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Consommation 12 janvier 2005

Alter-conso dans le Projet Rouge et Vert.

Choix d’une autre consommation à travers l’alimentation et Alternatives d’achat

Un Constat

-Société de consommation, consumérisme effréné des 80’s remise en cause à partir des 90’s
-Intérêt pour l’écologie et préoccupation pour la santé (maladies modernes et allongement de la vie)
-Part du budget alimentaire des ménages moins importante/passé (14.5%)
-Augmentation de la consommation de viande (et protéines d’origine animale, 4fois + qu’en Afrique),
-Uniformisation alimentaire, mondialisation des approvisionnements, diversification des habitudes alimentaires, surconsommation (obésité)
-Forte diminution du nombre d’agriculteurs (4% de la population active), développement de l’élevage et culture hors-sol (tomates, concombres)…Øproductivisme et dépendances
-Insécurité alimentaire : fièvre aphteuse, « vache folle », listeria, salmonelle, dioxines…
-Médiatisation de la mal bouffe et des actions de la confédération paysanne
-Epuisement des ressources énergétiques, chasse aux gaspis, d’autres voies énergétiques sont expérimentées (énergies renouvelables), habitat sain, qualité de vie (classement des villes en France). Les conditions de vie se sont dégradées au niveau de la qualité de l’air, de l’eau...Les conséquences écologiques sont constatables.
-Inégalités devant les choix alimentaires, la malnutrition est avérée dans les écoles, la précarité et l’insécurité sociale augmentent, l’exclusion se renforce même devant l’assiette.

L’idée de consommer moins fait son chemin de même qu’apparaît la consomm'action et l’éducation à une alimentation saine et équilibrée. En consommant autrement, c’est un acte qui devient politique par l’achat responsable ou le non achat, un reflux de responsabilisation citoyenne. Indissociables dans le projet, le rouge (social et santé) et le vert (environnement) se combinent à travers nos préoccupations contemporaines et particulièrement au moment de l’acte d’achat et du passage à table. Les problèmes de l'alimentation sont au coeur d'une série d'enjeux culturels, sociétaux, économiques et bien sûr de santé publique.

1- Respect de l’Environnement
2- Ethique économique
3- Santé

Le règne des grandes marques et de la consommation à outrance des 70’s est passé, avec la remise en cause d’un modèle économique, le consommateur réclame des droits fondamentaux face aux grands groupes industriels : le respect de l'environnement, l'éthique économique et la santé. Et si il n'obtient pas satisfaction, le consomm'acteur agit, il boycotte, il part en campagne (en association, en groupements de pression pour alerter l'opinion publique). Il peut influencer l’économie en créant de nouvelles normes, de nouveaux labels qui répondent à ses exigences (en payant plus cher pour les favoriser), en sanctionnant les produits qui ne répondent pas aux critères écologiques, un lobbying se développe (pétitions, cyberacteurs).

1- Dans ses choix au quotidien, le consommateur peut faire pression en n’achetant pas des produits polluants et en s’informant de l’incidence sur notre entourage. L'Union Européenne, a pu imposer des normes de plus en plus restrictives à l'industrie automobile : un véhicule neuf, essence ou diesel, pollue aujourd’hui dix fois moins qu’il y a dix ans. Les aérosols contenant du CFC, un gaz susceptible d'aggraver le trou dans la couche d'ozone, ont été interdits. La gestion des déchets ménagers a aussi considérablement évolué en France. On a ainsi vu apparaître le tri sélectif, des incinérateurs avec de nouvelles normes de rejets atmosphériques, le recyclage, et enfin les éco-emballages. On peut favoriser les emballages recyclables et recyclés, voir même favoriser les emballages totalement bio-dégradables, encore trop rares (apparition de logos).

Dans le domaine énergétique aussi, des normes se sont imposées (informatique et hi-fi) avec des normes écologiques présentes pour les matériaux utilisés, la consommation en énergie de l'appareil (en marche et en veille) et les émissions électromagnétiques des écrans. Pour l'électro-ménager, ce sont de petites fiches aux normes européennes qui sont apposées sur les appareils neufs : elles signalent par un "A" les appareils les moins gourmands en énergie.

Enfin, l’exigence de qualité des produits d’alimentation croît face aux industries agro-alimentaires. Suite aux psychoses héritées de la vache folle, la grippe aviaire, du poulet aux hormones, des nitrates dans les nappes phréatiques, de l'élevage intensif, des pesticides, des pluies acides, de l'irrigation à outrance, de la prolifération des OGM, les produits bio, AOC et labels rouges se développent et gagnent les consommateurs. Les produits ne sont pas pour autant certifiés meilleurs pour votre santé (aucune étude scientifique n'a réussi à démontrer un quelconque bienfait des produits bio pour l'organisme, par rapport à d'autres produits classiques). Par contre, ils seront meilleurs au goût dans tous les cas, et, pour les produits bio (sans intrants industriels), le temps de maturation garantit une meilleure qualité. L’association Eaux et Rivières de Bretagne a initié une campagne citoyenne contre les fournisseurs d’eau (impropre à la consommation courante) en gagnant des procès au tribunal de Guingamp.

2- Préoccupation apparue plus récemment, l'éthique est en vogue, avec le développement du commerce solidaire, dont le nombre de produits et la présence dans la grande distribution s’est largement diffusé. Le label de commerce équitable garantit que le produit a été acheté à un prix "juste" aux producteurs et produit dans des conditions respectueuses des droits de l'Homme et de l'environnement. C’est un partenariat commercial offrant de meilleures conditions commerciales et une sécurisation des droits, les collectivités locales peuvent l’intégrer dans leurs appels d’offres (restauration). Les filières se diversifient avec les vêtements et produits d’artisanat. Le label Max Havelaar (fondé en 1988) est le label de référence omnipotent dans le C.E, la vente dans la grande distribution fait débat, l'éthique commerciale parait tout de même très éloignée des objectifs de la grande distribution. Les produits issus d’un commerce « plus » équitable sont souvent un peu plus cher, mais ils sont souvent de qualité supérieure, ils peuvent cumuler le label « agriculture biologique ». Des produits locaux sont commercialisés en ligne (Paysans.fr, produits fermiers délivrés directement au consommateur). Les circuits courts de distribution se multiplient avec des regroupements de consommateurs : AMAP, Jardins de Cocagne, paniers du Val de Loire suivent cette voie et souvent dans un esprit coopératif. Les français dégustent des produits de terroirs particuliers (vins ou fromages AOC), représentation du patrimoine culturel local. Depuis 1992 il existe dans l’Union Européenne les AOP (appellations d’origine protégées), des IGP (indications géographiques protégées) et STG (spécialités traditionnelles garanties), la France est le pays qui réunit le plus d’AOP (56) et d’IGP (65), ces regroupements exercent du lobbying au sein d’une structure internationale (ORIGIN) et dans l’enceinte de l’OMC.

3- La pollution, la mal bouffe, le stress, la précarité sont parmi les causes principales de nos maladies d’aujourd’hui. En France, les cancers ont progressé de 63% en 20 ans. La pollution atmosphérique est responsable de plus de 15 00 morts/an en France. Pourtant aucun label ne se préoccupe de notre santé, peu d'études également, les droits sont défendus en association comme l'UFC-Que Choisir, qui tente de faire évoluer les législations depuis 1951 (dernières requêtes auprès des banques, la téléphonie, SMS) ainsi que dans son combat contre les aérosols cancérigènes. On est loin des revendications des actions de consommateurs des syndicats réclamant plus de pouvoir d’achat. Le Pr Belpomme (initiateur de l’appel de Paris) publie un livre :« ces maladies crées par l’homme » ! Pourtant, les scientifiques sont peu influents, les lobbys pharmaceutiques veillent au grain, la recherche française subit.

Le principe de précaution doit se développer avec les menaces notamment autour de l’arrivée en masse de produits OGM, le suivi des produits doit être encouragé, l’étiquetage fait son chemin malgré l’omnipotence de l’OMC et des USA. De même, soucieux de traçabilité (origine des produits et méthodes de culture et d’élevage), les consommateurs se préoccupent du bien-être des animaux et d’agriculture durable.

D’autres façons de consommer :On peut aujourd'hui avoir une influence sur les choix de développement futur. En privilégiant certains produits plutôt que d'autres, en étant attentif à ce qu’on achète, en se regroupant, il est possible d’influer sur la politique des grands groupes industriels (campagnes d’information et actions de consommation), la conscientisation avance, des mouvements émergent à l’image du « Slow Food » préconisé par des italiens (gastronomie et qualité de vie).

La question du repas et la mobilisation citoyenne sont essentielles, via les assos et l’éducation (école et restauration collective) en luttant contre la mal bouffe (notamment chez les plus défavorisés, 1 million d’enfants pauvres selon le CERC) en remédiant aux dérives des comportements alimentaires. Enfin, on doit connaître et maîtriser la chaîne des acteurs de l'agroalimentaire, des denrées alimentaires, issues de préférence d'une agriculture respectueuse de l'environnement, privilégiant les produits de saison, économes en emballage, en distance de transports, et traitant la question des déchets.

D’autres voies sont possibles sur le plan écologique et agricole pour résoudre le problème de durabilité (maintien et soutien de l’emploi agricole et frein à la concentration des exploitations). Au niveau planétaire et à l’heure de la mondialisation libérale, il faut, pour encourager un éco-développement solidaire:
-rendre l’économie plus humaine tout en préservant le patrimoine naturel, en respectant l’environnement mais aussi l’éthique dans la façon de consommer.
-une politique agricole commune soucieuse de préservation des ressources, assurant la sécurité alimentaire et un développement soutenable et équitable.
-instaurer des méthodes de travail réduisant l’utilisation d’intrants, en luttant contre l’érosion des sols et la déforestation, en préservant les ressources en eau et en garantissant une alimentation saine aux populations.
-que les pays accèdent à la souveraineté alimentaire, c-a-d une situation dans laquelle les besoins alimentaires nationaux peuvent être assurés sans faire appel à des importations.

Gwelan

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