Les Alternatifs
Accueil du site > Commissions thématiques > Economie et social > Actualités > Note d’actualité pour la coordination générale des 25 et 26 mai (...)

Note d’actualité pour la coordination générale des 25 et 26 mai 2013


Les Alternatifs, Commission économie et social
Jacques PIGAILLEM 12 mai 2013

La note d’actualité publiée en décembre, parlait d’impasse économique et d’approfondissement de la crise.
Les politiques actuelles en Europe, loin de préparer l’avenir et la sortie de la crise du système, ne font qu’accentuer ses contradictions. La stagnation de l’activité restreint les ressources fiscales et accentue de ce fait le déséquilibre des finances publiques, détruit le compromis social et installe durablement dans la misère les populations du sud de l’Europe, tout en remettant en cause le fonctionnement même du capitalisme contemporain drogué à la croissance.
Les bas taux de la BCE et les rachats qu’elle opère sur les marchés ont permis de gérer la dette sans éviter toutefois la crise Chypriote. L’impasse est flagrante. Malgré des années de traitement de choc, les déficits perdurent au sud. La France, n’arrive pas de son côté à réduire significativement le sien.

Les dirigeants européens commencent à se rendre compte de l’échec de ces politiques
Les socialistes français sont montés au créneau pour attaquer la politique que Merkel imposerait à l’Europe. En Italie, l’austérité de Mario Monti, désavouée dans les urnes, le nouveau président du Conseil, Letta, n’a pu qu’emboîter le même discours. A Bruxelles, Barroso a constaté que le retour à l’équilibre budgétaire prendrait plus de temps et a appelé à une relance.
Dans les faits, au Portugal, la Cour Constitutionnelle a annulé des mesures budgétaires prises sous la pression de la Troïka, en Espagne Rajoy annonce qu’il baissera la fiscalité des entreprises espagnoles, et sans rien dire, le très vertueux gouvernement des Pays Bas lâche la bride budgétaire, tandis que Hollande bénéficie d’un délais supplémentaire pour amener le déficit à 3%.

Mais en attendant, le cadran reste pointé sur l’austérité et le libéralisme.

1 Objectif « austérité »
1.1 En France
Malgré la hausse continue du chômage, le gouvernement socialiste poursuit et approfondit les politiques libérales en étendant les accords de Wagram (l’ANI), en validant l’accord sur les retraites complémentaires (baisse programmée du pouvoir d’achat) et en acceptant un budget européen en régression. La loi bancaire en discussion n’apparaît dans ce contexte qu’un dérivatif, de la poudre aux yeux exempte de toute efficacité.

A l’inverse, les réformes nécessaires restent en suspens ou en attente :

  • les mesures sur le logement se font attendre,
  • le débat sur la transition énergétique ne saurait remplacer de véritables mesures de reconversion écologique de l’économie
  • Loin d’un véritable plan de santé publique, la politique hospitalière se traduit par une baisse, en euro constants, des budgets de l’hôpital public, austérité qui n’est pas appliquée aux cliniques privées
  • Aucune réforme de Pôle Emploi n’est en vue malgré les drames qui se sont déroulés

Dans une conjoncture européenne déprimée, secouée par les crises financières successives, agitée par une concurrence au moins disant social, le pessimisme s’installe, aggravant les éléments objectifs de la crise.
Les ménages pris entre les risques du chômage, les baisses de pouvoir d’achat subies depuis 2008 et annoncées (TVA, retraites, carburant etc.) et la morosité des experts, restreignent leurs achats et se gardent une poire pour la soif.
Faute de demande, malgré des taux d’intérêt historiquement bas, les entreprises de leur côté, n’investissent pas. Leurs directions préfèrent distribuer des dividendes, multiplier les plans sociaux, fermer des unités industrielles, tandis que les PME, particulièrement dans la sous-traitance, attendent les commandes.

Dans une sorte de cercle vicieux, le chômage continue ainsi sa hausse ininterrompue depuis 2008, pour atteindre le niveau record de 3 millions (au sens du BIT), sous le triple effet de la conjoncture, de l’arrivée de classes nombreuses sur le marché du travail, et de la réforme des retraites de 2010.

1.2 L’Europe
Cette politique n’est pas une spécificité purement française, un choix de politique de la France pour la France.
En Europe, l’austérité se confirme, en témoigne le budget européen pluri-annuel en baisse, marquant le refus des gouvernements d’aider à la réduction des inégalités entre pays membres et de créer les bases d’une véritable sortie de crise dans les pays les plus affectés.

1.3 La conjoncture mondiale
La bataille aux USA sur le budget fédéral devrait elle aussi se traduire par un compromis entre hausse d’impôts et réduction des dépenses, réductions touchant les plus défavorisés. Pas plus qu’en Espagne, les victimes de la crise des crédits immobiliers ne verront leur dette s’effacer.

Dans cet environnement la faiblesse du $ et de la £ et la baisse annoncée du yen, relancent le débat sur le taux de change de l’Euro.
En raison de la hausse des prix qu’elle entraîne mécaniquement (notamment des hydrocarbures), une dévalorisation de la monnaie européenne ne peut se concevoir sans une politique industrielle de transformation écologique réduisant l’addiction au pétrole, accompagnée de mesures transitoires pour pallier les conséquences à court terme sur le pouvoir d’achat.

2 Demain, le changement dans la continuité
2.1 La course à la réduction du déficit En France, l’effort devrait dépasser les 30 Mds €, soit 10% du budget de l’Etat, mais plus encore 2% de ponction sur le PIB :

  • côté recettes, en sus de la hausse programmée de TVA, le budget rabotera certaines niches, sans repenser globalement les politiques : fiscalisation des allocations ; fiscalité du gazole
  • côté dépenses, 14 milliards de réductions sont à attendre dans le budget de l’Etat (-7,5Mds), des collectivités locales (1,5Md), de la santé (3Mds), des retraites (1Md).
    Sans compter les économies qui pourraient être imposées par le patronat dans le cadre du renouvellement de la convention UNEDIC.

L’horizon européen ne paraît pas plus dégagé malgré les débats en cours. Un éventuel changement de cap budgétaire ne vaudrait pas pour autant dire changement de cap politique. Le libéralisme, sous son appellation pudique de politique de « l’offre » sera poursuivi :

  • baisse des impôts des entreprises et sur les revenus du capital.
  • privatisations (notamment dans les pays du sud)
  • déréglementation du marché du travail

Quoiqu’il en soit, le jour où la croissance sera de retour, rien n’aura changé.

2.2 Des fondamentaux inchangés
Les problèmes de fond ne sont pas réglés et risquent de s’aggraver :

  • Dépendance au pétrole et aux matières premières.
  • Importance des marchés financiers, de la spéculation, de la dette accumulée
  • Accumulation de la rente dans les entreprises privées (profits réinvestis) et les portefeuilles de leurs propriétaires (dividendes, plus-values boursières etc…)
  • Course au moins disant social et à la baisse de l’imposition des sociétés en Europe
  • Libéralisation des échanges mondiaux, multiplication des transports de marchandises et des déplacements, délocalisations, émigration

La purge elle-même aura aggravé la crise sociale :

  • le pouvoir d’achat en sortira affaibli, les salaires directs et indirects en ayant fait les frais
  • la précarité sera accrue
  • les services publics et sociaux seront laminés aggravant les inégalités sociales

3 Construire une l’alternative
3.1 La situation

  • Sur le front des luttes hélas, nous pouvons reprendre tel quel le constat fait en décembre :
    « La lutte des peuples du sud pâtit de la faiblesse du soutien des autres peuples d’Europe. Le capital européen est uni derrière la troïka tandis que les masses populaires et leurs organisations continuent à raisonner à l’horizon national. »
  • La campagne contre l’ANI n’a pas touché l’opinion et l’accord sur les retraites complémentaires n’a pas même suscité de commentaire
  • La campagne du FDG contre l’austérité, malgré le succès des meetings dans les grandes villes ne semble pas avoir encore atteint l’opinion
  • La manif du 5 mai « pour une 6è république », sans atteindre l’importance des rassemblements de la campagne présidentielle ont marqué une aspiration profonde au changement, partagée dans la diversité et au-delà des engagements partisans.

3.2 Des positions différentes à gauche
3.2.1 Le débat au sein du PS
Les critiques de la politique ne dépassent pas les mérites d’une relance sans contenu précis. Un rapprochement pourrait s’effectuer sur les budgets de la recherche, sur les économies d’énergie, les investissements dans les énergies nouvelles, le logement et les transports en commun.

Le positionnement final sera fortement marqué par l’option majeure du PS depuis 1983 : se conformer à la discipline communautaire et aux décisions adoptées au niveau européen, et respecter les limites qu’elles imposeront à toute forme de relance. La marge de manoeuvre restante sera rognée par les primats du nucléaire, le rôle militaire de la France, ou encore la nécessité de soutenir le secteur automobile.

3.2.2 EELV
En son sein se côtoient des visions politiques différentes pouvant aller du capitalisme vert à la décroissance. Un consensus peut avoir lieu sur une relance engageant la transition énergétique et la reconversion de l’appareil productif, la rénovation des logements et le développement des transports en commun. Mais cet accord pourrait être limité par la volonté des verts de rester ou non au gouvernement.
A la base nous pouvons nous retrouver dans des expériences concrètes de transformation (exemple des villes en transition).

3.2.3 La gauche de la gauche
La aussi la diversité des propositions prime. Néanmoins des convergences, sur des mesures plus ou moins alternatives semblent possibles :

  • L’opposition aux réformes libérales fait consensus.
  • La nécessité de monétiser les dettes des états est partagée tandis que la campagne sur l’audit sous entend le non remboursement d’au moins une partie des dettes publiques.
  • La sortie de l’Euro n’apparaît pas à l’ordre du jour, même si certains secteurs en font le plaidoyer.
  • Les appréciations sont plus diverses sur le contenu d’une relance au-delà des mesures d’urgence de la campagne du FDG contre l’austérité :
    → Une « classique » relance par le pouvoir d’achat et les budgets publics, prônée par le PCF ;
    →Le financement de la reconversion de l’appareil productif à même de faire face à la crise énergétique dans le cadre de la transition et de l’écosocialisme ;
    → Une véritable conversion écologique à dimension systémique proposée par Les Alternatifs.

Pour l’instant cependant le contenu de ces convergences reste faible et relativement imprécis.

3.2.4 Quelles convergences sont possibles ?
Des possibilités de rapprochement pour une autre politique existent donc, d’autant que le système s’enfonçant de plus en plus dans l’impasse, celle-ci devient de plus en plus visible. Les débats internes ou entre différents courants, font bouger les positions.

La question centrale est celle de l’emploi. La réduction du temps de travail est un objectif essentiel qui nécessite, pour réussir la transformation sociale, de se doter des moyens de son financement.
L’alternative au système ne peut se concevoir sans une véritable conversion écologique de la société. Les Alternatifs doivent approfondir leurs propositions et convaincre leurs partenaires (notamment dans le processus « Tous ensemble ») de leur justesse, et par delà les rendre crédibles dans l’opinion.

La sortie de crise, la transformation de nos économies sera tout autant dépendante des débats et rapports de force au niveau européen.
Les élections allemandes de septembre peuvent permettre, quel qu’en soit le résultat, de libérer les débats. Mais il ne faut pas en attendre un abandon du dogme libéral et des politiques de l’offre.
Le changement dépendra de la possibilité d’unifier les forces politiques et les mouvements sociaux et citoyens qui, dans différents pays, contestent l’ordre libéral de régression sociale et écologique. Cela suppose aussi de pouvoir établir un socle commun de revendications pour une autre Europe.
Les élections européennes de 2014, malgré le peu de pouvoirs du Parlement Européen, peuvent être l’occasion de cette construction.

Répondre à cet article



SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 Hébergement infomaniak