TRIBUNES LIBRES
     
 
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Gauche 14 mai 2006

L’ESPOIR UNITAIRE



En nommant Villepin à la tête du gouvernement, Chirac voulait mettre entre parenthèse le NON du 29 mai. Un an après et quelle que soit l’issue de la nauséabonde affaire Clearstream, c’est bien le peuple qui est en train de reprendre la main. Car la victoire contre le CPE ressemble beaucoup à celle du 29 mai 2005. Au moins pour trois raisons :

La première, c’est qu’en obligeant le gouvernement à retirer un contrat de travail hautement symbolique de la flexibilité des êtres humains réclamée par l’étape actuelle du capitalisme et les actionnaires, les jeunes, les travailleurs et la société viennent d’infliger un deuxième coup d’arrêt au libéralisme dominant.

Ensuite, parce que la dynamique de ce mouvement gagnant a puisé sa force dans la capacité des forces sociales, citoyennes, syndicales et politiques à se rassembler pour un même objectif.

Enfin, comme pour le 29 mai, chacun des acteurs, chacune des organisations s’est mis au service du mouvement, sur un pied d’égalité et dans le respect de la diversité des approches et des apports.

Les ferments d’une union populaire sont là. C’est-à-dire dans un mouvement de luttes, d’initiatives, d’idées, de conquêtes et de pouvoirs, dont le centre de gravité devient l’union des citoyens eux mêmes.

Mais en 2007, sans une offre politique construite sur ce mode, donc complètement nouvelle, cette dynamique antilibérale potentiellement majoritaire à gauche, n’existera pas ; et l’énorme envie de balayer la droite, se fera par défaut vers des candidatures encore porteuses d’une vision d’adaptation, mais électoralement crédibles.

Il y a donc urgence à bousculer cette donne et à sortir des calendriers préétablis séparément par chacune des forces porteuses de projets antilibéraux.

La bipolarisation, naturellement favorisée par la Vème république et dans laquelle on veut à tout prix enfermer le débat politique, est un piège. Mais elle existe aussi par absence d’une offre électorale unitaire, d’autant moins compréhensible qu’une charte des antilibéraux de gauche est entrain de se concrétiser, sous l’égide des collectifs du 29 mai.

Si aujourd’hui il est rassurant de voir les fenêtres du Pcf, de la Lcr, d’autres forces antilibérales toujours ouvertes et d’observer que Les Verts hostiles au TCE se structurent (Alter Ekolo, Les Verts pour une autre Europe), il est par contre inquiétant de constater que ces forces n’ont toujours pas trouvé le chemin d’une volonté politique affirmée unitairement. Car personne ne souhaite que l’horizon en 2007-2008 ressemble encore à celui des 25 dernières années.

Il faut maintenant avancer, en se rappelant que la dynamique victorieuse du Non à gauche ne s’est pas faite dans la juxtaposition de trajectoires parallèles, mais dans la mise en commun à partir de l’alchimie unitaire déclenchée par l’appel des 200.

Nous retrouvons cette ambition gagnante dans l’appel pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale en 2007 que nous avons signé, comme l’ont déjà fait 650 citoyens et militants des Bouches-du-Rhône.

Car quel constat faisons nous ?
Depuis plusieurs années nous avons cherché à dégager des propositions antilibérales communes. Nous y sommes pour l’essentiel arrivés, même si les débats sur nos visées singulières pour une autre société ne sont pas achevés.

Nous avons milité pour dépasser une conception délégataire de la politique. Nous entrevoyons le bout du tunnel. Nous avons appris à respecter l’apport de chacun pour travailler ensemble sur un pied d’égalité.

Et au moment où tout cela peut se constituer en une force politique unitaire, crédible pour battre la droite et rompre avec le cycle des renoncements et des régressions depuis le tournant de 1983, nous prendrions le risque de gâcher cette possibilité par notre dispersion électorale ?

Ce serait inaudible, inintelligible et surtout annonciateur de cruelles déceptions. Ainsi, s’il doit être clair que les objectifs d’un tel rassemblement sont incompatibles avec la participation à un gouvernement placé sous domination sociale-libérale, il doit être également clair que tout devra être mis en œuvre pour battre la droite et rendre ces objectifs incontournables pour toute la gauche.

S’agissant de la représentation de ce rassemblement à la présidentielle, plusieurs propositions sont évoquées. Aucune n’est à rejeter a priori. Mais doit d’abord s’affirmer le principe d’une candidature commune et portée en commun sur ce qui nous rassemble dans le projet antilibéral, appartenant à tous sans être la propriété de personne ou d’un parti.

Les milliers de signatures sur l’appel et la qualité des débats qu’il suscite le prouvent : une formidable attente, exigeante mais optimiste, se manifeste dans le pays pour la réalisation de ce rassemblement. Une attente que nous ressentons partout autour de nous dans un département où les résistances aux politiques libérales sont particulièrement fortes.

Passons la vitesse supérieure. Faisons de cet appel un trait d’union pour d’autres signatures et d’autres initiatives, afin de dénouer ces deux questions stratégiques d’alliance et de représentation qui font encore obstacle.

Charles ANDREANI, syndicaliste Cgt RTM –
Ariane ASCARIDE, comédienne –
Magali BRACONNOT, Les Alternatifs 13 -
Robert BRET, sénateur Pcf –
Brunehilde CARASSO, étudiante -
Armelle CHEVASSU, militante associative, collectif 29 mai Marseille-centre –
Michel COSTES, militant de Solidaires 13 -
Marie DUCATE, plasticienne –
Frédéric DUTOIT, député Pcf –
Daniel FONTAINE, maire d’Aubagne -
Philippe GARDIOL, Les Verts -
Claudie HUBERT, avocate, militante associative -
Jean-Paul ISRAEL, syndicaliste Cgt SNCM –
Rémy JEAN, Lcr -
Françoise LAROCHE, syndicaliste Protection Judiciaire de la Jeunesse –
Jacques LERICHOMME, militant de la Fondation Copernic –
Jean-Paul MOATTI, professeur des universités (Economie) Marseille -
Claudette MONTOYA, syndicaliste Cgt Carrefour –
Lily MONTROZIER, travailleur social -
Sylvie PILLE, enseignante, militante associative


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