Katrina |
14 septembre 2005
|
LE "GROUND ZERO" DE L'AMERIQUE
Alerte à la tiers-mondisation américaine et au changement climatique
Katrina nous ramène au niveau 0 de la politique sociale et
environnementale outre-atlantique, la catastrophe naturelle de Louisiane
révèle l'ampleur de la misère sociale aux Etats-Unis. L'ascenseur social
ne fonctionne plus aux U.S.A, la discrimination positive si chère aux «
politiques » est en panne et les afro-américains le paient notoirement, la
colère est noire.
Un cauchemar en Louisiane bien réel, que l'Amérique et l'Etat fédéral le
plus riche du monde (ressource pétrolifère) ont refusé d'admettre, les
secours ont été plus longs à mettre en ouvre que dans les pays touchés par
le tsunami. On découvre le visage caché d'une région, la pauvreté, une
dégradation impressionnante du paysage social interne, des populations
vulnérables. Le système génère des inégalités, de l'exclusion et les
vulnérabilités augmentent avec la catastrophe qui n'est pas si naturelle.
Les cataclysmes (cyclones, ouragans) dans la région des Caraïbes sont
récurrents, la prévention des risques l'est moins. La gestion tardive,
désordonnée et inefficace de la crise interpelle, les Etats-Unis peu
préparés ont de faibles moyens civils pour faire face à une catastrophe
naturelle. Katrina est devenu l'ouragan de destruction massive, témoin des
impuissances américaines. Cette situation met en avant le paradoxe
américain : la capacité d'un pays à produire de la richesse et une
fracture sociale alignée sur la question raciale.
Les inégalités sociales et raciales de la riche Amérique ont été exposées,
la crise est devenue politique, les populations en détresse ont été
considérées comme des « réfugiés », la tension raciale s'est alors
exacerbée. Majoritairement noire (près de 70%) la population de la
Nouvelle Orléans a vu sa population blanche quitter la ville de longue
date pour l'autre rive du lac Pontchartrain, la ségrégation est affirmée.
Les Etats-Unis après 25 ans d'allègement d'impôt et de réductions ont
privé le service public de sa capacité à ouvrer pour le bien commun. Le
mauvais entretien des infrastructures publiques, la destruction des
services sociaux, le mythe de la privatisation accompagnent l'impuissance
d'un gouvernement plongé dans une psychose antiterroriste. L'absence
d'Etat et de service public lors d'une catastrophe aura permis à la FEMA
[Agence fédérale de gestion des situations d'urgence] de privatiser le
programme destiné à faire face au désastre provoqué par l'ouragan. Les
coupes budgétaires auront sans doute privé la protection des côtes au
profit du désert irakien.
Comment dès lors surmonter la menace climatique dévastatrice pour les
populations et l'économie locale ? Les caprices de "Mother Nature" ont des
remèdes : une forte diminution des émissions de gaz à effet de serre et un
réaménagement urbain. La disparition des marécages du littoral qui
absorbaient la montée des eaux et le défaut d'entretien des digues ont
accru la menace sur la ville. L'administration Bush minimise l'ampleur du
phénomène climatique en refusant notamment de signer le protocole de
Kyoto. Les accords internationaux sont au point mort et les intérêts
économiques du pays priment sur la stabilité climatique planétaire. Les
scientifiques eux sont persuadés que la température plus élevée des océans
et des eaux de surface, d'où l'ouragan a tiré sa puissance destructrice,
est bien la conséquence du réchauffement global dû à l'homme. Les cyclones
de ce type ont vu leur intensité augmenter de 50% au cours des dernières
décennies, des effets plus violents sont à craindre. Les climatologues
démontrent que les grandes tempêtes dans l'Atlantique et le Pacifique
s'intensifient et cette tendance est étroitement liée à l'élévation de la
température moyenne de la surface des océans. Bush doit revoir sa copie,
l'attitude irresponsable des plus grands pollueurs et des pays les plus
développés a un coût très élevé aujourd'hui.
L'Europe n'est pas épargnée, comme le montrent les sécheresses, tempêtes
et inondations de 2005 comme celles en Roumanie, en Autriche et en
Allemagne. Sécheresse et feux de forêt au Portugal, ou tempêtes du début
de l'année en Scandinavie et dans les pays Baltes. L'Europe doit relever
le défi. L'inertie domine, les accords passés ne sont pas assez
contraignants, les secteurs industriels et leur lobbys font la loi. Les
émissions de G.ES des pays industrialisés devront avoir diminué
drastiquement (min.30%) en 2020 par rapport à leur niveau de 1990, les
pays riches doivent participer à l'aide financière et technologique sur la
base d'énergies non polluantes.
Il revient à relever le défi écologique pour un monde juste : contre
l'érosion des ressources physiques de la Terre et pour les richesses
culturelles de l'humanité. L'exploitation des mers et les forêts, les
espèces vivantes et des sous-sols malgré les alertes sont une menace pour
les populations les plus exposées comme en témoignent les évènements, la
diversité culturelle s'éteint, des milliers de langues disparaissent. La
catastrophe du Mississipi est humaine, elle est aussi culturelle pour la
ville berceau du jazz et de la scène florissante actuelle (inclus le rap),
des archives et documents ont été noyés, tout un héritage à sauver des
eaux.
Force est de constater que le rêve américain perdure, il suffit de scruter
la société de consommation contemporaine, nous ressemblons chaque jour un
peu plus aux américains, la mondialisation libérale fait son ouvre et nous
sommes chaque fois plus démunis. Restaurer les services publics à travers
les transports (qui auraient sauvé bien des victimes) et la solidarité
(secours- médecine) est vital pour sortir du sinistre modèle américain (le
commerce des armes y est flamboyant).
par
Gwelan