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Société 17 mars 2006

RESULTATS DES RECHERCHES CONCERNANT L'HOMOPARENTALITE

CJ. Patterson, Summary of research findings, Université de Virginie/APA 1996


Tout comme les familles hétérosexuelles, les parents gays et lesbiens et leurs enfants constituent un groupe en tant que tel. Cependant, à la différence des parents hétérosexuels et de leurs enfants, les familles homoparentales sont souvent exposées à des préjugés liés à l'orientation sexuelle des parents qui Incitent les juges, les législateurs, les professionnels de la santé, les travailleurs sociaux et le public à s'opposer à ces familles. Cette situation a fréquemment des conséquences négatives : perte du droit de garde, restrictions du le droit de visite et d'hébergement, et interdiction d'adopter. Comme pour tous les groupes sociaux discriminés, les a-priori au sujet des lesbiennes et des gay reposent rarement sur une expérience personnelle, et sont en fait transmis de manière culturelle.

Cette synthèse des travaux de recherche sur les parents gays et lesbiens et leurs enfants a pour but d'aider les psychologues et les autres professionnels à examiner les croyances répandues, à la lumière de données expérimentales et cliniques et de réduire ainsi les effets néfastes de préjugés non justifiés.

Les recherches psychologiques permettent d'évaluer, de manière expérimentale, la pertinence de nombreux préjugés concernant les familles homoparentales. Les recherches systématiques qui comparent les adultes homosexuels et hétérosexuels n'ont débuté que vers la fin des années 50, et les études qui comparent les enfants de parents gays et lesbiens et les enfants de parents hétérosexuels sont encore plus récentes. Les recherches sur les adultes gays et lesbiens ont commencé avec le travail de Evelyn Hooker. Elles ont abouti à la déclassification de l'homosexualité en tant que désordre mental en 1973. Des rapports sur les enfants de parents gays et lesbiens ont fait leur apparition dans la littérature psychiatrique au début des années 70 et se sont ensuite multipliées. C'est avec le travail de pionnier de Martin et Lyon (1972) que sont apparues les premières descriptions autobiographiques et les premières fictions de familles avec une mère lesbienne. Cependant, les recherches systématiques sur les enfants de parents gays et lesbiens n'ont vu le jour dans les revues professionnelles qu'à partir de 1978 Et la plupart des recherches disponibles ont été publiées plus récemment.

Comme cette synthèse le montre, les conclusions des recherches qui comparent les parents gays et lesbiens aux parents hétérosexuels et les enfants de parents homosexuels aux enfants de parents hétérosexuels vont toutes dans le même sens : les idées reçues et les préjugés ne sont pas confirmés par les faits.

Sans mettre en cause les résultats actuels, il faut souligner, pour les psychologues et les autres professionnels, que la recherche dans ce domaine se heurte à plusieurs difficultés méthodologiques qui n'ont pas toutes été surmontées dans chaque étude. Comme dans tout domaine de recherche, des questions concernant l'échantillonnage, la qualité statistique et d'autres points techniques se sont posées. De ce point de vue, toute étude individuelle donne en effet prise à la critique.

Une des critiques de cet ensemble de travaux a porté sur le manque de validité externe dû à la non-représentativité de l'échantillon choisi par rapport à la population des parents gays et Lesbiens. Cette critique n'est pas recevable, car nul ne connaît la composition réelle de l'ensemble de la population de mères lesbiennes, de pères gays et de leurs enfants (beaucoup d'entre eux choisissent en effet de rester cachés), d'où l'impossibilité pour les chercheurs d'évaluer le degré de représentativité de leur échantillon. A terme, ce ne sont pas les résultats isolés provenant de tel ou tel échantillon qui seront significatifs, mais le cumul d'éléments provenant de différentes analyses (méta-analyse).

Une autre critique a porté sur l'utilisation de groupes de contrôle peu équilibres ou même sur leur absence, alors que la conception de ces études les requerait. A noter dans cette catégorie, la tendance de certaines études a comparer le développement des enfants d'un groupe de mères lesbiennes divorcées: dont la plupart vivaient avec une partenaire lesbienne, avec celui des enfants d'un groupe de mères hétérosexuelles qui, pour la plupart vivaient seules Il serait Important pour les proclames recherches de bien dissocier l'orientation sexuelle de la mère de son statut de femme vivant seule ou en couple. D’autres critiques ont porté sur le fait que la plupart des études ont pris en compte des échantillons relativement limités, que les procédures d’évaluation employées dans certaines études ont été Insuffisantes, et que la classification des parents comme Lesbiens gays ou hétérosexuels a parfois été problématique (par exemple, certaines femmes classées par les chercheurs comme lesbiennes auraient pu être considérées comme bisexuelles par d'autres observateurs) Il est important de constater cependant que, malgré toutes les questions et/ou limitations qui peuvent caractériser les recherches dans ce domaine, aucune des études publiées n'a suggéré des conclusions différentes de celles qui sont résumées ci-dessous.

Ce résumé est constitué de quatre parties La première partie contient une synthèse des travaux de recherche sur les adultes (et parents) gays et lesbiens La deuxième est consacrée aux études comparant les enfants de parents gays et lesbiens avec ceux de parents hétérosexuels ou aux normes établies La troisième partie fait le point de la recherche concernant la diversité des familles avec des enfants La quatrième partie fournie une brève conclusion.


*I. **Parents gays et lesbiens*

Un a-priori qui sous-tend aussi bien les décisions de Justice concernant la garde des enfants que la politique sociale vis à vis de l'adoption, est que les gays et lesbiennes ne feraient pas de bons parents Plus précisément, les tribunaux ont parfois considéré que les gays et les lesbiennes seraient mentalement malades, que les lesbiennes seraient moins maternelles que les femmes hétérosexuelles, et que leurs relations sexuelles laisseraient trop peu de temps aux gays et lesbiennes pour que les Interactions parent-enfant se déroulent bien Jusqu'à présent, les résultats des recherches n'ont confirmé aucun de ces a-priori

*1. **Santé mentale des gays et des lesbiennes.*

Les professionnels de la psychiatrie, de la psychologie et du travail social ne considèrent pas l'orientation homosexuelle comme un désordre mental. Depuis plus de 20 ans, l'Association Américaine de psychiatrie a retiré l'homosexualité de la liste des désordres mentaux, considérant que « l'homosexualité en elle-même n'implique aucune altération du Jugement, de la stabilité, de la fiabilité ou de toute autre capacité sociale ou professionnelle'' En 1975, l'Association Américaine de Psychologie a pris la même position et a vivement conseillé à tous les professionnels de la santé mentale de dissiper les restes de préjugés liés à l'association homosexualité/maladie mentale . L'Association Nationale des Travailleurs Sociaux suit une politique identique (aux États-Unis).

La décision de retirer l'orientation homosexuelle de la liste des désordres mentaux est la conséquence de travaux de recherche conduits pendant trois décennies montrant que l'orientation homosexuelle n'est pas un comportement psychologique pathologique. Les circonstances, sociales et autres, dans lesquelles vivent les gays et les lesbiennes, notamment l'exposition à des discriminations et aux préjugés, causent souvent une détresse aiguë ; mais il n'existe aucune preuve fiable que l'orientation homosexuelle en elle-même, altérerait le fonctionnement psychologique.

*2. **Aptitude des gays et lesbiennes à être parents.*

De la même manière, les préjugés selon lesquels les gays et lesbiennes ne sauraient être de bons parents n'ont aucune base scientifiques On n'a pas mis en évidence que les lesbiennes et les femmes hétérosexuelles différaient notablement, ni dans leur santé mentale en général, ni dans leur approche de l'éducation des enfants.

On n'a pas observe non plus que les relations sentimentales et sexuelles des lesbiennes avec d'autres femmes remettaient en cause leur aptitude à s'occuper de leurs enfants De récents travaux suggèrent que les couples Lesbiens qui élèvent des enfants ont tendance à se répartir le travail du ménage et de la famille de manière à peu près équitable en préservant une relation de couple qu'elles Jugent satisfaisante Les recherches sur les pères gags n'ont, de la même manière, trouvé aucune raison de les considérer comme de mauvais pères.


*II. **Enfants de parents gays et lesbiens*

En plus des Inquiétudes de la justice au sujet des parents gays et lesbiens eux-mêmes, les tribunaux ont exprimé trois craintes principales sur l'impact que pourrait avoir l'homosexualité des parents sur leurs enfants.

La première Inquiétude est que le développement de l'identité sexuelle soit altere chez les enfants de parents gays et Lesbiens - par exemple, que les enfants élevés par des pères gays ou des mères lesbiennes soient perturbés dans leur différenciation sexuelle et/ou dans leur comportement sexué.

Il a été aussi évoqué que les enfants élevés par des mères lesbiennes ou des pères gays deviendraient eux- mêmes plus fréquemment homosexuels.

La deuxième Inquiétude concerne d'autres aspects du développement personnel des enfants. Par exemple, les enfants qui vivent principalement chez leurs parents gays ou Lesbiens seraient plus vulnérables aux dépressions nerveuses, montreraient plus de difficultés d'adaptation ou de troubles du comportement, et seraient en moins bonne santé psychologique que les enfants élevés dans un foyer hétérosexuel.

La troisième Inquiétude exprimée par les tribunaux est que les enfants de parents gays et lesbiens pourraient éprouver des difficultés dans leurs relations sociales. Par exemple, les juges s'inquiètent fréquemment du fait que les enfants vivant avec leurs mères lesbiennes pourraient être taquinés, tourmentés voire traumatisés par leurs camarades. Une dernière crainte répandue est que les enfants vivant avec des parents gays ou lesbiens risqueraient davantage d'être victimes d'abus sexuels de la part de leurs parents ou d'amis de leurs parents.

*1. **Identité sexuelle*

Trois aspects de l'identité sexuelle sont considérés par les recherches :

1. la différenciation sexuelle. Elle concerne l'auto-identification de la personne au genre masculin ou féminin ,

2. le comportement sexué. Il traduit le degré avec lequel les activités et les préférences de la personne sont considérées par son environnement culturel comme étant masculines, féminines ou les deux ;

3. l'orientation sexuelle : hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle. Elle se réfère au choix de la personne quant à ses partenaires sexuels.

Les travaux de recherche qui étudient si les enfants dont la résidence est fixée chez leur mère lesbienne ou leur père gay présentent des perturbations de leur identité sexuelle selon ces trois dimensions, sont résumés ci-dessous.

_Différenciation sexuelle_ : au cours d'études concernant des enfants dont l'âge variait de 5 à 14 ans, les résultats des tests et des procédures d'interviews concomitantes ont révélé un développement normal de la différenciation sexuelle parmi les enfants de mères lesbiennes. Des techniques plus directes d'évaluation de la différenciation sexuelle ont été utilisées avec les mêmes conclusions : tous les enfants dans cette étude ont déclaré qu'ils étaient satisfaits de leur appartenance au genre masculin ou féminin et qu'ils n'avalent pas envie de faire partie du sexe opposé. Il n'y a eu aucune preuve, dans aucune étude, de quelconques difficultés par rapport à la différenciation sexuelle parmi les enfants de mères lesbiennes Aucune donnée n'est disponible dans ce domaine pour les pères gays.

_Comportement sexué_ : un certain nombre d'études ont examiné le comportement sexué parmi des enfants de mères lesbiennes. Ces études concluent que leurs comportements entrent dans le cadre habituel des rôles sexuel conventionnels. Par exemple, Kirkpatrick n'a trouvé aucune différence entre les enfants de mères lesbiennes et héterosexuelles quant à leurs préférences de Jouets, leurs activités ou leurs centres d'intérêts Rees a soumis 24 adolescents au " Bem Sex Role Inventory" ou BSRI Parmi eux, la moitié avaient une mère lesbienne divorcée et l'autre moitié une mère hétérosexuelle divorcée Le BSRI donne des

Indicateurs de masculinité et de féminité en tant que facteurs Indépendants et un indicateur d'androgyne à partir des Indicateurs de masculinité et de féminité Les enfants de mères lesbiennes et hétérosexuelles ne différaient pas sur la masculinité et sur l'androgynie mais les enfants de mères lesbiennes faisaient preuve d'une plus grande féminité psychologique que les enfants de mères hétérosexuelles Ce résultat paraît aller contre l'idée reçue selon laquelle les lesbiennes manquent de féminité, que ce soit dans leur propre comportement ou dans leur Influence probable sur leurs enfants Le comportement sexué a également été évalué par Green Au cours d'interviews avec les enfants, aucune différence entre 56 enfants de mères lesbiennes et 48 enfants de mères hétérosexuelles n'a été trouvée en ce qui concerne leurs programmes de télévision favoris, leurs personnages de télévision favoris ou encore leurs Jeux et Jouets préférés Quelques éléments dans les Interviews avec les enfants eux- mêmes laissaient penser que les préférences pour telle ou telle activité à l'école et dans le voisinage étaient moins typées en fonction du genre pour des enfants de mères lesbiennes que ne l'étaient celles des enfants de mères hétérosexuelles De la même manière, les mères lesbiennes étalent plus nombreuses que les mères hétérosexuelles à déclarer que leurs filles participaient souvent à des Jeux rudes ou Jouaient à l'occasion avec des Jouets " masculins " comme des camions ou des pistolets , cependant, elles ne rapportaient aucune différence dans ce domaine pour leurs fils Les mares lesbiennes ne déclaraient ni plus ni moins souvent que les mères hétérosexuelles que leurs enfants jouaient souvent avec des Jouets " féminins " comme des poupées Dans les deux types de famille, toutefois, le comportement sexué des enfants était considéré comme entrant dans un cadre normal En résumé, les recherches suggèrent que les enfants de mères lesbiennes développent des modèles de comportement sexué qui sont très proches de ceux des autres enfants Aucune donnée n'est disponible dans ce domaine concernant les enfants de pères gays.

_Orientation sexuelle _: un certain nombre de chercheurs a également étudié une troisième composante de l'identité sexuelle l'orientation sexuelle: Dans toutes les études, la grande majorité des enfants de mères lesbiennes ou de pères gays se flécheraient hétérosexuels. Les données accumulées ne suggèrent pas des taux plus élevés d'homosexualité parmi les enfants de mères lesbiennes ou de pères gays. Par exemple, Huggins a interviewé 36 adolescents, dont la moitié avaient des mères lesbiennes et l'autre moitié avaient des mères hétérosexuelles. Aucun enfant de mère lesbienne ne s'identifiait comme lesbienne ou gay, alors qu'un enfant de mère hétérosexuelle le faisait ; cette différence n'était pas statistiquement significative. Dans une étude récente, des chercheurs ont étudié des enfants à l'âge adulte de pères gays et ont trouvé que plus de 90 % des enfants étaient hétérosexuels. Puisque la durée pendant laquelle les fils hétérosexuels et homosexuels avaient vécu avec leur père ne diffèrent pas, les effets de l'orientation sexuelle des pères sur celle des enfants ont dû être très faibles voire inexistants.

2. *Autres aspects du développement personnel

*Des travaux sur d'autres aspects du développement personnel des enfants de parents gays ou lesbiens ont étudié un large éventail de caractéristiques. Parmi celles-ci, on notera la séparation/ individuation , les évaluations psychiatriques , les évaluations de troubles du comportement, la personnalité, le concept de self , la perte de contrôle, le jugement moral, et l'intelligence . Les recherches ont montré que les craintes concernant les difficultés de développement personnel des enfants de mères lesbiennes dans ces domaines sont injustifiées. De la même manière que pour l'identité sexuelle, les études de ces autres aspects du développement personnel n'ont révélé aucune différence majeure entre les enfants de mères lesbiennes et ceux de mères hétérosexuelles. Une différence statistiquement significative au sujet du concept de self apparaissait dans une étude: les enfants de mères lesbiennes ont de plus forts symptômes de stress mais aussi une plus grande sensation de bien-être en général, que les enfants d'un groupe comparable de familles hétérosexuelles. Les réponses des deux groupes se situaient cependant dans un cadre normal. Dans l'ensemble, le préjugé selon lequel les enfants de mères lesbiennes et de pères gays souffriraient de déficits dans leur développement personnel ne repose sur aucune base expérimentale.

*3. **Les relations sociales

*Des études évaluant les différences potentielles entre les enfants de parents gays ou lesbiens et ceux de parents hétérosexuels ont parfois examiné les relations sociales des enfants. L'attention a en général porté sur les relations des enfants avec leurs camarades, mais quelques informations concernant les relations des enfants avec des adultes ont également été rassemblées. Les conclusions des recherches concernant les risques d'abus sexuels sont aussi présentées dans cette partie.

Trois articles ont présenté les travaux de recherche sur les relations d'enfants de mères lesbiennes avec leurs camarades. Les déclarations faites aussi bien par les parents que par les enfants, suggèrent un développement normal des relations avec leurs camarades. Par exemple, comme on pouvait s'y attendre, la plupart des enfants en âge scolaire font état de ce que leurs meilleur(e)s ami(e)s sont du même sexe, et que leurs groupes d'ami(e)s sont principalement constitués d'enfants du même sexe. La qualité des relations des enfants avec leurs camarades est décrite, en moyenne, par des termes positifs tant par les chercheurs que par les mères lesbiennes et leurs enfants.

Aucune donnée n'est disponible dans ce domaine concernant les enfants de pères gays.

Les études des relations avec les adultes parmi les enfants des familles homoparentales donnent également une image globalement positive. Par exemple, une étude a conclu que les enfants de mères lesbiennes divorcées avaient eu plus souvent des contacts récents avec leurs pères que n'en avaient eu les enfants de mères hétérosexuelles divorcées. Une autre étude, cependant, n'a trouvé aucune différence à cet égard. Dans une troisième, consacrée aux enfants de pères gays et aux enfants de mères lesbiennes ; les relations parent-enfant sont décrites en des termes positifs par les parents de 1'échantillon. Une différence significative entre parents gays et lesbiens d'une part et parents hétérosexuels d'autre part, était que les parents hétérosexuels étaient plus nombreux à dire que les visites des enfants à l'autre parent présentaient des problèmes pour eux.

Dans l'étude de Golombok, les contacts des enfants avec les amis de leurs mères lesbiennes ont également été évalués. Tous les enfants avaient des contacts avec des amis adultes de leurs mères, et la majorité des mères lesbiennes déclaraient que leurs amis adultes étaient un mélange de personnes homosexuelles et hétérosexuelles.

Les inquiétudes selon lesquelles les enfants de parents homosexuels risquent davantage d'être victimes d'abus sexuels, ont également été prises en considération. Les conclusions de ces travaux sont que la grande majorité des adultes qui commettent des abus sexuels sont des hommes ; les abus sexuels d'enfants commis par des femmes sont extrêmement rares De plus, la très grande majorité des cas d'abus sexuels d'enfants impliquent un homme adulte abusant d'une petite fille. Les données disponibles révèlent que les hommes gays ne sont pas plus susceptibles de commettre des abus sexuels sur des enfants que des hommes hétérosexuels. Les craintes que des enfants dont la résidence est fixée chez leurs parents gays ou lesbiens soient soumis à un risque plus élevé d'abus sexuels ne trouvent aucun fondement dans la littérature scientifique.


Résumé

Ainsi, à ce jour, les conclusions des recherches, laissent penser que, d'une manière générale, les enfants de parents gays ou lesbiens ont des relations normales avec leurs camarades et que leurs relations avec des adultes des deux sexes sont également satisfaisantes. Selon les résultats des études existantes, les enfants de mères lesbiennes donnent 1'impression d'un bon contact relationnel avec leurs camarades, avec leurs pères, et avec les amis adultes de leurs mères - qu'ils soient hommes ou femmes homosexuels ou hétérosexuels. Les études dans ce domaine sont encore peu nombreuses et les données qui s'en dégagent sont sommaires. Cependant, sur la base des résultats des études existantes, on peut conclure que les craintes que les enfants de parents homosexuels soient victimes d'abus sexuels de la part d'adultes, marginalisés par leurs camarades ou bien isolés dans des communautés lesbiennes ou gays exclusives, sont dépourvues de, tout fondement.


III. *Diversité parmi les familles homoparentales*

En dépit de la grande diversité au sein des communautés des gays et des lesbiennes, la recherche sur l'hétérogénéité des familles homoparentales est encore très réduite. Ces familles diffèrent en ce qui concerne les modes de conception ou d'adoption des enfants. Certains hommes ou femmes ont eu des enfants dans un contexte hétérosexuel qui a pris fin lorsque l'un ou les deux partenaires a (ont) assumé son (leur) identité homosexuelle. Une grande partie de la recherche sur les mères lesbiennes, les pères gays et leurs enfants a été motivée par les inquiétudes soulevées lors des conflits concernant la garde des enfants ; cette recherche a souvent été conçue, au moins en partie, pour examiner la véracité des idées reçues qui sont évoquées au cours des actions en justice. Un nombre croissant d'hommes et de femmes a eu des enfants après avoir assumé leur identité homosexuelle. Récemment, des recherches ont commencé à s'intéresser spécifiquement à ces familles. Sur de nombreux points, parents et enfants de ces deux types de familles ont probablement des expériences qui diffèrent.

De nombreux sujets (par exemple, la comparaison entre ceux qui ont la garde des enfants et ceux qui ne l'ont pas) restent à étudier. Dans cette partie, sont décrits les résultats des recherches sur l'impact du statut relationnel et psychologique des parents et sur l'influence d'autres facteurs de stress ou de soutien. Une différence notable entre les familles homoparentales est la suivante: le parent qui a la garde des enfants est-il engagé ou non dans une relation de couple, et si oui, quelles implications cela a-t-il pour les enfants ? Plusieurs chercheurs signalent que, dans leur échantillon, les mères lesbiennes divorcées, plus souvent que les mères hétérosexuelles divorcées, vivent avec une partenaire affective ; cependant, aucun de ces chercheurs n'examine le lien entre cette variable et l'adaptation ou le développement des enfants au sein des familles avec mères lesbiennes.

Huggins (1989) rapporte que l'estime de soi parmi les filles de mères lesbiennes qui vivaient avec leur partenaire lesbienne, était plus élevée que celle des filles de mères lesbiennes qui ne vivaient pas avec une partenaire. A cause de la petite taille de l'échantillon et de l'absence de tests statistiques, ce résultat devrait être considéré comme une indication plutôt que comme une conclusion. Sur la base d'impressions à partir de son propre travail, Kirkpatrick a également exprimé son point de vue que " contrairement aux craintes exprimées dans les tribunaux, les enfants dans les foyers qui comprenaient la partenaire de la mère lesbienne, avaient une vie de famille plus riche, plus ouverte et plus stable ", que ceux qui vivaient avec leur mère lesbienne sans partenaire.

Des sujets ayant trait à la répartition des tâches ont étalonnent été étudiés. Dans les familles de lesbiennes, Patterson a noté que, bien que les mères déclarent une implication comparable dans les tâches ménagères et dans les décisions familliales, les mères biologiques signalaient qu'elles consacraient plus de temps aux enfants et les mères non biologiques plus de temps à des activités rémunérées. Dans les familles où les mères disaient partager de manière équilibrée entre elles les soins aux enfants, les mères étaient plus satisfaites et les enfants plus à l'aise. Donc, une répartition équilibrée des tâches consacrées aux enfants était associée dans cette étude à de meilleurs résultats à la fois pour les mères et pour les enfants.

Un autre aspect de la diversité des familles homoparentales est celui de l'état psychologique et du bien-être du parent. La recherche sur les relations parent-enfant dans les familles hétérosexuelles a révélé de manière répétée que l'équilibre de l'enfant est souvent lié à la santé mentale de la mère. On pourrait de ce fait s'attendre à ce que des facteurs qui renforcent la santé mentale des mères lesbiennes et des pères gays améliorent également l'équilibre des enfants. Lott-Whitehead et Tully signalent de considérables variations dans l'importance du stress décrit par les mères lesbiennes, mais ne précisent pas son origine ni sa relation avec le bon développement des enfants. D'autres auteurs ont trouvé que la sensation de bien-être psychologique des mères lesbiennes était associé à leur degré d'ouverture quant à leur identité de lesbiennes auprès de leur employeur, de leur ex-mari et de leurs enfants; les mères qui se sentaient plus à l'aise pour parler de leur identité lesbienne étaient plus à même d'exprimer une sensation positive de bien-être. Malheureusement, aucune information ne signale jusqu'ici s'il existe un lien entre ces résultats, et l'équilibre et le développement des enfants de ces femmes.

Un autre domaine de diversité au sein des familles homoparentales est le degré avec lequel l'identité de gay ou de lesbienne du ou des parents est acceptée par d'autres personnes significatives dans la vie de l'enfant. Huggins a trouvé que l'estime de soi des enfants dont le père rejette l'identité lesbienne de la mère a tendance à être inférieure à celle des enfants dont la position du père est neutre ou positive. En raison de la petite taille de l'échantillon et de l'absence de tests significatifs, ce résultat doit être considéré comme préliminaire et comme une suggestion plutôt que comme définitif. Ce travail pose, cependant, des questions sur le degré selon lequel des réactions d'adultes importants dans la vie de l'enfant peuvent influencer ses réactions lors de la découverte de l'identité homosexuelle de l'un de ses parents.

Les effets de l'âge auquel les enfants apprennent de leur(s) parent(s) ont également été un sujet d'étude. Paul a trouvé que les enfants qui ont été informés de l'identité gay, lesbienne ou bisexuelle de leur(s) parent(s) durant leur enfance ou à la fin de leur adolescence ont été mieux à même de faire face à la nouvelle que ceux qui l'avaient appris au début ou au milieu de leur adolescence. Huggins signale aussi que ceux qui avaient appris l'identité lesbienne de leur mère au cours de leur enfance avaient une estime de soi plus élevée que ceux qui n'en avaient pas été informés avant d'être adolescents. D'un point de vue clinique, il est largement admis que le début de l'adolescence est un moment particulièrement difficile pour les enfants pour apprendre que leur père est gay ou que leur mère est lesbienne: l'homosexualité Certains chercheurs se sont également interrogés sur le rôle potentiel de soutien des camarades des enfants pour les aider à gérer les questions soulevées par le fait d'avoir un parent gay ou lesbien.

Lewis a été le premier à suggérer que le silence des enfants sur l'orientation sexuelle de leur(s) parent(s) auprès de leurs camarades et de leur entourage pourrait ajouter à leur sentiment d'isolement. Sans exception, les 11 adolescents étudiés par O'Connell signalaient qu'ils étaient sélectifs pour parler de l'identité lesbienne de leur mère. Paul a trouvé que 29% des jeunes adultes qui ont répondu à son enquête n'avaient jamais connu d'autre personne ayant un parent gay ou lesbien ou bisexuel(le), ceci suggérant que le risque d'isolement pour certains jeunes gens est bien réel.

Les effets potentiellement négatifs d'un tel isolement n'ont cependant, jusqu'à présent, jamais fait, l'objet d'une recherche. Lewis suggère que les enfants tireraient bénéfice de groupes de soutien constitués par d'autres enfants de parents gays ou lesbiens, et les jeunes gens interviewés par O'Connell étaient d'accord avec cela, mais des évaluations systématiques de tels groupes n'ont jamais été signalées.

En résumé, la recherche sur la diversité des familles avec des parents gays et lesbiens et sur les effets potentiels d'une telle diversité sur les enfants en est seulement à ses balbutiements. Les données existantes sur les enfants de mères lesbiennes laissent penser que les enfants semblent aller mieux quand les mères sont en bonne santé psychologique et vivent avec une partenaire lesbienne avec laquelle elles partagent les tâches consacrées aux enfants. Les enfants paraissent être plus à l'aise pour traiter les questions soulevées par le fait d'avoir un(des) parent(s) gay(s) ou lesbien(s) s'ils apprennent l'orientation sexuelle de leur(s) parent(s) pendant l'enfance plutôt que pendant l'adolescence. Les données existantes soulignent l'importance d'un environnement compréhensif, dans lequel l'orientation sexuelle des parents est acceptée par d'autres adultes significatifs pour l'enfant et dans lequel les enfants ont des contacts avec leurs camarades de manière ouverte. Les données existantes restent toutefois éparses et toute conclusion doit encore être considérée volume une hypothèse.

Il est clair, cependant, que les données existantes ne fournissent aucune base pour considérer que l'intérêt de l'enfant réside dans le secret familial à propos de l'identité homosexuelle du parent, ou que ce même intérêt exige que le parent gay ou lesbien vive séparé d'un partenaire de même sexe.


*IV. **Conclusion*

En résumé, il n'existe pas de données qui permettraient d'avancer que les lesbiennes et les gars ne sont pas des parents adéquats ou encore que le développement psychosocial des enfants de gays ou de lesbiennes soit compromis, sous quelque aspect que ce soit, par rapport à celui des enfants de parents hétérosexuels. Pas une seule étude n'a constaté que les enfants de parents gays ou Lesbiens sont handicapés, dans quelque domaine significatif que se soit, par rapport aux enfants de parents hétérosexuels. De plus, les résultats à ce jour laissent penser que les environnements familiaux fournis par les parents gays et lesbiens sont susceptibles de soutenir et d'aider la maturation psychosociale des enfants de la même manière que ceux fournis par les parents hétérosexuels.

On doit noter que la recherche concernant les familles homoparentales est encore très récente et relativement rare. On dispose de moins d'éléments sur les enfants de pères gays que sur les enfants de mères lesbiennes. On connaît peu de choses sur le développement des enfants des parents gays ou lesbiens pendant l'adolescence ou leur équilibre à l'âge adulte. Les sources d'hétérogénéité restent encore à étudier systématiquement. Des études longitudinales qui suivent les familles homoparentales au cours du temps sont absolument nécessaires.




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