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Projet 7 décembre 2005

PROJET ALTERNATIF

declaration des Alternatifs au colloque sur l'economie solidaire et l'autogestion organise à Porto alegre les 16 17 18 decembre par Democratie Socialiste. .


Les Alternatifs veulent inventer un nouveau projet d’émancipation sociale et de changement radical : une révolution longue s’enrichissant des expériences et des critiques du plus grand nombre. C’est à l’échelle de l’Europe et du monde que nous souhaitons penser et agir.

Ecologiste, nous n’avons pas le culte d’une nature idéalisée. Nous combattons la logique du profit et du productivisme.

Nous nous référons au terme d’alterdéveloppement pour répondre à trois questions :
que produire, comment le produire, quelles répartitions des richesses ?

il s’agit de subordonner les activités économiques à des choix politiques concernant la société et l’environnement.

Nous sommes donc :
- pour une production économe et solidaire mettant en priorité la satisfaction des besoins fondamentaux : alimentation, santé, formation et autres équipements ou services publics tout particulièrement dans le sud ;
- pour une production fondée sur une réduction de la consommation des sources d’énergies non renouvelables, le respect des milieux naturels, de la biodiversité, des ressources en eau et des équilibres climatiques ;
- et un fonctionnement politique permettant la participation aux choix économiques de tous.
- pour une agriculture paysanne qui respecte les producteurs, les consommateurs et l’environnement.

Notre préférence va:

- au qualitatif, au lien social, plutôt qu’au quantitatif et à l’accumulation de biens.
- à la relocalisation de l’économie ( supprimer des intermédiaires, produire et vendre au plus près des habitants pour réduire les coûts environnementaux des transports, refus du gigantisme).
- au choix de technologies maîtrisées par les utilisateurs plutôt qu’aux technologies sophistiquées ou hautement performantes au service d’une minorité.
- à de nouvelles pratiques sociales et solidaires (engagement en matière de commerce équitable, au Nord et au Sud, accessible à tous, opposition au pillage des matières premières du Sud; lutte contre les OGM et le nucléaire; lutte contre le modèle de surconsommation,).

Nous ne voulons réduire l’alterdéveloppement à une suite de comportements vertueux individuels ou collectifs. Avoir un mode de vie qui préserve la santé et la nature ne fait pas un projet politique écologiste suffisant. Il est nécessaire de lier pratiques individuelles et engagements collectifs.

Féministes, nous combattons pour l’égalité politique, professionnelle et dans la vie quotidienne entre hommes et femmes. Nous refusons la marchandisation des corps et l’éducation basée sur des modèles sexistes.

nous revendiquons l'autonomie des corps: le droit de choisir ses orientations sexuelles, de disposer librement de son corps, de choisir de se reproduire ou non ...

Nos exigences autogestionnaires s’applique à notre mode de fonctionnement. L’adhérent est ni un soldat ni un cariériste. Il dispose d’une large autonomie d’action.

Nous sommes engagé dans les institutions si cela contribue à la transformation de la société. Nous refusons les dérives gestionnaires et la politique spectacle.

Les Alternatifs croient nécessaire et posible, en se fondant sur les contradictions et les luttes concretes, un nouveau projet d'émancipation sociale et politique supposant et préparant des changements radicaux. C'est dans 4 champs sociaux majeurs que doivent se déployer les propositions et les luttes : le politique, l'économique, l'écologique et enfin le sociétal c'est à dire ce que certains appellent aujourd'hui la société civile. Pour cela une longue révolution engageant des peuples de tous les continents est nécessaire. Il faut d'une part permettre au plus grand nombre de s'approprier les expériences, les avancées qui se font jour dans les luttes populaires et notamment aujourd'hui en Amérique latino-indienne. Il faut aussi créer un rapport de forces, ouvrir de multiples foyers de contestation, de mobilisation, rendant vaines les interventions de l'Empire. Je me limiterai à souligner la nécessité de répondre à deux crises majeures dont l'issue conditionne l'existence voire même la survie de l'humanité, la crise politique et la crise écologique.

Dans les divers continents, dans la plupart des pays nous sommes en présence ou sous la menace de régimes autoritaires. Le capitalisme mondialisé n'a plus besoin des compromis politiques et sociaux que de fait institutionnalisée la démocratie de délégation. Pour dépasser celle-ci les exemples anciens s'avèrent caducs ou même erronés. C'est pour cela que les Alternatifs propose une perspective autogestionnaire.

Les Alternatifs sont autogestionnaires. Ils ne veulent pas ”prendre le pouvoir”, ils veulent contribuer à un nouveau système politique, une société d’autogestion généralisée.

Nous voulons construire au travers des multiples contestations, sociales, politiques, culturelles, écologistes, des instances et des méthodes d’autodétermination. Or, les luttes et les expériences politiques en cours ouvrent de nouvelles perspectives, proposent de nouveaux moyens, de nouveaux objectifs. C’est le cas notamment en Amérique latine.

Le succès, en France, du Non de gauche au traité constitutionnel européen est un signe positif. Ce resultat, parece qu'il est a l'opposé des choix des principales organisations politiques de droite et de gauche, des grosses centrales syndicales, des intelectuels en vue et de l'ensemble des médias est symptomatique d'une crise de la representation politique.

Le mouvement altermondialiste est le forum planétaire dans lequel ces expériences et ces luttes peuvent s’exprimer et converger. Les pratiques et les objectifs autogestionnaires sont une condition de cette nouvelle radicalité , une autogestion qui soit à la fois moyen, chemin et but.

La gauche du 20eme siècle a été dominée par deux courants majeurs qui ont montrés leurs limites :

- les social-démocraties

- les courants communistes issus de la tradition bolchevique.

Lors de chaque grand moment de mobilisation, l’exigence d’autodétermination a ressurgi, exigence d’auto-organisation et de démocratie dans la lutte. L’aspiration autogestionnaire prend sens et force en regard des échecs historiques de la social-démocratie et des courants post-bolcheviques, qui ont canalisées ces mobilisations, les ont instrumentalisées pour des stratégies vaines, voire criminelles. Elle est aussi une réponse à la globalisation capitaliste et au tournant autoritaire qui, dans la plupart des pays, nie les droits démocratiques et sociaux et à l’incapacité de la démocratie de délégation à répondre aux problèmes et décisions que suppose une société complexe dans laquelle le travail intellectuel, la culture se généralisent.


Cette perspective autogestionnaire suppose des moyens :



- mettre en œuvre des pratiques d’auto-détermination des luttes, des initiatives, des expériences dans tous les champs de la vie sociale.

- transformer les rapports entre les travailleurs et travailleuses et les organisations, partis, syndicats, ONG. Il faut que le plus grand nombre puisse s’approprier les débats et peser sur eux, et comprenne les décisions et leurs justifications.

- créer et expérimenter des formes nouvelles de débat et d’initiatives citoyennes : forums, collectifs, assemblées populaire.

Il faut produire une culture politique autogestionnaire.

L’autogestion est aussi un chemin : Il n’y aura de dépassement du capitalisme mondial que global. C’est un mouvement global qu’il faut concevoir et construire. Chaque lutte contre l’exploitation et la domination doit être soutenue, popularisée, analysé. Qu’elle aboutisse à une avancée ou à un échec, c’est une lutte commune. Si l’on considère ainsi les événements au Chiapas et à Porto Alegre, en Argentine, au Vénézuela et en Bolivie, ils prennent un autre sens, une autre dimension. L’occupation des latifundia, la prise en main d’entreprises privatisées ou abandonnées, le renouveau des formes de luttes et de mobilisation, l’émergence de nouvelles formes démocratiques sont pour tous et toutes des leçons. Ces mobilisations ont crée un nouveau rapport de forces à l’encontre de l’impérialisme. Nous sommes entrés dans une période de transition, dans une longue révolution. Exploitation et domination se renforcent. Les forces de contestation se radicalisent. L’altermondialisation, créé un espace de confrontation et de convergence, d’élaboration et d’initiatives. Le processus connaîtra des avancées, des ruptures, des échecs. Les pouvoirs dominants s’inquiètent, multiplient les mesures de surveillance et de répression. Les ripostes nécessaires supposent des mobilisations massives et durables. Cette révolution doit aussi être autogestionnaire.


- pour avancer il faut un objectif, un projet concret.

Avant de pouvoir se concrétiser le projet aura bien évolué. Aujourd’hui nous n’en sommes qu’aux premiers pas, une élaboration collective s’ébauche. Il faut, que chacun et chacune, dans ses pratiques quotidiennes, économiques, politiques, sociétales, culturelles, puisse participer aux débats, aux décisions, aux actes.

Il reste cependant nécessaire de régler les questions collectives au travers de délégations mandatées. Croisons démocratie directe et démocratie de délégation pour construire une démocratie active. Cela pourrait conduire à privilégier, dans la conception et le fonctionnement des institutions, les Assemblées populaires locales. Il est urgent de substituer à la personnalisation croissante des pouvoirs des responsabilités et des représentations collégiale. Aux hauts-fonctionnaires sélectionnés et formés pour maintenir et reproduire le système d’exploitation et de domination, il est concevable de substituer des conseils élus à la proportionnelle. L’autogestion c’est aussi le primat du politique, de la démocratie sur l’économique, sur les intérêts privés. Mais pour l’assurer il faut bien autre chose qu’une extension de la démocratie formelle.

IL y a opposition entre un savoir qui se généralise et un pouvoir économique plus concentré que jamais. Dépasser ces contradictions suppose non seulement de supprimer la propriété privée des principaux moyens de production mais aussi que le plus grand nombre s’approprie l’utilisation et la gestion de ceux-ci. L’implication des hommes et des femmes dans la production suppose un certain niveau de revenu mais aussi une maîtrise des objectifs et des modalités de la production à laquelle ils sont associés. La production réclame des formes spécifiques de démocratie. Les services publics, les coopératives de production devraient assurer l’essentiel de la gestion des entreprises privées actuelles et vont réclamer la présence des mêmes acteurs, mais pas avec le même poids ni de la même façon. Les travailleurs devront avoir une part majeure dans la gestion de leur entreprise.

Le plan arrêté par les instances nationales ou continentales sera impératif pour les biens communs, directif pour les services publics et indicatif pour les coopératives. Il faut renoncer au mythe d’une planification totalement centralisée. Le plan, national, régional ou local doit décider des principaux aménagements et investissements et doit favoriser les services publics ou collectifs et doit laisser au marché la détermination des qualités, quantités et prix des biens de consommation. Le plan peut aussi agir en cadrant les crédits d’investissements. La monnaie n’aurait plus comme fonction que la mesure et l’échange des biens et services voire l’épargne individuelle mais sans possibilité de spéculations ou de reconstitution d’un capital permettant l’exploitation salariale. L’élaboration du plan devrait se réaliser dans un dialogue entre un conseil économique élu et les comités de gestion des entreprises et établissements, y compris la fonction publique.

Prenant la juste mesure des échecs du 20 ieme siècle: échecs du centralisme bureaucratique et échecs de la social-démocratie, les alternatifs remettre au centre de leur projet d’émancipation l’autogestion, tournant ainsi le dos au productivisme capitaliste écologiquement et humainement indéfendable, sans avenir.

Les Alternatifs




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