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Comment fallait-il nationaliser Florange ?


Le débat sur la nationalisation du site de Florange, interroge sur l’intérêt d’une nationalisation d’un site isolé. Au-delà de la sauvegarde des emplois concernés, elle ne présente que peu d’intérêt stratégique pour le contrôle et la maîtrise de l’économie et rend légitime la question du caractère transitoire d’une telle nationalisation peut se poser.
Pour les Alternatifs, porteurs d’une revendication de reprise des entreprises par leurs salariés, le site lorrain d’Arcelor offre néanmoins une occasion de travaux pratiques sur un cas complexe qui aurait nécessité une organisation dépassant la simple création d’une coopérative ouvrière.

Ce texte a pour but de répertorier une série de questions à laquelle le mouvement doit répondre dans la perspective d’une conversion écologique de l’économie et de ses conséquences en terme d’emploi et de reconversion professionnelle.

Les réponses ne peuvent provenir de la seule réflexion des commission économie –social et écologie. Elles impliquent des connaissances techniques, des réflexions politiques, une prise en compte des réalités de terrain (dans et hors l’usine) et des expériences entreprises ici ou ailleurs, qu’aucun-e d’entre nous ne possède. Sans se placer dans le cadre d’ une société idéale, elles doivent être suffisamment fortes et en rupture avec le capitalisme actuel pour poser des jalons vers la société autogestionnaire.

C’est donc là un appel à chacun-e d’entre nous, adhérent-es, sympathisant-es, connaissances que ces questions s’adressent. Nous proposons d’ouvrir ainsi un forum et nous chargeons d’en faire la synthèse.


Quelques questions posées par une nationalisation du site de Florange

1. Quel coût et quel mode de financement ?
Le coût de l’opération risque de peser excessivement sur le budget public et les contribuables, comme ce fut le cas en 1981 en fonction de la décision d’indemniser ou pas, du niveau d’indemnisation choisi et du mode d’indemnisation retenu :

  • Faut-il exproprier sans indemnité ?
  • Faut-il comme en 1981 racheter l’installation au prix fort ? Ou à son « juste prix », notion qu’il faudra savoir définir en tenant compte de la valeur des actifs (équipements), des aides directes et indirectes reçues, de la plus-value réalisée sur le travail ? etc.
  • Quant au mode de financement, il faut savoir trouver des modes alternatifs au paiement rubis sur l’ongle, comme on l’a fait pour la SNCF en 1937 et EDF en 1946.

Les réponses à ces questions sont fortement politiques tant sur le plan idéologique (c’est le travail des ouvriers qui a créé la richesse) que pragmatique (quel pouvoir de négociation dans le contexte politique présent : règles de l’Union Européenne, mondialisation et concentration du capital etc.)

2. Quel périmètre faut-il retenir ?
Florange est un site intégré dans le groupe Mittal, et plus généralement dans la sidérurgie mondiale. Peut-on le nationaliser sans nationaliser également d’autres sites en amont et en aval ? Quelles conséquences sur les entreprises/sites concurrents ?
Il faut s’attacher à étudier la question dans ses aspects technique (le procès de production), commercial et financier (organisation du secteur et du marché mondial) et politique (règles et rapports de force)

3. Comment faire vivre l’autogestion ?
Avec la sidérurgie on n’est plus dans le cadre d’une reprise traditionnelle par les travailleurs : Le capital fixe et les investissements sont trop importants pour pouvoir être financés par les seuls travailleurs. Le secteur occupe une place trop stratégique dans l’économie et impacte trop fortement l’environnement pour leur en laisser la seule direction.
Pour ces raisons, la séparation entre la propriété du capital et sa gestion est un impératif, se traduisant par un double pouvoir : celui de gestion par les travailleurs (Directoire) et celui d’orientation stratégique par la collectivité (Conseil d’orientation).
La propriété du capital doit être publique, certes, mais à quel niveau ? L’état français probablement, qui de ce fait aura sa place au Conseil d’orientation et représentera la volonté nationale. Quelles autres structure sociales seront amenées à se prononcer sur les orientations stratégiques de l’entreprise : les riverains et collectivités locales au titre de l’impact environnemental et économique local ? Les industriels aval au titre des usagers ?
Cela ne règle pas la question de la représentativité démocratique du Conseil ni du contrôle de des représentants : nomination par les citoyens ou le pouvoir exécutif ? Inscription de leurs décisions dans le cadre d’un politique sectorielle démocratique (planification démocratique). Système de financement. Place du marché, etc., Articulation de l’ensemble

L’intégration de plusieurs procès (fusion, laminage etc…), la division entre plusieurs sites, nécessitent un fonctionnement particulier de la démocratie ouvrière au sein de l’unité socialisée. Faut-il créer plusieurs unités (coopératives) comme ce fut le cas à LIP ? Quelle coordination ? Quelle répartition des compétences de l’atelier jusqu’au Directoire ? etc…

4. Conversion : existe-t-il des techniques de production écologiques ? La sidérurgie tient une place importante dans la culture industrielle de l’occident. Elle est un des constituants centraux de la société industrielle, même si les nouvelles technologies tendent à en atténuer le poids, symbole de l’oppression ouvrière et du productivisme.
Il n’en reste pas moins qu’au niveau mondial cette industrie a des effets non-négligables sur l’environnement :

  • Au niveau de l’extraction
  • Lors de la fusion par combustion de coke et émission de gaz
  • Pour le laminage,
  • Par l’accumulation de déchets à chaque stade de la production

Il faut donc se pencher sur la possibilité d’utiliser des technique plus écologiques : la récupération de l’énergie, le stockage du CO2 ( ?), l’utilisation de métal de récupération (ferrailles), etc.
Il s’agit d’étudier à la fois les possibilités techniques, leur impact écologique, la localisation optimale, les conditions économiques et sociales de leur mise en place et des reconversions nécessaires.

5. Quels sont les besoins réels ?
Au-delà de ces questions, il faut s’interroger sur l’utilité et le besoin de production d’acier :

  • Les avantages et inconvénients par rapport à des matériaux alternatifs
  • Le recyclage
  • La durabilité des produits qui l’intègrent
  • Et leur utilité sociale

Le tout débouchant sur un niveau de production souhaité compatible avec une société de sobriété.

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