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TRIBUNE POLITIQUE FRANCAISE Avril 2003

OU VA LE PCF?

 Le 32e congrès -houleux- du Parti Communiste Français a été, en positif, le cadre d’un vrai débat d’orientation, débat qui a confirmé d'importantes interrogations et divergences et le risque d'une fracture irréversible à moyen terme au sein du PCF. La direction sortante s’est peu investie dans les débats, elle était divisée sur le bilan de la mutation engagée par l’équipe de Robert Hue, et la référence aux espoirs suscités par le mouvement altermondialiste et les mobilisations antiguerre ne pouvait tenir lieu d’orientation.

Ainsi, la seule intervention de Marie-George Buffet (hormis le traditionnel discours de clôture), lui fut arrachée à 0h30, la nuit de samedi à dimanche, par de nombreux délégués demandant qu'elle se prononce sur les questions de l'unité, du pluralisme et de la diversité au sein du parti. Ce débat, source de réels clivages, s’est exprimé lors du dépôt d'une liste "alternative" pour l'élection du Conseil National.

Il a refait surface dès le vendredi 11 Avril, lors de la tenue du conseil national qui fut l'occasion de l'éviction du Comité Exécutif de Bertho, Dimicoli, Marchand, Martelli et Zarka (l'ensemble des responsables de premier plan se trouvant en désaccord -partiel ou total- avec la Secrétaire Nationale).

Les raisons officielles de cette éviction ? "Un exécutif n'est pas fait pour débattre mais pour agir et travailler". Cela démontre surtout, comme le souligne.Roger Martelli, que le Parti Communiste a du mal à aller jusqu'au bout de la reconnaissance de sa diversité et à rompre avec la tradition Bolchevique. Que peut-on penser, par ailleurs, d'un exécutif "qui doit agir et travailler" et est élu par seulement 78 des 221 membres de son comité national.? 89 membres, élus une semaine auparavant, n'ont en effet pas estimé nécessaire de participer à cette élection. Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec ceux de la préparation du congrès : seulement 32 % des adhérents avaient participé aux votes sur les trois textes initialement proposés et les scores importants réalisés par les deux contributions opposItionnelles.

Quant au contenu politique du congrès, il est lui aussi sujet à questionnement.

Le texte d'orientation ne répond pas -et de loin- aux questions vitales posées au sein du PCF : Qu'est-ce que le communisme au XXIe siècle? Faut-il poursuivre, réorienter la mutation engagée par Robert Hue ou rompre avec elle ? Et comment ? Quelle stratégie politique pour les années à venir ? Quelles alliances électorales, avec ou sans le Parti Socialiste, lors des prochaines échéances ?

Jean-Jacques Boislaroussie, Roland Merieux

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