plate- forme émise à l’issue des Etats Généraux de l’eau qui se sont tenus le 28 février 2009 à Toulouse.
1,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable et 2,5 milliards ne bénéficient pas d’un assainissement. Chaque année les maladies liées à une eau non potable sont la cause de millions de morts.
En France, comme dans les pays développés, la situation est bien différente et la grande masse de la population dispose d’une eau de qualité, selon les normes en vigueur, mais pas forcément selon celles de la santé, et d’un assainissement relativement satisfaisant, malgré les effets négatifs d’un tout à l’égout qui contribue fortement à la pollution des rivières.
Cependant, le productivisme d’un système destructeur de l’environnement, une agriculture intensive, remettent en cause ces acquis. Les pollutions toxiques des milieux aquatiques ont des effets qui peuvent être irréversibles pour les écosystèmes et la biodiversité.
A cela s’ajoutent les effets difficiles à prévoir de la crise climatique ainsi que ceux de la crise économique qui fragilisent la santé d’une part grandissante de la population.
Enfin, le modèle majoritaire de la gestion déléguée aux multinationales de l’exploitation des services publics de l’eau et de l’assainissement, provoque une fuite en avant vers des solutions technologiques coûteuses voire dangereuses pour la santé et l’environnement. (il y a en France plus d’incinérateurs que dans le reste de l’Europe.)
État des lieux.
Sans être exhaustif, il faut souligner des questions particulièrement préoccupantes pour la santé humaine :
La plupart de ces facteurs montrent la multiplicité des sources de contamination de l’eau : agriculture (nitrates et pesticides), activités industrielles (PCB, métaux lourds, molécules de synthèse, radioactivité, nano particules), rejets domestiques (médicaments, hormones de synthèse, polluants divers).
Face à ces risques, le recours à la consommation d’eau en bouteille, ou l’usage d’installations individuelles de traitement de l’eau, ne peuvent constituer une solution pour tous. D’abord parce que la qualité des eaux en bouteille est souvent discutable, voire beaucoup plus polluée parce que non soumise aux mêmes analyses que celle du robinet, et que son coût est 400 fois plus élevé. Ensuite parce que les géants de l’eau en bouteille sont des multinationales prédatrices des ressources en eau (Nestlé aux USA, Coca-cola en Inde). Mais aussi parce que les transports liés à ce mode d’approvisionnement en eau sont démesurés, et parce que les bouteilles plastiques posent de graves problèmes de déchets pouvant contenir des perturbateurs endocriniens comme le Bisphénol A.
Dans cette situation, il est avant tout nécessaire que chacune et chacun puissent disposer d’une eau potable de qualité au robinet, à un juste prix.
C’est pourquoi nous réaffirmons les principes et les exigences suivants pour développer une politique de prévention qui garantisse une qualité de l’eau bénéfique à la santé :
1/ Promouvoir les actions en faveur de la protection des ressources en eau
1.1. Faire respecter la réglementation.
1.2 Instaurer un contrôle effectif des ressources en eau.
2/ Directive cadre européenne (DCE)
Exiger des élus que la DCE soit intégralement traduite dans le droit français. En particulier la stricte application des normes pour l’eau potable (Bretagne), ainsi que le principe pollueur -payeur, plus de démocratie dans la gouvernance… Exiger des élus au Parlement européen, de modifier le texte de la DCE en supprimant les dérogations de non atteinte à la bonne qualité des eaux en 2015. Dans la rédaction actuelle, ce qui aurait dû être l’exception est devenu la règle. Dans de nombreuses régions françaises, la non atteinte de la bonne qualité des eaux sera bien supérieure à l’atteinte. La possibilité de ces dérogations vident presque totalement la directive de son contenu.
3/ Renforcer les dispositions de la LEMA (Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques) en faveur de la limitation et vers la disparition à terme de tous les produits toxiques.
4/ Faire appliquer sans dérogation le Grenelle de l’environnement sur la réduction de moitié de l’utilisation des pesticides en dix ans et promouvoir un développement massif de l’agriculture biologique.
5/ Développer des programmes de recherche publique.
6/ Faire évoluer la loi en faveur d’alternatives favorisant des solutions autonomes et des petites unités :
7/ Exiger des comités de bassin et des pouvoirs publics que les redevances pollutions soient révisées par le rééquilibrage des contributions financières des différents usagers au budget des agences de l’eau, et que les sanctions en cas d’infraction soient dissuasives, voire exponentielles en cas de récidives.
8/ Une bonne qualité de l’eau passe aussi par l’exercice d’une réelle démocratie qui organise son contrôle par la population :
Déjà vitale du point de vue de la reproduction des écosystèmes, l’eau doit être considérée en tant que bien social et vital fondamental. L’eau ne peut être considérée comme une marchandise.
Ceci plaide pour une gestion publique totale de l’eau, sous le contrôle des citoyens et de leurs associations, avec notamment :