TRIBUNES LIBRES
     
 
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Banlieues 19 décembre 2005

Débat sur les révoltes des quartiers populaires
(Congrès des Alternatifs, 12 novembre 2005)


Plusieurs éléments ressortent de ce débat marqué par une très grande attention de chacun, des prises de parole ayant du sens, portées par des personnes réellement soucieuses d'analyser la situation, sans discours idéologiques stériles.

Un premier élément: les jeunes qui habitent ces quartiers souffrent de non reconnaissance, Non reconnaissance par les employeurs, non reconnaissance par les institutions, non reconnaissance par la société en général. De plus, ils sont harcelés par la police, au quotidien. Ils ont le sentiment d'être parqués, cantonnés dans ces quartiers. Ce rapport police-jeunes est très prégnant dans la situation actuelle, il est lié à un racisme de plus en plus affiché, à un passé colonial qui ne passe pas.

Plusieurs éléments paradoxaux : ils sont français, aspirent à être comme tout le monde, ils connaissent et revendiquent le tryptique « liberté, égalité, fraternité », ainsi que l'accès à la consommation à laquelle ils aspirent et dont ils sont souvent exclus. Parallèlement, la société leur renvoie qu'ils ne sont pas français. Du coup, pour ceux d'origine maghrébine ou d'Afrique noire, ils ne savent plus ce qu'ils sont, ni véritablement français, ni maghrébins ou africains. « Puisqu'on ne veut pas que je sois français, alors je vais détester la France qui me rejette ».

Les politiques menées sur ces quartiers n'ont jamais été à la hauteur de l'enjeu. La gauche a acheté la population, a repeint les cages d'escalier et distribué des politiques d'activités liées à la consommation, sans réalité (stage delta plane,...). Les zones franches impulsées par la droite ont d'une part favorisé l'implantation de professions libérales et d'autre part maintenu ceux qui étaient embauchés au sein même de ces quartiers, renforçant l'enfermement.

La violence qu'ils manifestent n'est rien en comparaison avec la violence sociale et institutionnelle que ces quartiers subissent. Pas de services publics, pas de commerces, pas de boulot, une stigmatisation de plus en plus forte, une criminalisation « d'être »là, des flics en permanence et pas de perspective. On peut parler depuis quelque temps d'une "stratégie de la tension".

Les militants ont déserté ces quartiers. Il n'y a plus d'action politique, la coupure est importante. Les jeunes ne viennent pas aux actions initiées par les organisations. Et pourtant, même si des militants ne peuvent pas faire grand chose, le seul fait d'être présent dans la durée, de les rencontrer, participe de cette reconnaissance dont ils ont besoin. La démocratie n'est pas inscrite dans les gênes, elle se construit.

Ces jeunes ne font pas de politique.Et pourtant, au fil des jours, on perçoit une radicalisation politique avec une cible immédiate, Sarkozy. Et à terme, peut-être une politisation rapide. Ce mot d'ordre de « Sarkozy démission » réunit ou devrait réunir beaucoup de monde.

Les collectifs du NON devraient être les fédérateurs d'actions contre l'état d'urgence.La demande de démission de Sarkozy pourrait être un mot d'ordre rassembleur. Au delà, la question du logement se pose de manière forte.

Il faudrait faire le bilan des dernières décennies, qui ont mené à cette impasse, avec certaines organisations (PCF, syndicalistes,...).

Parallèlement, Les Alternatifs doivent, seuls ou avec d'autres, initier des réunions locales sur ce thème. Il faut également faire attention aux nouveaux textes à venir (Contrat locaux de sécurité, loi sur la prévention de la délinquance,...).

Synthèse, sommaire, faite par Daniel ROMET, les Alternatifs 07




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