TRIBUNES LIBRES
     
 
Remonter ] [ Porto Alegre 2003 (02) ] Porto Alegre 2003 (01) ] Guerre en Irak ] Verts ] Epoque de conflits ] Nostalgie citoyenne ] Chômage, retraite, précarité... ] Ressources humaines ] Prostitution ] Impérialisme ] Bien à droite ! ] Agriculture paysanne ] LCR - LO ] Lutte Ouvrière ] Nation-Région-Réflexion ] Porto Alègre 2000 ] École et violence ] Chiche ! ]
A - B - F - L - M - O - R - T - V - W
TRIBUNE POLITIQUE INTERNATIONALE
(voir la première partie)
28 janvier 2003

PORTO ALÈGRE : EN DIRECT DU FORUM SOCIAL MONDIAL - suite et fin

 

Porto-Alegre, c'est le FSM et la démocratie active, c'est aussi à l'échelle de l'État du Rio Grande do Sul (RS) environ 300 expériences d'autogestion d'entreprises.

L'autogestion étant pour eux une référence centrale et le coeur de leur vision du projet alternatif, il était logique que les Alternatifs présent-e-s sur place aillent visiter dans la banlieue de Porto-Alegre, juste avant l'ouverture du FSM, l'entreprise CTMC de Canas. Comme son nom l'indique (Coopérative des Travailleurs de la Métallurgie de Canas),c'est une entreprise de métallurgie qui emploie 150 ouvrier-e-s, employé-e-s et cadres.
L'échelle des salaires y a été réduite de 1 à 3. Mais elle subit le passif financier de sa gestion classique d'autrefois et sa situation est difficile malgré des carnets de commande et un marché local et international (avec l'Europe et la France en particulier !)qui la rendent viable. Aussi les travailleur/se-s de la CTMC sont-elles/ils étroitement lié-e-s au réseau des entreprises autogérées et coopératives, et attendent beaucoup du nouveau gouvernement. Leur désir est de voir naître une nouvelle législation rendant viable et durable et leur expérience.

La toute récente mise en place d'un ministère de l'économie solidaire au niveau fédéral est un sérieux motif d'espoir. On notera au passage que tout au long du FSM, les notions d'économie solidaire et d'autogestion ont été régulièrement associées, ce qui est particulièrement significatif de la radicalité du processus en cours . A la CTMC,l'espoir ne signifie pas absence de vigilance. Car les salarié-e-s de la CTMC savent bien, et nous l'ont confié en termes très clairs : la gauche et la droite, ce n'est pas la même chose, mais il a fallu une grande ténacité pour que la gauche (PT compris) s'intéresse à leur expérience autogestionnaire et la prenne réellement en compte !

Mais revenons au FSM lui-même. Le samedi matin, une passionnante table-ronde était organisée sur le thème "Crise économique et financière : quelle analyse et quelles alternatives ?", dans l'impressionnante enceinte du Gigantinho, avec la participation d'environ 2000 personnes très attentives. Une table-ronde polarisée par la participation à la tribune du "camarade-premier ministre" (PT), Jose Dirceu. Non pas par on ne sait quel statut à part (il n'était qu'un intervenant à la tribune comme les autres), mais bien parce qu'il prenait la parole... le lendemain même du meeting de Lula !
Questionné logiquement sur la nouvelle politique gouvernementale brésilienne, il a illustré les difficultés et les contradictions liées aux énormes pressions internationales des grandes institutions mondiales et des États-Unis d'une part, et aux immenses espérances de l'Amérique latine tout entière nées de la victoire de Lula d'autre part. Était-il possible de rompre les très contestables et dangereux engagements du gouvernement précédent vis-à-vis du FMI ? Pour Dirceu, c'est non, sauf à vouloir précipiter à une vitesse foudroyante le Brésil dans une situation analogue à celle de l'Argentine.

Cela n'empêche pas le "camarade-premier ministre" de conclure sa première intervention par les mots suivants : "Oui, il faut 
de grandes mobilisations de la société, de puissants mouvements sociaux, un Forum Social Mondial plus fort encore, pour rendre possible le changement de société !". Et c'est aussi, a-t-il dit également, ce discours qui sera tenu à Davos par Lula. Des propos fort éloignés, à ce jour en tout cas, de ceux que tenaient en leur temps les ex-gouvernements de gauche de ces dernières années en Europe...

Mais la richesse de cette table-ronde ne s'est pas limitée à cela. Car d'autres questions sont venues sur le tapis, en lien avec la précédente. Comment desserrer l'étau des contraintes internationales ? Faut-il décrocher des échanges internationaux ou refonder un tout autre type d'intégration mondiale ?
La nécessaire contestation du capitalisme doit-elle nous conduire à considérer que les solutions alternatives ne seront pensées qu'ultérieurement ? Ou faut-il combiner ces deux priorités ? La guerre qui vient justifie-t-elle ou non de passer les alliances les plus larges ?

On ne résumera pas ici et maintenant ces débats, vus sous l'angle brésilien, argentin, américain, ougandais et français (Patrick Viveret, de la revue Transversales) de par l'origine des intervenant-e-s.

On y reviendra cependant, d'autant plus que la délégation des Alternatifs a commencé le travail de retranscription de nombreux débats, ateliers ou tables-rondes, déjà en partie publié-e-s sur la liste internet des Alternatifs au plan national. Un n° spécial de Rouge-Vert (national) est en préparation ainsi qu'une réunion publique à Nice prochainement. A noter au sein de la délégation des Alternatifs, venant de la fédération des A.-M. : Nicole Simon-Lafaye, Hélène Deom et Bruno Della Sudda ; et la présence des ex-Niçois-e-s Magali Braconnot et Guy Giani.

Enfin, un nouveau message reviendra sur le bilan d'ensemble du FSM et précisera les nouveaux rendez-vous européens et 
mondiaux de ce mouvement alter-mondialisation qui, décidément, n'en finit pas de grandir...

De Porto-Alegre - Bruno DELLA SUDDA,
adhérent d'Attac-Nice et conseiller municipal Alternatif de Nice

haut