par Jean-Jacques Boislaroussie, porte-parole des Alternatifs
Cette conférence a eu lieu dans un contexte complexe pour la gauche de gauche. L’accession du PS au pouvoir a été largement vécue comme un répit après les années Sarkozy. Un attentisme encore bienveillant perdure dans de larges secteurs du camp populaire, et de la part des directions syndicales, en dépit de l’accumulation des plans de licenciements et de réponses gouvernementales qui restent du domaine du ministère de la parole. De même, quelques mesures ponctuelles (régulation des loyers, accroissement de la pression fiscale sur les plus riches…) masquent encore la renonciation majeure que constitue l’acceptation du Mécanisme Européen de Stabilité et la constitutionnalisation -assumée par Hollande- de la "règle d’or" budgétaire.
L’ampleur de la crise du NPA a été confirmée. Elle tient pour partie à des modes de fonctionnement et de débat qui garantissent l’existence de tendances au nom de la démocratie, mais tendent à marginaliser celles et ceux qui ne maîtrisent pas des codes largement hérités de la "culture LCR", et contraignent à l’alignement sur des courants au détriment de la capacité d’élaboration des collectifs de base. Cette question sera abordée lors du congrès du NPA en décembre.
Mais les racines premières de la crise sont politiques. Le débat sur le bilan de la séquence électorale en a témoigné. Il aboutit cependant à des conclusions opposées : pour les courants les plus ancrés dans un héritage trotskyste intemporel, ils justifient une prise de distance vis à vis des engagements électoraux et une priorité absolue à la réimplantation dans les entreprises, pour la Gauche Anticapitaliste ils confirment l’impasse stratégique de la direction du NPA.
L’évolution des effectifs du parti contribue en tout cas à aiguiser le débat interne. 2.000 adhérentEs environ ont participé aux votes en juin 2012, en regard des 9.000 recensés au moment de la création du parti.
Les votes sur les textes d’orientation ont placé en tête avec 39,7% le courant
Besancenot, Poupin, Poutou, renforcé par un secteur favorable à un"NPA d"action" et par quelques militantEs ayant antérieurement soutenu les positions de la G.A.
Ce courant prône un front commun d’opposition de gauche dans les luttes, sur les terrains sociaux comme écologiques. CertainEs de ses représentantEs ont évoqué un possible front politique avec (mais pas dans) le Front de Gauche si celui ci rompait clairement avec le gouvernement et le PS, mais cette ouverture ne fait sans doute pas consensus au sein du courant. Elle peut être analysée comme une interrogation sur la nécessité de ne pas s’en tenir à un simple front unique sur les terrains sociaux, ou comme une clause de style visant à limiter l’ampleur des départs avec la Gauche Anticapitaliste, sans doute les deux…
Les désaccords des Alternatifs avec l’orientation majoritaire du NPA ne sont pas de nature à empêcher l’action en commun comme la poursuite des échanges politiques.
Le courant relativement majoritaire, et sans doute absolument après le départ de la G.A., sera contesté par trois sensibilités d’inégale importance : deux petits courants regroupant 11,3% des votes qui tirent un bilan très critique de l’"électoralisme" du parti, et un courant plus substantiel issu de l’ex plate-forme 2, courant qui a combattu le plus nettement les tentatives de rapprochement avec les antilibéraux. Ce courant obtient 23% des votes.
Au total un gros tiers des votants s’est prononcé pour des positions récusant toute possibilité de font durable avec les forces jugées strictement réformistes du Front de Gauche, et pour construire une opposition militante au gouvernement de gauche.
Ces courants ont tenté à plusieurs reprises, le dimanche 8 juillet, de se présenter en alternative en faisant pression sur le courant majoritaire, mais ont été à chaque fois mis en minorité.
La Gauche Anticapitaliste a obtenu un résultat non négligeable (22,5%) si l’on tient compte des nombreux départs du NPA de ses membres dans la dernière période. Elle revendique un secteur de 700 militantEs. Quelques militantEs de la G.A. (par exemple dans le Finistère Sud) ont voté pour la plate forme Besancenot, d’autres restent au sein du NPA, au moins jusqu’au congrès (cf. verbatim)
Mais la grande majorité des membres du courant a désormais quitté le NPA, et l’entrée de la G.A. dans le Front de Gauche est acquise. Le Parti de Gauche lui a proposé début juillet de se regrouper avec lui. Mais l’orientation de la Gauche Anticapitaliste reste la présence sur les fronts unitaires de mobilisations, la construction du front politique pérenne que représente le Front de Gauche, et la constitution, au sein de celui-ci, d’une aile écosocialiste/anticapitaliste/rouge et verte.
Les échanges entre les Alternatifs et cette nouvelle organisation sont largement engagés, dans les régions comme au niveau national ; Ils vont s’approfondir, et contribueront à alimenter nos débats dans les mois qui viennent.
Jean-Jacques Boislaroussie, porte-parole des Alternatifs