Les Alternatifs
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Premiers bilans des municipales

7 avril 2014

Trois questions à Roger Martelli
Terre De Gauche avance en terre limousine
Déclarons la guerre au libéralisme !
A Chambéry, l’opposition de gauche s’est construite dans les municipales
Douarnenez, un beau résultat
Rouen
Grenoble


 Trois questions à Roger Martelli

sur un premier bilan de gauche de gauche…
Le Front de gauche a été bien sûr présent lors de ces élections municipales, mais de façon très inégale. Un bilan numérique complet est difficile à faire. Du fait des choix opérés par le PCF, les composantes du Front de gauche se sont en fait trouvées dispersées entre des listes « d’union de la gauche », du « Front de gauche », « communistes », du « Parti de gauche », voire « divers gauche  ». Si l’on s’en tient aux 607 communes de plus de 1000 habitants où le Front de gauche est présent, rassemblé ou au travers de certaines de ses composantes, le Front regroupe près de 11 % des exprimés, les listes d’union de la gauche 16 %, les listes socialistes et divers gauche 13,7 %, les écologistes font 2,6 % et l’extrême gauche 1 %. Le total de la gauche de gauche atteint les 12 %, tandis que la gauche tout entière est à 44,7 %.
Peut-on comparer avec 2012 ? Difficile de généraliser. Dans les cas des villes communistes, le résultat du Front est sans surprise très au-dessus du score Mélenchon. C’est aussi le cas d’une trentaine d’autres villes, dont beaucoup ont été naguère ou sont encore de sensibilité communiste forte, comme Saint-Dizier, Calais, Sevran, Romainville, Corbeil ou Bourges. Mais en règle générale, dans près de 200 communes de l’échantillon, les pertes sont importantes. Elles représentent la moitié du pourcentage de 2012 dans 90 de ces communes et même des deux tiers dans une trentaine. Notons encore que, dans l’ensemble, le vote Front de gauche fléchit dans les grandes villes, précisément là où le vote Mélenchon avait été particulièrement dynamique, comme à Toulouse, Strasbourg, Bordeaux, Lille ou Reims.
L’analyse ne peut encore être généralisée. Je retiendrai seulement un aspect. Dans les communes de plus de 1000 habitants, les listes associées au Front de gauche ne représentaient que 9 % à peine du total des listes, contre 15 % associées au PS, 14 % à l’union de la gauche et 56 % pour les inévitables « divers gauche ». J’en déduis que la présence et la visibilité du Front de gauche ont été insuffisantes dans cette élection. Nous ne sommes pas sortis des effets durables de la vieille stratégie de l’union de la gauche traditionnelle, que le PCF a imposée à partir de 1965, qui a dynamisé la gauche pendant un temps et qui la « plombe » aujourd’hui.

… et le communisme municipal ?
Le « communisme municipal » reste la forme principale d’ancrage communal de la gauche de gauche. Mais il est une fois de plus fragilisé, davantage que lors des deux précédentes consultations. Là encore, la complexité des dénominations officielles des listes rend impossible dans l’immédiat un bilan complet des 725 communes dont le maire était communiste ou apparenté en 2008. Si l’on s’en tient aux communes de plus de 1000 habitants, le recul serait largement supérieur à 20 % de l’effectif de départ. Cela place l’ampleur du recul au niveau des chutes enregistrées par le PCF en 1989 et 1995.
En fait, derrière les chiffres, il faut voir dans le recul prononcé l’obsolescence de ce que l’on a pu parfois appeler le «  communisme municipal », c’est-à-dire l’équilibre d’une sociabilité populaire, à base ouvrière, d’une pratique politique (la « galaxie communiste », autour du parti, du syndicat et des associations) et d’un type de gestion municipale, au départ innovante et largement redistributrice. Les évolutions socioéconomiques et la crise ont défait cet équilibre et le PCF, pétrifié par ses kystes mentaux, n’a pas su dégager des alternatives cohérentes. De ce fait, le recul a été continu depuis 1983. Il est plus ou moins rapide (il s’est ralenti quelque peu en 2001 et surtout 2008, et il reprend en 2014), mais il ne s’est jamais interrompu. Or il n’affecte pas que le PC, mais la totalité de la gauche de gauche. Globalement, nous n’avons pas encore su trouver un mode d’action communale qui retrouve l’impulsion des premiers temps de la « République au village » (Troisième République) ou du « communisme municipal » du XXe siècle. Or cette réinvention est fondamentale, dans un moment où se complexifient les dynamiques territoriales. Local, national et même supranational, pour le fait métropolitain, s’interpénètrent de façon nouvelle. Si l’on s’englue dans le localisme, on est prisonnier des grandes logiques qui contraignent ce cadre aujourd’hui (la mondialisation financière libérale). Mais si l’on s’en tient à un discours trop général, trop national, comme l’a fait en partie le Parti de gauche, on court aussi à l’échec.

…inventer une gauche alternative municipale ?
Je ne suis pas en état de dégager des pistes pour une gauche alternative municipale. Je ne peux raisonner que par analogie historique. Au fond, ce qui a fait la force du communisme municipal à l’apogée fut d’avoir réalisé une sorte de synthèse du politique et du social. Pendant quelques années, la marche en avant du groupe ouvrier (la conquête de la dignité et des statuts), le grand rêve de la « Sociale » (soutenu alors par le mythe soviétique) et l’expansion du communisme ont semblé faire corps. Le mouvement social et la pratique démocratique y sont trouvé leur compte. Ces quelques décennies ont été une période d’intense politisation populaire et démocratique, quels qu’aient été les éléments très négatifs liés à la stalinisation du PCF de cette époque.
Il faudrait pouvoir retrouver quelque chose de cette dynamique. Mais en tenant compte de ce que ni la société ni le « peuple » ne sont plus ce qu’ils étaient alors. Unifier les catégories populaires, créer de l’émancipation en actes ne pourra plus se faire à l’ancienne, dans des cadres soigneusement contrôlés. La galaxie sous dominante du « parti » n’est plus à l’ordre du jour. Le modèle syndicaliste révolutionnaire est lui-même essoufflé. L’interpénétration du social et du politique, de l’individu et du collectif, est à réinventer. C’est exaltant. Cela donne aussi le vertige, d’autant plus que le temps est compté. La percée du Front national et la montée de l’abstention disent que, pour l’instant, le ressentiment est la forme dominante d’expression du mécontentement ou de la colère.
Or la combativité nourrit l’esprit d’émancipation ; le ressentiment, lui, nourrit la contre-révolution.

Roger Martelli


 Terre De Gauche avance en terre limousine

Les municipales en Haute-Vienne ont connu ça et là des listes plus ou moins Front de Gauche, avec des PC dissidents ralliant le PS ou des Verts démissionnaires s’engageant dans le Front de Gauche.
Après un suspense insoutenable quant à la position du PCF, qui depuis plus de 30 ans faisait liste commune avec le PS, les municipales à Limoges allaient se présenter sous un jour inédit avec une gauche unie, et même élargi des militant-e-s écologistes ayant quitté EELV qui a préféré les plaçous à la politique… (mais aussi un FN qui se présentait pour la première fois à cette élection).
Cette situation a provoqué un enthousiasme palpable auprès des militant-e-s des différentes organisations, comme des sympathisant-e-s venu-e-s d’horizons très divers (intermittent-e-s, militant-e-s associatifs, syndicalistes, non encarté-e-s…). Les initiatives de campagne se sont multipliées et diversifiées : aux tractages et collages « habituels », des réunions publiques thématiques (TramLim et gratuité des transports, antennes relais et santé publique…), des rencontres (LGTB et soutien aux initiatives pour l’émancipation et l’égalité, confédération paysanne pour le projet ceinture maraîchère biologique, collectif « bougez-votez » pour la citoyenneté des immigré-e-s et de leurs descendant-e-s, associations diverses, véli-vélo, associations patrimoniales, etc), et même un spectacle de rue et une chanson de campagne !
Le meeting, à l’approche du premier tour, a accueilli une salle comble, éclectique, déterminée, heureuse de se retrouver enfin sous la même étiquette d’une gauche résolument écologiste, de gauche et unitaire. Forcément, le meeting a rapidement pris une tournure festive, chansons, applaudissements, slogans… on la sentait plutôt bien cette élection !
La suite, on l’a vue, en a surpris beaucoup. Si on envisageait tou-te-s un 2e tour cette fois-ci (Rodet était largement élu au 1er tour depuis 3 mandats…), nous n’avions pas anticipé un tel gadin du PS, talonné de très près par la droite. Cette situation, et le très bon score de Limoges Terre de Gauche (+ de 14%), a conduit le maire sortant à accepter toutes nos exigences pour une fusion de liste au 2e tour : une juste représentativité de nos résultats au 1er tour, indépendance totale, engagement de la ville dans l’association « urgence POLT » et reprise dans le programme du PS de notre projet gratuité des transports.
La décision de fusionner a été prise à l’issue d’un long débat avec plus de 60 militant-e-s réuni-e-s au local de campagne, par un vote largement majoritaire.
Au final, l’alliance UMP-UDI a gagné, avec un bon report des voix du FN, l’élection municipale, et les « 13 » de Terre de Gauche ne sont plus que 3… Mais ce ne sont pas 3 conseiller-ère-s municip-aux-ales du Front de Gauche que la majorité de droite va désormais devoir affronter, mais des dizaines de militant-e-s qui ont déjà commencé à s’emparer des dossiers et comptent bien faire vivre le programme de Limoges Terre de Gauche.

Sylvie Filipe Da Silva
Alter 87
http://www.limogesterredegauche.fr


TRIBUNE

 Déclarons la guerre au libéralisme !

Et …..serrons nous les coudes au lieu de jouer des coudes face à une société ou tout semble aller mal : les résultats électoraux sont non seulement catastrophiques mais ils sont le signe d’un repli sur soi généralisé , de l’égoïsme affirmé avec fierté, du rejet de l’autre et de l’étranger, de ce qui est étrange,…. Les ripoux, les voleurs et les violeurs se font élire et les braves gens sont ignorés, sont traités au mieux de gentils idéalistes.
A Mulhouse par exemple. Un maire a été élu, il n’est pas plus mal qu’un autre, mais…il est "conservateur " , de droite et proche de l’ultra droite : les caméras vidéos vont fleurir, les impôts toxiques vont se payer très chers, les bourgeois vont pouvoir souffler et …les exclus et les pauvres seront oubliés ( de toute manière ils ne votent pas).
Il y avait certes une liste PS , écolos et… centristes réunis ( incroyable mais vrai !) et ils ont perdus car ils n’ont fait qu’ajouter de la confusion à la confusion Il y avait aussi le Front de gauche ( nous y étions ) : les idées, le programme, la campagne, l’élan militant étaient présents et …Pourtant nous avons été emportés par cette vague de conservatisme, de dégoût de la politique, car nous ne représentions pas grand chose ou plutôt nous ne représentions pas un espoir de victoire. En fait, les électrices et les électeurs veulent être avec les gagnants ou à la limite prennent le risque d’être avec les grands perdants, mais…se retrouvent rarement avec les petits.
Ailleurs j’ai l’impression que ce n’est guère mieux : on cherche des coupables, des boucs émissaires et …on les trouve, mais le résultat est le même. Et face à cela on se retrouve, et on discute, et on spécule sur les résultats des prochaines élections, et…on ne fait rien, ou si peu.
Car demain on est déjà prêt à aiguiser nos lances pour repartir en vue des européennes .
Heureusement ici et là quelques lueurs d’espoir. Pour nous en Alsace c’est la liste de jean Claude Mensch à Ungersheim (ville en transition) et la victoire à Lutterbach de la liste d’un de mes anciens adjoints Rémy Neumann. C’est pourquoi je persiste à affirmer que c’est dans les petites localités que nous avons des chances de mettre en application nos idées ( cela n’enlève évidemment rien au succès de Grenoble)

Les Alternatifs avaient et ont d’ailleurs toujours des idées, des valeurs à défendre. Ils sont certes peu connus, mais pourtant commençaient à marquer l’opinion : lors du dernier forum social de Tunis j’ai été étonné du nombre de personnes qui nous interpellaient. Et voilà que nous nous amusons à vouloir changer de nom pour paraît-il nous unir avec d’autres et rentrer dans le Front de Gauche et….et …pouvoir établir des rapports de force non pas face à nos adversaires de droite, mais figurez vous avec nos " partenaires" : le PG et le PCF : incroyable, mais hélas vrai ! Voilà à quoi nous passons notre temps et usons nos énergies. C’est la raison pour laquelle je reste persuadé qu’il ne faut pas perdre son temps à discutailler, à quémander des strapontins, à vouloir être reconnu.
Car c’est aussi la raison pour laquelle justement nous ne sommes pas reconnus car nous ne signifierons bientôt plus rien ENSEMBLE avec d’autres.

Alors quoi faire ? Se lamenter, dénoncer, continuer ce cirque infernal ou alors Réagir, se révolter, DECLARER LA GUERRE au capitalisme et au libéralisme à cette société égoïste où les êtres humains se renferment sur eux mêmes, rejettent l’autre, détruisent la nature.
Très sincèrement je pense et je propose à celles et ceux qui en ont envie de créer un Réseau, de lancer l’idée d’un LIEN entre les Alternatifs et tous ceux et celles, qu’ils soient du Front de Gauche, ou d’ailleurs (écolos, libertaires, nouvelle donne ou même des déçus du PS et…surtout des citoyennes et des citoyens en recherche d’espoir).
On pourrait appeler cela par exemple LE LIEN DES ALTERNATIFS ou LE RESEAU DES ALTERNATIFS.
L’objectif est simple : créer un renouveau citoyen en liant constamment Réflexion et Expérimentation
Le Fonctionnement est également simple : provoquer dans nos villes et villages des lieux d’expression sur les thèmes qui nous sont chers sous forme de Forums citoyens en nous appuyant sur ce qui se fait et en incitant les uns et les autres à nous tenir au courant régulièrement à travers internet et pourquoi pas en utilisant La Banque du Rêve que nous avons lancée à Mulhouse.

  • réfléchir aux moyens de communication à mettre en place ou à développer pour communiquer entre nous, avec d’autres qui nous sont proches et aussi vis à vis de l’extérieur
  • nous retrouver lors des coordinations et surtout lors de l’université d’été
  • organiser au moins une ou deux fois par an dans l’une ou l’autre région des rencontres, des foires à l’Autogestion pour faire le point, consolider nos actions, nous inspirer des idées des uns et des autres.

En disant tout cela j’ai conscience que je ne dis rien d’autre que ce que j’ai déjà proposé dans le passé, mais avec la différence que je suis prêt à libérer un peu plus de temps pour mettre cela en pratique. Et…et…je me dis, naïvement peut-être, laissons celles et ceux qui tiennent à poursuivre l’aventure " Ensemble" dans le cadre du Front de Gauche , mais donnons leur également l’occasion de se joindre à d’autres qui ont envie de tenter l’expérience que je viens de décrire. Ceci suppose évidemment du respect réciproque et le maintien sous une forme ou une autre des Alternatifs.
Alors si ces idées vous conviennent réagissez et on verra pour la suite.

Salü binander

Roger Winterhalter


 A Chambéry, l’opposition de gauche s’est construite dans les municipales

Engagés depuis 2011 dans un cadre local commun, les Alternatifs et le NPA chambériens ont proposé dès février 2013 au Front de Gauche, qui localement regroupe le PCF, le PG et Ensemble (FASE et C&A), de mettre en place à Chambéry pour les municipales des listes d’opposition de gauche à la politique nationale et locale du PS. Après de longues tergiversations, le Front de Gauche s’est divisé : le PCF a refusé de faire liste commune avec le conseiller municipal NPA sortant, arguant de la virulence de son opposition à la politique menée par la municipalité PS-EELV-PCF, tandis que le PG et Ensemble, constatant l’impasse des politiques libérales menées par le PS et ses alliés, ont en revanche accepté cette démarche unitaire.
Un programme s’est assez vite dessiné : retour en régie des services municipaux délégués à de grands groupes capitalistes ; développement de la gratuité en particulier dans les transports ; rejet des grands projets inutiles, dont le Lyon-Turin ferroviaire est emblématique ; retrait des caméras de vidéosurveillance etc. Une liste, dénommée « Tout changer, rien lâcher ! Place au peuple à Chambé ! », s’est mise en place, regroupant, bien au-delà du NPA, des X Alternatifs, du PG et d’Ensemble, des militants de tendances très diverses : libertaires, écolos en rupture avec EELV, militants du PCF en désaccord avec l’orientation de leur parti, syndicalistes ulcérés par la politique du gouvernement, etc. Le conseiller municipal NPA sortant était tête de liste, mais un tourniquet tous les deux ans avait été programmé si la liste devait avoir des élus, afin que ses différentes sensibilités puissent être représentées.
La campagne a permis de créer une réelle dynamique, dont témoignait le meeting final, tenu devant 180 personnes, avec la participation de Jean-Jacques Boislaroussie et Alain Krivine. Avec 7,17 %, la liste aura finalement fait le même score que la liste PCF, qui a non seulement bénéficié de la confusion qu’elle a entretenue en s’appropriant le logo du Front de Gauche et en restant évasive sur sa stratégie de second tour, mais a aussi su profiter des réseaux clientélistes que les adjoints communistes conservent dans les quartiers. Si malgré ses belles déclarations, le PCF a fusionné sans vergogne pour le second tour avec le PS, la liste « Tout changer, rien lâcher ! Place au peuple à Chambé ! » est en revanche restée fidèle à sa ligne d’indépendance et n’a pas donné de consigne de vote pour le second tour.
Au-delà de cette élection, cette liste a permis de mettre en place un cadre unitaire d’opposition de gauche au PS et à ses alliés, répondant aux attentes de nombreux militantEs du Front de Gauche qui aspirent à trouver une alternative à leur alliance avec le PCF, dont ils ne supportent plus les pratiques ni les errements. La liste s’est donc transformée en un collectif qui a organisé un bus pour le 12 avril et a décidé de se retrouver le 1Er mai derrière une banderole commune.

Laurent Ripart


 Douarnenez, un beau résultat

Au lendemain des Législatives de 2012, quelques militants et sympathisants douarnenistes du Front de Gauche avaient pris l’initiative d’appeler localement à la constitution d’un Collectif citoyen avec le souci d’élargir la base de la mobilisation dans la perspective des municipales 2014. Initiée par une assemblée de près de 70 personnes à l’automne 2012, la démarche s’est poursuivie depuis avec la mise en place de groupes de travail qui ont produit une somme importante de réflexions sur les divers aspects de la vie municipale. Au fil du temps, le Collectif s’est élargi pour toucher un réseau de 150 à 180 personnes avec un noyau dur d’une bonne soixantaine de participants réguliers.
Après la tenue en Septembre 2013 de « Rencontres citoyennes du Pays de Douarnenez », co-organisées par le Collectif et le Front de Gauche (le PS, EELV et l’UDB ayant refusé la proposition qui leur avait été faite de s’associer à cette initiative), la démarche a naturellement abouti à la constitution de la liste « Initiatives citoyennes, à gauche pour Douarnenez » pour les élections municipales. Au premier tour, 4 listes se présentaient aux suffrages des électeurs : celle du sénateur-maire UMP sortant ; une liste de droite montée par son ancien premier adjoint ayant rompu avec la majorité municipale depuis 2 ans ; une liste PS/EELV/UDB et la liste « Initiatives citoyennes ». Au soir du premier tour la liste du Maire sortant enregistrait un surprenant 43,6 % et la liste «  Initiatives citoyennes » 23,4 % alors que la Liste PS/EELV/UDB chutait à 16,5 %, à égalité parfaite avec la 2ème liste droite. La tête de liste PS s’était prononcée par voie de presse au mois de janvier pour que la liste de gauche arrivée en second se retire sans autre forme de procès au profit de celle qui arriverait en tête (au nom du principe selon lequel « la fusion c’est la confusion »).
Refusant l’offre de discussion qui lui a été faite au soir du premier tour, la liste PS/EELV/UDB s’est donc retirée de la course sans d’ailleurs appeler très franchement à soutenir la liste « Initiatives citoyennes  ». Celle-ci s’est donc résolument engagée dans la campagne du second tour, fournissant un gros effort de porte à porte pour convaincre les abstentionnistes (10 % de plus qu’aux municipales précédentes). Partant de très loin, renverser la tendance du premier tour, c’était mission impossible. Mais au final, la liste aura réussi à recueillir 41,4 % des voix des exprimés, plaçant 7 conseillers d’opposition (dont un camarade du PCF et deux membres des Alternatifs),
Restera au Collectif à tirer les enseignements de ce scrutin, en particulier la bascule à droite de bureaux de vote jusqu’ici marqués à gauche et le fort taux d’abstention qui a touché les quartiers populaires. Restera aussi à se projeter dans l’avenir en assurant la continuité du travail entrepris et la transition générationnelle en direction des jeunes qui se sont investis dans cette liste (une dizaine sur 33 candidats). Restera enfin à clarifier les rapports entre militant-e-s des organisations politiques et citoyen-ne-s engagé-e-s. Car de ce point de vue, notre aventure n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, la suspicion envers les organisations politiques restant grande (même si elle n’est pas toujours légitime) chez les personnes qui veulent agir sur le terrain politique.

Jean-Louis Griveau


 Rouen

Dès le printemps 2013 les organisations qui allaient former Ensemble, et le Parti de Gauche, sollicitent le PCF pour constituer à Rouen une liste Front de Gauche, élargie notamment au NPA.
Le PCF tergiverse pendant des mois avant de voter, à la veille de Noël, à 77% pour la constitution d’une liste Front de Gauche, pour finalement se rallier au PS le 21 janvier.
Nous retournons vers le NPA, avec lequel des discussions avaient commencé en novembre, et qui avait fini par lancer seul sa liste. La discussion tourne court sur la question de la tête de liste et l’éventualité d’une fusion technique au 2ème tour. Nous décidons alors de monter une liste autour d’Ensemble et du PG, pour faire exister le FDG à Rouen pendant cette campagne, et tenter d’avoir des élu-e-s.

S’engage alors une course de vitesse : trouver 55 candidat-e-s, élaborer le matériel de campagne, régler les problèmes logistiques et financiers, se mettre d’accord sur la tête de liste – c’est finalement une militante d’Ensemble, Raphaëlle Brangier, qui est choisie, en duo avec Lionel Descamps, du PG. Tout cela prend quelque temps et c’est seulement 3 semaines avant le 1er tour que le premier tract est diffusé. La campagne effective est brève, beaucoup trop brève, mais intensive. La mobilisation des co-listiers, qui pour la plupart sont non-encarté-e-s, est efficace.

Et le 23 mars, nous obtenons 5,33%, ce qui peut nous permettre de participer à une fusion technique avec la liste PS-PCF sortante, arrivée en tête mais en fort recul, et une liste EELV à 11%, score honorable mais loin de ses attentes ( le NPA obtenant 1,93% et LO 1,03%). Il se passe alors la même chose que dans les autres villes : le PS nous adresse une fin de non-recevoir par SMS, sans nous rencontrer. Il prend ainsi le risque de voir la ville gagnée par la droite, avec une avance assez mince de la liste fusionnée PS-PCF-EELV, dans une triangulaire avec un FN à 13%, et une abstention au 1er tour de 47%. Beaucoup d’inconnues donc, mais ce risque est préféré par le PS à l’entrée de quelques trublions de gauche dans le conseil municipal. Nous n’aurons donc pas d’élu-e-s, et la droite finalement sera battue.

Quel bilan tirons-nous ? Il fallait faire cette campagne, même dans ces conditions défavorables, pour qu’Ensemble existe, que le Front de Gauche continue d’exister malgré ses difficultés actuelles. Il y avait une attente, un potentiel, nous l’avons constaté. Nous nous prenons à rêver de ce qu’aurait pu être une campagne nous associant au PCF et au NPA, et de son score. Mais, même dans ces conditions, nous avons eu un écho certain, de nombreux militants du PCF ont regardé notre campagne avec intérêt, regrettant souvent le choix de leurs responsables. Un groupe s’est constitué, s’est soudé, et reste mobilisé à l’issue de cette élection. Cette campagne nous met en situation de pouvoir commencer un vrai travail de terrain, de combattre l’influence grandissante du FN dans les quartiers populaires, ce que le PS est dans l’incapacité de faire aujourd’hui.

Raphaëlle BRANGIER
Michel DUPONT
Bernard PELLEGRIN


 Grenoble

A Grenoble, la victoire aux municipales est devenue une réalité. Avec plus de 40% des voix lors d’une quadrangulaire, la liste du Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes a remporté la mairie. Après le discours du nouveau maire Eric Piolle ci-dessous, les adjoints ont été élus ; notre camarade Bernard Macret est devenu 4e adjoint aux solidarités internationales. Plus d’informations sur la liste et son programme ici www.unevillepourtous.fr

Extraits du discours d’investiture d’Eric Piolle, nouveau maire de Grenoble 4 avril 2014

Il y a quelques jours, les Grenobloises et les Grenoblois nous ont confié la responsabilité de conduire les destinées de notre ville pour les 6 prochaines années.
(..)Aujourd’hui, devant vous, en ce premier conseil municipal du mandat qui s’ouvre, je tiens à dire solennellement à chacun et à chacune d’entre vous que je serai un Maire à l’écoute, un Maire qui respecte, un Maire qui rassemble par delà les clans.
Cette façon de voir les choses et de les faire a été le fil conducteur de toute notre campagne, elle sera le fil conducteur de tout ce mandat. (..)Notre mission commune, au-delà de nos appartenances et de nos provenances, c’est de faire de notre ville une ville qui anticipe le monde qui vient, pour ne pas subir. Une ville où chacun a le sentiment d’avoir sa place et de faire partie de l’histoire. Une ville qui réconcilie innovation et citoyenneté, vitalité économique et responsabilité environnementale. Une ville, enfin, qui met l’Humain au centre.
(..)Ce qui fait la force de Grenoble, c’est la mobilisation permanente de ses habitants pour s’asseoir à la table, être exigeants avec les élus et pour prendre eux-mêmes leur ville en main.
Sans cesse ils bousculent les vieilles habitudes, les réflexes. Pour toujours faire mieux. Grenoble est une ville qui bouillonne, une ville qui bouge, qui innove, qui invente… C’est une chance, faisons la vivre !
A travers notre histoire, les témoignages se bousculent pour illustrer cette originalité grenobloise : de la journée des tuiles, jusqu’à la résistance du Vercors, en passant par les premières mutuelles ouvrières ; du premier planning familial jusqu’au premier éco-quartier, en passant par le retour du tram…
(..)Je sais que je pourrai compter sur vous pour faire de notre mandat un moment exemplaire à bien des niveaux. Vous le savez, je l’ai dit et je le répète, je ne cautionnerai pas qu’un élu condamné pour corruption puisse envisager d’exercer des responsabilités dans cette assemblée. Et je sais que je serai soutenu en cela par cette assemblée.
Aucune action durable ne sera possible tant que la défiance coupera les habitants de leur mairie. Nous avons 6 ans pour retisser le lien entre les habitants et la municipalité. Sur ce sujet, je suis très clair : nous voulons prendre le temps de faire les choses bien. Nous voulons avancer au bon rythme et prendre le temps de consulter, d’écouter, de co-construire, de travailler ensemble.
Contrairement aux idées reçues, la démocratie n’est pas un luxe, ou une perte de temps. C’est la garantie d’une ville respectueuse de chacun, et qui avance dans la même direction. C’est la garantie de pouvoir agir et de pouvoir entraîner l’adhésion. (…) C’est la première fois dans l’histoire de notre ville que sont élus dans cette assemblée autant X d’habitants passés par des réseaux citoyens et récemment entrés dans la vie publique. (..) Nous serons des élus au service des habitants. Voila pourquoi je tiens autant à la relation avec les habitants, et à la confiance. Elle est ce que nous avons de plus précieux.
(…) Nous avons 6 ans pour recréer la confiance entre les grenoblois, les uns les autres. Nous voulons réconcilier. Nous voulons réconcilier tous les quartiers, la culture soit disant « officielle » et la culture soit disant « alternative ». (…)
L’école sera une priorité forte de ce mandat. Je serai un maire aux côtés des professeurs, et aux côtés des élèves. Je serai un maire qui se bat pour donner le meilleur à tous les enfants de la ville.
Nous avons 6 ans, mes chers collègues, pour travailler ensemble dans l’intérêt de Grenoble. Certes, nous avons eu des débats, et parfois des affrontements… Mais la campagne est finie, et maintenant l’essentiel doit nous rassembler : notre attachement à Grenoble et notre engagement à servir les habitants.
(…) Vous pouvez comptez sur moi pour garantir les droits de l’opposition.
Je ne tolérerai aucune caricature et aucun abus de pouvoir, d’où qu’il vienne. Je le dis d’autant plus clairement que je suis à la tête d’une très large majorité et que je suis conscient des responsabilités que cela impose.
J’ai dit que je voulais récréer la confiance, je souhaite que dans cette assemblée, même si l’on n’est pas d’accord sur tout, on puisse travailler ensemble et se respecter.
(…) Je souhaite que nous puissions échanger et débattre dans les meilleures conditions. Et que nos étiquettes ne pèsent pas à chaque instant sur les débats… _ Pour autant, je ne mets pas tous les groupes de cette assemblée dans la même situation, de ce point de vue.
Car je souhaite aussi que nous puissions échanger dans un cadre démocratique, républicain et respectueux de certaines valeurs… éthiques, voire morales.
3 groupes ici ont montré dans le passé qu’ils partagent l’Histoire et les valeurs de la République, et se retrouvent dans les valeurs d’égalité, de liberté, et de fraternité. Je le dis clairement : ce n’est pas parce que le Front National a réussi à pénétrer dans cette assemblée qu’il cesserait à nos yeux de porter un projet et des idées qui comportent des zones d’ombre et des idées dangereuses.
Si certains voulaient l’oublier, ou ne pas en tenir compte, je serai de ceux qui rappelleront ce que portent ces idées, à chaque fois que nécessaire :
Elles se nourrissent de la défiance là où nous voulons retisser la confiance.
Elles cherchent à diviser les Grenoblois là où nous voulons les rassembler.
Elles exacerbent les tensions là où nous voulons apaiser.
Je ne serai jamais de ceux qui laissent progresser la banalisation de certaines idées.
Je resterai lucide. Et je souhaite que nous le soyons tous.
Que les choses soient claires, donc…
Il n’y aura pas de procès d’intention permanent, mais pas de naïveté non plus. Il y aura, si nécessaire, un rappel à l’esprit qui doit régner dans cette maison commune ; nous sommes ici pour débattre, argumenter, et décider.
Nous sommes ici pour œuvrer pour tous les habitants.
Les fauteurs de haine qui voudraient semer la division n’y seront pas les bienvenus…
Mesdames, Messieurs, Cher collègues, à l’heure où nous siégeons, la France continue de traverser une période de doute.
Les Français ont envoyé un message fort, de défiance à l’égard du pouvoir. Notre rôle est aussi de tenir compte de cette situation. Nous devons être à la hauteur. Les Grenoblois nous ont élus pour trouver ensemble des solutions concrètes et audacieuses, bonnes pour tout de suite et pour le long terme, et pas pour nous chamailler. Ils veulent des élus à leur service. Ils veulent des élus responsables et dignes de leur confiance.
Alors, à mon tour, je vous fais confiance, pour laisser de coté les postures et les caricatures. Je nous fais confiance pour œuvrer ensemble pour tourner Grenoble vers l’avenir.
(…) Mes chers collègues, Chers élus de la République, en ce début de printemps 2014, je vous propose qu’ensemble, nous écrivions une nouvelle page de la belle histoire de Grenoble !
Nous avons beaucoup parlé, ces derniers mois.
Au travail, maintenant !

Eric Piolle, nouveau maire de Grenoble

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