
ministère de la Santé. La nature irrégulière des particules, s'apparentant
à du verre coupant, a été clairement décelée, et, lorsque les particules
s'élèvent dans une pièce et qu'elles restent en suspension, quelle que
soit leur quantité, leurs effets se sont révélés nocifs, comme on pouvait
s'y attendre. » Voilà des propos dénués de toute ambiguïté, émis par
l'inspectrice du travail britannique Lucy Deane, et dont la validité est
désormais notoire en France, le mésothéliome (« cancer de l'amiante »)
pourrait tuer 100 000 personnes d'ici à 2025.
Pour saisir toute la portée de ces quelques lignes, il faut savoir
qu'elles ont été rédigées en... 1898 ! Cette démonstration, déjà quasi
aboutie, du caractère hautement toxique des poussières d'amiante devra
attendre un siècle exactement avant de trouver sa conclusion opératoire :
l'interdiction, en 1998, de l'usage industriel de cet isolant thermique.
En cent ans, les évidences se sont pourtant accumulées avec constance :
soupçons de lien avec l'apparition de fibroses (1906), de cancers (1935),
etc.
Les anglophones ont inventé un nom pour désigner les individus de la
catégorie de Lucy Deane : whistleblowers lanceurs d'alerte, en français,
selon le terme forgé par Francis Chateauraynaud, sociologue à l'École des
hautes études en sciences sociales (EHESS). Caractéristiques : obstinés,
souvent seuls, ils s'époumonent en pure perte pendant des mois, voire des
années, pour dénoncer un risque environnemental ou de santé publique,
avant d'être enfin entendus par les courants dominants de la science,
les autorités, la société , et éventuellement reconnus pour leur
contribution décisive et désintéressée à la prise de décision qui
s'imposait. Ce sont souvent des chercheurs (toxicologues, épidémiologues,
etc.), qui mettent le doigt sur des phénomènes insoupçonnés, mais aussi
des citoyens concernés, relais d'opinion et agitateurs rôle classique ,
mais aussi, de plus en plus souvent, acteurs pointus de l'expertise.
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Lire la suite et l'ensemble du dossier dans Politis n° 872 :
http://www.politis.fr/article1480.html
Patrick Piro