LA PRESSE ALTERNATIVE
     
 
ROUGE ET VERT : LE JOURNAL DES ALTERNATIFS
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Édito du numéro 118 (454) - 6 avril 2001

LE TRAIN DE LA PEUR

 

Le 26 mars, le train de la peur traversait la France. Ce train, chargé de déchets radioactifs, inaugurait la reprise des transports entre l'Allemagne et la France.
Comme lors des précédents transports de déchets, la mobilisation répondait à l'opacité.
Les autorités nucléocrates et la COGEMA, notamment, ont tenté de tenir secret le trajet, mais cette fois une mobilisation s'est esquissée en France épaulant celle, plus traditionnelle et vigoureuse, d'Outre-Rhin.

Le rail est assurément le moyen de transport le plus sûr pour des déchets dangereux de ce type, cependant des mesures particulières de sécurité doivent être prises. Les personnels devraient être équipés de dosimètres, les comités hygiène et sécurité devraient saisis des conditions particulières de transport. Or, selon Sud Rail, les cheminots chargés du transport n'ont en rien été informés et rien ne semble-t-il prévu en cas d'accident. Que se passerait-il si celui-ci arrivait ?

Le scandale majeur est ailleurs et s'apparente à un marché de dupes : le retraitement des déchets à La Hague consiste à séparer les différents types de déchets issus des centrales. Le retraitement ne permet pas de réduire le niveau de radioactivité des déchets. Par contre, pour transporter les déchets jusqu'au centre de retraitement, on pollue de nouveau les objets et réceptacles en contact avec eux.
L'un des intérêts du retraitement était, pour les partisans du nucléaire militaire, de pouvoir extraire du plutonium pour l'arme atomique... mais on croule sous le plutonium à l'heure actuelle et les ennemis héréditaires se font rares!
L'autre intérêt, c'est de tenter de nous faire croire que les déchets radioactifs sont de simples déchets que l'on sait recycler, réutiliser... Il est vrai qu'une partie des matières issues du retraitement pourrait être réutilisée comme combustible dans les centrales. Mais là encore, c'est très théorique !
Le coût de l'uranium est tel qu'il décourage d'éventuels utilisateurs. Du point de vue des autorités nucléaires, La Hague permet de faire payer très cher des industriels dans le cadre d'une stratégie de donnant-donnant : on retraite des déchets, ce qui permet de les qualifier de combustible retraité et de donner l'illusion que ces déchets ne constituent plus un gros problème...
Et pourtant, comme un certain nombre de cadres du nucléaire le reconnaissent, le principal problème du nucléaire ce sont les déchets. Certes il y a les risques d'accident, on ne saurait les ignorer ou les sous estimer et arguer des garanties offertes par la qualité de la technologie française dans ce domaine n'est pas forcément toujours convaincant.
Mais le problème qui se pose à notre société est un peu différent : acceptons-nous de laisser aux générations futures des volumes considérables de déchets radioactifs, dangereux pour certains à long terme ?
De même qu'il n'est pas tolérable de gaspiller et d'épuiser les ressources naturelles, il est intolérable de laisser les déchets produits par le productivisme nucléaire sur les bras d'au moins 50 générations à venir, voire plus.

Ne serait-ce que pour cette raison, mais il y en a beaucoup d'autres, écologiques économiques démocratiques, il est urgent que notre pays sorte du nucléaire, qu'il s'engage sur la voie des énergies renouvelables bien sûr, mais aussi qu'un réel effort d'économie d'énergies soit engagé.

Le réseau Sortir du Nucléaire organise au mois d'octobre des manifestations décentralisées en France pour "Sortir de l'âge du nucléaire". Quatre manifestations sont prévue, le 21 octobre (à Nantes, Toulouse les rendez-vous pour l'Est et le Sud- est ne sont pas encore fixés) Il est essentiel que la mobilisation ci quelques mois des présidentielle, et des législatives soit très importante, pour que les différents candidats prennent des positions claires et pour imposer une autre politique.
Le travail d'information et de mobilisation doit commencer très en amont. L'anniversaire de Tchernobyl dans quelques, semaines est une première occasion de mobiliser , avec le "Réseau sortir du nucléaire", contre le nucléaire et pour des alternatives énergétiques.

Pierre HÉBERT

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