Après un très rapide rappel sur la situation (crise de 2007-2008, …), l’accent est mis dans cette introduction :
- sur la stratégie des forces dominantes : les financiers et les firmes poursuivent la spéculation sous ses diverses formes, développent les agrocarburants et prennent en main d’importantes surfaces agricoles (« accaparement de terres »), en complément ou en lien étroit avec plusieurs Etats. Ces phénomènes relèvent d’un néocolonialisme agraire. Pendant ce temps, les institutions internationales continuent leur chemin, offensif pour la Banque mondiale et l’OMC (malgré le blocage du Doha Round), passif pour le institutions de l’ONU (FAO, …) à l’exception toutefois du Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation et de quelques groupes d’experts.
- sur les alternatives : elles sont particulièrement difficiles à faire avancer au niveau international, compte tenu de la puissance des forces dominantes et la difficile définition/mise en œuvre d’une stratégie de défense et de conquête de nouveaux droits, en lien notamment avec la souveraineté alimentaire : comment réduire l’emprise des firmes et des institutions libérales sur les terres, sur les agrocarburants et satisfaire le besoin humain fondamental de l’accès de tous à une nourriture suffisante, le tout en résolvant la crise écologique, « double peine » pour les pays du sud (ils sont les plus victimes d’une situation qu’ils n’ont pas produite et les pays riches voudraient les pénaliser pour résoudre le problème).
Cette double problématique à l’échelle mondiale a aussi été éclairée par la crise européenne du lait (voir l’article diffusé sur la liste infos et sur le site, dans R&V de rentrée).
Le débat a permis de développer la question des alternatives autour de plusieurs points :
- la lutte contre l’agrobusiness doit être l’occasion de réaliser la nécessaire liaison entre ce qui se passe chez nous et au Sud : cas de Doux, des agrocarburants ; il faut trouver des alliés dans ces pays avec les salariés et les paysans et développer des alternative en termes de modèle de production et d’échange ;
- l’enjeu de Copenhague doit aussi permettre de faire ce lien N/S ;
- la relative faiblesse de la bataille à l’international, s’explique par les difficultés de toute stratégie à ce niveau qui conduisent Via Campesina à privilégier le travail à la base ; elle est aussi peu aidée par la faible mobilisation des ONG, souvent suivistes. L’articulation des luttes et des initiatives aux trois niveaux (local, national et régional, international) est à renforcer. Il y a des avancées : commerce équitable et OGM dans une certaine mesure, reconnaissance des enjeux liés à la souveraineté alimentaire, … Souvent les alternatives sont récupérées.
Comment vulgariser la souveraineté alimentaire alors que l’arme alimentaire n’a jamais été aussi prégnante ? Il faut mieux valoriser les alternatives ici, (par ex sur le foncier avec « Terre de lien) en affirmant des choses simples mais emblématiques, être force de proposition sur la question climatique (par ex, contribution de la bio…), sur l’immigration … ; dénoncer le rôle de l’UE sur la question alimentaire, valoriser des points de vue par ex basés sur l’écoféminisme de Vanda Shiva, de Maria Myès ( ?). Globalement appuyer la forte résistance des femmes.
La gravité de la situation alimentaire et écologique doit pousser à développer une stratégie transversale et internationale sur ce point : modèles de production, de consommation, d’échange, combattre les firmes et le libéralisme, conquérir de nouveaux droits, faire appliquer ceux en place, imposer d’autres politiques.
La crise laitière est pour une part emblématique de l’ensemble de ces questions : régulation ou pas, maintien ou non d’une paysannerie nombreuse, échanges coopératifs ou non …Elle révèle aussi la nécessité d’initiatives politiques et les clivages syndicaux…
CR Michel