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Ecologie 28 juin 2005

UN PLAN J POUR L'ECOLOGIE (ALTERNATIVE) EN EUROPE

Construire une Europe démocratique, sociale, écologique et solidaire


Synthèse de propositions pour une autre Europe:Une Europe en Rouge et Vert

Aujourd'hui, quelle alternative pour une autre Europe, quel projet alternatif ? Le XXIe siècle sera celui des peuples dit R.M Jennar, alors quelle Europe pouvons-nous construire dans un cadre économique qui soit démocratique, social et aussi écologique ?

La déclaration de Nanterre (25 Juin 2005) rappelle que la victoire du NON au référendum témoigne d'« un vote de gauche, d¹exigence sociale, démocratique, féministe, écologique, laïque, d¹égalité, de paix et de solidarité. » R.M. Jennar le définit comme un « NON à un projet de société caractérisé par le déclin des pratiques démocratiques, le rejet de la laïcité, la négation de l'autonomie de la femme, la primauté de l'économique sur le politique, la régression des droits sociaux, l'abandon de la solidarité au profit de la compétition, le productivisme, la généralisation du dumping social et des précarités, l'aliénation définitive à l'OTAN. »

Alors quelle place pour l'écologie dans une revendication largement sociale mais qui ne prend pas en compte la dégradation de nos conditions de vie et notamment l'incidence au travail ?

Pour tous les problèmes liés aux enjeux économiques (effet de serre, pollution, malbouffe, énergie, transports, OGM), l'Union Européenne fait primer la rentabilité sur l'environnement. Le projet aspire à une Europe écologiste, sociale et solidaire, préservant les ressources en eau, assurant une alimentation saine et réduisant les émissions de gaz polluants. La lutte sociale implique une dimension écologiste car les plus démunis sont les premières victimes de la pollution, du réchauffement climatique, de la malnutrition et de problèmes alimentaires (obésité). En revanche, on ne peut s'attaquer aux problèmes écologiques sans remettre en cause le marché, la concurrence. Nous voulons une autre PAC, qui défende l'agriculture paysanne (et non les trusts agroalimentaires), la qualité des produits (en dénonçant les intrants), la souveraineté alimentaire (au Nord comme au Sud) et le respect de l'environnement (écologie et paysage).

Parmi les propositions qui doivent être intégrées dans le projet européen, la dimension écologique doit trouver toute sa place. Il est essentiel d'offrir des modèles de développement alternatifs pour promouvoir la solidarité internationale en préservant les ressources planétaires et ce, pour nos générations futures :

- réduire les inégalités entre les pays du nord et ceux du Sud ainsi qu'entre les classes sociales de ces mêmes pays

- préserver l'équilibre écologique de la planète et de la biosphère

- limiter la marchandisation des aspects de la vie humaine et qui porte atteinte à ce qui devrait constituer des biens communs : eau, climat, le génome, connaissances.

- valoriser le lien social, échanges non monétarisés, transmission de savoirs et préservation de l'environnement

L'alter développement s'affirme comme une solution transitoire qui puisse mettre un frein aux dégâts du libéralisme et son corollaire le productivisme, en offrant une régulation constante sur l'économie et une protection des services publics. C'est un développement respectueux des contraintes sociales et environnementales et promoteur de citoyenneté et responsabilité collective (producteur, consommateur). Il préconise de ne pas séparer les questions de solidarité (locales et internationales), d'économie (sociale) et de développement. Le concept de développement durable est aujourd'hui largement récupéré par les pollueurs et multinationales, il n'est donc pas mentionné dans le projet, l'ambition des acteurs du D.D et sa traduction s'avérant de plus en plus confuse et contestable, il en résulte une politique de maquillage pour les grands groupes (industriels ou distribution). Il est urgent de protéger l' agriculture et sa population afin de permettre le maintien de la biodiversité et donc le respect de l'environnement, ainsi que la qualité et prix équitables (en subventionnant l'agriculture biologique). Ce prix doit garantir aux producteurs et à leur famille logement, nourriture et éducation (dans sa version équitable et sociale). Il s'agit en fait de mettre en place une économie véritablement durable au Nord comme au Sud. Il revient enfin à soutenir une distribution équitable des richesses. La redistribution induit un choix de société qui prône un autre développement privilégiant le qualitatif (le volet social) au quantitatif.

Il convient de :

-diversifier les modes d'organisation économique (économie solidaire, associations, coopératives.)

-promouvoir une économie durable qui n'obéisse pas à la sacro-sainte croissance, qui limite les dangers liés aux risques industriels et aux choix énergétiques (nucléaire)

-sortir d'une agriculture productiviste en soutenant le bio et les productions alternatives, en refusant les manipulations génétiques, les OGM ou les brevets sur le vivant.


PLAN J (écolo)

Dans la dimension européenne, il faut viser un progrès social et écologique en stoppant les directives de libéralisation et en réclamant un volontarisme des états pour soutenir des investissements publics et notamment pour réduire les émissions de gaz (transports publics, agriculture respectueuse, maîtrise énergétique). Aujourd'hui, on peut reconnaître aisément de grandes disparités de développement au sein de l'UE et accentuées avec l'élargissement à 25, les régions les plus pauvres de Pologne, de Lettonie ou de Hongrie sont loin de la moyenne communautaire (soit 35% de moyenne/PIB). Les états les plus régionalisés sont ceux ou les inégalités se sont le plus accentuées. Une volonté politique plus affirmée de l'UE doit permettre un moratoire sur les utilisations d' OGM. La commission européenne doit renforcer l'information des consommateurs pour l'alimentation en se protégeant des assauts des multinationales de l'agro-industrie pour espérer pouvoir vivre sans OGM en Europe. Le principe de précaution doit s'appliquer plus largement et notamment sur les lieux de travail. La condition sanitaire se dégrade partout dans le monde, l'inaction des pouvoirs publics est très dommageable, la pollution de l'air coûte environ 10 milliards d'euros par an en France en terme de santé publique. Dans l'espace européen, la pollution n'a pas de frontières, les nuages radioactifs sont venus nous le rappeler. Les cancers liés à la dégradation de l'environnement (production de substances toxiques notamment) progressent eux aussi. Le bilan de la PAC est négatif, il appauvrit et fait disparaître une part importante de la population agricole en défendant la concentration des grandes exploitations, et menace directement le développement des pays de Sud, leurs productions et leurs exportations en matières premières agricoles. Au niveau supérieur de la hiérarchie globalisée, l'heure est venue de démocratiser les institutions internationales (FMI, Banque mondiale) pour sortir de la soumission de la dette des pays du Sud et de l'immobilisme des pays riches.Une politique économique européenne volontariste pour l¹environnement, des mesures de solidarité et de convergence sociale et fiscale sont plus que souhaitables.

Parmi les propositions soulevées et à défendre :

- Retrait de la directive Bolkestein, celle sur le temps de travail, sur les transports ferroviaires.

- Soutien d'une véritable politique pour l'emploi avec assouplissement du pacte de stabilité.

- Une politique sociale et une augmentation des fonds structurels à destination des pays nouveaux entrants afin de les aider dans leur développement, au lieu d'encourager le dumping social et fiscal, ainsi que les délocalisations.

- Organisation d'une relance économique européenne, y compris par l'emprunt, fondée sur des investissements dans les infrastructures publiques contribuant à améliorer l'environnement, les transports ferroviaires, l'éducation, la santé..., et visant à la création d'emplois.

- Moratoire sur les négociations de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) à l'OMC.

- Renégociation de la politique agricole commune (PAC) qui soit non soumise aux objectifs de l¹OMC (subventions PAC période 2007-2013 à rediscuter).

- Accroissement de l'aide publique au développement à 0,7 % du PIB des Etats membres de l'Union ; engagement plus fort dans les « Objectifs du millénaire » et annulation de la dette des pays pauvres, promotion des taxes globales et de l'harmonisation fiscale en Europe.

- Révision de la politique monétaire de la Banque centrale européenne Les dégâts de l'effet de serre et les menaces sur les populations exigent de repenser une Europe, en rassemblant tous les européens, qui s'enrichisse de ses différences, sans pouvoir anonyme supra-étatique qui homogénéiserait l'ensemble de son territoire, plutôt une Europe des diversités de langues et de cultures, une écologie des peuples européens. L'urgence environnementale (réchauffement climatique) nécessite une politique écologisée qui fasse de l'Europe un espace où s'expriment réellement démocratie et citoyenneté.

La disparition des ressources naturelles et l'annonce du nouveau choc pétrolier ne perturbent en rien les tenants du système capitaliste - productiviste qui souhaitent la relance des programmes électronucléaires, en y ajoutant l'accumulation de déchets à hauts risques. Des solutions passent par : la réappropriation sociale de biens vitaux comme l'eau, la souveraineté alimentaire, la redéfinition radicale des politiques des transports et du logement, les économies d'énergie et le recours aux énergies renouvelables, le refus de l'infantilisation consumériste et de la précarisation de masse, le primat de l'utilité sociale sur le règne de la marchandise.

Enfin, il faut sortir de ce modèle mortifère de développement, antidémocratique, antisocial et antiécologique. Il est temps de remettre en question les vertus de la croissance dévastatrice et d'insuffler une écologie sociale avec l'exigence d'une meilleure qualité de vie, de protections sociales, d'une relocalisation de l'économie et d'une reconstruction d'une Europe qui protége notre environnement social et naturel.

Gwelan


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