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Meeting des listes Ensemble pour les régionales 2010 en Midi Pyrénées

Intervention de Roland Mérieux au nom des Alternatifs

26 janvier 2010 au meeting de Portet-sur-Garonne

Le meeting a réuni environ 800 personnes. Sont intervenus Marie-Georges Buffet, PCF, Christian Picquet, Gauche Unitaire, tête de liste Front de Gauche en Midi-Pyrénées, Marc Dolez, député et dirigeant national du Parti de Gauche, Charles Marziani, PCF, tête de liste Haute-Garonne du Front de Gauche et Roland Mérieux, des Alternatifs.


Je salue les camarades qui ont organisé ce meeting et nous y ont invité. Je les remercie d’autant plus que je n’emploierai pas la langue de bois. En effet, ma présence ce soir à la tribune n’a rien d’évident.

Dans la région Midi-Pyrénées comme à peu près partout dans les autres régions, l’arc des forces potentiellement engagées dans la campagne de ces élections régionales sous l’intitulé "ENSEMBLE POUR DES RÉGIONS A GAUCHE SOLIDAIRES, ECOLOGISTES ET CITOYENNES" est désormais connu. Pourtant, à l’heure où je parle, aucun accord n’est encore conclu dans cette région-ci avec les Alternatifs.

Le pari d’arriver à fédérer, sur la base d’un programme de rupture pour une transformation sociale et écologique de nos régions, peut encore - et les Alternatifs le souhaitent- se réaliser en Midi-Pyrénées. Si cela s’accomplit, nous le devrons à une réelle volonté de chacun de parvenir à un accord unitaire et sincère.

Tout le monde, à un moment ou à un autre, doit accepter que les formulations finales adoptées, les compositions de listes et les personnes éligibles ne soient pas celles que chaque formation politique aurait spontanément envisagé pour elle seule. Les discussions préalables, souvent passionnées, sont l’indispensable lieu pour vérifier que nos points d’accord peuvent être plus nombreux que nos désaccords. Elles servent aussi à mettre à l’épreuve le respect et la confiance réciproques nécessaires à toute campagne commune, et à s’assurer que les différents apports (en termes de contenu et de poids électoral) vont être réellement pris en compte. Les Alternatifs restent totalement partisans d’un front commun durable de la gauche de transformation sociale et écologique. Ils saluent à cet égard les accords réalisés entre toutes les forces, NPA compris, en Languedoc-Roussillon, ainsi que dans le Limousin et en Pays de la Loire.

Nous ne défendons pas ce front large et durable, politique et social, pour le plaisir d’ajouter des logos au bas des affiches et des tracts, mais parce que nous avons besoin de toutes les forces possibles :

  • pour combattre la droite et le capitalisme ;
  • pour appuyer les mobilisations sociales, écologistes, altermondialistes, féministes et antiracistes ;
  • pour changer radicalement les rapports de force à gauche ;
  • pour porter un projet nouveau.

Nous espérons sincèrement que la liste et les idées que nous pourrions porter Ensemble combleront le vide que chacun déplorait hier encore.

Nous devons convaincre les hommes et les femmes déprimé-e-s par la division, déçu-e-s par le sociallibéralisme ou par une écologie réformiste, de retourner aujourd’hui vers les urnes. Nous devons proposer à toutes celles et ceux que le manque de perspectives politiques a rendus pessimistes de rejoindre cette dynamique. Nous devons assurer les forces engagées dans les différents mouvements sociaux de notre présence à leurs côtés, et c’est ce que nous désirons faire pendant le peu de semaines qui restent avant le scrutin. Nous devons créer les conditions d’un vote utile. Il appartiendra à toutes celles et ceux qui aspirent à une véritable alternative au système capitaliste, au libéralisme et au productivisme, de s’en saisir.

Un large rassemblement est indispensable pour combattre un système, une droite, qui nous a fait payer la note du parasitisme financier par toujours plus de chômage et de précarité, et qui s’apprête maintenant à nous faire payer la note des prétendus "déficits" par encore plus d’attaques contre nos services publics et notre système de protection sociale. Ainsi, d’ici l’été, on nous prépare une nouvelle attaque en règle contre le droit à la retraite à 60 ans.

Même le code du travail n’est pas épargné. Le cas de l’ex-entreprise publique EDF GDF, dont les amis de Sarkozy veulent aujourd’hui se partager la dépouille, en est un des exemples les plus tragiques et emblématiques, comme pourraient vous l’expliquer notre ami Dominique Liot et d’autres camarades de la CGT, sanctionnés sur Toulouse pour avoir, entre autres, rétabli le courant à des familles en difficulté, ou bien les camarades de Sud Energie à Paris qui ont fait plus de quinze jours de grève de la faim pour tenter d’éviter le licenciement d’un de leurs collègues, qui n’avait commis aucune autre faute que d’exercer son droit de grève. Oui, l’unité est nécessaire pour combattre une droite qui, afin de brouiller la question sociale, touille la "soupe identitaire" en stigmatisant, en divisant, en attisant les peurs… Oui, cette droite doit être battue partout et sur tous les fronts !

Pour cette campagne régionale, les Alternatifs ont deux priorités :

  • La première, c’est de faire une campagne en prise avec les aspirations à la démocratie active, à l’initiative populaire, aux solidarités agissantes : ces valeurs qu’on retrouve dans tous les mouvements d’émancipation, et qui s’expriment par exemple dans les luttes d’entreprises, dans les luttes des travailleurs sans papiers pour la régularisation de toutes et de tous, ou encore dans les luttes pour la défense des hôpitaux publics, comme à Auch et Sainte-Affrique, et aussi dans nombre de luttes écologistes. Les chemins de la prise de conscience de l’exploitation, des dominations, de la destruction de la vie par et pour le profit sont divers. C’est en tissant tous ces combats que nous arriverons à construire une forte alliance sociale et une alternative.
  • Notre deuxième priorité sera le lien étroit avec les questions écologiques. Non pas pour servir de plantes vertes décoratives sur les tribunes de la campagne électorale, mais parce que, comme l’écrivait déjà en 1977 le philosophe Günther Anders, premier compagnon d’Hannah Arendt : " Il y a la célèbre formule de Marx "Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières, ce qui importe, c’est de le transformer". Mais maintenant elle est dépassée. Aujourd’hui, il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout il faut le préserver. Ensuite nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d’une façon révolutionnaire."

Oui, nous voulons des régions pacifiques, et non des régions dépendantes des industries militaires.

Nous voulons des régions soucieuses de limiter les dégradations climatiques, et non des régions qui soutiennent à tout crin un secteur aéronautique, gaspilleur d’hydrocarbures et destructeur d’atmosphère au seul bénéfice de quelques-uns. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles nous refusons un 2e aéroport à proximité de Toulouse.

Nous voulons des régions qui refusent de cautionner, et plus encore de financer, les OGM et autres techniques sophistiquées d’appropriation du vivant par quelques grandes firmes transnationales.

Nous voulons des régions mobilisées pour remplacer au plus tôt les sources d’énergie productrices de radioactivité et de gaz à effet de serre par des sources d’énergie renouvelables, plus décentralisées et moins polluantes. Des régions mobilisées pour un aménagement des espaces qui réduise les besoins de déplacements, et pour irriguer les territoires de réseaux de transport plus doux et moins polluants.

Ainsi, nous refusons le mégaprojet de centre commercial des "Portes de Gascogne" à Plaisance-du-Touch, qui aurait des conséquences négatives pour les commerces de proximité et qui contribuerait à aggraver les déséquilibres entre territoires. Nous nous opposons au projet autoroutier Toulouse-Castres, qui accentuerait la désertification de zones rurales. Nous voulons que priorité soit donnée au rail, avec des investissements régionaux dans le ferroviaire et non dans les autoroutes.

Nous voulons des régions où tout le monde ait un toit. Nous voulons que la priorité soit donnée aux constructions et aux réhabilitions de logements sociaux pour les plus démunis et les précaires, sans oublier les jeunes et les étudiants, par le biais notamment de la mise en place d’un office public foncier régional.

Nous voulons des régions qui fassent le choix d’une agriculture paysanne, de pratiques agricoles plus durables, y compris en polyculture élevage, afin de maintenir les exploitations et de créer des emplois non délocalisables. Nous refusons les monocultures d’irrigation comme le maïs… d’où aussi notre opposition au barrage de Charlas. Des aides régionales, notamment en Midi-Pyrénées, doivent aider à la reconversion dans l’agriculture bio et permettre massivement l’accès des jeunes au foncier.

En bref, nous voulons des régions orientées vers un développement soutenable au plan humain et écologique, des régions en rupture avec le capitalisme productiviste.

Parce qu’une politique de gauche ambitieuse doit s’appuyer sur une vision plus démocratique - plus égalitaire

  • plus sociale - de l’économie, nous voulons que chaque euro dépensé par les régions soit socialement utile et écologiquement responsable, dans le cadre d’un schéma régional de planification économique.

Cela suppose que tout investissement corresponde véritablement aux besoins et priorités des populations locales, avec par exemple :

  • des aides régionales favorisant les services publics et les structures de type coopératif ;
  • des marchés publics soumis à des règles contraignantes, renforçant aussi bien les exigences sociales que les exigences environnementales. Il s’agira par exemple de vérifier que les entreprises ont bien engagé les négociations annuelles obligatoires, notamment sur l’égalité professionnelle, que l’entreprise donneuse d’ordres est bien responsable vis-à-vis des entreprises sous-traitantes mais aussi de vérifier l’impact écologique et sanitaire des matériaux employés, tout comme de l’énergie utilisée pour les acheminer. Le tout devant contribuer aux relocalisations plutôt qu’aux délocalisations. Cela suppose aussi, après coup, un contrôle de l’utilisation des fonds permettant une évaluation de leur efficacité, en renforçant l’implication citoyenne, associative et syndicale.

Toute aide à des entreprises en difficulté, qu’il s’agisse d’aides directes ou indirectes (comme la garantie d’emprunt par la région), devra être assortie de clauses impératives et précises (durée, éco-conditionnalité, emplois, droit de contrôle des salariés). Les aides inconditionnelles doivent cesser.

Par ailleurs, un remboursement des aides doit être prévu si les conditions initiales ne sont pas respectées, et en cas de retour aux profits abusifs ou aux licenciements dans les entreprises concernées.

L’emploi et le social sont au cœur de nos préoccupations. Nous voulons :

  • remplacer la logique de compétition entre les territoires par une logique de coopération et mettre un terme à la concurrence féroce de tous contre tous ;
  • développer l’emploi public statutaire à temps choisi ;
  • renforcer le secteur de l’économie sociale et solidaire ;
  • aider les salarié-es à la reprise d’entreprises qui disparaissent, sous une forme coopérative (SCOOP, SCIC) comme cela aurait pu être le cas pour MOLEX. Par ailleurs, nous voulons que des tarifications adaptées (en fonction du quotient familial, par exemple), des aides aux formations qualifiantes (en refusant le simple occupationnel ou la domesticité déguisée), des aides aux économies d’énergie et à l’isolation thermique, et bien d’autres mesures que je n’ai pas le temps de citer ici, participent à l’amélioration de la qualité de vie des habitantes et habitants de la région.

Enfin, de façon plus générale, nous voulons contribuer à lutter dans les régions contre toutes les discriminations, qu’elles soient liées au sexe, à l’origine ethnique ou géographique, à la religion, à l’orientation sexuelle, au handicap ou à l’âge.

En conclusion, le gouvernement - pour aider les riches à devenir encore plus riches – a instauré un bouclier fiscal. Pour notre part, à travers nos choix, notre engagement pour une démocratie active et nos actions, c’est un bouclier social et une véritable politique de protection écologique que nous voulons contribuer à mettre en place, concrètement.

Le temps presse et le chemin sera long : il n’y a plus une minute à perdre. Les Alternatifs espèrent que, dans les heures qui viennent, un accord équitable et satisfaisant pour tous pourra être conclu en Midi-Pyrénées dans le cadre des listes "ENSEMBLE POUR DES RÉGIONS A GAUCHE SOLIDAIRES, ECOLOGISTES ET CITOYENNES". A défaut, nos formations et nos militants se retrouveront de toute façon au quotidien, dans les semaines et mois qui viennent, sur le terrain des luttes sociales et écologiques, en Midi-Pyrénées comme ailleurs.