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TRIBUNE SOCIAL
Article paru dans les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 1er février 2000 avec pour titre : "L’univers des jeunes : un reflet du nôtre." Les intertitres sont de la Rédaction des DNA
1er février 2000


ÉCOLE ET VIOLENCE

 

L’univers des enfants et des ados... n’est jamais que le reflet de celui des adultes.

De toutes parts s’élèvent des voix pour exprimer "l’indignation" face "aux actes inacceptables et aux atteintes à la personne humaine" qui se produisent dans les collèges et les lycées... Les remèdes envisagés sont à la hauteur de "l’indignation suscitée" : "tolérance zéro" et "forces de l’ordre"... assorties, il est vrai - pour faire passer "la pilule" -, de quelques mesures pédagogiques !

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Un monde de violences

Mais à ces mêmes enfants, petits ou grands, nos enfants, quel monde leur montrons-nous ? Un tiers de l’humanité n’a accès ni à l’eau courante... ni à l’eau potable ; la moitié de l’humanité vit avec moins de 15 francs par jour ; chaque jour des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes meurent de malnutrition, de maladies que l’on pourrait éradiquer à moindre frais, de conflits armés qui ne servent que des intérêts politiques ou mercantiles... quand ce n’est pas de génocides sciemment organisés.

Sans même parler d’environnement, d’atteintes irrémédiables à la nature et des incertitudes que le global-libéralisme fait peser sur leur avenir, plus près de nous, quels exemples leur offrons-nous ? L’exclusion, les discriminations, la précarité accrue d’un nombre toujours plus important d’individus et de familles, l’accroissement des inégalités, la misère culturelle, le manque d’affection et d’amour...

Nous ne supportons plus rien... au point que nous ne supportons plus de nous regarder dans le miroir que nous tendent nos propres enfants. Il est de plus en plus difficile de défendre ses idées et ses convictions, ses habitudes et ses différences sans risquer l’exclusion. Toute divergence d’opinion, de point de vue, d’idée, est perçue comme une agression, un manque de respect et entraîne comme sanction l’exclusion de ceux qui sont différents — les étrangers, les pauvres, les gens d’une autre culture, les autres —, ou la violence.

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Réduire les inégalités

Comment nos enfants pourraient-ils agir différemment ? N’est-il pas « naturel » que leur violence s’exprime de plus en plus dans les seuls lieux où nous ne contestons pas leur présence parfois tapageuse ? Mais l’intolérance ... ou « tolérance zéro » constitue une réponse inadéquate et vaine... parce qu’elle-même violente et que la violence ne générera jamais autre chose que la violence.

Et si nous acceptions de les écouter, de faire avec eux et de cesser de faire pour eux ? Et si nous nous engagions vraiment à régler les dysfonctionnements sociaux et pour cela à réduire les inégalités, à augmenter les minima sociaux, à créer des emplois dans les zones délaissées par les entreprises, à offrir des lieux d'accueils associatifs dans les quartiers, à développer les services aux personnes, à « définanciariser » quelque peu la société, à partager, à pratiquer la solidarité et la fraternité, à associer vraiment nos enfants à la gestion d’un monde qui leur appartient beaucoup plus qu’il ne nous appartient ?

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La fin des territoires de relégation

Et pour ce qui concerne l’école, il faudrait que l’état accorde réellement une priorité à l’enseignement de nos enfants en dégageant les moyens nécessaires pour :
· réduire le nombre d’élèves par classe (afin de favoriser le relation avec les maîtres), en allant jusqu’au dédoublement de certains établissements qui sont devenus totalement anonymes.
· En embauchant largement de nouveaux enseignants et en favorisant l’accession à cette profession plutôt que la politique malthusienne qui est menée actuellement.
Ce n’est qu’au prix de mesures de ce type que l’on permettra à l’école de fonctionner à nouveau de manière harmonieuse et de jouer son rôle principal de développement, d’être à nouveau un endroit de vie et d’espérance pour celles et ceux qui y viennent, qu’ils soient enseignants ou enseignés, jeunes ou adultes.

Si nous nous attachions à mettre fin aux territoires de relégation et d’exclusion que sont trop souvent nos banlieues, si nous nous efforcions de consolider tous les liens sociaux et de cultiver nos différences, si nous avions la volonté de passer du travail à l’emploi solidaire, si nous pratiquions vraiment la tolérance et l’acceptation des autres, soyons sûrs que les problèmes inhérents à certains établissements scolaires finiraient par s’estomper car nous aurions redonné à nos enfants quelques raisons de croire en leur avenir.

WINTERHALTER, Maire de Lutterbach
Henri METZGER, médecin hospitalier et conseiller municipal de Mulhouse

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