Echange Allternatifs/Alternative Libertaire |
Décembre 2007
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1- LA TRIBUNE D'ALTERNATIVE LIBERTAIRE
2- LA TRIBUNE DES ALTERNATIFS
ANTICAPITALISTES : FAISONS FRONT
Avec le mouvement étudiant de l'automne et les grèves pour la défense des
régimes spéciaux, le pouvoir sarkozyste a essuyé sa première salve de
contestation. La résistance sociale n'a pas été assez forte. Le PS, qui
pensait pouvoir surfer dessus pour sortir des oubliettes, reste hors jeu.
Nous avons affaire à un gouvernement qui mène non seulement un combat de
classe, mais aussi un combat idéologique pour populariser des valeurs qui
ne sont autres que celles du darwinisme social : que les forts écrasent
les faibles, et l'ordre naturel sera respecté. Face à ce discours, la
social-démocratie est paralysée, incapable qu'elle est de se différencier
suffisamment pour espérer incarner une alternative.
Nos responsabilités
Cette situation confère aux anticapitalistes des responsabilités
disproportionnées par rapport à leurs capacités actuelles. D'un côté il
s'agit d'être moteurs dans les mouvements sociaux pour organiser la
riposte. D'un autre côté il devient crucial de mener un combat
authentiquement idéologique pour légitimer la résistance sociale et lui
donner un sens bien plus noble que le « conservatisme » dont les médias
libéraux voudraient exclusivement les taxer. L'enjeu pour les
anticapitalistes des diverses tendances, c'est de faire front pour
remettre la question de la transformation sociale au centre du débat
politique.
Il faut aussi poser la question des revendications intermédiaires (par
exemple: la réquisition des logements vides, des emplois, des entreprises
qui ferment, la liberté de circulation des travailleuses et des
travailleurs...) qui feront le lien entre les mesures d'urgence et le
socialisme de demain. Un socialisme que nous souhaitons autogestionnaire,
sans classes sociales et sans pouvoir séparé de la société - donc sans
État - mais qui pour beaucoup d'exploité-e-s constitue encore une utopie.
Sur un certain nombre de revendications intermédiaires, les
anticapitalistes devraient pouvoir parler de concert.
Pour l'autonomie du mouvement social
Certaines forces politiques pensent que la question du projet de société
ne peut être posée qu'indirectement, par la médiation d'un parti qui les
représenterait dans les médias et dans les institutions.
Nous pensons au contraire que, pour qu'elle prenne une tournure
subversive, elle doit être portée par les mouvements sociaux eux-mêmes, en
opposition à ces institutions. Des illusions véhiculées par Mitterrand à
celles de Lula au Brésil, l'immixtion du mouvement social dans les
institutions a historiquement toujours été contre-productive. Pour cette
raison encore, en mai 2007, des militantes et des militants communistes
libertaires des mouvements sociaux avaient regretté publiquement la
candidature Bové (1).
Cette idée qu'on peut renverser le capitalisme doit se répandre, pour
redonner un sens aux luttes collectives. Et la conflictualité sociale doit
s'élever pour donner une crédibilité à cette idée. Car c'est dans les
luttes qu'elle prendra corps, qu'elle cristallisera autour d'elle cette
« gauche de la rue » aujourd'hui bien réelle, vivante mais dispersée.
(1) Nicolas Dreyer, Jean-Luc Dupriez, Clotilde Maillard, Thierry Renard,
Jean-Emile Sanchez, « La fausse bonne idée de la candidature Bové », sur
Liberation.fr, également archivé sur www.alternativelibertaire.org
Alternative Libertaire
PREMIERES VAGUES
Les grèves dans les secteurs des transports ou de l'énergie, comme dans
les universités, ont manifesté à la fois des potentialités de résistance
sociale et la difficulté à globaliser et inscrire les mobilisations dans
la durée. En même temps, le pouvoir à été en mesure de camper sur ses
positions, et d'imposer pour l'essentiel ses contre-réformes
Le projet et la stratégie de la droite sont clairs : faciliter la mise aux
normes du capitalisme productiviste financiarisé, démanteler les acquis de
l'Etat providence, accompagner la marchandisation généralisée, accentuer
les aspects autoritaires et répressifs du système, exacerber les divisions
au sein des couches populaires.
Le silence au mieux, l'alignement au pire, de la gauche d'alternance est
un deuxième élement fort de la période. Pour autant, les aspirations
antilibérales voire anticapitalistes sont loin d'avoir disparu, mais ne
parviennent pas à converger à une échelle large, sur le plan social comme
sur le plan politique.
UNITE
Les convergences sociales sont une première priorité. De ce point de vue,
les luttes pour les droits sociaux et démocratiques des sans papiers ne
peuvent dissocier des exigences humanitaires immédiates et la solidarité
avec un secteur du monde du travail en première ligne face à la
précarisation. Les grèves dans des secteurs comme celui des transports
posent d'emblé la question d'une jonction aves les "usagers", question qui
ne peut se régler seulement sur le mode de la solidarité au sein du monde
du travail, mais implique un important travail d'explication, et une
réflexion sur les formes de luttes.
Au delà, les batailles à venir pour les services publics ne peuvent
déboucher que si elles s'appuient sur un projet à caractère
autogestionnaire, portant à la fois sur leur dimension sociale et
écologique, et reposant sur l'intervention de leurs salarié-e-s et des
usagers.
La lutte contre la précarisation généralisée doit être au cour de nos
propositions et interventions. L'insuccès de la manifestation des chômeurs
du 8 décembre est un signal d'alerte, car les secteurs combattifs restent
principalement ancrés dans le salariat encore "garanti" du secteur public.
AUTO ORGANISATION
L'auto organisation est la mise en pratique d'une stratégie
autogestionnaire, elle a été un point fort des mobilisations étudiantes et
des secteurs des transports. Dévoyée lorsque les militants d'
"avant-garde" se substituent aux "bureaucraties syndicales" pour la
diriger, elle est le socle indispensable de la repolitisation, et de
l'indépendance du mouvement social, et la condition de la globalisation et
de l'inscription des luttes dans la durée.
GUERRE DE POSITION ET "REVOLUTION LONGUE"
La construction de l'unité sociale des dominé-e-s et exploité-e-s, d'un
projet d'émancipation, d'une perspective politique, passe par la capacité
à s'investir sur tous les champs de résistance et d'alternative, des
mobilisations collectives du précariat et du salariat aux terrains de
l'alterconsommation, en passant pas une présence critique au sein des
institutions locales.
Elle implique de mener le front la lutte contre l'exploitation
capitaliste, le productivisme et le règne de la marchandise.
Elle nécessite des convergences des forces politiques de transformation
sociale, la construction de cadres politico-sociaux permanents, par
exemple pour les services publics. Elle s'inscrit dans un combat
altermondialiste global.
Le fil conducteur de cette orientation est autogestionnaire, comme moyen,
chemin et but.
Les Alternatifs