LA PRESSE ALTERNATIVE
     
 
ROUGE ET VERT : LE JOURNAL DES ALTERNATIFS
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Édito du numéro 146 (482) - 7 décembre 2001

A BRUXELLES : NE PAS (SE) LAISSER FAIRE

 

Les 13 et 14 Décembre, lors du Sommet européen marquant la fin de la Présidence belge de l’Union Européenne, les opposants à la poursuite de sa construction ultra-libérale exprimeront avec force qu‘ils n’entendent pas rester sans réagir à cette prétention ni se laisser intimider ou mettre au pas. Après Nice, Göteborg, Gènes…, la mobilisation et la détermination des organisations et des militants qui s’opposeront à la mondialisation capitaliste version Bruxelles-Laeken sont grandes. Les Alternatifs participeront eux aussi à coté d’organisations telles Oxfam, Attac, les Marches Européennes, et bien d’autres.

Les enjeux sont de taille. Il sera question de la délimitation des compétences entre l’Union européenne et les États membres, de la rédaction d’une Constitution européenne qui inclurait la version «niçoise» de la Charte des droits fondamentaux comme préambule, de la «simplification» des Traités (lire promulgation d’une Constitution sans discussion démocratique préalable), du rôle et de la compétence des parlements nationaux, de l’élargissement de l’Europe.
En perspective- outre un marché libéralisé aux dépens surtout des secteurs d’intérêt général, et la monnaie unique - une armée, une police uniques. Le principe de subsidiarité devra tenir compte des allégements des charges fiscales pour les entreprises, allégements dictés par la Banque Centrale Européenne et par le Pacte de Stabilité. Les systèmes de protection sociale risquent fort d’être tirés vers le bas comme le traité de Nice l’envisage et le permet lorsqu’il sera appliqué aux systèmes de retraites, de santé, d’allocations-chômage…Cibles potentielles aussi des restrictions budgétaires : l’environnement et l’éducation.
A Nice, il avait été dit que la Charte ne serait pas contraignante : aujourd’hui on prétend en faire un préambule d’une Constitution européenne antidémocratique.

Les fiscalités des différents pays membres restant différenciées, peut s’instaurer un dumping fiscal dont les citoyens seront les premières victimes, et les transnationales les bénéficiaires. Il s’ensuivra un accroissement du chômage, les demandeurs d’emploi devant accepter des conditions de travail et de salaire de plus en plus pénibles et désavantageuses.
Les pouvoirs des Parlements nationaux ne garantissent pas davantage la souveraineté populaire dans le fonctionnement des institutions européennes, puisque leur compétence se limite aux questions votées à la majorité qualifiée. Pour les questions nécessitant l’unanimité, leur pouvoir est purement consultatif, les décisions étant prises par la Commission européenne, instance peu légitime s’il en est.
Une Convention de 101 membres (calquée sur celle qui à Nice a rédigé la Charte des droits fondamentaux) sera chargée de garantir la libre circulation des marchandises, des biens, des services et des capitaux. Elle a charge de garantir les droits civils et politiques, mais non les droits sociaux et culturels, qui risquent de devenir autant de marchandises. C’est dire combien il est important que des dizaines de milliers de manifestants fassent entendre leur voix à Bruxelles-Laeken les 13 (pour la grande manifestation syndicale à 14 heures) et 14 décembre (pour la manifestation unitaire et non-violente à 11 heures) pour empêcher les mauvais coups qui se préparent au nom de la sacro-sainte liberté d’entreprise et du libre jeu du marché.

Boris KOSELEFF

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