TRIBUNES LIBRES
     
 
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Gauche Alternative 29 juin 2006

Meeting unitaire d'Aubagne

INTERVENTION DE MAGALI BRACONNOT AU NOM DES ALTERNATIFS

Nous sommes tous ici rassemblés parce que nous avons une furieuse envie de changement ! Un vrai changement pour répondre à l’aggravation d’une addition des crises que nous subissons depuis des années : crise sociale, crise écologique et crise démocratique.
Les mensonges officiels et les statistiques truquées ne trompent plus personne, la crise sociale en France est bien réelle :

- aggravation des inégalités sociales,
- montée continue du chômage et de la précarité,
- explosion de la pauvreté,
- chômage des jeunes,
- déstructuration du lien social

Cette crise sociale est le produit de l’offensive néo-libérale qui n’est rien d’autre que l’expression du capitalisme d’aujourd’hui. C’est un gigantesque transfert des richesses qui s’opère au détriment du plus grand nombre et du monde du travail. Nous devons le dire et le répéter en dénonçant Nicolas Sarkozy qui prétend défendre le travail, et nettoyer la France de ses immigrés.

La crise écologique est bien réelle elle aussi :
Notre patrimoine commun est menacé voire déjà gravement entamé. Que ce soit sur les transports, l'utilisation des OGM, la sortie du tout nucléaire, l'aménagement du territoire et des lieux de vie, la répartition de l'eau, les dirigeants politiques adeptes du libéralisme sauvage ont reculé et ont renoncé à trouver des solutions.

La crise démocratique est tout aussi grave :
Elle s’exprime depuis plus de 20 ans par la montée continue de l’abstention populaire aux élections. Elle s’est aussi exprimée à l’occasion du référendum sur le TCE en 2005, et encore tout près de nous à l’occasion du CPE : jamais le décalage n’a été aussi grand entre la société et sa représentation politique. Elle atteint des sommets de grotesque et d’indécence, avec cette droite cynique et brutale, hautaine et corrompue au plus haut sommet de l’Etat.

Et c’est bien la combinaison de ces différentes crises qui porte Le Front National au plus haut des intentions de vote jamais enregistrées par les sondages. Le chef du Front National n’est pas seulement le grand inspirateur de Nicolas Sarkozy, il est aussi celui qui peut rééditer le 21 avril.

Dans quelques mois se présente à nous une échéance électorale qui concentre toutes les tares de ce système politique à bout de souffle. Le scrutin présidentiel est bien le pire qui soit pour celles et ceux qui militent pour un projet alternatif de société. Personnalisation à outrance, vedettariat, « pipolisation » débilitante : on en a déjà beaucoup vu, mais on peut craindre encore pire en 2007. Et pas seulement à droite, hélas !

C’est bien pourquoi le défi à relever est redoutable. Mais il est aussi à notre portée. Nous avons fait la preuve, dans les mouvements sociaux, les mobilisations citoyennes et particulièrement lors de la campagne référendaire de l’an passé, que l’unité et une autre pratique de la politique sont à la fois possibles et gagnantes. Et sans le soutien des média ! Ces média acquis aux puissances de l’argent qui refusent de rendre compte de nos pratiques parce qu’elles sortent de leurs schémas habituels.

Cela veut dire en clair que l’esprit de boutique et le sectarisme, mais aussi la façon traditionnelle de faire de la politique, doivent être absolument laissées de côté au moment des deux rendez-vous électoraux de 2007. Et nous serons au cœur du sujet : en étant rassemblé-e-s et en ayant une autre pratique politique !

Nous ferons ainsi une critique « en actes » des institutions agonisantes de la Ve République, avec sa constitution autoritaire et monarchique, anti-démocratique et dépolitisante. Voilà pourquoi il est décisif de mettre au cœur de notre démarche le projet et la constitution d’une véritable équipe pluraliste pour le porter.

Ce projet, la charte des collectifs du 29 mai, en est un élément essentiel.

Mais il nous faut aller plus loin, en faire le centre des débats au sein des collectifs unitaires, la populariser, et continuer la réflexion programmatique en l’enrichissant.

Quant à l’équipe, elle doit être pluraliste et paritaire, en prenant soin de ne laisser personne au bord de la route. Cette équipe doit être représentative de tous les engagements associatifs, citoyens, syndicaux et bien sûr politiques qu’on retrouve dans les Collectifs unitaires. A propos du candidat, nous pensons, aux Alternatifs… en restant calmes… (référence à Raoul Marc Jennar !) que seule une candidature rassembleuse, dépassant les cadres partidaires existants peut être en mesure de porter une dynamique à l’échelle de l’enjeu. Une candidature alternative au libéralisme autoritaire et antiproductiviste. (Applaudissements)

Nous avons voulu ce meeting pour affirmer notre rassemblement autour d’objectifs communs : Nous, les Alternatifs pensons qu’il est important de dire clairement que nous appelons à battre la droite : il serait grave de finasser à ce sujet.

Renvoyer dos-à-dos la gauche et la droite relèverait d’une démarche politicienne et populiste qui ne ferait qu’alimenter la dépolitisation, le désarroi, et n’ouvrirait aucune perspective politique. Mais dire cela ne signifie en rien s’aligner sur le social-libéralisme, et les Alternatifs sont clairs à ce sujet : il n’est pas question de passer sous les fourches caudines d’un accord gouvernemental avec un PS social-libéral (cf. l’analyse du programme du PS de Raoul Marc Jennar) C’est aussi en affirmant notre volonté de battre la droite que nous lutterons contre le vote soi-disant utile en faveur du PS.

Si le projet doit être au cœur de notre démarche de rassemblement, nous devons y associer systématiquement notre engagement pour des candidatures unitaires. Car les exigences de renouvellement politique vont de pair avec les aspirations unitaires. Prenons des engagements clairs dans ce sens face à un électorat plus exigeant et plus attentif que ne le pensent les politiciens professionnels ; la politique réservée à des professionnels, c’est justement la réponse de la droite, et aussi hélas d’une partie de la gauche. Il nous faut impérativement incarner une alternative, non seulement dans le domaine social et écologique, mais aussi sur le terrain démocratique !

Pour nous, Alternatifs, cela correspond à nos références autogestionnaires et féministes. Sur ce terrain, faisons ensemble des propositions ambitieuses : la parité, aussi indispensable soit-elle, n’est pas une réponse suffisante ; ce sont des mesures radicales qui doivent être portées par les forces politiques et exprimées dans les politiques publiques pour que les femmes puissent exercer une citoyenneté active. Et la politique ne se limite pas aux institutions, aujourd’hui elle est trop souvent confisquée par des professionnels. Rendons là aux citoyens, car la politique est l’affaire de toutes est de tous !

Dans une perspective autogestionnaire : c’est une démocratie active et participative qui est à l’ordre du jour.

La refonte et l’invention d’une nouvelle architecture institutionnelle, avec entre autres la problématique du mandat unique, (aussi indispensable soit-elle), ne suffisent pas : en prenant le meilleur de l’expérience de Porto-Alegre, permettons l’association de véritables conseils de quartier aux décisions, en particulier budgétaires, dans l’ensemble des collectivités territoriales. Insufflons l’autogestion dans le monde du travail et dans l’entreprise, en permettant par les politiques publiques l’aide à la reprise par les travailleuses et les travailleurs des entreprises liquidées par leur patron.

C’est une grande leçon du mouvement altermondialiste : ensemble et sans hiérarchie aucune, citoyennes et citoyens aux appartenances les plus diverses, aux engagements associatifs, syndicaux, politiques très variés, nous pouvons dans nos luttes et nos pratiques, résister et en même temps commencer, même modestement, à changer le monde. Nous en avons fait la démonstration en 2005 contre le TCE et en 2006 en bloquant le CPE.

Proposons l’utilité sociale plutôt que la loi du marché, la justice sociale plutôt que la finance, la démocratie active plutôt que le verrouillage du capitalisme autoritaire.

Alors, toutes et tous ensemble, prenons l’engagement de prolonger notre victoire du 29 mai et exprimons notre volonté de changement radical dans les prochains rendez-vous électoraux. Le plus vite possible, engageons-nous, dans une campagne pluraliste, ancrée sur le terrain, radicale, propositionnelle et alternative !

Faisons de 2007 une année décisive dans l’histoire de la gauche de ce pays !

Nathalie Braconnot




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