TRIBUNES LIBRES
     
 
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quartiers 4 novembre 2005


L’ECLATEMENT DU TISSU SOCIAL ... CONSEQUENCE D’UNE POLITIQUE DELIBEREE


Le gouvernement peut multiplier déclarations et communiqués, il n’arrivera pas à masquer ses insuffisances et sa politique qui vise à étrangler les associations d’éducation populaire, pas seulement les grandes fédérations mais aussi et surtout les associations locales qui tissent du lien social... Côté cour, Chirac, Villepin et Borloo vantent le mérite des acteurs locaux et côté jardin, les crédits concentrés et déconcentrés alloués à la politique de la ville et à la jeunesse sont réduits... Certaines associations plient bagages ou réduisent leurs activités.

Cette situation est intolérable et inadmissible, seule la mobilisation unitaire de tous les mouvements d’éducation populaire et des syndicats et associations peut faire échec à cette casse délibérée De nombreuses associations fondées à la libération par le Parti Communiste et intervenant dans les quartiers populaires ont périclité ou même disparu... D’autres animées par des socialistes ont connu le même sort notamment à la fin des années 70 quand les succès électoraux les ont conduits vers d’autres responsabilités. Ce n’était pas inéluctable. Cet aveuglement a eu des conséquences pour les populations et pour les responsables politiques eux mêmes perdant réseaux et crédibilité. Le défi social et démocratique qu’il faut relever consiste à retisser le lien distendu entre les habitants des cités et le mouvement ouvrier, toutes organisations confondues

D’autres associations locales ont pris le relais, partiellement , délaissant certains secteurs devenus sinistrés comme la défense des locataires. Ces associations ont réussi dans de nombreuses cités à développer des animations et à créer des solidarités entre habitants et entre génération. On pourrait citer des dizaines d’exemples d’initiatives réellement citoyennes permettant aux habitants d’être des acteurs et non des consommateurs... Qu’il s’agisse des femmes relais établissant de la médiation sociale, de telle ferme pédagogique proposant aux habitants de prendre en charge des ateliers ou de telle mission locale mettant en place avec les jeunes des quartiers de réels projets....


Aujourd’hui beaucoup d’associations rencontrent des difficultés énormes, insurmontables même.

Les crédits politique de la ville sont gelés, ceux versés par les directions départementales jeunesse et sports ont fondu comme neige au soleil... Cette crise , conséquence de la politique gouvernementale a mené de nombreux militants au découragement ou à la réduction d’activités. Les grandes fédérations et réseaux sont touchés de plein fouet par cette baisse drastique des subventions, c’est un fait , certaines tiennent le coup difficilement, d’autres se replient sur des secteurs moins dépensiers voire marchands.... La situation de ces mouvements à dimension nationale est préoccupante, celle des associations locales est dramatique


Tisser du lien social et faire des habitants des cités de véritables acteurs exigent une volonté politique et des moyens à la hauteur des enjeux sociaux et démocratiques

On peut toujours augmenter le nombre de policiers intervenant dans les cités comme le fait Sarkozy oubliant par là même d’assurer à ces personnels une formation professionnelle, on ne fera que renforcer le volant sécuritaire mais à quel prix ! Aujourd’hui même les juges estiment à juste titre que la priorité doit être donnée à la prévention sociale. Depuis plusieurs semaines, les mouvements d’éducation populaire alertent la population et les décideurs politiques locaux des conséquences prévisibles d’une politique irresponsable visant à priver les associations de subventions....


Ils ne sont plus les seuls à s’inquiéter.

Des chefs d’établissements qui ont inscrit leurs établissements dans le dispositif « écoles ouvertes » viennent d’apprendre qu’il n’y a plus de crédits disponibles....

Ces « dispositifs » avaient le mérite d’offrir durant les vacances scolaires à des adolescents un espace éducatif ludique.... Certains peuvent reprocher à ces « écoles » de se substituer aux services jeunesse des villes en oubliant que bien souvent les lieux d’accueils et d’animation sont peu nombreux dans les communes fortement urbanisées et que là il s’agit d’utiliser des locaux existants et de bâtir un projet partagé...


Toutes les bonnes volontés risquent demain de se décourager alors que l’actualité montre qu’il est urgent de construire ou de consolider du lien social.

La politique gouvernementale à courte vue ne peut qu’engendrer une dégradation sociale au détriment des populations les plus pauvres et vulnérables.

Il nous faut, tous ensemble nous mobiliser contre la casse sociale et associative...La manifestation nationale du 19 novembre doit être un temps fort.

La défense des services publics et celle des associations assurant une mission de service publique sont liées.


Jean-François CHALOT


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