La Confédération paysanne occupe sans violence depuis le 8 septembre de la Maison du Lait hébergeant en particulier les locaux du Centre interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL). Sous le slogan « Tous cotisants, tous représentés, tous défendus ! », la Conf’ veut obtenir sa place dans le collège producteurs de cet organisme où actuellement seule la FNSEA les représente. Outre le respect du pluralisme syndical, cette participation de la Conf’ lui permettrait de mieux défendre tous les producteurs lors des négociations des recommandations en matière de prix et des futurs contrats entre entreprises laitières et producteurs.
Les Alternatifs soutiennent cette occupation face au blocage du Ministre de l’agriculture et de l’Elysée qui font tout pour maintenir le monopole syndical de la FNSEA et avoir les mains libres dans la poursuite de la libéralisation. L’action a connu un temps fort au moment de l’inauguration du Salon de l’élevage de Rennes (le SPACE) le 14 septembre.
Cette occupation se poursuit. Elle s’inscrit dans la déjà longue bataille engagée en 2008 pour un prix du lait rémunérateur et pour le maintien d’outils de régulation de la filière laitière sur la base de quotas de production améliorés, c’est-à-dire ajustés aux besoins de l’Union européenne et au maintien d’une agriculture diversifiée dans toutes les zones de production.
Le récent accord passé entre les entreprises et la FNSEA ne recommande qu’une hausse minime à 301 € la tonne soit seulement 10 % de plus qu’en 2009, année dramatique pour les producteurs. Or le prix nécessaire pour couvrir les coûts de production et assurer 1,5 SMIC par travailleur est a minima de 320 €/tonne. Alors que nombre d’entre eux n’ont pas été représentés lors des négociations, cet accord - très en deçà des revendications des éleveurs laitiers pour un prix couvrant les coûts de production et permettant de dégager un revenu - s’applique à tous.
Surtout, cet accord conditionne les prochaines recommandations en matière de prix aux évolutions de la France comparées à celles de l’Allemagne, actuellement plus compétitive en raison de meilleures conditions de production et de dumping social dans les laiteries. Le prix du lait est donc encore et toujours lié à une réalité qui n’est pas celle des éleveurs français, encourageant ainsi toujours plus de libéralisation du marché, la concentration de la production, la disparition des agriculteurs.
Le soutien aux actions de la Confédération Paysanne se veut aussi marquer l’accord des Alternatifs au projet pour l’agriculture promu par la Confédération Paysanne et mis en œuvre concrètement par de nombreux paysans aujourd’hui : une agriculture riche en emplois dans des systèmes autonomes vis-à-vis des firmes, répartis sur l’ensemble du territoire, garantissant le respect des ressources naturelles et une alimentation de qualité accessible à tous.
La grève de la faim engagée depuis le 27 septembre indique bien toute l’importance de la lutte pour une reconnaissance du pluralisme syndical pour des décisions concernant tous les producteurs de lait. Les Alternatifs souhaitent une victoire immédiate de cette action, c’est à dire une reconnaissance par le Ministère et l’Élysée de la nécessité d’une décision de justice et et de démocratie indépendante du monopole de la FNSEA.
Commission Agriculture et Alimentation des Alternatifs