Se donner les moyens de nos ambitions
Propos à proprement parler profondément prosaïques
Bonjour,
Les moyens sont toujours aux mains de ceux qui ont tout intérêt à ce que rien ne change. La question, pour les mouvements d’émancipation, d’acquérir les moyens de leur projet a accompagné toute l’histoire du mouvement ouvrier. D’où les bourses du travail, l’entraide, les caisses de grève et de solidarité, les collectes, les cotisations, les mutualisations. Pour se donner les moyens de ses ambitions.
Mais depuis les années 80, nous voyageons léger, oubliant la question des moyens.
Il y eut les nouveaux mouvements sociaux sans adhérents, sans cotisants, sans militants, avec pléthore de permanents payés par des subventions publiques et de généreux donateurs privés, avec toutes les questions d’indépendance que pose de dépendre de ces moyens-là.
Il y eut – et il y a toujours- des partis de permanents dépendant du maintien du nombre d’élus.
Il y a des mouvements sociaux conchiant partis et syndicats, mais négociant avec les mêmes les finances nécessaires à leurs actions quitte à arrondir certains angles.
Il y a ces nouveaux mouvements, radicaux et indépendants, découvrant à leur corps défendant le coût exorbitant de toute action collective.
La galaxie associative s’est peu ou prou détournée de la cotisation pour se tourner vers la manne publique et le mécénat. Et manne et mécénat se sont taris.
On avait oublié la cotisation, l’adhésion, l’acte de soutien.
Les organisations apprennent à vivre dans la pénurie. Les petits journaux disparaissent. Les associations font des plans sociaux.
Nous ne sommes pas aux USA et les millionnaires français ne donnent pas aux associations pour échapper aux impôts. Et les millionnaires ne nous donneraient, de toute façon, rien.
Pourtant l’impression des tracts continue à devoir être payée, les bus affrétés doivent être pris en charge, les salles de réunion être louées.
Bref, aujourd’hui encore, le nerf de la guerre, garant de l’indépendance politique et des outils (outils à créer, à modifier, à améliorer, à révolutionner) reste le financement.
Dans les numéros de Rouge&Vert, vous trouvez comme d’habitude les encarts vous invitant à adhérer, à vous abonner, à faire des dons pour nous permettre de continuer à faire vivre et développer un projet rouge et vert, féministe et autogestionnaire, et une presse qui permette de faire connaître et vivre ses idées. Peut-être cette fois-ci déciderez-vous de faire un geste pour soutenir cet effort collectif. Nous n’avons pas la prétention d’être la seule organisation utile, le seul journal à lire. Mais ce sont des outils. Ils méritent, comme d’autres, d’être maintenu dans le vacarme libéral, sécuritaire et raciste qui nous assourdi quotidiennement. Encore faut-il en avoir les moyens.
Sans tous les Blanqui cherchant les moyens de leurs projets, il n’y aurait certainement pas eu de ces petits matins ensoleillés où le soleil empourpré d’espoirs révolutionnaires darde ses merveilleux rayons rouges.
Donnez-nous, donnons-nous les moyens de nos projets.
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