TRIBUNES LIBRES
     
 
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Egalité des droits 11 septembre 2005

PRISE DE POSITION SUR L'EGALITE DES DROITS


La Commission des Jeunes Alternatifs a souhaité apporter sa contribution au débat sur l'homophobie, contribution soumise au mouvement en vue de son congrès national, en novembre 2005. Il nous semble fondamental que notre organisation s'empare, à son tour, de ce débat et se positionne clairement à son sujet. La contribution suivante prend appui sur la Plate-forme pour l'égalité des droits, dont les Alternatifs sont déjà signataires sans qu'il y ait eu pour autant une réflexion et une concertation approfondies.

La Plate-forme pour l'égalité des droits prend tout son sens à l'heure où les actes de violences et de discriminations homophobes se multiplient sur notre planète. L'agression particulièrement violente d'un jeune homme homosexuel dans le Pas-de-Calais, le 16 janvier 2004, s'ajoute à la liste des nombreuses attaques visant les lesbiennes, les gays et les transsexuels. Les déclarations du gouvernement français en réaction à cet acte barbare ne se sont avérées convaincantes. Pire : les récents propos d'un député UMP qualifiant l'homosexualité de « menace pour l'humanité, une forme de racisme » et préconisant la « rééducation » des homosexuels prouvent l'urgence d'une mobilisation contre la banalisation grandissante de l'homophobie, notamment dans la classe politique. Le débat sur le mariage homosexuel en France peine à avancer, cela même alors que la situation internationale dans le domaine de l'accès aux droits par des couples de même sexe est en pleine mutation. A l'heure de la vague progressiste qu'a engendré la victoire du Non au référendum sur le Traité constitutionnel européen, les forces de gauche se doivent plus que jamais de faire de la lutte contre les discriminations sexuelles une des composantes prioritaires de leur programme politique. Aucun progrès réel dans l'accès à l'égalité des droits ne peut aboutir sans une forte volonté d'élus dont le rôle est aussi de faire avancer les mentalités, de bousculer l'opinion publique. Dans ce sens, les Jeunes Alternatifs soutiennent la proposition faite au gouvernement d'officialiser une campagne nationale de lutte contre l'homophobie : campagne de sensibilisation, de médiatisation, de communication, outil de combat contre les discriminations, l'ignorance, le refus d'accepter les différences.

Tant que les lesbiennes, les gays et les transsexuels resteront des « sous-citoyen(ne)s » selon la loi, elles et ils continueront à être insultés, stigmatisés et agressés. La pression et le harcèlement dont sont victimes ces publics dépassent largement la sphère privée et doivent être condamnés dans toutes leurs dimensions : relations familiales, sociales, professionnelles, avec les institutions... La non application des lois relatives à l'égalité hommes-femmes dans les domaines de l'éducation et du travail ainsi que les inégalités de droits fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre participent des violences faites aux femmes, aux lesbiennes, aux gays, aux bis et aux trans. La conscience collective reste prisonnière des valeurs patriarcales dans lesquelles l'attrait pour le même sexe est totalement prohibé. Nous défendons le principe d'égalité en droits comme en faits, étape nécessaire pour lutter contre les discriminations fondées sur le sexe, l'orientation sexuelle ou l'identité de genre. Nous attendons donc du gouvernement français et des pouvoirs publics, aidés des structures adéquates (associations, syndicats, etc.), qu'ils mettent tout en place dans la lutte pour la dite égalité des droits, contre l'ignorance collective et les préjugés, contre le sexisme.

Nous exigeons des mesures éducatives et législatives à la hauteur de la situation :

- La modification de l'article premier de la Constitution, assurant l'égalité des citoyen(ne)s sans distinction d'origine, de race ou de religion, pour y ajouter la notion d'égalité sans distinction de sexe, d'orientation sexuelle, d'identité de genre.

- La mise en application de la condamnation des discriminations et de la pénalisation des propos (injures, diffamation, incitation à la haine) sexistes, homophobes, lesbophobes et transphobes. Il est en effet inadmissible que les victimes des dites discriminations continuent à être humiliées, notamment dans certains commissariats qui refusent encore d'enregistrer leurs plaintes ou tentent de les culpabiliser.

- La mise en place d'une politique efficace de prévention de l'homophobie, de la lesbophobie, de la transphobie et du sexisme en milieu scolaire et dans les organismes accueillant du public (OFPRA, institution pénitentiaire, CNAM, Police Nationale.) ainsi que dans les entreprises. Il revient en particulier à l'Education Nationale de mener cette mission pédagogique auprès des jeunes générations, premières victimes d'une homophobie particulièrement destructrice à l'adolescence. Cette mission doit être activement soutenue par les pouvoirs publics, les associations et les centres de formations oeuvrant dans ce domaine. Des expériences de sensibilisation au sein d'établissements scolaires français, menées en collaboration avec les conseils généraux et régionaux, ont montré l'importance de leur impact sur les jeunes et méritent d'être développées. D'autre part, rappelons que les jeunes homo/bi-sexuels masculins âgés de 15 à 34 ans ont 4 à 7 fois plus de risque de faire une tentative de suicide que les jeunes hétérosexuels. Quant aux filles, ce risque est accru de 40%. Lutter contre l'homophobie dans les écoles, c'est d'abord prévenir le suicide !

- Le droit au mariage civil pour les couples de même sexe ; l'extension aux couples homosexuels de l'ensemble des avantages (sociaux, fiscaux, séjours) dont bénéficient les couples hétérosexuels ; l'égalité des droits entre les différents statuts civils et fiscaux : PACS, mariage, concubinage et célibat. A ce jour, les couples dont un des membres est extracommunautaire restent confrontés à de nombreux obstacles dans la signature du Pacs : longueur de procédure, enquêtes humiliantes sur la vie privée. En outre, l'engagement de M. Chirac concernant l'asile d'homosexuels vivant dans des pays où ils risquent l'emprisonnement (voire la mort du seul fait de leur homosexualité) n'a pas été suivi lors de la discussion de loi sur le droit d'asile adoptée définitivement le 18 Novembre 2003.

- L'accès aux dons du sang, d'organes, de moelle osseuse et, par là-même, l'arrêt du fichage des donneurs interdits pour cause d'homosexualité. Une discrimination d'autant plus absurde qu'un test virologique est effectué à chaque prélèvement.

- L'adoption quelque soit l'orientation sexuelle, l'identité de genre ou le statut marital du (de la) demandeur. A ce jour, plus de 7% des gays et 11% des lesbiennes sont déjà parents, 36% des gays et 45% des lesbiennes souhaitent le devenir. Cela signifie que des centaines de milliers de personnes en France sont à la fois homosexuels et parents et qu'en Europe, il s'agit de millions de personnes. Ces chiffres illustrent le fait qu'un profond changement a eu lieu dans la manière dont les personnes homosexuelles envisagent leur devenir. Ils ne considèrent plus qu'être homosexuel les empêcherait d'être parents et d'avoir une descendance. De plus, l'homosexualité est une manière comme une autre de vivre sa sexualité. Cette dernière a-t-elle une incidence sur l'aptitude à élever des enfants ? De nombreuses études démontrent que ces enfants ne présentent ni plus ni moins de troubles que lorsqu'ils sont élevés dans une famille où sont présents les deux sexes au quotidien. Qu'il s'agisse du développement psychologique, de l'identité sexuelle, de l'estime de soi, de la réussite professionnelle ou de l'orientation sexuelle. Le monde alentour apporte tous les jours, des modèles bisexués qui relativisent l'absence de l'autre sexe au sein de la cellule familiale.

- Que les transsexuels ne soient plus classés comme malades mentaux par le système de soins français.

- La simplification de la procédure de changement d'état civil pour les transexuels qu'elles ou ils soient opéré(e)s ou non, et l'accès à une prise en charge médicale choisie, rapide et efficace.

Rapporteurs de la contribution : Gabriel MAFFRE et Thomas GENTIL


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