TRIBUNES LIBRES
     
 
Remonter ] Porto Alegre 2003 (02) ] Porto Alegre 2003 (01) ] Guerre en Irak ] Verts ] Epoque de conflits ] Nostalgie citoyenne ] Chômage, retraite, précarité... ] Ressources humaines ] Prostitution ] Impérialisme ] [ Bien à droite ! ] Agriculture paysanne ] LCR - LO ] Lutte Ouvrière ] Nation-Région-Réflexion ] Porto Alègre 2000 ] École et violence ] Chiche ! ]
TRIBUNE POLITIQUE INTERNATIONALE
(candidature CDU-CSU à la chancellerie)
15 janvier 2002


BIEN A DROITE !

 

Edmund Stoiber a fière allure en costume traditionnel, mais il serait réducteur de placer sous le signe du kitsch montagnard sa désignation comme candidat à la chancellerie par la CDU-CSU.

En le préférant à Angela Merkel, les chrétiens-démocrates allemands ont donné un vrai signe politique. Anglea Merkel, dirigeante issue des Länder de l’Est, avait permis à la CDU de surmonter la crise ouverte par la révélation d’affaires de corruption qui a conduit au départ d'Helmut Kohl. Elle était représentative d’un cours centriste, référence aux valeurs chrétiennes, libéralisme tempéré par la tradition du compromis social, relative ouverture dans les domaines sociétaux.
En revanche, le choix d’Edmund Stoiber, Ministre-président de Bavière annonce une campagne offensive et sur des positions plus droitières contre la coalition SPD-Grünen. On aurait cependant tort de réduire le «modèle bavarois» à un populisme réactionnaire. La CSU (union social-chrétienne), dont Stoiber est issu, est un parti interclassiste hégémonique, et ce dans un Land plus peuplé que bien des États européens.
Ses scores électoraux oscillent entre 55% et 60%; cantonnant la social-démocratie sous la barre des 30%. Elle s’appuie sur des bases sociales larges, de la paysannerie conservatrice aux couches moyennes salariées et bénéficie d’une situation économique favorable avec un taux de chômage réduit qui tient plus au développement d‘activités industrielles performantes et tertiaires de haut niveau qu’à des recettes néolibérales...
Industrialisé tardivement, le Land de Bavière n’a pas eu à gérer de graves problèmes de reconversion comme ceux d e la Ruhr, vieille terre social-démocrate, ou des Länder d’ex-RDA.

L’hégémonie de la CSU repose aussi sur un positionnement politique franchement conservateur, combinant référence à la tradition chrétienne, attachement à la Heimat (petite patrie) face aux empiétements de l’État fédéral et de l’Union européenne, défense de la Leitkultur (culture de référence/culture dominante) allemande et méfiance vis à vis de l’immigration, hostilité aux réformes du Code allemand de la nationalité. Il faut cependant noter que les violences xénophobes sont plus rares en Bavière que dans les autres Länder.

La profil politique et idéologique de la CSU est un réel obstacle à une victoire à l’échelle du pays, le «modèle bavarois» peut certes rencontrer des échos dans d’autres régions assez conservatrice du Sud de la RFA mais il reste éloigné des traditions politiques et culturelles du Nord et de l’Est au pays. Cependant le discours de retour à l’ordre peut, là comme ailleurs, donner du poids à la campagne de la droite allemande et contribuera, en tout état de cause, à polariser la campagne, malgré le positionnement centriste de Schröder.

Des politologues ne manqueront pas de réactiver le thème du «populisme alpin» , on peut plutôt penser qu’une campagne axée sur les questions de sécurité et une remise en cause-plus limitée qu’en Italie- des modes de régulation hérités de l’Etat Providence traduit avant tout un réarmement idéologique et une droitisation de la CDU/CSU dont témoigne d’ailleurs le choix du candidat.
Son succès, après les victoires des droites autrichienne et italienne, marquerait une évolution à droite décisive du champ politique en Europe occidentale.

Jean-Jacque BOISLAROUSSIE

haut