TRIBUNES LIBRES
     
 
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4- Biodiversité - Développement - Assainissement & Déchets - Pêche
3- l’enjeu sanitaire en question
2- action : féminisme - autogestion
1- En marche : Afrique, sociétés, cultures



Afrique 8 février 2006

FSM BAMAKO

Biodiversité - Développement - Assainissement & Déchets - Pêche


L'Afrique se trouve plongé dans un scénario qui menace durablement les populations : augmentation rapide de la pollution atmosphérique et aquatique, de la dégradation des sols, de la fréquence des sécheresses, et des pertes d'espèces sauvages animales et végétales. Les pays d'Afrique ont, au cours des trois dernières décennies, souffert de divers problèmes de croissance démographique, guerres, haut niveau d'endettement national, catastrophes naturelles et maladies qui ont laissé leur trace sur les habitants et l'environnement naturel . De nouveaux déséquilibres se manifestent tels que le changement climatique, la propagation incontrôlée d'espèces exotiques, l'expansion anarchique des villes et la pollution occasionnée par les voitures et l'industrie aggravant ainsi la pauvreté et l'état de santé de la population. Pour répondre à ce déclin écologique, il faudrait réduire le fardeau de la dette, renforcer l'aide financière, responsabiliser les communautés locales, faire appliquer les accords sur l'environnement, introduire des technologies vertes non polluantes, et accorder aux produits africains un accès équitable aux marchés internationaux. Telles sont les conclusions du rapport intitulé "l'Avenir de l'environnement en Afrique" que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a fait paraître pour la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement (CMAE).

Climat:

L'économie africaine dépend fortement de l'agriculture pluviale, les données météorologiques rassemblées depuis 1900 montrent, à partir de 1968, une baisse constante de la pluviosité annuelle sur l'ensemble du continent, cette évolution est peut-être due à la pollution atmosphérique causée par les activités humaines. On dispose de preuves indiquant une augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles, en particulier les sécheresses qui affectent le Sahel (Le Botswana, le Burkina Faso, le Tchad, l'Éthiopie, la Mauritanie et le Mozambique sont affectés). Les sécheresses et les inondations provoquent souvent un accroissement de la pression foncière dans certaines régions vulnérables, une migration de la population humaine et animale, une intensification de l'érosion des sols, et un envasement des cours d'eau, barrages et eaux côtières. Actuellement, la quantité de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre, émise par le continent se chiffre à 223 millions de tonnes par an, soit huit fois plus qu'en 1950. Sa production reste toutefois inférieure à celle d'un pays développé, tel que l'Allemagne ou le Japon. À l'origine de ces émissions se trouve, en premier lieu, l'Afrique du Sud qui, avec 42 %, se place loin devant l'Égypte, le Nigeria et l'Algérie, lesquels, ensemble, comptent pour 35,5 % du total. Bien qu'elle ne participe que très peu aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'Afrique se révèle extrêmement vulnérable aux effets du réchauffement de la planète en raison de sa dépendance agricole et de l'absence de ressources financières compensatrices.

Pollution atmosphérique:

L'Afrique possède le taux d'urbanisation le plus élevé du monde. C'est l'une des principales causes de l'accroissement de la pollution avec les politiques fiscales qui encouragent l'utilisation de carburants "sales", le brusque accroissement des importations de voitures d'occasion souvent vétustes (Cotonou) et le manque d'efficacité des processus de fabrication industrielle. En Afrique du Nord, en particulier dans les villes dotées de raffineries ou de centrales électriques fonctionnant au charbon, la concentration de dioxyde de soufre contenue dans l'air atteint dans bien des cas le double de la norme fixée par l'OMS, le parc des véhicules à moteur « vétérans » a doublé au cours des 15 dernières années. En Ouganda, il a quadruplé par rapport à l'effectif de 1971, les vieilles voitures émettent jusqu'à 20 fois plus de polluants que les récentes. L'utilisation du bois comme combustible peut aussi faire courir des risques sanitaires accrus aux femmes et aux enfants exposés à la fumée. Le manque de ressources ne permet pas d'appliquer les normes et règlements adoptés relatifs à la qualité de l'air et à la pollution. L'exemple du Sénégal, qui a introduit un projet de loi visant, entre autres, à restreindre les importations de voitures d'occasion et, à interdire l'entrée aux véhicules de plus de cinq ans est à suivre, une solution passe par l'encouragement à livrer à la casse les vieux véhicules circulant. L'Algérie, le Maroc et l'île Maurice se sont lancés dans la voie des sources d'énergie renouvelables (éolienne et solaire) et de la transformation de déchets en énergie, l'Égypte distribue de l'essence sans plomb.

Diversité biologique:

L'Afrique possède quelques-unes des régions les plus riches de la planète du point de vue de la diversité biologique : les forêts du bassin méditerranéen, la forêt de Guinée, les îles de l'Océan Indien occidental, et le Karoo d'Afrique du Sud et du Botswana (plus de 4 800 espèces dont 40 % ne se retrouvent nulle part ailleurs). L'augmentation de la production forestière, agricole et minière, la pratique de la culture sur brûlis, le braconnage, l'invasion d'espèces exotiques, la méconnaissance de la valeur des ressources biologiques, et l'inadéquation des mesures d'application des législations relatives à la conservation, accroissent la pression sur le milieu naturel. Au total, 126 espèces animales et 120 espèces végétales sont portées disparues (2 018 autres espèces animales ainsi que 1771 espèces végétales sont menacées d'extinction), des initiatives de protection sont en cours à travers des partenariats avec des communautés locales, des tribus (connaissances traditionnelles) ou des opérateurs de l'écotourisme.

Alter-développement :

Les processus de développement classique ont produit des effets pernicieux qui remettent en question la reproduction de l'humanité et ses sociétés, il serait équitable pour les gens du Sud comme ceux du Nord, de penser à un développement « autre », à visage humain. Un développement équitable est une façon de penser le développement dans sa globalité et de valider le droit pour chaque être humain de trouver dans son environnement naturel et culturel les conditions nécessaires à son expression et à son épanouissement. Jusqu'à peu quand on parlait de développement, c'était toujours par rapport au Sud parce que c'était le Nord qui développait le Sud. Pourtant des exclus s'auto-organisent et survivent hors économie par solidarité, l'Afrique produit de la « richesse relationnelle » (S. Latouche). La croissance économique n'est pas partagée au Sud, une prise de conscience est nécessaire pour affirmer que « l'économie est une culture occidentale » et que le développement durable est une recherche d'alternatives pour le Nord au mépris du Sud. Les burkinabés ont un droit à accroître leur empreinte écologique et à connaître une autre forme de croissance, c-a-d un accroissement de leurs prélèvements, de leur production, de leur consommation dans une conception plus équitable de la répartition des richesses et des ressources de la planète. « Des choix générateurs d'injustice, de misère pour le grand nombre et de boulimie maladive pour une minorité » écrit P.Rabhi qui a mené de multiples expérimentations agricoles dans ces régions du monde. Au coeur de l'Afrique sahélienne, le Mali subit les aléas climatiques et pluviométriques qui entraînent la désertification au nord et des inondations au sud. Aujourd'hui les institutions financières internationales ( ex. financement Banque mondiale) jouent un rôle croissant dans les projets d'accès à l'eau et à l'assainissement mais les projets qu'elles soutiennent heurtent les publics bénéficiaires: prix de l'eau trop élevé, libéralisation du service au profit d'une gestion privée, problèmes de transparence et d'information des usagers, intervention des multinationales du Nord (souvent françaises) dans des pays pauvres avec des relents de néocolonisation.

La situation de l'environnement au Mali se caractérise par une dégradation continue des ressources naturelles et par une détérioration progressive des conditions de vie des populations, tant en milieu rural qu'en milieu urbain, elle est le fruit de la combinaison de facteurs climatiques (sécheresse, irrégularité de la pluviométrie) et démographiques (croissance de la population). Elle se trouve aggravée par le fait que l'activité économique du Mali est basée essentiellement sur l'exploitation des ressources naturelles (utilisation des sols pour l'agriculture, des pâturages par un élevage extensif, l'exploitation des lacs et des rivières pour la pêche, des forêts pour la production du bois). Enfin, quelques unités de transformation industrielles et artisanales existantes sont contaminantes. La population exploite de façon irrationnelle les ressources naturelles, les dégradations se caractérisent par la désertification progressive du pays, une pollution incontrôlée, l'ensablement du fleuve Niger et de la dégradation des berges. Le constat sur l'état des terres fait apparaître une baisse généralisée de la fertilité, avec 7 à 15% des terres mises en valeur actuellement abandonnées pour des raisons de perte de fertilité des sols, la superficie cultivée est augmentée de 4,7% chaque année, dont une partie (100.00 ha) par le défrichement des terres. Les forêts maliennes font l'objet d'une exploitation intensive (100 000 ha de forêts disparaissent/an) pour la consommation de bois de chauffe et de charbon de bois. Le Mali a ratifié la convention de Vienne, le Protocole de Montréal et les Amendements de Londres pour la protection de la couche d'ozone, aucune donnée disponible sur la pollution atmosphérique au Mali (faute d'installations de mesure). Le fort développement du trafic routier et l'absence de réglementation et de contrôle de pollution des véhicules et des industries entraînent la présence d'un nuage de pollution persistant à Bamako, les questions écologiques ne font pas partie des priorités gouvernementales. L'assainissement : On note des failles du système d'adduction et de traitement de l'eau, l'extrême rareté du traitement des eaux usées, sur le plan domestique, les installations sont individuelles. Les équipements existants chez les industriels sont rarement en état de marche. Les déchets de Bamako s'accumulent entraînant une pollution des eaux par infiltration des eaux souterraines, alors que 55% de la population urbaine utilise des puits pour s'approvisionner. Les analyses sur la qualité des eaux ont relevé des taux de pesticides, nitrates et métaux lourds parfois 3 fois supérieurs aux normes admises par l'OMS, Le déficit d'équipements publics est criant : le tout à l'égout concerne moins de 1,5% de la population et seulement 32% des ménages utilisent des latrines. Ainsi, selon le Livre Bleu publié par le Secrétariat international de l'eau en mars 2005, le Mali doit relever des défis majeurs pour atteindre les Objectifs du Millénaire d'ici à l'an 2015.

Les déchets :

Dans les grandes villes, la collecte des ordures est organisée, en quasi-totalité, de façon individuelle. Dans la capitale, Bamako, le centre-ville bénéficie d'un ramassage par les quelques camions dont dispose le service de voirie. Dans les quartiers périphériques, la collecte est assurée par des individus organisés en GIE (Groupement d'Intérêts Economiques). Le matériel utilisé est bien souvent une charrette tirée par un âne. Les sites de décharge sont, en théorie, répartis en sites de transit et sites terminaux, mais ils ne correspondent à aucune norme et sont en réalité des décharges sauvages et pérennes. Le Mali est confronté à un gros problème de déchets plastiques, les déchets industriels ne sont pas traités ni les déchets liquides (industries chimiques, textiles, etc.), la situation au niveau des petites entreprises artisanales (teintureries traditionnelles, ateliers de mécanique, etc.) est très critique.

En perspective, le Mali doit mettre en oeuvre une politique qui vise à :

- Assurer une meilleure adéquation entre populations et ressources naturelles à travers un aménagement du territoire national et la gestion durable des ressources naturelles.

- Améliorer le cadre de vie des populations en dotant les centres urbains et ruraux d'un minimum d'infrastructures d'assainissement et en luttant contre les diverses pollutions.

- Impulser un changement de mentalité et de comportement et assurer une participation efficiente des populations à la protection de l'environnement.

- Valoriser et mobiliser l'important potentiel de ressources en eaux et énergies nouvelles et renouvelables pour les mettre à la disposition des populations.

- Mettre en place un cadre institutionnel et législatif approprié pour la coordination et le contrôle des atteintes à la qualité de l'environnement.

La protection de l'environnement est un « luxe » qu'un pays pauvre comme le Mali ne peut assurer par ses propres moyens.


LA CRISE DE LA PECHE EN AFRIQUE

La crise écologique frappe l'Afrique de plein fouet : la question de l'eau, sous ses différents aspects, est sans doute l'une des plus préoccupantes. Les conséquences de la sécheresse, de l'érosion côtière, de l'urbanisation du littoral, l'exploitation abusive de la ressource halieutique, mettent en péril les populations affectées par la mondialisation. Aujourd'hui, la crise de la pêche constitue une menace majeure, révélatrice de la crise environnementale qui touche la planète et du désastre économique subi par les pays du Sud. En Afrique, et surtout à l'Ouest de ce continent, la pêche représente une source de revenus et d'alimentation pour plusieurs millions de personnes. Au Sénégal, par exemple, le poisson est la principale source d'apport en protéines pour les habitants (environ 75%), cela justifie les craintes que l'on doit avoir pour l'avenir de ses habitants. La première cause de la crise de la pêche est la concentration humaine sur les zones côtières (en moyenne 60%), cette concentration entraîne une forte pollution domestique et industrielle. L'utilisation des chaluts de fond constitue un danger pour le milieu marin et met la ressource en péril.

Enfin, le développement de la prospection pétrolière en mer, notamment en Mauritanie et en Guinée-Bissau, est un autre facteur de pollution. Or certaines prospections ont lieu dans des aires protégées marines, dans des conditions inadmissibles (surveillance insuffisante, technologie inadaptée). Il faudrait, au minimum, interdire l'accès des zones protégées aux prospections pétrolières. Naturellement, c'est la pauvreté des pays concernés qui conduit les Etats à accepter ces pratiques, en contrepartie de devises qui constituent pour eux une planche de salut. Tant que le déséquilibre Nord/Sud existera, le problème des prospections pétrolières se posera. Le problème de la ressource provient de la conjonction de plusieurs facteurs parmi lesquels on peut citer : l'exploitation abusive des stocks à haute valeur commerciale, une insuffisance d' études sur la ressource, l'absence de vision globale des politiques de pêche, les Etats privilégiant les approches nationales.

Depuis une vingtaine d'années, la pêche artisanale a connu un fort développement. Cette évolution est grave car les pêcheurs artisans opèrent dans la bande la plus côtière où se trouvent les zones de reproduction et les nourriceries. Faut-il pour autant les accabler? En rencontrant des représentants (en particulier ceux de Saly et de Saint-Louis, au Sénégal), on perçoit qu'ils sont les premiers à se plaindre de la situation vécue comme un engrenage qu'ils ne peuvent maîtriser. Parmi les problèmes qu'ils mettent en avant, il y a l'impossibilité de vendre leur pêche à un prix convenable. Ceci est dû en grande partie à l'absence de moyens de réfrigération qui les contraint à vendre le poisson noble à des cours dérisoires et qui les pousse à pêcher davantage pour accroître leurs faibles revenus. Le seul moyen de conservation du poisson reste la plupart du temps le séchage naturel, dans des conditions archaïques, le long des plages. Ces artisans luttent pour une évolution de leur profession: amélioration des conditions de travail, évolution de la législation de la pêche, reconnaissance du prix réel du poisson. Dans les accords de pêche, ils regrettent que les pays africains mènent de façon isolée les négociations, ce qui les met en position de faiblesse.

« A titre d'exemple, pour l'Afrique de l'Ouest, les pays membres de la Commission Sous Régionale des pêches (Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée et Cap Vert) pourraient s'associer pour négocier les accords de pêche, mais la divergence de leurs intérêts fait que cette approche est pour le moment difficile à réaliser. » écrit P.S.Diouf dans un rapport (1). Plus que la pression exercée sur la ressource par la pêche artisanale, c'est la mondialisation qu'il faut mettre en cause, c'est elle qui a permis l'accès au marché européen et nord- américain plus rémunérateur en encourageant la capture d'espèces à haute valeur. Ainsi le développement du commerce international a créé une forte demande sur certaines espèces : requins, raies, mérous, dorades., la durabilité de certaines espèces est compromise et par la même l'avenir de la pêche. De même les états côtiers de l'Afrique de l'Ouest ne pouvant exploiter toutes les ressources et se trouvant dans les eaux qui relèvent de leur juridiction permettent à des pays étrangers de venir pêcher dans leurs eaux. En contrepartie, ils reçoivent les devises qui manquent tant à leur économie, mais avec des contreparties financières injustes (nettement en dessous de la valeur des ressources capturées). En conclusion, la pêche africaine connaît une crise qui reflète de manière accentuée la crise mondiale et aggravée par la mauvaise santé des écosystèmes. S'il est nécessaire d'intégrer la protection de l'environnement dans les politiques de pêche, si des mesures concrètes doivent être prises pour protéger certaines espèces, pour reconstituer les stocks, s'il faut développer la recherche pour mieux connaître le milieu marin, il faut en finir avec un système qui surexploite abusivement les ressources, au détriment des populations locales. La régulation de l'effort de pêche ne pourra réussir que si elle est incluse dans une politique globale s'appuyant sur une réelle équité vis-à-vis des pays du Sud, et sur le respect des générations futures

(1) Pour une pêche durable en Afrique, rapport pour le WWF, par Papa Samba Diouf

Bernard CARON et Gwel@n





Afrique 27 janvier 2006

FSM BAMAKO

l’ENJEU sanitaire en question


Depuis une quinzaine d’années le tissu socio-sanitaire se remodèle, dans l’environnement malien, on peut identifier trois éléments capitaux dans cette reconfiguration :

- La libéralisation des professions médicales et pharmaceutiques et les privatisations de services induites

- L’émergence du secteur communautaire, sur l’initiative propre d’un quartier populaire de Bamako comme à Baconi (une proposition de modèle autogestionnaire des services de santé de 1ère ligne par la population)

- Le secteur traditionnel se déploie et devient une force de proposition même face à des maladies aussi importantes que le VIH SIDA

La médecine traditionnelle : Elle provient du pouvoir des ancêtres, depuis la nuit des temps avant la médecine moderne, les diverses générations y avaient recours pour soulager le mal des humains par l’utilisation des plantes, des racines, des décoctions. Mais ce pouvoir salutaire n’est légué à une personne dans la société africaine que si les grands parents constatent en lui certaines sagesses et responsabilités. Ainsi tradi-théraphie rime avec cultures, tribus qui sont détentrices de savoirs (par ex. les bozos, les hommes qui vivent en forêt). Vu l’importance de ces pratiques et leurs contributions à la médecine moderne, on distingue une organisation particulière : L’association de tradi-praticiens reconnue par l’Etat malien qui exerce dans la légalité, habilités à traiter certaines pathologies ou affections courantes telles la diarrhée, le paludisme, hémorroïdes, la dysenterie. Ces mêmes tradi-thérapeuthes ont une démarche qui leur est propre dans le traitement des maladies (rites avec incantations par ex.) et peuvent collaborer avec les services de santé classiques.

Le médicament générique et le marché pharmaceutique au Mali : Le libéralisme du marché a participé à la diffusion large de médicaments prohibés, l’origine de la commercialisation est identifiée par la distribution de produits illicites sur les marchés locaux avec comme provenance majeure : le Nigéria, le Ghana, Togo, Sénégal…Ces médicaments dont l’utilisation ne respecte pas les normes requises pour la vente et achetés par des gens qui estiment que le coût est abordable, sont vendus par des personnes ne maîtrisant pas la pharmacologie. Malgré la mise en place des officines pharmaceutiques dont le système de vente est réglementé, l’auto-médication est largement répandue, un fléau qui mine largement la société.

L’Afrique, berceau de l’humanité, souffre aujourd’hui de plusieurs maux :

- la dégradation continue depuis une trentaine d’années des conditions agroclimatiques compromettant les systèmes traditionnels de production agricole et la sécurité alimentaire.

- l’émergence de graves conflits sociaux intra et inter états

- la prolifération des maladies pandémiques et épidémiques

- la paupérisation croissante des populations

Pourtant, une prise de conscience se développe sur le continent, la collaboration Nord Sud est en voie d’être repensée. Encore à l’heure actuelle des pratiques sociales constituent des atteintes à l’intégrité physique des femmes et des enfants soumis au poids des traditions et des dogmes religieux. Dans la zone de Ségué (région de Mopti) on relève :

- des mariages précoces de filles impubères entraînant des traumatismes physiques et psychiques, des risques de stérilité et de complication

- l’excision

- des mutilations sexuelles féminines qui impactent la vie affective, sexuelle, gynécologique et obstétricale de la femme

- des tabous et autres interdits alimentaires exposent les femmes et enfants à des risques sanitaires et autres insuffisances nutritionnelles

- l’émigration des hommes vers les centres urbains accélére la chaîne de transmission des M.S.T

Cependant les pratiques néfastes à la santé tendent à être abandonnées au fil du temps grâce à une meilleure éducation et prévention (les jeunes filles sont de plus en plus scolarisées) et à l’influence des leaders d’opinion (chefs de village et différentes confessions religieuses). Ainsi, en Afrique de l’ouest aux difficultés sanitaires et alimentaires (malnutrition) s’ajoute la vente de médicaments dans la rue (cocktail explosif d’ignorance, de pauvreté et corruption). 25 % des médicaments consommés dans les pays pauvres sont des contrefaçons ou des produits de qualité inférieure (périmés). De même l’Afrique ne doit pas être la poubelle des pays développés ! Les réseaux Cyclamed de récupération de médicaments ont largement été montré du doigt au cours du FSM, la place des ONG est elle aussi profondément remise en question.

Frédéric & Gwel@n







Afrique 27 janvier 2006

FSM BAMAKO

ACTION : FEMINISME – AUTOGESTION
« Sur les traces de Thomas Sankara 1 »


L’économie sociale et solidaire existe depuis des millénaires sur le continent africain, la femme y joue un rôle fondamental, la participation féminine au forum 2006 est significative.

Aux thématiques d’importance de cette édition, la pauvreté, la guerre, les migrations il faut y ajouter l’auto-organisation féminine. Des milliers de femmes de tout le continent se sont emparées de l’espace d’ « expression alternative » pour témoigner de la vivacité de la résistance et la créativité féminine face à la dépression socio-économique ambiante par la force du débat, l’échange et la construction de réponses alternatives. L’univers des femmes traite des sujets aussi divers que les violences faites aux femmes, l’économie solidaire voire l’excision et des expérimentations multiples dans le domaine de la vie communautaire ou elle joue un rôle clef. La femme remplit des fonctions vitales dans les sociétés africaines et offre des débouchés non négligeables par l’économique, son émancipation est largement vérifiée par ses prises de parole dans les débats. La voie avait été tracée par la marche de femmes internationale à Ouagadougou, le féminisme puise dans ses racines en Afrique ou sa traduction exprime la richesse même et l’authenticité du mouvement.

Autonomie- autogestion économique

La consolidation de l’organisation familiale, l’auto-subsistance alimentaire, c’est là la réponse qu’offre la femme contemporaine qui résiste mieux aux agressions de la société de consommation et affiche son indépendance financière en se créant des revenus issus de pratiques et traditions autogestionnaires.

Libérer l’expression et créer son activité, c’est l’enjeu de l’autonomisation de la femme aujourd’hui en Afrique. Des débouchés significatifs sont apportés dans les domaines de la transformation des produits agricoles et les services, à travers le développement de l’économie locale (très souvent via le secteur coopératif) très foisonnant en Afrique de l’Ouest. Le Burkina Faso a montré la voie, le Mali n’est pas en reste. L’énergie déployée par la gente féminine aura marqué les esprits des participants du forum. En effet, le secteur associatif et mutualiste (qui va de pair ici avec activité professionnelle) participe du dynamisme et du développement local à travers la micro-économie essentiellement ; son organisation et fonctionnement (prises de décisions) témoigne d’un processus démocratique très avancé au sein de l’entreprise. Les micro projets y sont légion dans un contexte de marasme économique et constituent un pied de nez salutaire au libéralisme et à la privatisation galopante des services et transports (l’exemple du rail y est cité).

L’association des femmes de la collecte des ordures ménagères à Bamako est souvent citée en exemple, les coopératives de transformation et séchage (jus, bissap, oignon, mangue, banane, sésame, karité, attiéké, fonio, dégué, textile-bogolan…) sont parmi les plus influentes dans le tissu socio-économique régional. Ces coopératives alimentaires qui flirtent parfois avec la macro-économie (plus de 500 salariés) sont génératrices de revenus qui assurent par là même la promotion de la femme.

Afric’Microfinance

Le microcrédit largement pratiqué sur le continent n’échappe pas au secteur bancaire traditionnel, les contraintes des taux d’intérêt élevés laissent un goût amer aux initiatives peu consolidées financièrement. La tontine (épargne communautaire) reste la solution la plus pratiquée pour des projets de la micro économie. Une volonté manifeste s’exprime de s’affranchir de la coopération avec les ONG avec les processus de décentralisation en cours qui pourraient accélérer la réduction des intermédiaires et des partenaires financiers (collectivités territoriales). La CAFO (Coordination des associations de femmes maliennes) réunit à elle seule plus de 2 200 associations de femmes et assure la formation des salariés-coopératrices. L’accent est mis sur les programmes de développement social (de maîtrise de l’expression en public et démocratie participative), de la connaissance de l’environnement, de la culture et de l’éducation. Le ministère de la promotion de l’enfant et de la femme au Mali a une place importante dans le paysage gouvernemental, les femmes y jouent un rôle majeur, le « sankarisme » est encore vivace dans les esprits et imprègne durablement les défenseurs des paysans producteurs et transformateurs locaux en assurant sécurité et souveraineté alimentaires.

La micro filière du coton bio et équitable est en cours de création sur la colline de Lasa (par l’association artistique Ballakissa de Bamako), pourtant la grande distribution (via Dagris) a quelques longueurs d’avance.

Les solidarités par l’économique s’expriment sur l’ensemble du pays, les femmes apportent des réponses alternatives à l’économie mondialisée libéralisée, en faisant avancer avec elle toute la société africaine.

Le forum de Bamako aura permis de créer des passerelles, des solidarités entre les mouvements du Sud (Sénégal-Gambie-Mauritanie-Niger-Guinée-Centrafrique… principalement) qui devront être poursuivis à Nairobi. La mobilisation et la dynamique locale (portée par les femmes) doivent permettre de renforcer les solidarités notamment Sud-Sud et continuer à promouvoir la conscientisation des populations.

Trouver des réponses pour juguler les départs de populations vers l’enfer de l’Europe forteresse, c’est là le défi abordé dans les ateliers sur les migrations (souvent motivées par l’exode économique et rural), les femmes ont démontré leur savoir faire et leur capacité à mieux résister et à s’autogérer, reste à convaincre les hommes eux-mêmes !

En arrivant au pouvoir, Thomas Sankara (1949-1987), jeune capitaine marxiste, fait rebaptiser la Haute Volta. Il incarne un espoir pour le continent et un renouveau politique, c’est un leader d’opinion, révolutionnaire au " pays des hommes intègres " : le Burkina Faso

Idrissa & Gwel@n






Afrique 27 janvier 2006

FSM BAMAKO

En marche : AFRIQUE – SOCIETES – CULTURES


La marche introductive du Forum Social Mondial version africaine a laissé place à une 1ère journée qui s’est achevée par un évènement culturel majeur : le concert de Tiken Jah Fakoly.

Le rythme africain de l’édition 2006 aura offert un espace notoire à la revendication culturelle dans un pays ou la réalité ethnique trouve un terrain de revendication représentatif des particularismes : bobos, dogons, sarakolés, touaregs…, les diversités investissent le champ du forum le temps d’une expression plurielle largement sous-estimée sur le plan national soumise à l’empire dioula.

Forum social africain en 2002, Forum des peuples à partir de 2002 (contre - sommet africain au G8), Forum sur le coton africain en 2004…2

Le Mali s’est imposé sur la scène de la contestation antilibérale à travers ses mouvements sociaux dans un pays musulman aux forts accents de contestation occidentale même si la participation de la population au cours du Forum 2006 est restée en deça des prévisions (15 000 participants recensés). L’appréciation du champ politique national et le fatalisme ambiant y sont pour beaucoup à l’heure de l’immobilisme gouvernemental ; des signes encourageants depuis le début du processus alternatif africain laissent cependant entrevoir des lueurs d’espoir, sur le champ culturel en particulier.(voir en bas)

Pan-Africanisme

Le souffle apporté par les diversités culturelle et politique présentes au forum donne une coloration particulière à cette édition au cours de laquelle on tente sur le continent de construire l’union africaine. Faire avancer la convergence des altermondialistes africains qui avaient été largement divisés les années précédentes et dynamiser les acteurs locaux, c’est là le défi de cette grande agora. Les échanges d’expériences entre les responsables des importantes délégations nord-africaines, kenyanes et togolaises avec leurs homologues maliens ont l’ambition de fédérer l’énergie africaine avant l’édition de Nairobi en 2007, reste à construire ensemble !

L’actualité du Togo après 38 ans de règne sans partage et sanguinaire de l’ami de Chirac Eyadéma fait grand débat au royaume de la francophonie et laisse des traces indélébiles. La lutte d’un peuple pour la liberté approfondit la question de la souveraineté nationale sur le continent plusieurs décennies après une décolonisation inopérante.

« Valoriser les ressources humaines » c’est aussi un enjeu majeur pour le continent à l’heure des baromètres du tout - économique, c’est ainsi le thème retenu pour la conférence menée par D. Mitterrand (France Libertés) avec la proposition d’indicateurs alternatifs comme solutions à l’empirisme du revenu financier. Concernant l’évolution de la société malienne, le thermomètre de la situation sanitaire n’est guère encourageant avec la profusion du commerce de rue des médicaments et des vitrines géantes de pesticides (les boites métalliques type Roundup y sont recyclées en jouets pour enfants). La gangrène du médicament de la contre façon ou périmé en Afrique de l’Ouest touche particulièrement la population pauvre et illétrée, l’auto-médication rime avec exclusion sociale. Pourtant les chasseurs à qui l’on prête des dons surnaturels veillent au grain, la confrérie est puissante et régule le patrimoine cynégétique en introduisant des vertus médicinales issues de traditions millénaires. Les privatisations en cours laissent planer dans le domaine de la santé de sérieux dangers pour les populations locales. è (à suivre article spécial santé)

Dans la rubrique culturelle :

· Avec « l’enfer des anges », création temporelle de la compagnie Hamma Méliani et une association artistique d’étudiants de Bamako, nous entrons dans l’univers occulté des damnés de la Terre. Cette pièce de la troupe d’Ivry/Seine montre la dure réalité des migrants et les atrocités de nos société qu’elles enfantent : prolifération du SIDA, commerce illicite des médicaments et corruption galopante. Un théâtre de vie empreint de poésie représentant une multitude de personnages surréalistes au camp des jeunes Thomas Sankara. (spectacle à accueillir dans vos salles en France)

· Un grand bain populaire dans l’univers reggae africain avec le show de Tiken Jah Fakoly, l’enfant du pays » ivoirien qui chante en bambara. 15 000 personnes pour un spectacle grandeur nature, une frénésie de rythmes endiablés aux accents politiques d’unité africaine teintée de sentiments révolutionnaires anti-Françafrique. Des textes, une énergie et un public survolté acquis à sa cause qui vaut tous les discours politiques surannés, la culture rasta a de beaux jours africains devant elle…Exilé à Bamako, TJF est un chanteur entré en résistance « face à des prêts à tout qui ont utilisé la fibre régionaliste, attisé les clivages religieux et aujourd’hui le néocolonialisme », et qui a choisi de quitter la Côte d’Ivoire et sa jeunesse désabusée. Cette jeunesse abidjannaise fournit aujourd’hui une bonne partie des miliciens du Front Patriotique ivoirien (FPI), parti de Laurent Bagbo.

L’environnement du Forum nous plonge singulièrement dans la dramaturgie de la dette vilipendée par la Coalition des alternatives dettes et développement du Mali (CAD) très présente dans l’organisation et représentée par Aminata Touré Barry, thème chanté par TJF :

« Ainsi donc l’Afrique doit du fric ! Afrique esclavagisée, colonisée, Martyrisée, dévalisée Ainsi donc l’Afrique doit du fric ! »

1-transport collectif
2-prolongement au Forum Social Maghrébin 27 au 29/01

Gwel@n


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