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TRIBUNE POLITIQUE FRANÇAISE 12 juin 2001

L.C.R. - L.O. : UN DRAME MODERNE DE L'INCOMMUNICABILITÉ

 

Alors que l'alliance entre LO et la LCR avait permis aux deux partenaires d'obtenir 5% des suffrages et 5 députés aux élections européennes, le formation d 'Arlette Laguiller ne semble guère disposée à répondre aux sollicitations de la direction de la LCR en vue de campagnes communes aux présidentielles et législatives de 2002. 

Quatre plate-formes sont présentées en vue de la conférence nationale de la LCR des 23 et 24 juin. Toutes prennent acte des succès récents des candidatures d'extrême gauche aux européennes et municipales, et, parfois dans une logique essentiellement prédatrice, de l'ampleur de la crise du PCF, mais elles n'accordent pas la même importance à l'émergence de listes associatives et alternatives, défendent des positions contradictoires sur la question du deuxième tour et apportent des réponses diverses à la crise d'orientation que provoque au sein de la LCR l'absence de réponse de Lutte Ouvrière aux appels pressants d'Alain Krivine à l'unité.

La plate-forme A fédère plusieurs courants historiques de la LCR (les proches d'Alain Krivine, le courant Révolution !, l'ancienne sensibilité la plus mouvementiste avec des syndicalistes comme Christophe Aguitton...).
Elle propose qu'Arlette Laguiller soit la candidate commune des deux organisations aux présidentielles, puis une répartition des circonscriptions entre la LCR et LO aux législatives, et se prononce pour une non-consigne de vote au deuxième tour des prochains scrutins.
Problème : cette orientation est dans l'impasse ce qui conduit les tenants de la position A à envisager, à contre-cœur, la présentation d 'un candidat de la LCR à la présidentielle.

La plate forme D, animée par les militants issus du groupe Voix des Travailleurs (courant de LO ayant rejoint l'an dernier la LCR) se retrouve pour l'essentiel en accord avec la position A, mais poussant à son terme la logique du texte A et, considérant qu'un score important pour Arlette Laguiller serait à la fois un avertissement et le vote sanction le plus efficace contre le gouvernement, appelle à un soutien sans état d'âme à la candidature Laguiller la présence de la LCR se limitant aux législatives.

La plate forme B, héritière des courants les plus favorables au " front unique ouvrier " est en désaccord fondamental avec les orientations A et D sur la question du 2e tour et propose que la LCR appelle à battre la droite. Aux présidentielles, le texte B se prononce pour une candidature de la LCR visant à rassembler les partisans d'une nouvelle force politique " 100% à gauche " et aux législatives d'une accord de répartition des circonscriptions entre LO et la LCR.

La plate forme C regroupe le courant hostile au tête-à-tête avec LO (20% des membres de la LCR au moment du débat sur les européennes). Elle se prononce pour une démarche visant à fédérer une gauche " 100% à gauche ", analyse correctement la nouvelle donne politique née des mobilisations contre la mondialisation capitaliste, du regain des lutte sociales, de la crise de la gauche plurielle et de la diversification des expressions politiques à sa gauche, enfin prend acte des enjeux de la crise du PCF.
Elle constate que LO, qui rêve de prendre la place du PCF des années 50, devient, à l'image de son modèle, un obstacle à une recomposition de la gauche et dénonce l'alignement de la direction de la LCR sur LO.
Le courant C propose une démarche en vue d 'une candidature large aux présidentielles, porte, comme les Alternatifs mais dans une perspective sans doute différente, une attention particulière à l'évolution de collectifs locaux et régionaux comme TEAG en Bretagne ou l'ANPAG en Basse Normandie, et rejette le renvoi dos à dos de la gauche et de la droite au 2e tour des scrutins de 2002.

La capacité de la LCR à négocier des virages politiques ne fait aucun doute, mais, cette fois, l'enfermement de la direction dans une logique d'alliance presque à tout prix avec LO va poser problème. Dans l'hypothèse ou LO accepte l'offre de services d'Alain Krivine, l'alliance LO-LCR, présentée un temps par la direction de la LCR comme tactique se confirme comme stratégie et ce d'autant plus que la dynamique actuelle de recrutement de la LCR pousse dans ce sens.
Dans l'hypothèse, vraisemblable, ou LO ferait la sourde oreille, c'est une organisation profondément divisée, qui devra se ressouder dans la perspective d'une candidature LCR de témoignage. Or, bon nombre de militants parmi les plus actif sont favorables au soutien en tout état de cause à Arlette Laguiller, alors que d'autres cherchent la voie d'une alternative large. 

Le renforcement des Alternatifs, le succès d'initiatives comme celle des états généraux de la gauche alternative en novembre, l'ouverture d'espaces de débat transorganisationnels peuvent contribuer à renforcer l'influence au sein de la LCR de ceux et celles qui ne se résignent ni à l'alignement sur LO ni à la sectarisation durable qui en découlera.

Jean-Jacque BOISLAROUSSIE

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