Depuis le milieu des années 1990, le débat sur l’instauration d’un revenu universel (dénommé aussi allocation universelle ou revenu inconditionnel) a ressurgi au sein de certains courants politiques porteurs d’un projet de transformation sociale (notamment chez les Verts et dans la mouvance alternative).
L’expérimentation du Revenu de Solidarité Active proposé par Martin Hirsch aurait pu être l’occasion d’un débat public sur le revenu universel, mais ce n’a pas été le cas, car aucun mouvement politique n’est vraiment porteur d’un tel projet, qui, à gauche, semble pour beaucoup totalement irréaliste, voire néfaste.
L’objet n’est pas ici de faire un état exhaustif de cette question, ni de la resituer dans une perspective historique ou dans un contexte théorique, mais de synthétiser les principaux arguments échangés entre les partisans et les adversaires du revenu universel et de fournir quelques références bibliographiques, afin d’amorcer un débat sur le sujet au sein des Alternatifs, permettant d’éclairer une prise de position.
Il convient tout d’abord de ne pas s’enfermer dans de faux débats. Pour nombre de ses détracteurs, le revenu universel serait frappé d’un mal originel, car il a été défendu par certains économistes ultra-libéraux (tels que Milton Friedman) et promu en France par Christine Boutin, puis mis en place dans une version atténuée (comme allocation complémentaire et non universelle) sous forme d’impôt négatif (prime pour l’emploi), avant d’aboutir à l’actuel Revenu de Solidarité Active (RSA).
Dans ces versions édulcorées, le revenu proposé n’a rien d’universel et il se situe généralement à un niveau inférieur au seuil de pauvreté. Le débat qui nous intéresse ici concerne la proposition d’un revenu uniforme (et non complémentaire ou dégressif), qui serait versé à tout citoyen, quelle que soit sa situation d’activité, de revenu ou de patrimoine, et dont le montant se situerait à un niveau au moins égal au seuil de pauvreté (environ 880 euros mensuels en 2006 pour une personne seule, selon l’Insee).
Pour les partisans du revenu universel, sa mise en place se justifie par les arguments suivants :
Les adversaires du revenu universel, outre des oppositions de principe, mettent en général en avant comme argument principal celui de son financement, compte tenu du coût d’une telle mesure (entre 20 et 30 % du PIB selon son montant), qui semble hors de portée, même en recyclant une partie des prestations sociales actuelles, auxquelles il se substituerait. Certains observent que le revenu universel pourrait enclancher un mécanisme de pression à la baisse des salaires (par le biais éventuel d’une suppression ou d’une réduction concomittante du SMIC) et d’augmentation de la précarisation. Par ailleurs, il apparaîtrait comme s’inscrivant parfaitement dans une logique capitaliste de renforcement du règne de la marchandise et d’individualisation de la consommation, au détrimens des services collectifs et de la gratuité.
Parmi les questions sur lesquelles se focalise le débat, on peut citer :
Bibliographie
ATTAC, Le revenu d’existence, Attac Paris 8-16-17-18, non daté
FERRY Jean-Marc, Revenu de citoyenneté, droit au travail, intégration sociale, Revue du Mauss, n° 7, 1996
HUSSON Michel, Fin du travail et revenu universel, Critique communiste, n° 176, juillet 2005
PAG69, Le revenu inconditionnel, 2007
VANDERBORGHT Yannick & VAN PARIJS Philippe, L’allocation universelle, La Découverte, Collection Repères, 2005