TRIBUNES LIBRES
     
 
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Europe 27 mai 2005

NOTRE DEVOIR, DIMANCHE ET APRES


Il reste vingt-quatre heures pour convaincre, gagner et empêcher l’irréparable. Nous n’avons pas le droit de relâcher nos efforts. Tout doit être mis en œuvre, d’ici à dimanche, pour convaincre ceux qui doutent encore de l’impérieuse nécessité de dire « non ».

Notre force de conviction s’appuie sur une analyse rigoureuse de la Constitution européenne proposée et sur une conception de la société qui prend au sérieux le triple objectif de liberté, d’égalité et de fraternité pour tous les peuples d’Europe et du monde.


D’ores et déjà, ce que nous avons entrepris depuis l’Appel des 200 lancé le 19 octobre dernier porte ses fruits :


- nous avons aidé le peuple à se réapproprier la politique et fait revivre la démocratie ;

- nous avons cultivé une conception du débat citoyen basée sur le respect auquel chacune et chacun a droit en fournissant une présentation honnête du contenu de la Constitution et des implications de ce contenu ;

- face aux insultes et au dénigrement systématique des partisans du « oui » et de leurs relais médiatiques, nous avons maintenu la dignité qu’impose le débat démocratique ;

- nous avons, à peu près partout, privilégié la démarche unitaire inspirée par l’Appel des 200 et généré des centaines de collectifs composés à l’image du collectif national.

Un grand espoir s’est levé dans tout le pays. Des milliers de personnes ont, spontanément ou de manière organisée, rédigé ou distribué des tracts, collé des affiches, préparé et tenu des milliers de réunions publiques. Un intense travail d’éducation populaire, digne du mouvement social du 19e siècle et du début du 20e , a rendu confiance aux femmes et aux hommes dans leur capacité citoyenne. Nous avons même, Européens convaincus, porté l’espérance d’une Europe de solidarité au-delà des frontières nationales et suscité, auprès de milliers de personnes hors de France, l’attente d’un « non » français à une Europe des inégalités.


D’ores et déjà, ce que nous avons réussi nous impose, à l’égard du peuple de gauche, des responsabilités qui vont au-delà du 29 mai.
L’esprit et la dynamique de l’Appel des 200, qui sont au cœur de notre démarche, doivent demeurer et se prolonger.

Il faut inscrire dans la durée les centaines de collectifs qui ont animé la campagne et qui vont encore travailler dans les heures qui viennent. Il faut leur donner une expression nationale permanente et réunir à cette fin une convention nationale de tous les collectifs pour une France et une Europe démocratiques et sociales. D’abord, pour apporter notre soutien aux autres peuples d’Europe qui vont se prononcer dans les semaines et les mois qui viennent et pour jeter les bases d’un grand mouvement européen qui exigera que le Parlement européen élu en 2009 soit doté des pouvoirs constituants. Ensuite, pour mettre ces collectifs à l’écoute des attentes populaires et, comme l’a proposé José Bové, rédiger des « cahiers de propositions » qui identifieront, dans chaque coin de France, ce qui rendra la vie plus belle. De l’Europe au local et du local à l’Europe, il nous faut privilégier, dans la même démarche unitaire, ce qui crée, nourrit, élargit les solidarités nationales, européennes et internationales qui donnent un sens à notre humaine condition.

Nous n’avons pas le droit de décevoir. Ni dimanche. Ni après.



Raoul Marc JENNAR , Appel des 200 – Propositions pour une relance européenne

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