Publication
: LA SEINE ALTERNATIVE
en ligne : le n°43 (avril 2007)
Publication
: DIEPPE ALTERNATIVE
Le journal des Alternatifs de Dieppe. 1er numéro : mars 2006
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Edito (mai 2005)
QUI NE TENTE RIEN N'A RIEN
Nombreux sont les citoyens persuadés que ce traité est
mauvais. Ils sont tentés de voter non mais s'interrogent sur
l'après 29 mai. Rappelons quelques faits.
Pourquoi ne pas voter oui et essayer de changer ensuite les
choses de l'intérieur ? Parce que ce texte est si mauvais
qu'il faut tout reprendre à zéro. Parce que pour modifier ce
texte il faut l'unanimité. ce qui enlève toute illusion de
changements dans un sens plus social. Parce que quand 13 des
15 gouvernements des pays de l'Union étaient dirigés par des
gouvernements de « gauche » rien n'a été fait pour développer
une Europe sociale.
C'est parce que nous sommes attachés à l'Europe que nous
allons voter non. Parce que doit cesser ce jeu où une élite
bien pensante nous affirme qu'une seule Europe est possible
celle de ce traité. Une Europe qui leur servira de bouclier à
chaque fois qu'ils détruirons un de nos droits (ou « avantage
» dans leur langage). Agissons pour construire une Europe
solidaire et juste. Les accusations, en particulier des chefs
« socialistes », sur les liens entre les partisans du non de
gauche et ceux d'extrême droite sont insultants et montrent la
faiblesse de leurs arguments en faveur du oui. Joerg Haider,
le Le Pen autrichien est d'ailleurs favorable au oui. Tous les
observateurs sérieux savent que le dynamisme de la campagne du
non est dû à l'importance de la mobilisation des partisans du
non de gauche.
Evacuons aussi l'apocalypse que nous promettent les partisans
du oui : Alexandre Adler sur France Culture qui affirme que le
retrait du projet de F Pinault est dû aux partisans du Non,
Delanoë qui explique que si on vote non, Paris n'aura pas les
JO, Raffarin qui expliquait le 21 avril dernier que si le non
l'emporte ce serait un nouveau 21 avril. bientôt un expert du
oui nous dira que le tsunami en Asie était dû aux partisans du
non. Si les conséquences sont aussi nombreuses et néfastes
pourquoi avoir fait un référendum ? Pourquoi avoir pris ce
risque ?
Quant à savoir si le non favoriserait Sarkozy au dépends de
Chirac, Fabius contre Hollande, là n'est pas la question.
Voter non provoquerait l'isolement de la France. Personne ne
peut dire si la France sera le seul pays à voter non, même si
la plupart des pays ont évacué ce risque en ne demandant pas
l'avis au peuple. Au contraire si la France vote « non » cela
obligera les autres peuples à se demander pourquoi et à
s'intéresser au texte. Notre campagne pour une Autre Europe
suscite beaucoup d'intérêt et d'espoir chez les militants de
gauche à travers toute l'Europe.
D'autre part certains pays ont déjà dit « non » par le passé
et ne sont pas pour autant isolés. L'Angleterre à dit non à
l'euro et il ne me semble pas qu'elle ait à se plaindre se son
isolement.
On entend ici et là que si la France vote « non » le reste de
l'Europe continuera sans nous. Cela n'est pas sérieux. Vu le
poids démographique, économique et historique de la France
dans l'Union, les autres pays seront obligés de prendre en
compte ce vote. La panique qui secoue les milieux ouiouistes
européens à l'idée qu'on vote non en témoigne. Les dizaines de
millions d'euros dépensés par l'Etat pour la campagne en
faveur du oui témoigne de la panique à l'idée de renégocier le
traité.
Si la France dit non une renégociation aura lieu. Exigeons
que ce processus commence par l'élection d'une assemblée
constituante. Les traités actuels, mauvais certes, mais signés
par ceux là même qui nous assurent que ce traité nous prépare
une Europe merveilleuse, comme ils l'avaient fait lors de la
signature des traités précédents, s'appliquent encore pour
plusieurs années, cela laisse le temps de rédiger une
véritable constitution. Les propositions pour une autre Europe
ne manquent pas comme en témoigne le dernier appel de
personnalités de gauche : « propositions pour une relance
européenne ».
Dans tous les cas voter non ne sera qu'un premier pas et nous
ne devrons pas nous arrêter là. Si l'on ne veut pas que l'on
nous fasse revoter sur le même texte ou si l'on ne veut pas de
nouveau d'un texte mauvais, il faudra être mobilisés. Il
faudra imposer un rapport de force qui dépendra de notre
capacité à nous rassembler au-delà des clivages traditionnels
autour de propositions alternatives précises.
Personne ne peut être sûr de ce qui se passera si le non
l'emporte. Mais on sait très bien ce qui se passera si le oui
gagne. Et la possibilité que ce soit pire est nulle. Pour une
fois qu'on peut leur dire clairement qu'on veut une autre
Europe, ne nous en privons pas. Si le non l'emporte ce sera
une occasion de remettre l'Europe à l'endroit de donner un
coup d'arrêt au tout libéral. Par notre vote créons un choc
momentané qui permettra de remettre l'Europe sur de bons
rails. et peut-être de sortir de la profonde crise
démocratique qu'elle connaît : lors des dernières élections en
juin 2004 près de 200 des 350 millions de citoyens ne se sont
pas rendus aux urnes.
Qui ne tente rien n'a rien.
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