Les Alternatifs
Accueil du site > Actualités > Congrès de Solidaires : consolidation, continuité et passage de (...)

Congrès de Solidaires : consolidation, continuité et passage de témoin

Le 6e Congrès de l’Union syndicale Solidaires s’est tenu du 2 au 5 juin à Dunkerque en présence de 350 délégué-e-s, représentant 38 fédérations ou syndicats nationaux et 53 Solidaires locaux. Avec comme principal slogan « Les capitalistes nous coûtent cher », il a réaffirmé la volonté de s’inscrire dans un syndicalisme de lutte et de transformation sociale malgré un contexte politique et social morose. Il a également été marqué par un passage de témoin et un rajeunissement du secrétariat national.


Les présentations du rapport d’activité et de l’étude réalisée par les sociologues Sophie Béroud et Jean Michel Denis, ont confirmé la croissance des effectifs et la structuration interprofessionnelle de l’Union syndicale Solidaires. L’organisation dépasse désormais les 110 000 adhérents et elle est passée de 38 à 55 structures professionnelles en dix ans. Si quatre fédérations (Solidaires Finance publiques, SUD Santé Sociaux, SUD-PTT, SUD Rail) représentent encore l’ossature, elle se développe dans le secteur privé (automobile, commerce, services, prévention-sécurité, restauration, assurances, chimie, informatique, convoyeurs de fonds, nettoyage, associations, etc.). Reconnu représentatif dans la Fonction publique, Solidaires le devient progressivement dans des conventions collectives nationales du secteur privé. Le rapport a été adopté à 94,59% par les syndicats nationaux et 83,33% par les Solidaires locaux, qui pour certains se sont abstenus.

Cinq résolutions d’orientation étaient soumises au débat : « Les utopies de demain sont les urgences d’aujourd’hui », « Protection sociale », « Egalité entre les femmes et les hommes : un enjeu syndical », « Fonctionnement, structuration, développement de notre Union syndicale » et « Des politiques publiques au service de la transformation et de la cohésion sociale ». Les travaux en commission ont permis d’intégrer ou de réécrire la grande majorité des amendements et seuls quelques-uns ont été soumis à débat et au vote en plénière. La recherche permanente du consensus a prévalu et au-delà de différences d’appréciation parfois bien réelles, la volonté d’avancer ensemble a toujours prédominé avec un état d’esprit constructif et un respect des divergences. Pour la première fois, Solidaires a adopté une résolution à part entière sur l’égalité femme/homme qui a été saluée par l’interprétation de l’ « Hymne aux femmes ». Il faut cependant relever que le débat relatif à la prostitution, qui traverse de nombreuses organisations, a été esquivé.

Parmi les cinq modifications statutaires approuvées, figurent la limitation du nombre de mandats au Secrétariat national à quatre et la représentation des Solidaires locaux au Conseil national qui passe à deux délégué-e-s.

De nombreuses organisations syndicales et associatives sont intervenues pour saluer le congrès, manifestant le travail partenarial réalisé depuis des années : la Ligue des Droits de l’Homme, le Réseau Education Sans Frontières, la CNT – Solidarité Ouvrière, la Confédération paysanne, Bizi, Le Mouvement National des Chômeurs et Précaires, la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne, Droit Au Logement, le Syndicat des Avocats de France, Amnesty international, ATTAC, la fondation Copernic, la CNT-f, la CGT, Culture et liberté, Vigilance Informations Syndicales Antifascistes, la campagne BDS, l’UNEF, la FSU, les Marches européennes contre le chômage.

Les organisations qui coordonnent le Réseau syndical international de solidarité et de luttes avec Solidaires étaient présentes : CSP-Conlutas du Brésil, la CGT de l’Etat espagnol et TIE-Allemagne, elles ont ainsi symbolisé l’avancée dans la construction internationale de ce réseau et témoigné des luttes sociales dans leur pays. La CGATA d’Algérie a rappelé la difficulté de développer un syndicalisme autonome dans ce pays. Les camarades des finances du POE DOY ont expliqué la situation sociale en Grèce, les résistances syndicales dont la lutte des femmes de ménage au sein du Ministère des finances. Le représentant de l’UGTT (Tunisie), à travers l’exemple des centres d’appel, a illustré un des aspects du travail syndical international dans un secteur professionnel.

Deux tables rondes se sont tenues le lundi 2 et le mercredi 4 en soirée : la première avait pour thème « Inégalités sociales et santé au travail », à laquelle intervenait Annie Thébaud Mony, directrice de recherche honoraire, et Philipe Davezies, enseignant-chercheur en médecine et santé au travail. Ils ont rappelé que la France détient le record européen d’inégalité de mortalité masculine par cancer avant 65 ans. Si les inégalités s’expliquent par les comportements individuels ou par des facteurs génétiques, elles trouvent leurs sources dans la répartition des risques entre travailleurs-ses statutaires et extérieur-e-s ; l’invisibilité des atteintes à la santé liées au travail ; l’érosion des droits individuels et collectifs des salarié-es par rapport à l’information sur les risques du travail, la prévention et la réparation.
La seconde portait sur « l’autogestion » avec une introduction de Catherine Lebrun et Christian Mahieux (membres du secrétariat national) sur la base de leur texte « Nationalisation, privatisation, socialisation, autogestion - Le droit de propriété en question » et une présentation du processus de récupération des entreprises par les travailleurs en Argentine par Richard Neuville de l’association pour l’autogestion. Les travailleurs de Fralib n’ont pas pu participer à cette table ronde. Le débat alternant entre des expériences particulières et le concept d’autogestion généralisée a été très intéressant et a permis d’esquisser des pistes de luttes pour les équipes syndicales. Un travail à poursuivre…

Comme de coutume, une dizaine de motions d’actualité a été adoptée sur des sujets aussi divers que la souffrance au travail, la réforme territoriale, les négociations UNEDIC, la répression antisyndicale, l’immigration, les hôpitaux en lutte, la grève reconductible dans le secteur ferroviaire, la libération de G.I. Abdallah, la grève à la SEITA Carquefou et le soutien à la Confédération paysanne.

Le 5 juin, date anniversaire de sa mort, un hommage émouvant a été rendu à Clément Méric, qui était militant de Solidaires Etudiants. Ce moment a été l’occasion de rappeler le combat permanent contre l’extrême-droite.

Autre moment d’émotion, lors de la présentation du nouveau secrétariat national en clôture de congrès, Annick Coupé, cofondatrice de SUD PTT en 1988, Christian Mahieux, cofondateur de SUD rail en 1996 et Thi-Trinh Lescure, en charge de la fonction publique -qui passent le témoin à une équipe rajeunie- ont été longuement salué-e-s. Le nouveau porte-parolat composé de Cécile Gondard-Lalanne (Sud PTT) et Eric Beynel (Solidaires Douanes) a remercié les ainé-e-s pour leur travail de transmission. Le secrétariat national a intégré, pour la première fois, un représentant du secteur privé de Solidaires Industrie, Julien Gonthier, âgé de 30 ans.

Ce 6e congrès de l’Union syndicale Solidaires a été celui de la maturité dans la consolidation et structuration de l’organisation, de la continuité dans l’orientation politique et de la transmission à travers le rajeunissement du secrétariat national. Face à la politique d’austérité du gouvernement et à l’offensive du patronat, plus que jamais, il est nécessaire que Solidaires continue à se renforcer pour peser dans les mobilisations sociales et dans le paysage syndical. La déclaration finale a rappelé des éléments essentiels dans la perspective d’un changement profond de la société, parmi lesquels : la socialisation des moyens de production, l’autogestion ; la défense, l’extension et la démocratisation des services publics ; la redistribution des richesses ; l’égalité entre les femmes et les hommes.

Correspondant

P.-S.

DROIT DE REPONSE

Il est faux d’écrire que le débat sur la prostitution a été "esquivé". Comme tous les autres thèmes de notre congrès, il a été traité dans la commission ad hoc, étudiant les amendements et tentant de trouver des consensus : il suffisait d’y assister pour en être témoin. Lorsque les consensus ne sont pas possibles, les amendements sont maintenus en plénier, avec un pour / un contre. En la matière, les structures de Solidaires ont très largement voté la position abolitionniste.

Cécile Gondard-Lalanne (Solidaires)

Répondre à cet article



SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 Hébergement infomaniak