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Ecologie 5 mars 2006

commission Ecologie - réunion du 18 mars


SE SOIGNER


Plutôt que de s’interroger sans fin sur les moyens de combler le trou de la sécurité sociale tout en maintenant une médecine de « qualité », demandons-nous plutôt ce qui peut expliquer une telle augmentation des dépenses de santé dans un pays dit « développé » ?

En effet, malgré un système de soins de qualité, une bonne couverture sociale, une médecine de haut niveau, notre société est malade, malade du progrès et de la croissance, et notre santé se dégrade :
- Détérioration des conditions de travail : stress, harcèlement, chantage au chômage : dépressions, calmants et anti-dépresseurs.
- Dégradation de la qualité de l’alimentation : malgré une alimentation « riche » et « diversifiée », les français sont carencées.
- Augmentation de l’incidence du cancer, des allergies : la dégradation de notre santé est directement liée à la dégradation de notre environnement.
- Nouvelles maladies contre lesquelles nous sommes démunies : virus Ebola, SRAS, grippe aviaire,…
- Augmentation du coût des examens, des analyses, liée à des investissements de haute technologie (scanner, IRM,…). Il en résulte de restrictions budgétaires pour les C.H.U., et un centralisation de moyens : augmentation de la distance à parcourir pour les patients. Cette politique de prévention, bien sûr justifiée, n’est pourtant pas suffisante et pas adaptée.
- Augmentation du nombre et du coût des hospitalisations, sans que l’offre de lits d’hôpitaux puisse répondre à la demande.

Nous proposons de valoriser une autre vision de la santé, en articulant les thèmes suivants qui sont interdépendants : alimentation, travail, santé

Prévenir plutôt que guérir : soigner notre environnement pour mieux soigner notre santé. Défendre une alimentation de meilleure qualité, et non polluée (pesticides). " De ton alimentation, tu feras ta première médecine " (Hippocrate, Vème siècle avant JC)

Remettre en cause les modalités et conditions des activités professionnelles : les plus polluantes (chimie de synthèse, nucléaire, automobile), les plus nocives (militaires, bactériologiques, nanotechnologies), les plus démoralisantes : remise en cause d’un scientisme, d’un tout technologique qui met l’humain et l’environnement au second plan (électronique, informatique, automatisation, robotisation). Il faut relocaliser et développer des activités humainement valorisantes (agriculture, culture, artisanat) et respectueuses de l’environnement. La révolte des Luddites en est une illustration historique. Nous défendons l’idée d’une remise en cause du modèle de développement industriel actuel, d’une remise en cause du travail salarié tel qu'il est pratiqué aujourd'hui.

- Etudier et Valoriser les méthodes de diagnostic médical moins coûteuses, moins technologiques mais demandant une plus grande sensibilité humaine : cristallisations sensibles, analyses de sang différentes, pouls chinois…Ces méthodes, peu connues du grand public, peuvent mettre en évidence un risque bien avant qu’il ne se manifeste.

- Reconnaître les valeurs des médecines traditionnelles indigènes de chaque continent. Reconnaître la pertinence des médecines alternatives sans chercher de manière stérile à les démontrer par moyens de la « science moderne », qui ne trouve que ce qu’elle veut bien chercher (phytothérapie, aromathérapie, homéopathie, acupuncture). Ainsi, 60 % des médicaments allopathiques sont en fait directement ou indirectement issus de plantes. Pourquoi ajouter un surcoût à un remède en le conditionnant en laboratoire, alors que des molécules synthétisées peuvent s’avérer moins efficaces à court ou long terme que les plantes d’où elles ont été isolées, et qui sont disponibles en pleine nature si l’humain respecte et entretient les écosystèmes ? -> remise en cause d’une science, d’une médecine, d’une biologie purement analytiques.

- Rapprocher médecins, infirmières de formation conventionnelle et tradipraticiens pour mettre en place dans chaque site isolé (au Sud comme dans nos campagnes), des dispensaires qui valoriseraient les ressources et savoirs locaux (plantes, thérapies) et les tradipraticiens : pour relocaliser les soins, et décloisonner une médecine trop ethnocentriste, et trop élitiste, trop technique.

Ce scénario n’est pas utopique : une association comme « Jardins du Monde » met en place des jardins médicinaux et aide à restaurer des savoirs traditionnels en voie d’extinction là où des soins occidentaux sont de toutes façons économiquement inaccessibles.

Pour des maladies graves où la chimie de synthèse est de plus en plus coûteuse (paludisme, SIDA), des plantes s’avèrent avoir une activité significative contre ces maladies : artemisia annua (Chine) et cassia siamea (Afrique) contre le paludisme ; lapacho (tabebuia serratifolia, Amazonie) pour renforcer les défenses immunitaires (SIDA). La sagesse populaire dit souvent que pour toute maladie, un remède existe à proximité. La vérité ne semble pas si loin.

Thierry Folliard



Qui soigner - Comment se soigner - Où se soigner

L'institution médicale est héritée de la médecine occidentale humaniste basé sur le principe du diagnostic (par l'examen de l'homme Malade, par le soignant) dans une relation de conscience et de confiance) et du traitement sous diverses formes et qui ont évoluées depuis les temps anciens jusqu'aux techniques modernes, y compris les médecines parallèles: type acupuncture récupérée des chinois, homéopathie...ou dite naturelle.

Au cours des siècles ces principes se sont organisés avec un système médical, puis est venu une protection sociale (1945), facilitant l'accès aux soins pour tous.

A partir de PASTEUR s'est développé une certaine médecine préventive à partir de l'hygiène. Des progrès ont été accompli s qui n’ont pas été partagé dans tous les continents.

De nos jours si ce système est mis en cause dans son fonctionnement (le libéralisme et la marchandisation pour les uns, plus de solidarités pour les autres) avec un accord tacite sur les bienfaits du progrès scientifique), une autre conception porté par des acteurs différents s'est fait jour depuis une vingtaine d'années, avec pour conséquence une autre approche de la distribution des soins, et de l'analyse des causes vraies des maladies.

Les notions d'environnement et les probables profondes et induites modifications de la nature biologique humaine (ZARIFIAN) remettent en cause notre approche de la santé.

Il est à noter aussi que se soigner totalement sur toute la planète n'est plus dans l'optique de l'OMS un but d'actualité (modification, dans sa charte, des buts de l'OMS: l’objectif d’OTTAWA était qu’en l’an 2000 il y ait un accès aux soins de qualité pour tous les habitants de la planète !!! La nouvelle charte, (à venir dite d' OTTAWA) dit qu’elle n’a plus ce objectif de l’accès égal aux soins!!

Egalement la politique du médicament par les trusts doit être l'objet de déterminée contestations :la loi du profit pénalise les peuples du tiers et du quart monde,privatise le vivant,développe les produits rentables et fait l’impasse sur la recherche pour les ma ladies des zones non solvables ..

Les facteurs favorisants comme décrits auparavant peuvent être considérés comme des causes vraies ainsi que le démontrent des études épidémiologiques.
- L'apparition des cancers est souvent dû à des modification de l'environnement (voir articles des spécialistes de la commission)
- radiation à court terme, à moyen et long terme, Tchernobyl, etc...
- pollution avec effet de serre, amiante, charbon,
- produits chimiques déversés dans l'atmosphère (dioxine,.....
- produits phytosanitaires employés dans l'agriculture intensive
- certain toxique alimentaire (alcool, tabac à forte dose !irradiation des aliments)
- rôle non précisé des aliments OGM

...................................

Les mutations des agents pathogène tels les virus (sida,..; sont facilités par les conditions de vie : proximité, élevage intensif (poulet).....

Il en est de même des maladies parasitaires dans les pays néocolonisés: pollutions des eaux, sous-alimentations facilitant ces phénomènes

De nouvelles maladies, la résurgence d'anciennes est une forte probabilité.

Les conditions de travail tant physique que psychologique sont à la source d'accident de travail, de stress. Les conditions actuelles précarisant de plus en plus de gens ne peut qu'aggraver le phénomène.

Les causes "vraies" de la perte de la bonne santé, doivent donc être le point de départ d'une politique alternative de santé, et qui doit être défini par la définition de l'OMS (corrigé alter ?) :

La santé : permettre à chaque individu de réaliser le maximum des virtualités qu’il porte en lui en tant qu’être humain d’une époque,d’un lieu donné dans les conditions d’une nature, d’un environnement protégé.

Le devenir du système de santé et de protection sociale tant au niveau français, européen que mondial est une question démocratique. Le point de vue du citoyen est primordial. C’est la pierre angulaire de tout projet politique, plus qu’une question économique.


SE SOIGNER Cà doit être aussi

__S'informer
__Développer au delà du dépistage: la prévention avec des structures visant à cette mission>
__Repenser la question dans les pays pauvres d'AFRIQUE et d'ASIE>

A intérieur du système on doit discuter de la pertinence des soins et leur évaluation, incluant les techniques modernes mais aussi les médecines parallèles telle acupuncture, homéopathie, médecine naturelle (on a là beaucoup à apprendre des connaissances ancestrales des pays d'Afrique ou d'Amérique, tout en sachant qu'il y a là une gisement largement exploité par le charlatanisme et les escrocs.

Sans tomber dans l'hygiénisme une façon de se soigner et d'être en bonne santé doit être repensée.

Planifier l’accès aux soins de qualité optimale et de relative proximité pour tous est un impératif. Se soigner en fonction de ses besoins est un droit.

On prend le chemin inverse.

Monique et Jean-Louis Fiole





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1/ la dimension de l’économie sociale et solidaire
2/ le commerce équitable
3/ le partage du travail
4/ les emplois d’utilité publique
5/ les systèmes d’échanges locaux, les réseaux d’échange de savoir
5/ les solidarités internationales

Les inégalités de développement à l’échelle planétaire ont amené la société civile à repenser l’impact de la croissance économique dans nos sociétés. Le mal développement met en lumière le pillage des ressources naturelles (matières premières) des pays du Sud et la dégradation notoire et croissante de nos milieux environnants par les pays les plus riches (G8). Les problématiques des pays du Sud apparaissent aujourd’hui à une autre échelle dans les pays occidentaux où la société de la précarisation gagne du terrain chaque jour un peu plus.

Elle laisse de l’espace cependant à l’alternative économique en réaction aux dysfonctionnements socio-économiques par une implication dans l’économie sociale et solidaire. La créativité induite par les initiatives et les entreprises d’autogestion économique et sociale fait apparaître quelques lueurs d’espoir à l’heure de la mondialisation libérale. L’auto-organisation laisse le champ libre à l’expérimentation et à la création de coopération d’énergies qui en se mutualisant traduisent des volontés d’émancipation et d’avancée démocratique et font émerger des projets de solidarités

Le développement des coopératives (alimentaires, à vocation sociale…) nourrit des initiatives de partage autour de micro-projets et de microcrédits. Le commerce équitable répond à cette préoccupation de redistribution des richesses.

Les associations de consommacteurs et les coopératives d’achats groupés soutiennent une agriculture "durable et solidaire" par les échanges entre les milieux urbain et rural avec les pays en voie de développement mais aussi avec nos propres paysans. A travers cette aspiration autogestionnaire et cette revendication politique, en regroupant des consommateurs sensibles aux problèmes alimentaires et environnementaux, elles informent de l'intérêt d’améliorer le contenu de nos assiettes :

- en rendant accessible les produits sains (bio, équitable…)
- en affirmant notre solidarité avec les populations précaires au Nord et au Sud.

Les systèmes d’échanges locaux (SEL), les réseaux d’échange de savoir participent à cette volonté de partage dans des échanges non monétarisés. Les solidarités internationales (ONG, associations…) doivent maintenant rejoindre des préoccupations plus locales. Au Nord, pour diminuer le chômage il faut avancer sur la création d’emplois de service d’utilité publique. Il est plus que d’actualité de partager le travail en réduisant le temps de travail de manière significative, par étapes (32h et moins par la suite). Enfin il faut encourager les pratiques de partage par des incitations économiques, des mesures fiscales peuvent aussi participer à l’essor d’une économie plus solidaire et un commerce plus équitable (plus humanisé).


5 propositions concrètes :

- développer une éthique dans nos relations à travers l’enseignement de l’E.S.S (dès le CM)
- favoriser le commerce de proximité et la commercialisation de produits du terroir de qualité
- encourager des échanges plus équitables (rapport producteur-consommateur en réduisant la chaîne de distribution)
- créer des maisons d’initiative collective (antennes locales de l’E.S.S)
- promouvoir le commerce solidaire (chantiers d’insertion, publics handicapés) en le valorisant


Ethique Nord Sud

Au niveau alimentaire, côté Nord la « mal-bouffe » devient un enjeu de société, les consommateurs veulent une autre alimentation, respectueuse de l’environnement. L’ aspiration à une alimentation saine est revendiquée dans un climat commercial de plus en plus agressif et dans une économie globalisée, l’idée de maîtriser sa consommation fait son chemin. Le déséquilibre économique mondial pose la question des filières de fabrication et des pratiques obscures (travail d’enfants, esclavage, pollution…). La soif d’éthique dans les achats quotidiens est née, le commerce équitable, apparu dans les années 80 y répond partiellement, d’autres réponses solidaires existent, intégrées dans le tissu économique local. L’épopée de la critique de la mondialisation traverse largement les courants multiples des forums sociaux. Face à la consommation décérébrée, des alternatives de production et de distribution, notamment de produits agricoles se développent.

L’économie solidaire est un investissement humain dans un projet auto-gestionnaire pour amener à la conduite de son propre destin par le biais de l’expérience et de la création continues liée à la volonté des femmes et des hommes. C’est accepter la nécessité du développement de l’expérimentation dans un climat de liberté et de confiance inversant les rapports de l’entreprise classique. Le travailleur est pris en considération pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a. La créativité est au service de la« libre entreprise des hommes », le lien est privilégié au détriment du bien.

C’est un soutien à une économie plurielle avec promotion de l'économie sociale et solidaire ;

soit, un tiers secteur (échappant tout aussi bien à la logique du capital et de l'Etat) et qui encourage le développement du secteur associatif, coopératif ou mutualiste dans une optique de développement soutenable. Associations, Mutuelles, Soop ou Scic ? Telles sont les voies expérimentées dans les domaines alimentaires, culturels et les économies alternatives.


International :

A chaque sommet, les pays riches affichent leur bonne volonté d’aider les pays dits « en voie de développement » qui n’en finissent plus de de se débattre dans la pauvreté, l’exploitation et les conflits. Les pays du G8, les USA tout particulièrement, portent une responsabilité écrasante vis à vis de cette situation et de ce non-règlement, en particulier en pronant la libéralisation des marchés des biens agricoles et alimentaires. Chaque pays doit pouvoir satisfaire ses besoins alimentaires de la façon qui lui paraît la plus adaptée à sa situation (avec sa dimension culturelle), c’est à dire assurer sa sécurité alimentaire et nutritionnelle. Une telle souveraineté doit s’inscrire dans le cadre d’accords équitables d’échanges et de coopération entre régions économiques portant sur l’ensemble des biens et services et prenant appui sur des accords concernant la stabilisation des prix exportés par les pays du Sud. Les freins au libéralisme sauvage et la suppression de la dette sont parmi les clefs de l’accès à l’autonomie économique et politique des pays du Sud de même que le respect du consommateur. Mais le commerce équitable et le droit à la souveraineté alimentaire nécessitent une instance internationale établissant des règles et les faisant appliquer sur de nouvelles bases politiques garantissant des droits aux paysans.

Avancer des propositions et enrayer la mécanique de l’OMC, c’est l’enjeu des rencontres supranationales comme les Forum Sociaux ; l’échec de Cancun et la force de conviction du groupe des 21 invitent à repenser les rapports Nord/Sud en réformant les politiques agricoles des pays développés (en stoppant les primes à l’exportation par exemple…). L’appel collectif pour des agricultures durables et solidaires en Europe et dans le monde va dans ce sens, l’énergie déployée par la Confédération paysanne dans la remise en cause des fatalités agricoles allume une lueur d’espoir à une période ou + de 40% des agriculteurs français vivent avec des revenus en dessous du SMIC et 20% inférieur au RMI. Préservation des ressources environnementales, prix rémunérateurs et aliments sains pour tous sont les objectifs contemporains à l’heure du productivisme délirant qui défigure nos paysages.

L’auto-organisation répond à des préoccupations, dans le domaine agricole, des initiatives s’affirment notamment dans le bio et l’équitable. Car le Nord aussi a besoin de commerce équitable, malgré les bonnes intentions des uns. La Confédération paysanne dénonce le calcul politique des autres : les enseignes Leclerc et Carrefour en particulier qui tentent de récupérer ce concept pour mieux cacher des pratiques quotidiennes d'exploitation des producteurs et d'infantilisation des consommateurs. Aujourd'hui, d'un bout à l'autre de la planète, la logique marchande, uniquement basée sur le profit et la concurrence, a pris le pas sur les solidarités et les démarches éthiques. L'équité, entendue comme droit au partage juste des richesses produites et à l'accès des plus faibles à un revenu décent, constitue une des bases des revendications. Or, ce qui fait le quotidien des paysans du Sud est en train de se reproduire au sein même de l'Union Européenne avec la baisse permanente des prix à la production (- 25 % en moyenne en dix ans). Les paysans sont amenés à réduire en permanence leurs coûts de production, au détriment de l'environnement, de la qualité des produits, et du bien être social de leur famille et de leurs salariés. Chaque année en France, ils sont ainsi entre 30 et 40 000 à mettre un terme à leur activité, la notion de commerce équitable trouve toute sa pertinence, c’est un des piliers nécessaires à la réalisation de la souveraineté alimentaire. Des politiques de répartition des productions, de gestion des marchés agricoles, de garantie de prix, de contractualisation entre l'amont et l'aval et de protections douanières sont indispensables pour que partout, « le commerce devienne équitable pour tous ». Pour le consommateur, l’idée d’une alternative globale en terme de consommation gagne des adeptes.

Produire et consommer localement, tel est le crédo que nous propose l’AMAP1 qui invite à trouver un « fermier de famille » en devenant partenaire d’une ferme bio locale. Le consommateur par souscription achète à l’avance sa part de récolte qui assure au maraîcher ou agriculteur des garanties de revenu et une autonomie pour l’achat de semences sans s’endetter. Les légumes sont choisis et fournis en fin de semaine, les réseaux autogèrent la distribution. Le consommateur partage avec le producteur les risques et les bénéfices naturels, le lien social est central de même que l’éducation au goût. La souscription est définie par le producteur et le consommateur. Une idée du commerce équitable version locale qui séduit de plus en plus d’urbains. Dans le même registre se sont développées les formules « paniers » avec les Jardins de Cocagne, REPAS2, SOS Paysans, où même dans le cadre du tourisme à la campagne avec Accueil Paysan. Des contributions qui visent à stabiliser et dynamiser le tissu social en milieu rural voire aider à l’installation de paysans3 !

1-AMAP Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne
2-Réseau d'Echanges et de Pratiques Alternatives et Solidaires
3-Addear (Association départementales pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural)


Partage et décroissance dans la diversité culturelle

En partage, dans l’acception littéraire, on opère un don naturel. Partager revient à considérer l’autre et à le valoriser en offrant. Dans le cadre de la semaine internationale, il convient d’analyser nos rapports avec l’autre, nos relations avec les autres cultures et revenir sur le contexte Nord/Sud. Le partage est souvent mutuel dans la transmission de savoir, d’acquis culturels et définit souvent la qualité des relations humaines. Le partage n’implique pas l’échange de valeur monétaire, il est facteur d’enrichissement se traduisant aujourd’hui par les SEL, les réseaux d’échanges de savoir, les solidarités internationales et locales, un repas de quartier, une réunion de citoyens - riverains, une discussion au bas de l’immeuble…

Pour échanger en partageant, il importe de réaliser dans un premier temps une véritable révolution culturelle dans l’acceptation de l’altérité, notre société multiculturelle doit intégrer toutes les expressions issues des différentes couches sociales. Et ainsi il faut valoriser l’apport de l’immigration, promouvoir la citoyenneté de résidence (votation citoyenne), la communion dans le sport ne suffit pas, il faut encourager la connaissance (l’histoire des immigrations en Europe surtout depuis 1918). L’islam est absent des représentations culturelles et sociales, rendre la société officielle plus hétérogène culturellement est aussi important que la bataille pour la promotion des femmes. L’Europe a une dette envers les immigrations, de même il convient de rappeler le rôle central des peuples d’outre-mer dans les guerres. On se doit aussi d’accroître l’information sur les inégalités économiques entre le Nord et le Sud. La déréglementation, les pillages des ressources naturelles et la logique implacable de la banque mondiale et le FMI ont des effets désastreux sur l’économie locale, alors les rapports Sud -Sud commencent à se développer. Le modèle capitaliste adossé à l’idéologie de la mondialisation est décrié depuis plus de 20 ans d’Amérique Latine en Afrique et les niveaux d’éducation mêmes faibles laissent circuler l’information. Depuis 50 ans, les pays du Sud ont beaucoup plus changé dans leur rapport au monde que ceux du Nord. L’hostilité du Sud est visible dans la bataille pour les produits pharmaceutiques, le sida, la santé, l’environnement. La décroissance a souvent plus d’écho au Sud car elle vécue quotidiennement. La connaissance de l’autre et le partage de communication (le dialogue) sont des étapes essentielles dans la cohabitation culturelle.

La ville est un terrain inexploité d’apprentissage de la diversité culturelle, les mairies et les institutions scolaires, sportives et sociales détiennent une grande richesse d’expériences mais souvent sous-évaluées et balayées par l’émergence de la violence et l’insécurité, pourtant des réussites notoires doivent être mises en relief. La réalité culturelle et politique a évolué considérablement loin de la décolonisation et de l’immigration des années 60 ; retrouver sa dignité pour beaucoup passe aujourd’hui par le vote au sein de la République.

Le Nord est trop persuadé que l’occidentalisation des modes de vie, l’extension d’un modèle de consommation occidental, la mondialisation de l’information et la croissance des industries culturelles mondiales donc occidentales auront raison des frontières culturelles, pourtant les diversités culturelles n’ont jamais été aussi visibles depuis le 11 septembre 2001 et Al Djazira.

Voyager à travers les média introduit le déséquilibre Nord -Sud dans le tourisme, les ¾ du parc hôtelier mondial sont détenus par 6 groupes internationaux occidentaux (dont Accor). Le tourisme peut être un facteur de d’ouverture et d’intérêt, malheureusement la consommation règne et le tourisme de masse est prédominant, le tourisme alternatif est marginal. Les peuples du Nord sont peu favorables aux immigrés chez eux mais veulent voyager librement aux quatre coins du globe, refusant de voir les dégâts qu’ils font chez les autres. Les déplacements des occidentaux sont oisifs ou commerciaux, le Sud migre pour des raisons économiques avec des prix inaccessibles (pour qui sont donc les low-cost ?). Il faut réduire le décalage Nord -Sud dans le domaine de l’information culturelle, la jeunesse est le moment de la plus grande ouverture au monde et au brassage des idées, l’école est le lieu de toutes les rencontres dépassant les clivages sociaux. Le maintien des traditions et l’acceptation de la modernité doivent coexister.

Les liens Nord - Sud doivent s’assainir, c’est un véritable défi culturel dans l’horizon de la mondialisation, organiser la cohabitation culturelle est aussi décisif pour la paix que le rapport Nord-Sud ou l’environnement car depuis toujours les hommes se battent pour leur identité, leur culture, leur modèle de relations sociales.

Re-penser le monde du XXIème siècle et nos relations en se désaliénant des intérêts économiques et en limitant notre empreinte écologique !

Gwelan




NOURRIR ET SE NOURRIR PARTOUT DANS LE MONDE (première esquisse)

La réponse à cette question comporte deux volets très liés:

L’offre de produits en termes quantitatifs et qualitatifs et ses modalités

Les comportements d’achat et les pratiques alimentaires qui eux-mêmes dépendent de l’autonomie (formation et revenu, pressions des entreprises) du consommateur.

1 Situation actuelle : un pouvoir grandissant des firmes malgré quelques oppositions radicales et diverses remises en cause.

a) Au plan quantitatif elle se caractérise par
une très forte inégalité devant la nourriture avec près de la moitié de l’humanité soufrant de malnutrition, dont une grande partie de paysans (voir annexe I) :

Près de 0,9 milliard de personnes sous alimentées (ration insuffisante),
Près de 2 milliards de personnes mal nourries (déséquilibres nutritifs et mauvaise qualité des aliments, eau comprise),

la cohabitation, au sein d’un nombre croissant de pays en développement (PED) de la malnutrition et de l’obésité et des autres maladies liées à la mutation du régime alimentaire, (en Chine la FAO note à la fois une réduction de la malnutrition et le développement de l’obésité qui atteint 23 % des habitants). Cette cohabitation est également présente dans les pays riches.

une quasi stabilité de la disponibilité alimentaire par habitant des PED avec de forts contrastes selon les pays

b) Cette situation s’explique par plusieurs facteurs

Maintien du niveau de pauvreté dans beaucoup de pays, régions ou groupes sociaux,

Crise des agricultures familiales en lien avec certains choix nationaux et la mondialisation libérale,

Impacts des conflits armés, des mouvements forcés de population, de la dégradation de certains milieux,

Changement des habitudes alimentaires par accroissement du revenu moyen et par disparition des anciens modes d’alimentation suites aux importations,

Fort impact des firmes multinationales du commerce de la transformation et de la distribution.

c) L’évolution de la qualité des aliments proposés et de la nourriture dans les pays riches fait davantage débat que l’on peut résumer ainsi dans le cas de la France :

amélioration générale de la qualité nutritive et biologique (sécurité) des aliments depuis les années 50, malgré quelques crises (TIAC : toxi-infections alimentaires collectives)

standardisation des produits et perte de diversité organoleptique liées à l’évolution de l’agriculture, des IAA, de la distribution (effets conjuguées de la concentration et de la normalisation) et d’une partie de la restauration, parallèlement à une forte baisse de la part de l’alimentation dans le budget des ménages et d’une modification du rapport à la nourriture ;

cette évolution, en partie corrigée dans les années 80 (exemple des fruits, du pain …), se poursuit pour une partie de la nourriture dans le même temps où l’offre et les pratiques de vente et d’achat se différencient. Seuls les pauvres (6 % de la population) et les personnes à bas revenus (15 à 25 % ? de la population) ne peuvent accéder à une nourriture de qualité, notamment par sa variété, alors qu’une partie des personnes à revenu moyen mangent mal (produits de mauvaise qualité et alimentation déséquilibrée) par choix (facilité, préférence pour d’autres types de dépenses), même si ces choix sont en partie surdéterminés.

Quelques points noirs subsistent sur le plan qualitatif, qui concernent à la fois l’environnement et la santé : nitrates et pesticides (insecticides surtout) ; voir appel de Paris

d) état de la contestation et des luttes

La défense des consommateurs et de l’environnement constitue, depuis les années 70, une des forces qui contribuent à la contestation du système de plus en plus dominant. D’autres courants plus radicaux se sont développés dans les années 90 autour du commerce équitable, de la lutte anti OGM, d’autres formes de production (Agriculture paysanne) et de commerce (AMAP et autres) (voir annexe II).

La lutte contre la malnutrition mobilise de nombreuses ONG.

Mais qu’il s’agisse de la contestation du poids de plus en plus fort des firmes et de leur comportement ou des impacts de la mondialisation libérale, le résultat est très insuffisant, ces firmes ayant la capacité de digérer les contestations, de développer des stratégies de contournement, de « produire de l’avidité » (GADREY, Politis du 9/02) étant toujours gagnantes malgré quelques évolutions favorables.

Les campagnes autour de la nécessaire consommation citoyenne sont particulièrement ambiguës (voir B MYLONDO, cité dans°Politis du 9 /02). Il y aurait aussi à dire sur les stratégies peu contestées des bas prix (modèle Val Mart.

Il faut donc tenter autre chose qui va au delà du refus de la société de consommation pour constituer un des volets de l’alterdéveloppement.


2 Quelles perspectives : une lutte complexe et longue ?

Une amélioration sensible de la situation en matière de nourriture, suppose la conjonction de deux types de transformation, elles-mêmes dépendantes des luttes et plus globalement de l’évolution des comportements et de l’idéologie dominante :

un nouveau cadre international,
d’autres politiques nationales concernant l’agriculture, la répartition des revenus, la santé

a) un nouveau cadre international

Ce nouveau cadre est de nature juridique et donc politique pour deux volets eux-mêmes complémentaires :
Volet 1 qui concerne tous les pays : nouveau cadre, fondé sur la souveraineté alimentaire, pour les échanges de produits agricoles et alimentaires,
Volet 2 qui concerne aussi tous les pays pour répondre aux besoins des pays pauvres : nouveau cadre de relations Nord Sud, au sein d’un nouveau (alter) développement.

Volet 1(seul évoqué et de façon sommaire) Ce volet comporte

un nouveau droit des échanges en place du droit actuel de l’OMC : le droit de la souveraineté alimentaire,

de nouveaux outils de gestion des marchés internationaux.

Définition de la souveraineté alimentaire : « chaque pays (Etat) ou groupe de pays (Etats) a le droit effectif de satisfaire ses besoins alimentaires de la façon qui lui parait la plus appropriée, mais sans dumping vis-à-vis des autres pays ».

Cette nouvelle régulation internationale doit en retour rendre possibles d’autres politiques nationales ou régionales, favorables au développement de l’agriculture et à la mise en œuvre du droit à l’alimentation, …. L’enjeu est ni de restreindre les échanges, ni de permettre à chaque pays de faire ce qu’il veut mais de construire un nouveau cadre pour ces échanges, cadre plus égalitaire et favorable au développement de tous.

b) d’autres politiques nationales

Ce nouveau cadre international doit permettre de nouvelles politiques rendues possibles par le nouveau cadre juridique et facilitées par les nouveaux rapports N/S.

Parmi ces nouvelles politiques celle touchant l'agriculture est évidemment centrale. Autour d’un axe, à adapter à chaque contexte, de valorisation de « l’agriculture paysanne », assurant durabilité économique, environnementale et sociale et favorisée par le droit de la souveraineté alimentaire, cette politique doit assurer des prix rémunérateurs eux-mêmes garantis par une maîtrise et une répartition des volumes à produire (résumé de la proposition de la Conf, à laquelle j’ai collaboré). Cette politique doit aussi assurer un accès équilibré aux moyens de production.

Se pose alors la question des prix aux consommateurs, plus élevés qu’actuellement aussi bien au nord où ces bas prix sont, pour les principales productions, compensés par des aides qu’au sud où les prix sont bas en raison de l’état des marchés. Si dans les pays riches, où la part du budget des ménages est d’environ 19 % en moyenne, cette hausse des prix peut sauf cas particuliers (couches pauvres, produits peu transformés et chers, ex viande bovine) être assez facilement absorbée, il n’en serait pas de même dans la majorité des pays du sud où l’alimentation représente 50 % des budgets et davantage des dépenses monétaires. Cette question suppose d’autres politiques nationales, appuyées par le volet 2 de l’international.

Une autre politique doit aussi, en lien avec le cadre international, concerner la réduction du pouvoir des firmes internationales et dans certains cas nationales : niveau des prix, des marges, publicité ….

L’accès à la nourriture de tous dans de bonnes conditions nécessite que sur le plan quantitatif et qualitatif (y compris dans ses aspects culturels) le droit à l’alimentation soit effectif, ce qui suppose des revenus suffisants, des conditions d’approvisionnement adaptées, l’autonomie des consommateurs, y compris par la formation ….

c) comment progresser et peut-être gagner ?

Il faut progresser à la fois sur le plan des propositions et de la mobilisation, au sein de chaque pays et au plan international. Voici quelques idées, comme base d'un processus d'élaboration collective, en plusieurs étapes, autour de 2 axes :

- un axe syndical, à l'échelle européenne et mondiale, sur les aspects de transition entre la situation actuelle et les politiques souhaitées ; sur ce point les paysans européens ont une responsabilité particulière,

- un axe "unité populaire" regroupant les familles concernées (paysans, consommateurs, environnementalistes organisations de solidarité, comme dans les plates formes) avec les organisations politiques de gauche et les syndicats de salariés.

Michel Buisson



RE-ENCHANTER (introduction)

Ce terme, que les Académiciens n’ont pas encore officialisé, est pourtant à la mode. Et cela pousse à l’utiliser avec prudence. N’a-t-il pas fait l’objet d’une réflexion du Medef qui, lors de sa dernière université d’été, voulait « ré-enchanter le monde »? N’est-il pas utilisé par des sectes qui veulent ré-enchanter la vie?

Dans une vision alternative, le ré-enchantement est d’abord une réaction contre le "désenchantement du monde", contre le "passage du monde enchanté des hommes au monde désenchanté des machines", selon l’expression de Max Weber, contre le constat que, dans le monde moderne, "rien d'autre n'existe que la machine et le marché". Ce ré-enchantement pose d’abord la question du rapport entre l’ homme et la nature.

La libération de l’homme va de pair avec celle de la nature.

Mais la nature dont il s’agit ici n’est pas limitée à l’environnement. La nature, comme le rappelle Serge Moscovici, est "une nature historique à laquelle nous donnons un état différent à chaque ère de l'histoire". La nature "est pour nous l'idée qui comprend tous les chemins possibles, dans le temps, entre le hasard et la nécessité contraignante".

La nature est donc aussi, comme le formule Dominique Simonnet, « le milieu personnel, la nature de l’individualité humaine, la conscience que chacun a de soi »

Le retour à la nature n’est pas un retour à la terre, c’est une nouvelle pratique de la nature, c’est le fait de renouer des relations avec le milieu, de trouver l’harmonie avec l’ environnement social et technique. C’est une autre conception de l’aménagement du territoire ( certains auteurs préfèrent parler de ménagement du territoire), c’est une autre conception de la ville qui doit devenir autre chose qu’une succession de tours de béton entre des bandes d’asphalte.

Ré-enchanter l’être humain, c’est lui permettre de retrouver sa liberté, son autonomie individuelle, c’est lui redonner la force de réagir contre l’uniformité, contre le conformisme, c’est faciliter son intégration dans un groupe social qui n’ étouffe pas son individualité et où les générations se mélangent, où les hiérarchies sont atténuées, où les différences sont acceptées et les minorités respectées.

C’est se révolter contre un monde cloisonné et injuste, c’est refuser l’enfermement dans la société dite de consommation, de laquelle sont exclus des millions de gens. C’est retrouver les joies de la créativité, la dimension poétique de l’être humain.

Cette vision utopique n’est possible que si l’organisation économique tourne le dos au capitalisme. Cela suppose que l’alternative économique, en respectant les principes énoncés plus haut, repense entièrement le travail et le système des revenus afin de permettre à tout homme, toute femme, de vivre dignement, de l’enfance à la vieillesse.

La nature du travail a changé. Avant l’ ère industrielle, le paysan, l’artisan, trouvaient un certain épanouissement dans leur travail, malgré la dureté des tâches et l’incertitude des revenus, dans une société où la solidarité n’existait que dans un cadre familial ou relationnel. Le travail avait alors un sens. Victor Hugo a magnifié « le geste auguste du semeur. » Plus près de nous, Eugène Guillevic a décrit son admiration pour le menuisier qui tire « parti du bois. »

Avec le taylorisme et le fordisme, le travail est devenu aliénation. La célèbre phrase lancée par Taylor à ses ouvriers: « Vous n'êtes pas là pour penser !» traduit bien cette évolution.

Si le salarié moderne effectue de moins en moins de travaux pénibles car ceux-ci sont réalisés par des machines, il n’échappe pas aux formes modernes de la division du travail. Les opérateurs, les agents d’aujourd’hui, sont de plus en plus soumis à un processus qui leur donne à remplir une tâche parcellaire qu’ils ne maîtrisent pas, sur lesquels ils ne peuvent pas influer. Dans l’organisation abstraite qui va de la conception à la consommation en passant par la production et la commercialisation, il n’est qu’un rouage, un pion souvent précaire et jetable à la prochaine délocalisation.

Dans notre recherche d’une alternative à cette conception du travail, il paraît utile de relancer, en l’ancrant concrètement dans le monde d’ aujourd‘hui, la grande idée que fut ( et que demeure) l’autogestion.

Bernard Caron




Alternatives culturelles et Droit à la culture

La culture se construit sur les relations, des réseaux, des «tribus» et de l’entraide qui l’accompagnent, d’où un foisonnement d’initiatives, une multiplicité d’expressions. Elle est un mélange de spiritualité et de liberté, d’alternative au matérialisme généralisé et donne une valeur à la vie. Elle peut impliquer des coopérations, don, troc, autonomie et désintéressement en offrant un espace à la militance. Quelle est la place de l’art dans l’expression revendicatrice et quel crédit donner à la révolution culturelle ? L’art par essence est subversif car il est indomptable et incontrôlable. Une reprise en main des cultures par la population initie une transformation, une réappropriation des moyens de production, la diffusion des arts et des pensées et impose une horizontalité dans les rapports. Le développement de l’autonomie et l’indépendance au marché est une phase clef. L’affirmation d’un engagement en découle, la culture introduit du politique, la précarisation de l’existence de l’individu le politise et amène à reconsidérer son travail et sa rémunération, phénomène apparu notamment à travers les requêtes des intermittents (pas de culture sans droits sociaux !). Car il y a encore réduction de la culture à du bénévolat, à un don, l’art se doit d’être remis à sa juste place avec ses valeurs.

L’espace d’expression est souvent réduit (une petite illustration dans votre journal favori), pourtant l’art est un chantier propice à l’affirmation et à la création d’outils. Le développement d’alter-médias laisse entrouverte une fenêtre d’espoir : l’édition et la communication s’opposent au laminage du capital. La création de collectifs, d’espaces de gratuité, de squats, de galeries « accessibles », et la reconnaissance des arts de la rue participent à cet élan de créativité pacifiste. Freud disait « ce qui travaille à la culture travaille aussi contre la guerre », la connaissance face à l’ignorance et à la barbarie à l’heure des conflits internationaux et ceux larvés au sein d’institutions qui jouent avec nos destins. Loin d’être un espace inaliénable, la culture n’en demeure pas moins une expression libératrice malgré le laminage issu de la mondialisation. Sous l’égide de l’OMC, l’AGCS remet en question les subventions et le financement d’activités culturelles qui doivent être livrées à la concurrence. La programmation de la disparition des aides spécifiques (cinéma d’auteur, théâtre, art et essai...) est annoncée, les productions du spectacle pourront être elles aussi délocalisées, l’exception culturelle deviendra-t-elle bientôt de l’histoire ancienne ?

L’ Union Européenne multiculturelle ne freine en rien cette tendance à l’ouverture au marché, au grand dam de l’émancipation des peuples. Les directives menacent l’accessibilité (prix fixe du livre), la domination des majors s’accroît (avec les fusions) de même que l’application des normes du pays d’origine et l’externalisation des productions à l’étranger inquiètent (proposition Bolkestein). A l’Unesco le projet de convention sur la diversité cultuelle vacille, le courant de marchandisation généralisée promue par l’OMC veille au grain.

Standardisation de la production artistique qui a accès aux moyens de diffusion, diminution de l’enseignement artistique & culturel à l’école au vu de la nécessité de former des «petits soldats de la guerre économique», l’industrie de la World Culture triomphe, le financement public s’amenuise, que nous reste-t-il d’exceptionnel ?

Décroissance culturelle

La culture globalisante de consommation anesthésie chaque jour plus de (télé)-spectateurs, la résistance est rude contre cette intrusion pernicieuse dans notre quotidien. S. Latouche en proposant de reconstruire notre imaginaire en le décolonisant, indique que « la diversité des cultures est sans doute la condition d’un commerce social paisible », dans un cadre de démocratie des cultures, de « pluriversalisme » éloigné d’un gouvernement mondial.

L’émergence de l’écologie comme enjeu politique se traduit par le fait d’unifier les problèmes du monde, la culture se traduit différemment en prenant en compte l’immense diversité, l’écologie place nos problématiques contemporaines à l’échelle globale. La mondialisation a des effets différents selon les aspects de la vie, elle déstabilise toutes les identités en rendant plus visibles les inégalités, en accentuant le poids de la modernité. La cohabitation culturelle1 s’impose aujourd’hui avec le refus de l’ethnocentrisme, pour autant sortir de l’occidentalisme ne doit pas nous faire oublier que l’universalisme trouve ses racines dans la pensée occidentale. Et pour ne pas entamer notre décroissance culturelle il ne faut jamais sous-estimer les revendications culturelles. L’Europe et l’Amérique, à travers la décolonisation et le néocolonialisme continuent de le constater avec le rejet croissant d’une partie de l’identité culturelle occidentale au niveau mondial.

William Elie


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