TRIBUNES LIBRES
     
 
Remonter ]
Décroissance 20 avril 2005

POUR UNE EUROPE DE « LA DÉCROISSANCE ÉQUITABLE »
NON AU TRAITÉ CONSTITUTIONNEL EUROPÉEN.

 

Les arguments déjà avancés en faveur du « NON » sont solides, mais nous avons aussi nos propres raisons de rejeter ce texte en tant qu' « Objecteurs de croissance ». En voici les principales :

Nous considérons que les citoyennes et citoyens de France et d'Europe ont, aujourd'hui, une responsabilité historique : celle de refuser un Traité qui, s'il était adopté, contribuerait à aggraver l'état de la planète Terre soumise au pillage lié aux activités humaines irresponsables. En effet, le Traité Constitutionnel Européen (TCE) révèle l'aveuglement total de ses auteurs. Ceux -là prétendent soumettre les populations européennes à la logique dominante et suicidaire de la croissance économique à tout prix.

C'est précisément cette raison totalitaire qui interdit de prendre les mesures politiques nécessaires pour sauver la planète et garantir à ses habitants un avenir viable et vivable.

Parce que, s'il était adopté, ce Traité alourdirait encore la crise sociale avec l'explosion des inégalités conduisant au fait reconnu que 20 % des humains consomment 80 % des ressources et que cette injustice intolérable est subie tant au niveau local, national, européen que mondial. Parce que démanteler l'État social aggrave la situation du monde des « sans » et casser les services publics revient à nier la réalité même des « Biens communs ».

Parce que, s'il était adopté, ce Traité aggraverait encore la crise écologique au moment même où un rapport rédigé par 1300 experts internationaux et publié le 30 mars par l'ONU, alerte l'opinion mondiale sur l'extrême urgence de prendre les décisions politiques qui s'imposent en matière de consommations, de technologies ou de sauvegarde des écosystèmes, si l'humanité veut survivre.

Parce que, s'il était adopté, ce Traité accroîtrait encore la crise politique puisqu'on se trouverait face à l'obligation, inscrite dans ses normes juridiques, d'adopter un système économique productiviste et capitaliste mortifère, sans aucune alternative globale ni dissension possibles. Parce que ce Traité, ignorant les véritables enjeux politiques en phase avec la réalité, accumule les risques d'une crise fatale pour la démocratie. Il débouche sur un appauvrissement de la diversité culturelle et sur une société toujours plus policière.

Parce que l'adoption de ce Traité conduirait à favoriser les délocalisations dans les pays à faible fiscalité et à bas coûts salariaux, alors qu'il faudrait promouvoir des politiques de re localisation grâce à des nouvelles normes juridiques et une nouvelle fiscalité socialement et écologiquement profitable pour tous dans une vision de l'avenir à la mesure des défis à relever.

Parce qu'il faut procéder à une autre distribution des richesses sans laquelle aucune société de Décroissance équitable ne sera possible. Parce qu'il faut rendre aux populations le désir et les moyens de « vivre et travailler au pays » grâce à des investissements au plus près des gens et non pas décidés par les profiteurs de la « globalisation ».

Parce qu'il faut préserver l'école de l'emprise des marchands et de la publicité alors que le Traité voudrait la soumettre à leur loi qui tue l'esprit critique, aliène la connaissance et ne peut fabriquer que des consommateurs moutonniers et des petits soldats de la croissance.

Nous affirmons qu'il est indispensable de rompre le nouveau consensus en faveur de la croissance économique à tout prix où l'alliance objective pour le OUI des appareils politiques de l'UMP, de l'UDF, du Parti Socialiste et des Verts est un signe particulièrement inquiétant. Les vrais écologistes, pas davantage que les défenseurs de la justice sociale et politique, ne peuvent se satisfaire d'une semblable soumission au principe de croissance ni accepter l'ambiguïté d'un « développement durable » qui ne remet pas fondamentalement en question ce modèle destructeur.

Nous, militantes et militants issus de diverses mouvances politiques, syndicales, associatives, rassemblés pour une Décroissance équitable, appelons à voter « NON » lors du référendum pour le projet de Traité Constitutionnel Européen.



Paul Ariès.

haut