TRIBUNES LIBRES
     
 
Remonter ]
Ecologie 20 mai 2005

CONTRIBUTIONS DE LA COMMISSION ECOLOGIE


Lorsqu'ils se sont créés en 1998, les Alternatifs affichaient leur volonté de faire du neuf, d'inventer un nouveau projet axé sur les solidarités, l'écologie, l'autogestion et le féminisme. Sept ans plus tard, force est de constater que nous n'avons pas réussi à concrétiser notre ambition. Notre part d'innovation a été faible et le projet rouge et vert que nous nous proposions de construire est resté embryonnaire.

Collectivement, nous devons nous interroger sur cet échec relatif, en tirer les conséquences pour repartir sur des bases plus solides.


La commission écologie,



L'ALLIANCE DU ROUGE ET DU VERT, POUR UNE ALTERNATIVE CREDIBLE


Le constat est évident: à l'intérieur du mouvement nous n'avons pas suffisamment pris en compte l'urgence de la situation écologique.

Pourtant, les derniers rapports des scientifiques, notamment celui des Nations Unies publié à la fin de mars 2005, dressent des perspectives alarmantes: la dégradation des écosystèmes est telle qu'elle peut compromettre le développement des sociétés humaines. Ce n'est pas la vie sur terre qui est en cause, c'est le sort de l'humanité. La manifestation la plus inquiétante de cette crise écologique est le réchauffement de la planète. Les scientifiques l'ont prouvé en s'appuyant sur l'étude des cycles naturels: le réchauffement actuel qui va en s'accélérant depuis 1980 est bien lié aux activités humaines, en particulier aux émissions de CO2 dont sont responsables les productions industrielles, les transports par route, les activités ménagères ...

Parallèlement à la crise écologique, l'exclusion et la précarité se sont installées dans les pays riches. Quant aux inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud, elles se sont aggravées. En 2005, 1 milliard d'êtres humains ( sur 6 milliards) vivent dans des conditions très précaires, ne mangent pas à leur faim;. 11 millions d'enfants de moins de 5 ans meurent faute de soins, de vaccinations. L'accès à l'eau potable devient de plus en plus difficile et les maladies liées à la pollution de l'eau sont une menace croissante pour ces populations. En conclusion, l'état de la planète et le déséquilibre Nord/Sud ne se sont pas améliorés, bien au contraire. La démocratie participative a montré son inefficacité, essentiellement parce que les élus soucieux de préserver leur mandat électoral pensent uniquement à court terme. En faisant le choix de l'entrée dans les institutions, l'écologie politique a perdu une grande part de ce qui faisait sa force. Bien souvent les ministres de l'environnement des pays développés ont été les alibis des grands partis.

Les actions publiques entreprises au nom du "développement durable" (1)( que Nicolas Georgescu- Roegen qualifiait de "charmante berceuse" dès 1992) ont été très insuffisantes. Les mouvements sociaux, notamment l'altermondialisme, n'ont pas suffisamment intégré la question écologique dans leur combat, et n'ont pas réussi à inverser la tendance. Bref aujourd'hui, un changement radical s'impose.

Quelles pistes proposer?

1. Agir sur la croissance est une option nécessaire. En préalable, rappelons que selon la définition de Joseph Schumacher, " la croissance, c'est produire plus, sans tenir compte de la nature des productions." En chiffres, cela se traduit par un PIB dont l'absurdité est évidente car, aucun élément qualitatif n'étant introduit, toute activité ( les accidents de la route par exemple) contribue à son augmentation. La croissance économique étant un " accroissement à moyen et long terme des productions nationales", on ne peut accepter que cet accroissement n'ait pas de limites alors que nous vivons sur une terre limitée. Réduire la croissance en diminuant les productions les plus polluantes, en ralentissant le prélèvement des ressources naturelles, s'impose pour des raisons écologiques et sociales. En effet, contrairement à ce qu'affirment ses zélateurs, la croissance économique ne réduit pas la pauvreté ni les inégalités, que ce soit à l'intérieur des pays développés ou dans les pays du Sud. Par ailleurs la crise écologique et la vision à court terme en économie ont des conséquences sociales : le rapport des Nations Unis cité plus haut évalue à 2 milliards de dollars ( allocations de chômage, politique de reconversion) le coût de la surexploitation des réserves de morue à Terre-Neuve qui a conduit à l'épuisement des ressources.75% des lieux de pêche sont actuellement sur le déclin et on évalue à 25 millions le nombre de réfugiés écologiques.

L'aggravation de l'état de la planète nécessite une remise en cause du productivisme. On assiste actuellement à l'émergence d'un courant se réclamant de la décroissance. Des associations, des individualités, mettent en avant les risques environnementaux. Leur action est utile. Elle contribue à forger la prise de conscience nécessaire. Mais, pour un part politique, la dénonciation ne suffit pas. L'exigence écologique doit être replacée dans un projet global qui doit prendre en compte:

- l'exigence démocratique afin de contrer le risque totalitaire.

- l'exigence sociale afin de se prémunir contre les choix réactionnaires. Elle doit s'intégrer dans un projet économique qui réduise les inégalités, qui lutte efficacement contre le chômage.

Notre positionnement par rapport à la consommation et à la production ne doit pas se faire en prenant pour référence des critères quantitatifs. Comme Schumpeter le proposait quand il définissait le développement, nos choix économiques doivent tenir compte de l'aspect qualitatif. Il s'agit avant tout de produire autrement, ce qui nous oblige à repenser le développement pour y introduire l' aspect scientifique, social, culturel, spirituel, etc... ( voir sur ce point le chapitre " Alterdéveloppement " rédigé par William Elie.

L'écologie a montré les interdépendances qui existent entre la sociosphère et la biosphère. Comme le constate René Passet ( et d'autres avec lui) la sphère économique s'est progressivement isolée des deux autres. Il faut que l'économie recrée des liens avec l'humain et la nature. La nécessité d'une rupture avec les pratiques actuelles s'impose. L'économie capitaliste est basée sur le profit, sur l'exploitation des hommes, des femmes et de la nature. Il faut introduire l'éthique dans l'économie. Hans Jonas propose le Principe responsabilité: " Agis de façon que les effets de ton action soient compatible avec la permanence d'une vie humaine sur terre".Ceci est une proposition essentielle Pour les Alternatifs, l'enjeu est clair. Nous refusons la société actuelle, nous voulons en construire une, en mettant en avant quatre thèmes: les solidarités, l'écologie, le féminisme et l'autogestion. Reste l'essentiel. Nous devons décliner concrètement les propositions qui pourraient permettre d'atteindre les objectifs fixés

- Sortir de l'aliénation individuelle et collective qu'entraînent nos modes de consommation

- Mettre un frein à la dérive vers le gigantisme lié à la mondialisation, produire en tenant compte de l'utilité sociale, dans le respect de l'environnement.

- Tisser de nouveaux liens sociaux, de nouvelles solidarités.

-Lutter contre les déséquilibres en redécouvrant les territoires ( développement local, réduction des flux)

- Aller vers une plus grande responsabilisation individuelle et collective ( éco-citoyenneté), renforcer les libertés individuelles tout en faisant reculer l'indidualisme et les égoïsmes corporatifs.

Pour notre parti il s'agit aussi de sortir du temps des propositions vagues pour répondre concrètement aux enjeux de ce nouveau siècle. C'est le seul moyen d'obtenir la crédibilité qui nous fera entendre davantage.

(1)Le terme a été tellement galvaudé, détourné par ceux qui l'ont repris à des fins politiques ou financières que la commission Ecologie ne l'utilise plus.


Bernard Caron (commission écologie)



VERS UN AUTRE DEVELOPPEMENT


L' alterdéveloppement est une conception qui trouve son origine et ses fondements autour de la valorisation du qualitatif et dans la reconsidération du développement en produisant autrement. C'est:

- une critique radicale de la croissance non partagée

- une affirmation des solidarités avec les populations précarisées au Nord et pauvres au Sud

- une aspiration et une proposition alternatives au développement capitaliste

Dans la jungle des concepts, comment soutenir une politique écologique responsable ? La décroissance interpelle (et c´est son argument fort), le développement durable a montré ses limites, la croissance est inégalement répartie, il convient d´aller vers un autre développement. La question est devenue une préoccupation sociétale, qu´importe l´appellation de cet axe politique, pourvu que les avancées sociales servent la cause écologique et que réciproquement se fasse la jonction du Vert avec le Rouge. Une alternative au développement économique à 2 vitesses (Nord/Sud) est nécessaire. Elle doit être basée sur les solidarités locales et internationales

L'alterdéveloppement induit un développement humain et une remise en cause de la croissance économique destructrice. Cet autre développement introduit la préservation des droits sociaux et la qualité d'environnement (problèmes sanitaires), le partage des richesses et l'abolition de la dette pour les pays du Sud. Un développement équilibré de la planète doit assurer la protection des ressources et des emplois socialement et écologiquement utiles. Il donne à la question de l'aide au développement une place essentielle pour remédier aux déséquilibres internationaux accentués par les politiques des grandes institutions dominatrices (FMI, Banque mondiale, OMC...). Si les problèmes écologiques et sociaux doivent être pensés globalement, il faut aussi agir localement.

- En accord avec les conclusions des experts livrées à l´ONU, il revient à mesurer la finitude des ressources terriennes, les effets du réchauffement climatique, les menaces sur la biosphère et aussi à prendre en compte l'avenir de la collectivité humaine en s'opposant à l'attitude libérale qui délibérément tient compte des intérêts immédiats.

Le refus du productivisme effréné est la base de ce projet et il s'applique à l'agriculture (et sa population sacrifiée), à la limitation des transports (l´Europe des 25 a fait exploser les échanges routiers), à la conservation de nos paysages et au maintien de la biodiversité. Depuis plus de 30 ans, le transport terrestre a été privilégié pour libéraliser à outrance le transport routier, au grand bénéfice des transporteurs et au détriment de la SNCF qui n'a pas eu les moyens de mener une politique attractive Les conséquences sur l´environnement et la santé sont connues, le profit reste l´objectif n°1. Les routiers sont devenus les nouveaux « esclaves » de la société de consommation à flux tendu après l´expérience négrière du commerce maritime. Un volontarisme politique fort de la part des états est nécessaire si l'on veut réduire de manière significative les gaz à effet de serre. La concurrence multiplie les échanges et les émissions polluantes et augmente le déficit de souveraineté (alimentaire, énergétique...). L´endettement des ménages du Nord crée une passerelle avec la dette endémique des pays du Sud. Le problème du logement, de l´accroissement de la pauvreté et la précarisation des emplois au Nord ne freinent en rien la migration des populations pauvres vers le Nord, les problématiques des pays en développement trouvent un écho en Occident. L´exclusion gagne du terrain...

- Un développement équitable implique une décélération de notre consommation en cessant le pillage des ressources du Sud, soit un développement harmonisé garantissant des jours meilleurs aux générations futures.

- L´exemple du tsunami a ravivé la question du développement : les coraux et les mangroves (utilisés pour l´élevage de la crevette) n´auraient pas arrêté le tsunami, mais ils auraient pu en limiter les effets. Le développement pensé à court terme, sans approche planifiée, a des conséquences particulièrement néfastes pour l´environnement La perturbation des cycles naturels augmente les risques de cataclysmes. ( inondations au Bangladesh), réfugiés d´Afrique centrale ou du Darfour, paludisme (2 millions de morts par an) ou le sida (2,3 millions), sécheresse et désertification...sont quelques-uns des maux que doivent subir les habitants de ces pays.

Aujourd´hui le service de la dette est supérieur à l´aide que les pays pauvres reçoivent du Nord. Le remboursement s'élève à 375 milliards de dollars( contre 68 milliards perçus) Pendant de temps, les USA imposent leurs règles au monde tout en ayant 7600 milliards de dette. Il faut sortir de l'ethnocentrisme occidental et offrir aux partenaires du Sud de nouvelles perspectives (aide à l'autonomie/ autogestion, économie sociale et commerce solidaire...). C'est un défi qui implique une fiscalité internationale et une stimulation des économies locales par la micro-finance... La dette du Tiers monde et celle de l'Afrique est entretenue, la dépendance de même, la dette contractée est celle des civilisations occidentales qui ont pillé depuis plus de 400 ans les matières premières et la richesse humaine par l'esclavage. La gestion de notre passé colonial est difficile. Le FMI et la Banque Mondiale continuent par leur politique impérialiste d'assujettir et d´affamer des populations entières sous couvert d'aides internationales et de projets humanitaires.

Il est temps de dépasser une société qui réduit l´homme à sa seule dimension économique, en choisissant une voie socialement équitable. Car non seulement le capitalisme ne semble pas menacé par les contraintes écologiques mais il prétend les prendre en compte avec ce qu'on appelle le "développement durable". Le partage des richesses, l´aide à l´émancipation des pays du Sud et la relocalisation de l´économie sont des pistes à suivre pour la défense de nos droits et nos emplois, ici et ailleurs, en redonnant du sens au social, l´avenir se construit à la marge en reconstruisant des relations.


Wiliam Elie (commission écologie)



CONCRETISER LE PROJET ROUGE ET VERT


1/ Lors du Festival'ternatif parisien de novembre 2004, nous avons perçu l'intérêt que provoquaient les thèmes écolo-alternatifs radicaux, notamment le terme de « décroissance »

2/ Cet intérêt est confirmé par le développement de réseaux associatifs intervenant entre autres sur les thèmes de la consommation, du commerce équitable. Il existe incontestablement un substrat écolo-alternatif radical qui ne dispose pas d'un relais politique (ou d'ailleurs, pour de nombreux secteurs , ne souhaite pas un tel relais) ; Un certain nombre de publications relaient les positions de ce courant diffus.

3/ Il faut constater que l'ensemble des gauches restent très en retard sur les questions des modes de développement. Il faut y voir à la fois:

- une contradiction entre le court et le long terme, en d'autres termes entre les batailles sociales et politiques du moment (de la défense de nos droits à la campagne pour le NON d e gauche) et la visée d'un projet alternatif. Cette difficulté vaut d'ailleurs tout autant pour la question d 'une perspective autogestionnaire

- une imprégnation durable par le mythe d'une croissance linéaire

- corrélativement, une impuissance certaine à penser une rupture avec le productivisme (un assez récent appel de Patrick Braouzec et de ses amis faisait encore état d'une politique de relance sans en préciser le moins du monde les contenus). Les risques que fait courir le projet tout- libéral de traité européen est peu présent d'ailleurs dans la campagne du non de gauche.

Bref, on a le sentiment que les gauches ne comprennent pas les enjeux (pourtant explicités de rapports de l'ONU en enquêtes scientifiques ou films documentaires terrifiants).

4/ Les Alternatifs, c'est une de leurs raisons d'être majeure, se réclament d'un projet rouge et vert. Il faut désormais passer à la concrétisation.

5/ Le concept de décroissance comme fil conducteur ne me parait pas pertinent, mais il convient de se saisir pleinement et de manière critique des apports de ses promoteurs.

6/ Ce concept n'est pas pertinent en tant que tel, car il répond de manière univoque à des problèmes complexes. Il est le fruit de la réflexion de chercheurs, intellectuels, militants de terrain qui, face aux périls écologiques accablants et à l'atonie du champ politique devant ces problèmes (à gauche comme à droite, si ce n'est pour parler du très flou « développement durable »), veulent « jeter un pavé dans la mare ».

7/ Le pavé dans la mare est sans doute utile, il force d'ailleurs les Alternatifs, bien timides jusqu'à présent à se saisir des questions du développement, la LCR y travaille aussi de son côté. Mais il a les limites d'une forme de construction « hors sol ». d'une formule- choc. Un des rôles d'un mouvement politique comme le nôtre est de travailler sur les convergences et contradictions entre exigences écolo pour le genre humain et la planète, et exigences sociales pour l'émancipation du plus grand nombre.

8/ Il nous faut donc accepter la confrontation avec les partisans de la «décroissance », dans le respect de leurs positions mais sans suivisme, car notre projet ne part pas d'un point de vue univoque mais se veut rouge et vert.

9/ Il semblerait très pertinent que l'année 2006 soit consacrée à un travail collectif (rythmé par l'université d'été, clos par une conférence nationale) consacré non pas à réaffirmer une identité abstraite mais à travailler à une plate- forme de propositions croisant le rouge et le vert à propos de thèmes comme

- les transports
- le logement
- les questions énergétiques
- les rapports Nord-Sud
- le monde rural
- les territoires
...

Dans certains domaines (énergies) le concept de décroissance peut s'avérer pertinent, dans d'autres inapproprié. Notons, pour conclure, que si une organisation syndicale comme la Confédération Paysanne est ouverte aux thèses décroissantes sans les reprendre à son compte, c'est qu'elle intervient à la croisée des questions sociales et du devenir des territoires, qu'elle pense à la fois social et écologique. Aux Alternatifs de creuser aussi ce sillon dans le champ politique


Jean Jacques Boislaroussie (commission écologie)



PREMIERES PROPOSITIONS CONCRETES: ALTERNATIVES A LA POLITIQUE ENERGETIQUE


Quelles que soient les orientations que nous prendrons pour maîtriser nos consommations, les enjeux énergétiques à venir nous obligent à redéfinir, outre nos besoins, les capacités dont nous devons nous doter pour répondre à ces besoins.

Ces besoins et ces capacités relèvent de trois domaines principaux : la production d´énergie (chaleur et électricité pour l´industrie le résidentiel et le tertiaire, pour l´agriculture), le transport, l´habitat.



La production :

C´est une évidence qu´il serait impossible de passer totalement du jour au lendemain d´une production de 275 Mtep (Millions de Tonnes équivalents pétrole) toutes énergies confondues dont 110 Mtep de nucléaire et 12 Mtep d´ENR à 275 Mtep d´énergies renouvelables.

Nous évoquerons à ce propos le rapport entre la production d´énergie et son utilisation finale, c´est à dire le rendement de chaque filière, la filière nucléaire étant sans doute la plus désastreuse du point de vue du rendement énergétique. En effet, outre les faibles rendements des turbines à vapeur (20 %), l´énergie thermique perdue dans le refroidissement du réacteur, le transport de l´électricité en lignes très haute tension y ajoute des pertes par effet Joule. Autant d´énergie perdue pour au final alimenter notamment... des radiateurs électriques !

Je propose de passer en revue les alternatives possibles les plus réalistes :

La puissance de l´énergie photovoltaïque est limitée (2 m² = 60-70 W, soit une ampoule), et sa fabrication comprend un coût environnemental pour l´extraction et le traitement du silicium. Néanmoins, c´est certainement une énergie d´avenir, bien qu´encore coûteuse.

Le bois-énergie amené à se développer, surtout en chaudières individuelles ou en chauffage urbain ; la biomasse de manière générale. De grosses centrales de production d´électricité sont également programmées dans le cadre d´un A.O. français. La cogénération, turbine ou moteurs à gaz. Production de chaleur et d´électricité. Rendement élevé. Peine à se développer car EDF y met des freins. 5000 MW actuellement.

Les turbines à cycle combiné : l´alternative au nucléaire, mais peu de récupération de chaleur. Production trop centralisée, pertes d´emploi et émissions de GES. Avenir de l´incinération : diversification des filières de traitement et mise aux normes des rejets (dioxines) des incinérateurs. Il faut remettre en question ce tout incinération par le recyclage, si limité soit-il.

Le biogaz de décharge : production d´électricité surtout. Néanmoins, le gaz est très pollué par des silices qui viennent des cosmétiques. La décharge en elle-même contient beaucoup de déchets non triés. L´idéal serait de développer la filière méthanisation de produits organiques : tri-valorisation des déchets organiques par méthanisation et utilisation du gaz sur des moteurs. Après épuisement du gaz, utilisation du compost comme amendement organique pour l´agriculture.

Il est important de mettre en avant la perspective que représente pour les exploitants agricoles la valorisation des déchets organiques sur le lieu même de leurs productions dans des digesteurs de méthanisation : production de chaleur, d´électricité, de compost voire de biocarburants apportant à une exploitation une réelle autonomie énergétique.

La géothermie : devrait être plus favorisée, malgré des coûts de maintenance important. Il est possible de produire de la chaleur (réseaux de chaleur de L´Haÿ-les-roses, d´Alforville...ou pompe à chaleur), mais aussi de l´électricité (projet pilote à Soultz sous forêt en Alsace)

L´éolien

Le solaire thermique : il permet des réductions significatives de la consommation des carburants fossiles, pour l´Eau Chaude Sanitaire et le chauffage

L´hydraulique L´hydraulien : au début. Consiste à mettre des éoliennes sous la mer, dans les courants. Problème du stockage de l´énergie : batteries, stockage sous forme de réservoir d´hydrogène produit par électrolyse (voir ci-dessous) ? il y a peu de solutions clés en mains, et le stockage de l´énergie est un domaine à explorer. Par exemple, un barrage peut permettre de stocker l´énergie produite sous forme d´énergie potentielle.

Rappelons néanmoins les réserves officielles des différents combustibles :

Pétrole : 40 ans Gaz : 70 ans Uranium : environ 70 à 90 ans, dans des réacteurs à fission. Les réacteurs à fusion (ITER, Laser Mégajoules) étant très hypothétiques dans l´état actuel des connaissances Charbon : 200 ans

De toutes évidences, les énergies renouvelables ont de l´avenir, et il serait intéressant de confirmer le nombre d´emplois attendus par leur développement. Mais elles impliquent, même si des avancées sont possibles en matière de stockage d´énergie, une réduction drastique de nos consommations. Or, celles-ci continuent d´augmenter. Ainsi, la part des énergies renouvelables en France dans la consommation d´électricité est passée de 18 % en 1994 à 13, 5 % aujourd´hui ! Nous sommes loin de satisfaire les objectifs de 2010 qui sont de 21 % ! En particulier si le lobbying d´EDF et des amendements politiciens viennent freiner le développement des ENR, l´éolien en particulier.

D´où viennent ces surconsommations énergétiques : l´incitation des pouvoirs publics à consommer (EDF se vante de battre des records de production en plein hiver...), le développement d´un certain confort superficiel : électroménager (ne peut-on se passer de la télévision, du four à micro-ondes, de l´aspirateur du congélateur, de climatiseurs... ?), mais aussi la faible prise de conscience du gaspillage d´énergie (qu´en est-il de la « chasse au gaspi » des années 80 ?). Le chauffage électrique est moins cher à l´installation mais très coûteux en consommation, malgré les longs discours que nous entendons sur le « kWh le moins cher d´Europe ». Un autre facteur doit entrer en ligne de compte : Les nouvelles innovations technologiques (NTIC), incontournables aujourd´hui, et qui impliquent la création de nouvelles consommations d´électricité, par la climatisation nécessaire aux Centres d´Hébergement Informatiques (Internet). Ainsi, selon la revue Silence, les CHI ont entraîné une augmentation de 8 % de la consommation d´électricité aux Etats-Unis.



Le transport :

Difficile d´envisager l´après pétrole. Une remise en cause de notre modèle de société sera nécessaire, c´est certain. On ne pourra faire autant de kilomètres que nous en faisons depuis plus d´un siècle.

Les différents moyens de transport envisagés peuvent être :

La marche à pied

Le vélo

La traction hippomobile, en particulier dans le milieu agricole, et qui pour des raisons de coût du pétrole, reviendra sans doute Le biogaz : certains bus à Lille roulent au biogaz, mais la production reste très limitée

Les biocarburants : oui, mais ne risque-t-on pas de développer un nouveau productivisme ? : de vastes champs de colza ayant pour unique fin un carburant au dépend de l´auto-suffisance alimentaire du Sud et du Nord. Et le risque est grand que la filière OGM s´y engouffre. On nous a déjà sorti l´argument fallacieux de l´OGM « pour résoudre les problèmes de faim dans le monde », on va nous sortir la même litanie sur le carburant propre OGM L´hydrogène. Irréaliste. Les US utilisent même du charbon pour produire de l´hydrogène. On marche sur la tête. Il faut beaucoup d´énergie pour effectuer une hydrolyse de l´eau ou un craquage de la molécule de méthane. L´eau est à disposition mais pour combien de temps ? Quant au méthane, il vient des carburants...fossiles ou du biogaz. L´énergie pourrait venir d´un four solaire ou...d´une centrale nucléaire. Je pense que la filière hydrogène relève de la fuite en avant, et d´une vision technoscientiste.

La pile à combustible : elle fonctionne au combustible fossile ou...à l´hydrogène. Il reste à trouver comment produire de l´hydrogène (voir précédemment). Néanmoins, la PAC a de très bon rendement et la recherche progresse très vite. Si la filière hydrogène était réaliste, la voiture de demain serait à PAC. Mais on reste dans l´incertitude de l´économie de l´hydrogène. Seuls les pays les plus riches seront à même de la développer. La voiture solaire : totalement utopique.

Ne rêvons pas, il est probable que les transports feront l´objet d´une décroissance forcée (ou éclairée ?). En tout cas le transport aérien disparaîtra en premier, c´est certain, d´ici une vingtaine d´années. Le prix du Brent risque, même s´il se stabilise, de rester élevé. Actuellement, ce sont les professions pour qui les combustibles n´ont pas de taxes qui amortissent les hausses du brut qui payent le tribut d´un coût élevé : pêche, agriculture, transport.



L´habitat :

Plusieurs solutions existent pour améliorer le rendement énergétique des habitations. En Allemagne, il y a des maisons passives qui n´ont pas besoin d´aucun chauffage. Elles sont équipées d´une serre exposée au sud, et très bien isolées.

Mais on peut aussi revoir les surfaces d´habitat, et la conception globale de l´habitat, permettant une circulation d´air et une rationalisation des échanges thermodynamiques : cela s´appelle la bioclimatique en architecture.

Certaines habitations intègrent de la géothermie peu profonde (une pompe à chaleur échange de l´énergie entre l´intérieur et le sol), mais le réseau est enfouie dans la pelouse (pas de culture) et il contient du fréon. Une autre solution est le puits canadien qui consiste à faire circuler l´air du sous-sol pour réchauffer en hiver et refroidi en été.

De manière générale, la construction de demain devra intégrer les données des habitations traditionnelles, souvent empreintes de bon sens (je pense à la case mélanésienne sous les tropiques) ou les données de la Nature (un rideau de végétation constitue une barrière thermique naturelle). Il est important que les architectes étudient la nature au lieu de nous concevoir des grands tours vitrées mettant en pratique...l´effet de serre dans les bureaux.

L´objectif est de réduire les consommations de chauffage, d´eau chaude et d´électricité par habitat. Il ne suffira pas de maîtriser nos consommations. Il faut apporter des solutions techniques. En chaleur, les consommation sont de l´ordre de 21 kWh/m² habitable/an en Eau Chaude Sanitaire, ou 45-50 m3/logement par an. En chauffage, il faut compter 10 MWh/logement.

Pour l´électricité, cela demande de favoriser les ampoules basse consommation, ou les LED, mais aussi de remettre en question le tout électroménager, et les instruments laissés en veille : autre débat sur la consommation que nous avons évoqué plus haut : quels sont les éléments vraiment utiles ?



Thierry Folliard (commission écologie),

haut