par Jean-Jacques Boislaroussie
Le parcours du PSU vaut mieux que la nostalgie ou la commisération. Parti passerelle, qui contribua grandement à la politisation à gauche de larges secteurs des mouvements d’action catholique, parti-reflet autant que parti sujet, qui s’enrichit de l’apport de milliers de militant-e-s de la période de radicalisation de l’après 68, mais que le reflux laissa désarmé face à la reconstruction de la social-démocratie, parti d’un projet inachevé, qui comprit mieux que d’autres que mai 68 renvoyait plus à de nouveaux enjeux pour la transformation radicale de la société qu’à une "répétition générale" de type 1905.
Aucune organisation ne peut se réclamer de manière univoque de son héritage, mais plusieurs courants sont en écho des espoirs et contradictions qui le traversèrent. Pour faire simple, militant des Alternatifs, je me revendique de Charles Piaget, pas de Michel Rocard…
Plusieurs intuitions ou démarches du PSU des années 70 valent toujours pour les débats des gauches radicales et autogestionnaires d’aujourd’hui :
Le PSU sut tôt, au même titre que la gauche CFDT dont ses militant-e-s furent un temps des cadres essentiels, percevoir les enjeux écologiques, des "dégâts du progrès" aux batailles contre le nucléaire. Reste que la vision était plus celle de la coexistence de fronts de lutte que d’une nouvelle synthèse programmatique. De ce point de vue, l’émergence d’une vraie hybridation du rouge et du vert, en terme de contenus revendicatifs immédiats comme de projet reste à venir. Nous le constatons à chaque moment du débat au sein de la gauche de gauche, par exemple lorsque se posent les enjeux de reconversions sociales et écologiques d’activités ou que le "pouvoir d’achat" est abordé de manière a-critique.
Un éco-socialisme autogestionnaire reste à inventer.
Au début des années 70, une avancée réelle fut réalisée autour du thème du contrôle ouvrier et populaire et de l’autogestion. Avancée d’autant plus marquante qu’elle se réalisait contre la théorisation d’un basisme sans perspectives d’une part, et un retour aux fondamentaux d’Octobre de l’autre. Mais cette avancée, à l’aube d’une phase de reflux, ne permit pas une inscription durable dans le champ social et politique. L’atout partiel que représentait la perméabilité de l’organisation se transforma en faiblesse face aux pressions des réalistes de tout poil. L’échec de la gauche autogestionnaire au sein du PSU comme de la CFDT amorçait de futurs recentrages. Dans une nouvelle phase, où la perspective est à construire, le mot d’ordre "contrôler aujourd’hui pour décider demain" reste un fil conducteur.
Si l’héritage collectif du PSU s’est dispersé, ses acquis sont ceux de milliers de militant-e-s qui, au sein de la gauche CFDT, des Paysans Travailleurs, des associations environnementales, portaient des projets et valeurs qui vivent aujourd’hui dans le mouvement syndical, entre autres au sein de Solidaires, dans les réseaux et associations écologistes, avec la Confédération Paysanne, chez les altermondialistes…
Ce n’était qu’un début.
Jean Jacques Boislaroussie
Porte-parole des Alternatifs, Jean Jacques Boislaroussie a rédigé cet article pour la revue du NPA "Tout est à nous".
LE PROGRAMME DU COLLOQUE du 50e anniversaire
Samedi 10 avril 2010 de 13 h 30 à 17 h
Auditorium de la ville d’Issy-les-Moulineaux
11/13, rue Danton, mail Raymond Menand
92130 Issy lesMoulineaux METRO Mairie d’Issy
13 h 30 accueil des participants
14 h Ouverture du cinquantenaire par Henri Leclerc
14 h 15-17 h : le PSU de 1960 à 1968
Intervention de Jean-François Kesler, Président de l’Institut Edouard Depreux
Colloque animé par Roland Cayrol
Origines et fondation du PSU
Table ronde avec la participation de
André Barthélémy, Georges Gontcharoff, Bernard Ravenel, Michel Rocard, Jacques Sauvageot, Marie-Claude Vayssade
Débats